Amir Khadir, un rebelle au salon bleu

Il est le cauchemar du PQ et le poil à gratter du Parlement. Pourtant, les Québécois se sont entichés du seul député de Québec solidaire. Portrait d’un homme de principes qui adore semer la pagaille.

Il est le cauchemar du PQ et le poil à gratter du Parlement. Pourtant, les Québé
Photo : Olivier Hanigan

L’infirmière lève les yeux au ciel. Ça y est : le Dr Khadir s’est lancé dans une nouvelle tirade. Dans son cabinet de l’Hôpital Pierre-Le Gardeur, à Terrebonne, il discute au téléphone avec une pharmacienne à propos du prix exorbitant d’un antibiotique. « Il va falloir que les pharmaciens se soulèvent ! l’implore-t-il. Sinon, on laisse tout le pouvoir entre les mains des multinationales. »

Deux matinées par mois, l’unique député de Québec solidaire (QS) à l’Assem­blée nationale retrouve son stéthoscope de microbiologiste-infectiologue. Mais le militant en lui ne prend jamais congé. « Le gouvernement n’ose pas tenir tête aux sociétés pharmaceutiques », poursuit-il en se tournant vers son patient, un jeune homme de 20 ans habitué à ces leçons de politique. « C’est pareil avec les compagnies pétrolières ou les banques. Les capitaux ont leurs propres lois, qu’on accepte comme des préceptes divins. »

À écouter – Que ferait Amir Khadir s’il était au pouvoir ?

Partout où il passe, Amir Khadir disserte, s’enflamme, prêche sa vision du monde. À ses yeux, la société est corrompue par la proximité de l’appareil politique et du milieu des affaires, et l’État a renoncé à son devoir de « protéger les citoyens contre l’abus des puissants ». Le ton est indigné, souvent péremptoire ; la manière, un peu brusque ; le choix des mots, pas toujours subtil.

Depuis son élection, en décembre 2008, l’homme de 49 ans, Iranien d’origine, bouscule les conventions pour se faire enten­dre. Il est venu « foutre la pagaille » au Parlement, pour reprendre ses termes. Ses coups de gueule contre ceux qu’il appelle les « possédants » en ont rebuté plus d’un. Mais en s’attaquant avec une verve peu com­mune et un petit goût pour la provoca­tion à des dossiers négligés par les autres élus, il s’est imposé comme un acteur clé dans l’arène politique québécoise. Et il a gagné l’estime d’un public las de la langue de bois et de la discipline de parti.

Alors que sa formation a recueilli moins de 4 % des voix au dernier scrutin et n’a jamais dépassé 12 % dans les intentions de vote depuis, Amir Khadir remporte des concours de popularité. Près de la moitié des Québécois ont une opinion favorable de lui, ce qui en fait le politicien le plus apprécié, selon un sondage Léger Marketing effectué en décembre. « Les gens ne sont pas forcément d’accord avec ses valeurs, estime Pascale Dufour, professeure de science politique à l’Université de Montréal. Mais ils trouvent que son analyse mène le débat plus loin. »

Le soir de sa victoire, le fougueux médecin et physicien de formation a dansé jusqu’au petit matin dans un bar de son quartier. Il avait de quoi célébrer : c’était la première fois qu’un candidat d’un parti aussi à gauche réussissait à se faire élire à l’Assemblée nationale. Khadir y est parvenu à sa troisième tentative dans Mercier, au cœur du Plateau-Mont-Royal, cette même circonscription bohème qui avait éjecté le premier ministre sortant Robert Bourassa, en 1976, au profit du poète Gérald Godin.

« Des gens de partout au Québec, d’aussi loin que la Gaspésie, lui demandent son aide, dit son attachée politique à Montréal, Josée Vanasse. Il a l’équivalent de la tâche d’un ministre, mais les ressources d’un député d’arrière-ban. »

Dans son bureau de circonscription, sur l’avenue du Mont-Royal, où il passe plusieurs journées par mois, le politicien tourbillonne. Éternel retardataire, il déborde constamment de l’horaire, planche sur différents dossiers à la fois, répond à des appels de l’hôpital entre deux réunions. Jean-Pierre, un itinérant du coin, s’arrête pour prendre un café : Khadir le gronde gentiment en raison de ses visites excessives, lui refile quelques dollars et des lunettes de lecture. Le corps du député, d’une maigreur adolescente, semble animé d’une tension perpétuelle. « Je souffre d’épilepsie sociale », dit-il. Sa table de travail croule sous des piles de paperasse. Au mur, une photo en noir et blanc montre des grévistes brandissant une pancarte avec ces mots : « Du pain debout plutôt que du steak à genoux ».

