Après Maurice Duplessis, Daniel Johnson et Lucien Bouchard… François Legault ?

Selon la dernière projection Qc125, la CAQ pourrait prendre le pouvoir tout en ayant reçu moins de votes que son principal rival, une possibilité qui ne s’est produite qu’à trois reprises dans les 100 dernières années au Québec.

En analysant les sondages de la dernière semaine, nous constatons qu’il est de plus en plus possible que la Coalition Avenir Québec remporte une pluralité de sièges à l’Assemblée nationale tout en perdant le vote populaire au profit du Parti libéral du Québec.

Préparez donc vos analogies et comparaisons par rapport à l’élection américaine de 2016, où Hillary Clinton avait remporté le suffrage, mais perdu le Collège électoral (« Couillard aurait dû faire campagne au Wisconsin ! »).

Utilisons les données de la mise à jour du 20 septembre 2018 : cette projection nous indique que le PLQ et la CAQ sont à égalité statistique dans le vote populaire…

… mais que François Legault et son équipe sont toujours favoris pour remporter une pluralité (ou même une majorité) de sièges.

En effet, selon les données de la projection, la CAQ remporte le plus grand nombre de circonscriptions dans près de 59 % des simulations. Le PLQ se faufile avec la victoire dans les environ 40 % restants.

Donc, il est clair que la CAQ pourrait prendre le pouvoir au Québec tout en ayant reçu moins de votes que son rival principal, une possibilité qui ne s’est produite qu’à trois reprises dans les 100 dernières années au Québec :

  • En 1944, Maurice Duplessis, de l’Union nationale, a remporté 48 sièges sur les 90 de l’Assemblée législative du Québec avec 38 % du vote, contre son rival libéral Adélard Godbout, qui n’a récolté que 37 sièges, bien qu’il ait remporté le vote populaire, avec 39,4 % des suffrages.
  • Les résultats de l’élection de 1966 sont probablement les plus aberrants du point de vue de l’écart entre les totaux de sièges et le vote populaire. Bien qu’il ait reçu 47,3 % des suffrages, le libéral Jean Lesage n’a remporté que 50 sièges sur les 108 de l’Assemblée législative. L’Union nationale, dirigée par Daniel Johnson père, remporta une courte majorité de 56 sièges avec 40,8 % du vote. (Perdre une élection en gagnant le vote populaire par près de sept points ? Je peux voir les partisans du scrutin proportionnel s’arracher les cheveux, et avec raison.)
  • Finalement, en 1998, lors la première élection postréférendaire, Lucien Bouchard et le Parti québécois ont remporté 76 sièges sur les 125  de l’Assemblée nationale avec 42,9 % du vote. Toutefois, les libéraux de Jean Charest ont récolté 43,6 % des votes (environ 27 500 de plus que le PQ) et ont dû se contenter de 48 sièges.

Alors, cette possibilité pourrait-elle se répéter ? Selon les données de la dernière projection Qc125, la CAQ pourrait perdre le vote populaire par deux points et tout de même remporter le plus de sièges.

Considérez la figure suivante :

Il s’agit de la densité de probabilités de l’écart du vote populaire entre le PLQ et la CAQ. Selon les dernières données disponibles, le modèle Qc125 calcule que le PLQ remporte le vote populaire dans 56 % des simulations.

Or, si l’on trace la densité de probabilités de l’écart de sièges entre le PLQ et la CAQ, on peut constater que la CAQ remporte 59 % des simulations, contre 40 % pour le PLQ (et environ 1 % pour l’égalité entre les deux partis) :

Nous pouvons donc reprendre le graphique des écarts du vote populaire entre le PLQ et la CAQ, mais diviser les distributions selon le gagnant de chaque simulation. Voici le résultat :

Que nous indique ce graphique ?

  • Le PLQ ne peut tout simplement pas espérer remporter l’élection s’il perd ou même s’il est égal à la CAQ dans le vote populaire.
  • Quant à la CAQ, elle pourrait remporter une pluralité de sièges tout en perdant le vote populaire même par autant que 2,5 %.
  • Avec une avance dans le vote populaire d’environ 1,5 %, le PLQ deviendrait le favori pour remporter le plus grand nombre de sièges.

En conclusion

Une victoire minoritaire caquiste avec une plus grande fraction des suffrages pour les libéraux est une possibilité tout à fait plausible, selon les chiffres actuellement disponibles.

D’ailleurs, question de conclure avec un peu de politique-fiction, voici les moyennes des totaux de sièges avec le mode de scrutin actuel et le mode de scrutin proportionnel mixte compensatoire, selon la dernière projection Qc125.

Avec une proportionnelle, le PLQ obtient en moyenne un siège de plus que la CAQ, qui formerait l’opposition officielle. Québec solidaire bondirait de 6 à 18 sièges.

Quel contraste, n’est-ce pas ?

Les commentaires sont fermés.

Qu’avait prédit le Grand Jack 2 le 20 aout dernier?
jack2
20 août 2018, 6 h 41 min
https://lactualite.com/politique/elections-2018/2018/08/19/lavance-peu-confortable-de-la-coalition-avenir-quebec/
» la prochaine campagne électorale portera sur l’éléphant dans la pièce qu’aucun politicien ne veut nommer tellement il en a peur et j’ai nommé l’identité. L’immigration,

Qu’avait prédit le Grand Jack2 le 17 septembre?
jack2
17 septembre 2018, 8 h 52 min
Est-ce que Legault est en train d’échapper le ballon sur l’immigration, son thème fort (et phare)?