Françoise David, militante féministe avec qui il a fondé QS, il y a cinq ans, admet avoir parfois du mal à le suivre. « Amir est difficile à arrêter, dit-elle. Il est toujours en action dans sa tête. Pour lui, il n’y a jamais rien d’impossible. Des fois, on doit le ramener un peu à la réalité. » Même si elle n’a pas été élue, elle partage les rênes de la formation avec le député. C’est l’une de leurs excentricités : il n’y a pas de chef à Québec solidaire, mais deux « porte-paroles ».

Le défi sera de prouver que la coalition progressiste et souverainiste – arc-en-ciel d’écolos, de féministes, de militants communautaires, de syndicalistes et de socialistes plus ou moins radicaux – peut devenir une véritable force politique, et non pas la bannière d’un seul homme. La pression sur les épaules d’Amir est énorme, confie sa femme, Nimâ Machouf, qui s’implique elle aussi au sein du parti. « La moitié de ses cheveux ont blanchi ! dit en souriant cette infirmière épidémio­logiste. Toute la province le regarde. Si on veut qu’il y ait une dizaine de députés de Québec solidaire la prochaine fois, il doit se démener. Montrer de quoi la gauche est capable. »

Khadir s’est d’abord fait remarquer au début des années 2000 pour sa participation à des missions humanitaires en Palestine, en Irak et en Afghanistan. C’était un médecin engagé, qu’on croisait dans les rassemblements altermondialistes et les manifestations pour la paix au Moyen-Orient. On le connaissait comme un antiaméricain qui flirtait avec la théorie du complot et qui n’excluait pas que les autorités états-uniennes aient pu jouer un rôle dans les attentats du 11 septembre 2001. Un agitateur qui, à peine élu, a lancé une chaussure sur une effigie du président George W. Bush, devant le consulat des États-Unis à Mont­réal – geste qu’il a ensuite regretté.

Les premiers mots qu’il a prononcés dans l’enceinte du Parlement ont donné le ton : ce type ne ferait rien comme les autres. Lors de son assermentation dans le majestueux Salon rouge, le 17 décembre 2008, il a dénoncé « les vestiges archaïques de la monarchie britannique » qui l’obligeaient à prêter serment d’allégeance à la reine. Puis, il a récité un poème de Gérald Godin en guise de promesse aux démunis : « T’en souviens-tu, Godin, astheure que t’es député […], de l’homme qui frissonne, qui attend l’autobus du petit matin après son chiffre de nuit… »

Tous n’étaient pas convaincus que cet électron libre aurait un jour la stature d’un homme politique. Son premier grand coup, il l’a frappé en mai 2009, lorsque Henri-Paul Rousseau, ancien patron de la Caisse de dépôt et placement du Québec, a comparu en commission parlementaire au sujet des pertes historiques de 40 milliards de dollars subies par l’institution financière sous sa gouverne. « Vous êtes de ces nouveaux monarques qui se croient tout permis et au-dessus de tout jugement. Comme souvent l’arro­gance et le mépris cachent une certaine lâcheté, vous avez préféré démissionner au milieu de la tourmente », lui a envoyé le député en brandissant l’index, ses lunettes perchées sur le bout du nez.

Photo : Clément Allard / PC

On a cru voir trembler l’homme d’affaires au gabarit de joueur de football. Michel Hébert, chroniqueur politique au Journal de Québec, assistait à l’audience. « Khadir lui a donné la volée de sa vie, dit-il. Les autres élus ne savaient plus où se mettre. C’était la première fois qu’on voyait un député aller aussi loin. »

L’événement a marqué un moment charnière dans le parcours d’Amir Khadir, selon Jean-Pierre Charbonneau, commentateur politique et ancien député du Parti québécois (PQ). « Ça lui a permis d’établir sa crédibilité. » Du coup, l’intello du Plateau s’est fait le porte-voix de la grogne des Québécois ordinaires, le champion des intérêts du peuple. « Il faut être populiste pour se démarquer quand on est seul, souligne l’analyste. Denis Coderre et Mario Dumont l’ont compris, Amir Khadir aussi. »

Le statut de simple député ne confère à Khadir que de maigres ressources : une petite équipe de cinq employés à Québec et à Montréal, un budget de recherche modeste (sept fois inférieur à celui du Parti québécois) et un temps de parole sévè­rement rationné. Au Salon bleu, par exem­ple, il n’a droit qu’à une question toutes les sept séances, c’est-à-dire une toutes les deux semaines, alors que le PQ en pose habituellement de six à huit par séance.

Photo : Olivier Hanigan

L’homme a néanmoins réussi à porter sur la place publique des dossiers qui lui sont chers, s’aventurant sur des terrains que d’autres partis n’oseraient pas fouler. Il a brisé un vieux tabou en condamnant l’exploitation de l’amiante chrysotile. Il a talonné le gouvernement au sujet de la facture salée des médicaments. En matière de ressources naturelles, il a décrié sans relâche le « système digne d’une république de bananes » qui permet aux compagnies minières de ne verser que des redevances dérisoires à l’État. Il a pris la défense des résidants de Malartic, en Abitibi, expropriés pour faire place à une mine d’or à ciel ouvert de la société Osisko, et il a réclamé un moratoire sur l’extraction de l’uranium au nom des habitants de la Côte-Nord. L’automne dernier, il a jeté un pavé dans la mare en parrainant, à l’Assemblée nationale, une pétition réclamant la démission du premier ministre Charest, laquelle a recueilli près de 250 000 signatures.

Dans l’affaire de l’heure, le financement des partis politiques, il a joué les incorruptibles en débusquant une pièce à conviction fracassante. Grâce à un méticuleux travail de recherche, son équipe a mis au jour un système de prête-noms qui aurait permis à des entreprises d’ingé­nieurs de financer illégalement les principaux partis. À la suite de ces révélations, le directeur général des élections a ouvert une enquête, et l’une des sociétés sus­pectes, Axor, a plaidé coupable.

Ainsi, le lanceur de chaussure a fait men­tir certains de ses plus virulents détracteurs, dont le chroniqueur Michel Hébert, qui a déjà décrit Québec solidaire comme une « grenouille pas menaçante pour deux sous ». « Khadir, je ne pouvais pas le supporter au début. Il était toujours en mode donneur de leçons. Mais il a apporté un peu de fraîcheur grâce à ses bons choix de questions et au travail de son équipe de spartiates. Il est en train de changer l’image qu’on se faisait de la gauche », estime celui qui se dit plutôt de droite.

Le désir de faire de la politique à temps plein au Québec est venu à Khadir sur le tard, à 40 ans passés. Ses ambitions se situaient ailleurs. « J’ai choisi la médecine entre autres parce qu’il s’agit d’un formidable outil d’influence sociale et politique. Il suffit de penser à Salvador Allende, à Norman Bethune ou à Che Guevara, tous trois médecins, explique-t-il. Mais à l’origine, c’était avec l’idée de faire de la politique en Iran. Comme député, voire comme président, que sais-je ? » Aux élections fédérales de 2000, il s’est présenté pour le Bloc québécois dans Outremont, sans la moindre velléité d’être élu (il est arrivé deuxième). Trois ans plus tard, courtisé par l’association péquiste de Mercier, il a préféré faire campagne – et perdre – sous la bannière de l’Union des forces progressistes, un des ancêtres de Québec solidaire. La chef du PQ, Pauline Marois, a de nouveau tenté de le recruter comme candidat à la veille du scrutin de 2008.

« Si j’ai un salaire trois fois moindre que celui que je gagnais comme médecin à temps plein et une vie moins tranquille, ce n’est pas pour être député ou ministre du PQ, dit-il. Pour moi, ce n’est pas ambitieux. Ce que je veux, c’est avoir les coudées franches pour apporter des transformations au système. Terminer l’œuvre de la Révolution tranquille, qui est d’être maîtres chez nous. » Une mission qui suppose forcément, selon lui, la mainmise de l’État sur ses richesses naturelles.

Photo : Olivier Hanigan

Amir Khadir passe peut-être pour un original à l’Assemblée nationale, mais parmi ses proches, il n’a rien d’un rebelle. Quand on lui demande d’où vient son inépuisable capacité d’indignation, il répond simplement : « C’est dans ma culture familiale. » Chez les Khadir, le militantisme gauchiste se transmet de génération en génération, héritage du destin mouvementé de leur pays d’origine.

Le jeune Amir a 10 ans lorsqu’il débarque au Québec, en 1971, après une enfance « douillette » à Téhéran. Ses parents ont dû fuir la dictature du chah, qui a régné sur leur pays, avec l’appui de l’Occident, jusqu’à la révolution islamique de 1979. Son père, professeur de mathématiques au secondaire, a notamment été arrêté par la police politique pour avoir parlé à ses élèves de sujets tabous, comme les revenus du pétrole et la pauvreté.

Dès leur arrivée à Montréal, tout en faisant de petits boulots, Jafar et Farideh Khadir s’impliquent à fond dans le mouvement des étudiants iraniens en exil qui lutte contre le chah. Très vite, ils se lient d’amitié avec les Machouf, un autre couple de militants iraniens qui habite la même rue, dans le quartier du Plateau-Mont-Royal. Tous traînent leur marmaille aux réunions politiques du vendredi soir. C’est ainsi qu’Amir a connu sa future épouse, Nimâ, de quatre ans sa cadette. « Nos parents organisaient plein d’activités, des soupers spaghettis à l’iranienne, des projections de films, raconte-t-elle en riant. Tous les enfants étaient là, jouaient, couraient. On adorait ça. » La contestation faisait partie du quotidien : les manifestations propalestiniennes, syndicales ou contre la guerre du Viêt Nam, le jeune Khadir les fréquentait avec ses parents.

La ressemblance avec son père, aujour­d’hui propriétaire d’une entreprise de trans­­formation de métaux, est confondante : même visage pensif, même tic de se gratter derrière la tête, mêmes gestes secs pour ponctuer ses phrases. « Ça fait presque 50 ans que j’essaie de lui ressembler, lâche le fils. Ç’a fini par porter ses fruits… »

Assis avec son épouse dans la salle à manger de son bungalow, à Saint-Lambert, le paternel se lance spontanément dans un exposé d’histoire que son fils a dû entendre mille fois autour de la même table. Jafar Khadir garde un souvenir idyllique d’une brève période de son enfance où un régime socialiste, soutenu par l’Union soviétique, a contrôlé sa région natale, l’Azerbaïdjan iranien… avant d’être chassé par les forces de l’ordre iraniennes, avec l’aide des États-Unis. « J’ai vu des gens se faire tuer dans la rue », dit-il dans un français teinté d’un fort accent. Quelques années plus tard, les États-Uniens ont de nouveau fait basculer l’histoire du pays. En 1953, un coup d’État fomenté par la CIA a renversé le premier ministre, Mohammad Mossadegh, qui venait de nationaliser l’industrie pétrolière. La chute de Mossadegh – une sorte de René Lévesque iranien, d’après Amir Khadir – a laissé toute la place à la tyrannie du chah. « Il y a eu des emprisonnements, des exécutions, dit le père. J’ai été témoin de tout ça. C’est pourquoi j’ai été sensibilisé dès l’enfance à la cause de mon peuple, puis à celle de l’humanité entière. »

L’amertume contre l’impérialisme américain, les sympathies socialistes, ça fait partie du patrimoine familial. Dans la bibliothèque du salon, à côté des portraits de famille et des photos du vénéré Mossadegh, on trouve des ouvrages de Marx et d’Engels, quatre tomes des Œuvres choisies de Lénine, deux épais volumes des écrits de Kim Il-sung, le défunt dictateur nord-coréen. Jafar Khadir, qui se dit aujourd’hui simple sympathisant, a déjà été membre du comité central du Parti communiste du Québec (PCQ). « Je les considère comme des gens honnêtes, concernés par les malheurs des autres. »

D’ailleurs, depuis plusieurs années, le stage de formation du Parti se tient à son chalet des Cantons-de-l’Est, pendant une fin de semaine de l’été. En 2009, Amir est même allé y faire un tour et s’est mêlé aux discussions.

Québec solidaire maintient des liens officiels avec divers mouvements d’extrême gauche – « nos meilleurs poètes », selon le député. Quiconque adhère au Parti communiste, notamment, est automatiquement membre de Québec solidaire, et plusieurs candidats du PCQ se sont présentés sous la bannière de QS aux dernières élections.

Mais Amir Khadir se rebiffe quand on tente de lui coller une étiquette. Peu lui importe que certains commentateurs lui reprochent d’entretenir le flou sur ses positions économiques. Il ne veut être qualifié ni d’anticapitaliste ni d’anticommuniste. « La situation actuelle fait des milliards de malheureux et une poignée d’ultrariches, en plus de détruire la planète. On doit absolument trouver une solution de rechange. Faisons le débat. Si on me démontre que le communisme est la solution, je suis aussi prêt à l’accepter qu’à me rallier aux capitalistes s’ils me convainquent que leur système est le meilleur. Mais ce ne sera ni le communisme stalinien ni le capitalisme à la George W. Bush ou à la Jean Charest », tempête-t-il, intarissable malgré l’épuisement qui se devine dans sa voix. « C’est ça, Amir Khadir. Je ne suis pas doctrinaire. Je n’ai pas de chapelle. »

Ce bagout se manifeste déjà chez le jeune adolescent à l’époque où il fréquente l’école secondaire Saint-Luc, établissement multiethnique de l’ouest de Montréal. Les élèves ont connu les dictatures du Chili, de l’Argentine, d’Haïti ; ils multiplient les grèves et les marches de solidarité. Le comédien Vincent Graton, un des leaders du conseil des élèves, a tout de suite reconnu chez Amir un militant en puissance quand il l’a vu arriver affublé de son foulard du Moyen-Orient. « Il y avait une lumière particulière dans ses yeux, il était très habité, se souvient-il. Il nous parlait beaucoup de son pays. Déjà à 14 ou 15 ans, quand il prenait le micro dans nos assemblées, il se montrait un excellent vulgarisateur et un très bon débatteur. » Avec les encouragements de Graton, Khadir met sur pied un « comité immigrant » – le premier du genre au Québec, selon lui – pour faciliter l’intégration de ses camarades d’origine étrangère.

L’adaptation à sa société d’accueil se déroule plutôt bien pour Amir, même si son statut d’immigrant lui vaut « quelques yeux au beurre noir » dans la cour de récréation. Il connaissait déjà la langue à son arrivée, pour avoir fréquenté une école française à Téhéran, à l’initiative de son père, francophile. La culture québécoise, c’est en écoutant Beau Dommage et Harmonium qu’il s’y attache. Et le souverainisme, il le découvre en fréquentant une belle blonde nommée de Lorimier : « L’arrière-arrière-petite-nièce de Chevalier de Lorimier, un des chefs des Patriotes », dit-il.

Un soir de décembre 1976, lors d’une fête de Noël chez la mère de cette copine, qui voit-il descendre les marches du sous-sol ? René Lévesque, tout juste élu premier ministre. « J’ai pris mon courage à deux mains, je lui ai tapé sur l’épaule et je lui ai souhaité bonne chance de la part du peuple iranien. »

Amir Khadir à 2 ans, avec sa mère à Téhéran – À 11 ans, à Montréal – À son mariage en 1988.

Le militantisme prend bientôt toute la place dans la vie du jeune homme. De 1981 à 1983, il met de côté ses études en physique pour se consacrer à la cause iranienne. Le tyran a changé de visage depuis les premières luttes de ses parents. Après le renversement du chah, en 1979, l’ayatollah Khomeiny a instauré un régime islamique intégriste tout aussi brutal que la monarchie qui venait d’être chassée.

Khadir, au début de la vingtaine, est à la tête du réseau pancanadien d’étudiants iraniens qui militent contre cette dictature. Son association est liée à l’Organisation des moudjahidines du peuple iranien (OMPI), mouvement marxiste armé, fort controversé, qui chapeaute la résistance à partir de Paris.

Le député raconte aujourd’hui s’être dissocié du mouvement lorsque celui-ci a pris un virage autoritaire, empreint de ferveur religieuse. « Une culture de guérilla s’installait, ainsi qu’une régression idéologique. Nous, on ne se préoccupait pas de savoir si nos membres s’abstenaient de boire de l’alcool, de manger du porc ou d’avoir des relations amoureuses en dehors du mariage. Mais l’organisation me demandait d’instituer ces règles », explique celui qui se dit non pratiquant et qui ne se gêne pas pour prendre un verre à l’occasion. La rupture a été définitive au milieu des années 1980, quand le groupe a établi des bases militaires en Irak, sous le patronage de Saddam Hussein. « Mes positions ne leur plaisaient pas, alors j’ai été mis à l’index. »

L’OMPI, qui compterait plusieurs milliers de membres dans le monde, est toujours classée comme un groupe terroriste par le Canada et les États-Unis (mais pas par l’Union européenne). Au fil des ans, les moudjahidines ont commis des attentats et des assassinats politiques en Iran. Ils ont mené des assauts contre des ambassades de l’Iran, notamment celle qui se trouve à Ottawa, en 1992. C’est une organisation étrange et violente, aux allures de secte, que dépeint un rapport de l’organisme Human Rights Watch, paru en 2005. Les adeptes feraient vœu de célibat et voueraient un culte fanatique aux chefs. De mauvais traitements seraient infligés à ceux qui tentent de quitter les rangs.

Le jeune frère d’Amir, Omid, 46 ans, n’en est jamais sorti. Il y a 25 ans, il a tout quitté pour se dévouer à ce mouvement, au grand désarroi de sa famille. Il vit et travaille aujourd’hui en banlieue de Paris, au quartier général de l’OMPI. « Il n’a pas de salaire, pas de maison, et dépend entièrement de cette organisation », précise sa sœur cadette, Saïdeh, urgentologue à l’Hôpital Saint-Luc, à Montréal. « Mes parents ont tout fait pour qu’il revienne. Encore aujourd’hui, quand il vient nous voir, ils essaient de le faire changer d’avis. »

Pourtant, Jafar et Farideh s’étaient toujours inquiétés davantage de leur fils aîné : c’était Amir, la tête brûlée. « Il était très aventurier, se rappelle sa sœur. Il cherchait toujours à dépasser ses limites. » C’est finalement Omid, le plus discret des deux, qui a choisi la voie la plus radicale, tandis qu’Amir a fait ce qu’on attendait de lui. Après avoir terminé son bac et sa maîtrise en physique, il s’est résolu à étudier la médecine, notamment, dit-il, « parce que [ses] parents avaient toujours chéri cette idée ». Il a même fini premier à son examen de spécialité. Et il a épousé celle que sa mère voyait pour lui, Nimâ Machouf.

Ni la science ni l’amour ne l’ont détourné de son implication sociale. Antoine Saucier a partagé un bureau avec lui à l’Université McGill, à l’époque où ils étaient tous deux étudiants de cycle supérieur en physique. Khadir s’occupait en parallèle d’un centre communautaire pour réfugiés iraniens, qu’il avait cofondé. « Le téléphone sonnait sans arrêt, et Amir parlait de tout sauf de physique. Il était tellement surchargé qu’il en oubliait de manger. On avait rarement 100 % de son attention », se souvient le physicien, aujourd’hui professeur à l’École polytechnique de Montréal.

De son côté, Nimâ était rentrée au Québec, à l’âge de 18 ans, après avoir passé son adolescence en Iran. Là-bas, elle avait vécu la révolution, puis la terrible privation des libertés qui s’en est suivie presque aussitôt. Ses dehors sereins et son rire facile cachent un parcours d’acti­viste dure à cuire. Avant d’avoir atteint sa majorité, elle avait défié l’obligation de porter le voile, organisé une bibliothèque clandestine, été expulsée de l’école et arrêtée trois fois. Elle avait dû se cacher des autorités pendant des mois chez un membre de sa famille, loin de ses parents. « La différence entre Amir et moi, c’est qu’il n’a jamais vécu la répression. Dans un État répressif, on apprend ce qu’il faut dire et ne pas dire. Lui n’a pas eu besoin d’être aussi prudent. C’est sans doute pour ça qu’il parle si librement », avance-t-elle en flattant son chat, confortablement assise sur le canapé du salon.

Le souvenir du pays natal est omniprésent chez les Khadir-Machouf. La maison cossue en pierre grise de la rue Saint-Hubert, chaleureuse avec ses accents de bois et de brique typiques du Plateau, prend des airs de boudoir perse avec ses objets d’art, ses tapis et ses bibelots iraniens. Un drapeau du Québec sur pied repose dans un coin de la salle à manger. Sur un mur du salon trône une grande photo laminée de Che Guevara.

La musique délicate de la langue persane résonne dans la demeure. Les trois filles du couple – Daria Khadir, 19 ans, Yalda Machouf-Khadir, 17 ans, et Leyli Machouf, 10 ans (elles n’ont pas le même nom de famille, par souci de perpétuer celui des deux parents) – sont tenues de parler le persan à la maison. Après cinq infractions, elles sont privées de télévision pen­dant une soirée. Elles ont aussi appris à le lire et à l’écrire à l’école du samedi. Ce qui ne les empêche pas de se sentir « plus québécoises qu’iraniennes », précisent les deux grandes. Leur père revendique également cette double identité : il emploie le « nous » tout aussi naturellement pour parler du Québec que du peuple iranien. Mais il sacre à la québécoise et parle en français dans son sommeil.

Avec sa famille. Photo : Olivier Hanigan

La vie de famille des Khadir-Machouf est imprégnée des valeurs de la gauche. Chez eux, rien n’appartient à personne. Ainsi, plutôt que d’avoir chacune leur garde-robe, les deux aînées possèdent tous leurs vêtements en commun. « On a toujours partagé. Ça crée une plus grande proximité quand tout est à tout le monde », explique Daria d’une voix posée, l’air grave avec ses lunettes à monture noire. « Et ça fait moins de consommation ! » lance Leyli avant de courir rejoindre ses parents dans la cuisine.

Une nouvelle génération d’activistes est née. Pour elles, une sortie en famille, c’est aller à une assemblée de Québec solidaire. Une excursion avec les grands-parents, c’est participer à une manif contre l’occupation de la Palestine. Au dernier sommet du G20, à Toronto, Daria a contribué à l’organisation de l’hébergement et du transport de centaines de manifestants québécois.

Entouré de sa tribu, dans l’intimité de son foyer, Amir Khadir semble enfin s’apaiser. Il laisse voir un gentleman doux et taquin, perdant l’énergie corrosive que l’on connaît du personnage public. « En privé, il écoute et ne cherche pas à prendre la parole tout le temps », confirme son ami de longue date Richard Simard, chargé de programmes à Développement et Paix.

Au rez-de-chaussée de l’hôtel du Parle­ment, quand les portes de son bureau se ferment sur sa petite équipe, l’intensité descend d’un cran. Le député discute avec ses collègues du programme de l’après-midi, des bons et moins bons coups de la veille. L’atmosphère est conviviale. Son attachée politique à Québec, Josée Larouche, lui tape sur les doigts. « Laisse les journalistes finir de poser leurs questions avant de répondre », dit-elle sans détour.

C’est lui qui trace la ligne de pensée sur le sujet du jour – cet après-midi-là, il parlait des écoles passerelles -, puis l’équipe jongle avec des idées de stratégies. « Il ne s’est pas entouré de béni-oui-oui, assure son attaché de presse, Christian Dubois. Sur le fond, il est convaincu de son opinion, mais sur la manière de présenter l’information, il se laisse influencer par ses collaborateurs. »

La bande a vécu un choc culturel à son arrivée à l’Assemblée nationale. Le cadre somptueux du Parlement, son protocole rigide, c’est une autre planète pour ces défroqués du milieu communautaire ou syndical. Les premiers temps, Josée Larou­che lavait elle-même la vaisselle sale du bureau dans la chic salle de toilettes aux comptoirs de marbre… jusqu’à ce qu’elle se rende compte, ébahie, que le personnel d’entretien se chargeait de cette tâche. « Ils viennent d’un autre monde, résume Michel Hébert, du Journal de Québec. Ils n’ont pas l’habitude de côtoyer le pouvoir et de jouir de ses petits avantages. »

Le contestataire dans l’âme a aussi dû devenir un brin diplomate. « Au début, il était complètement fermé. Il restait sur ses positions et il n’en discutait pas dans les corridors, se souvient Pierre Paradis, député libéral et ancien ministre sous Robert Bourassa. Mais on ne peut pas fonctionner en vase clos ici. Alors il s’ouvre peu à peu. Il découvre les gens au-delà de leurs idéologies. »

Khadir a trouvé un allié inattendu en Gérard Deltell, chef de l’Action démocratique du Québec, le parti le plus à droite sur l’échiquier québécois. Leurs places sont presque voisines au Salon bleu. « À force de siéger ensemble, on a découvert que plusieurs de nos points de vue se rejoignaient, même si nos visions sont fondamentalement différentes », explique l’ancien journaliste, qui a régulièrement présenté avec son collègue des motions communes à l’Assemblée.

Son image de marginal échevelé sur les bords semble toutefois lui coller à la peau. C’est du moins l’impression qu’il a laissée à Mario Dumont lorsqu’ils se sont croisés aux funérailles de l’ex-ministre libéral Claude Béchard, en septembre. « Il est arrivé le dernier, habillé un peu bizarrement, et n’a salué personne. Il avait un fort côté extraterrestre. Comme s’il ne connaissait pas le milieu politique », raconte l’ancien chef adéquiste, devenu animateur de télévision.

Ce grand bavard est tout à l’étroit dans la formule des travaux parlementaires, où il a rarement plus de quelques minutes pour s’exprimer. En exploitant les ficelles du règlement, il a cependant réussi un exploit : depuis deux ans, il est intervenu plus de 500 fois pendant les séances de l’Assemblée ou en commission parlementaire. Seuls quatre autres élus (les ministres Raymond Bachand, Yves Bolduc et Geoffrey Kelley, ainsi que le député péquiste Bernard Drainville) ont pris la parole plus souvent que lui !

« C’est un élève doué, mais turbulent », souligne Pierre Paradis. En tant que président de la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles, il doit constamment rappe­ler Khadir à l’ordre, parce que celui-ci dépasse son temps de parole ou emploie un vocabulaire « non parlementaire ». « Il teste les limites. Il les a repoussées un peu, à force de ruer dans les brancards. Mais il ne doit pas ruer trop fort, parce qu’elles peuvent se resserrer », prévient-il.

Photo : Olivier Hanigan

Ce mélange de ténacité et d’ingéniosité le sert bien dans son rôle de médecin, selon le Dr Gilles Murray, qui le côtoie depuis une dizaine d’années à l’Hôpital Pierre-Le Gardeur. Devant des cas récalcitrants qui décourageraient la plupart de ses collègues, le Dr Khadir s’obstine. « On se heurte parfois à des murs en médecine. Lui, il ne lâche pas, il essaie toutes sortes d’astuces, et ça marche ! raconte le microbiologiste. Des fois, je voyais une plaie sur un de ses patients et je me disais que ça n’allait jamais guérir, qu’il allait falloir amputer le membre. Je revoyais le malade un an plus tard et il marchait sur son pied. »

Mais la méthode Khadir irrite profondément certains de ses adversaires politi­ques, qui lui reprochent de multiplier les coups d’éclat sans discernement. « Il essaie de marquer des points à tout moment, peu importe l’endroit », dit Claude Pinard, député du Parti québécois, élu pour la première fois il y a plus de 15 ans.

Par exemple, lors des consultations sur la refonte de la loi minière, en août 2010, Amir Khadir a provoqué une commotion en s’attaquant à l’ancien député du Bloc québécois Yvan Loubier, aujourd’hui conseiller au cabinet de relations publiques National. Ce dernier témoignait à titre de porte-parole de la société Uracan Resources au sujet d’un projet controversé de mine d’uranium sur la Côte-Nord. Acerbe, le député lui a demandé plusieurs fois de dévoiler combien il était payé, ajoutant que lui-même, « comme souverainiste », ne se mettrait jamais « au service de compagnies minières, parce que c’est dans leur code génétique de se comporter comme des colonialistes ».

Claude Pinard présidait les échanges ce jour-là. Outré, il a présenté ses excuses au témoin au nom de la commission. Et il n’a pas décoléré depuis. « M. Khadir plaide pour une nouvelle façon de travailler en politique. Mais ce n’est pas vrai que le Parlement va se transformer en tribunal de l’Inquisition, proteste le député de Saint-Maurice. Les commissions parlementaires doivent permettre aux citoyens de donner leur point de vue sur les projets de loi. On est là pour les écouter, pas pour les accueillir avec une brique et un fanal, peu importe la culture, la personnalité et le savoir-vivre du député de Mercier. »

Il n’y a pas que son style qui hérisse les troupes souverainistes. C’est qu’il est encombrant, son petit parti, qui gruge l’électorat du PQ avec son penchant indépendantiste. Dans les rangs péquistes, on craint qu’il ne leur arrache quelques sièges aux prochaines élections, soufflent des parlementaires. Et si Québec solidaire ravissait assez de votes au Parti québécois pour que les libéraux soient reportés au pouvoir ? Amir Khadir, lui, n’en ferait pas une maladie. « Si c’est le prix à payer pour permettre au Québec d’évoluer sur le plan politique, de sortir de la médiocrité qui a dominé ces récentes années, il faut l’accepter », soutient-il. Le député se montre toutefois ouvert à l’idée d’une alliance électorale, afin que le PQ et QS renoncent à se faire concurrence dans certaines circonscriptions.

Khadir, qui peut briller dans de longues envolées pleines de digressions et de références érudites, est aussi capable des pires maladresses. Il a dit du ministre délégué aux Ressources naturelles et à la Faune, Serge Simard, qu’il manquait d’« envergure intellectuelle » (il s’en est ensuite repenti). Sous la menace de poursuites, il a dû écrire une lettre d’excuses à l’ex-député libéral Russell Williams, président d’un regroupement de sociétés pharmaceutiques, qu’il avait traité d’« escroc » et de « criminel » lors d’une conférence. Et il a comparé les emplois dans l’industrie forestière à ceux que les pharaons accordaient aux esclaves.

Ses sorties sur le conflit israélo-palestinien ont aussi choqué certaines oreilles, notamment lorsqu’il a affirmé que « la pensée libérale » était « soumise au chantage honteux du lobby de la droite et de l’armée israéliennes » – des propos aussitôt décriés par le Comité Québec-Israël. « Il peut devenir très émotif sur la question palestinienne, confie un proche de Québec solidaire. Ça lui demande un effort pour se maîtriser. » Le député s’est d’ailleurs de nouveau attiré des critiques, en décembre, lorsqu’il a participé à une manifestation pour le boycottage des produits israéliens devant une petite boutique de chaussures de sa circonscription, Le Marcheur, qui tient quelques modèles fabriqués en Israël.

Si certains admirent son côté franc-tireur, d’autres prédisent que celui-ci pourrait devenir son talon d’Achille. « Il devra toujours se méfier de lui-même. Les gens au tempérament impulsif sont condamnés à se mettre les pieds dans le plat », dit Jean-Pierre Charbonneau, qui a donné quelques conseils au député au début de son mandat.

Ses paroles les plus tranchantes, il les réserve à ceux qu’il nomme les « possédants » – les multinationales qui « pillent » le Québec, « sans égard pour les intérêts de la population ». Khadir se défend pourtant d’avoir une dent contre les entrepreneurs ou les bien nantis : « Mon père a gagné beaucoup d’argent, notamment dans le domaine de l’immobilier, mes grands-pères également et moi aussi. Le problème, c’est de le faire en trichant, en heurtant les droits des autres, en détruisant la nature, en ne payant pas ses impôts. »

Pour Michel Nadeau, directeur général de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques, cette attitude négative reflète une importante lacune dans le parcours du médecin activiste : sa méconnaissance du milieu des affaires. « Il n’a pas travaillé avec des gens qui ont des objectifs quantitatifs, financiers à atteindre. Ça l’amène parfois à porter des jugements incomplets, déplore l’ancien numéro deux de la Caisse de dépôt et placement. Si jamais il aspire au pouvoir, il devra faire face à la réalité économique et financière. »

Ses proches ont pour lui des ambitions grandioses. Paul Cliche, qui a milité dans les mêmes mouvements politiques que lui ces 10 dernières années, le considère comme l’héritier d’une lignée de grands nationalistes épris de réformes. « Dans l’histoire du Québec, il y a eu Louis-Joseph Papineau, Honoré Mercier et René Lévesque, dit le septuagénaire. Et il y aura Amir Khadir. »

Or, le principal intéressé réfléchit déjà à sa sortie. Son horizon : 2016. « Dans le meilleur des mondes, Québec solidaire sera au pouvoir ou formera l’opposition officielle. Et moi, après avoir servi le temps qu’il faut pour que les choses se placent, je me retirerai. » Un mandat comme ministre des Ressources natu­relles, sinon à la Santé, le satisferait, avant qu’il retourne à temps plein à la médecine et à l’engagement social, peut-être auprès des autochtones. Chef de gouvernement ? C’est Françoise David qui a été désignée aspirante au titre. « À moins que le parti n’en décide autrement. »

Le tapageur s’éclipsera-t-il après avoir « foutu la pagaille » ? Son ami Richard Simard chuchote : « Il m’a dit qu’il se voyait premier ministre un jour. »