Qu’avait prédit le Grand Jack2 le 12 septembre alors que QS était a 9%?
https://lactualite.com/politique/elections-2018/2018/09/12/la-caq-glisse-la-majorite-compromise/
jack2
12 septembre 2018, 10 h 19 min
La surprise jusqu’à maintenant c’est la montée de QS. Elle pourrait monter encore. 15% ce n’est pas impossible.
C’est aussi le seul parti qui a un projet de société. Qui peut faire rêver une jeunesse qui n’a jamais voté.

@ jack2,

N’est-ce-pas le « Grand Jack2 » qui prédisait pour le 1er octobre un « tsunami » Caquiste avec l’élection de plus de 80 députés ? Le « Grand Jack2 » confirme-t-il cette prévision ?

Il y a selon moi un élément qui plus que dans toutes les élections précédentes risque d’être crucial c’est : le taux de participation et le niveau de l’abstention tout dépendamment des circonscriptions. Peut-être aussi, ce qui serait à surveiller c’est le taux des tiers partis (NPDQ, Parti vert, conservateurs, etc.).

Bien que tout théoriquement soit possible et bien qu’il soit nécessaire de prendre au sérieux ces projections, ce que nous pouvons remarquer en 1944 notamment, c’est que presque 23% des votes sont allés à d’autres partis que Duplessis et Godbout. On peut penser au Bloc populaire de André Laurendeau.

En 1966, c’est Pierre Bourgault (RIN) qui malgré un score inférieur à 6% (et pas d’élus) fait très mal aux libéraux. Cela préfigure et est avant-coureur de la montée inexorable du mouvement souverainiste qui va enterrer l’Union nationale.

En 1998, c’est Mario Dumont qui vient jouer les Cassandre dans l’équation. Néanmoins, cette élection marque aussi le retour en force des libéraux avec Jean Charest.

Je pense que le scénario de 2018 est parfaitement original dans l’histoire des élections québécoises. Je ne serais pas outre mesure étonné que les électeurs et les électrices retiennent leur souffle (à moins d’un brutal revirement de situation) jusqu’en toute fin. Probablement parce qu’aucun parti ne se démarque réellement et possiblement aussi parce que les électeurs n’avaient encore jamais atteints un tel niveau d’informations. Toutes ne sont pas aussi sérieuses que Qc125.

Bref comme le chantait si bien Bourvil, il faut adopter pour y voir plus clair :
« La ta ca ta ca tac tac tique,
Du gendarme
C’est d’être toujours là
Quand on ne l’attend pas. »
(…)
« C’est d’être constamment
À cheval sur l’règlement. »

Alors lorsqu’on regarde les projections dans le détail, quatre siège en plus ou en moins, cela peut bien basculer de tous bords, tous côtés encore actuellement.

J’espère seulement que de nouveaux visages seront au pouvoir. La corruption et le copinage institutionnalisé, c’est assez.

Une vrai démocratie ne peut et doit plus permettre un vote majoritaire, tel que pratiqué encore au Québec, et au Canada.
Place à la vraie démocratie et au vote proportionnel.
Peut-être devrons-nous un jour penser à voter «blanc», voire boycotter le vote, tant et aussi longtemps que la proportionnelle ne sera pas établie!
Par ailleurs, est-ce qu’un certain nombre de personnes peuvent demander/exiger la tenue d’un référendum sur le sujet?

@ Christian Samman,

Vous faites référence au projet de loi sur le « Référendum d’initiative populaire ». Une motion en faveur avait été adoptée par le Conseil national du PQ début 2012. Cependant, après que le PQ ait gagné les élections quelques mois plus tard. Ce projet de loi est sauf erreur de ma part resté lettre morte.

Depuis aucun projet de loi en ce sens n’a été adopté. C’est donc toujours la « Loi sur la consultation populaire » (L.R.Q., c. C-64.1) qui s’applique actuellement conformément aux dispositions sur les référendums de la « Loi électorale » (L.R.Q., c. E-3.3).

En termes clairs, il n’y a guère que le gouvernement ou une majorité de députés qui pourraient pousser le gouvernement à ordonner une consultation (référendum) sur le mode de scrutin. En tant que citoyens nous pouvons toujours organiser la signature d’une pétition remise à l’Assemblée nationale pour la tenue d’une telle consultation. Vous pourriez sans doute vous adresser aussi à votre député pour qu’il soutienne cette suggestion.

Cela dit, je ne pense pas que ce soit le mode de scrutin qui définisse une « vraie » démocratie d’une « fausse » démocratie. En principe ce qui définit la démocratie, c’est lorsque le pouvoir est exercé par le peuple et donc pas l’ensemble des citoyens. En ce sens, une démocratie idéale devrait partager l’exercice du pouvoir exécutif, législatif et judiciaire entre tous les partis ou des citoyens élus…. Le peuple devrait pouvoir exercer le contrôle sur ces institutions en tout temps et disposer si besoin est d’un réel pouvoir de révocation.

Avec la proportionnelle, qu’advient-il du président de l’Assemblée? Vous indiquez un libéral – est-ce que ça ferait tomber les libéraux à 40 sièges, dont l’égalité avec la CAQ? Qu’adviendrait-il s’il y avait une coalition PQ-QS avec 47 sièges?

Raison de plus pour adopter la proportionnelle proposée par
la CAQ, le PQ et QS. Pourtant, c’est le PLQ qui s’y oppose…
Ils ne savent pas compter, ou ils sont tellement borné par
leur idéologie antinationaliste qu’ils ne sont pas prêt à
mettre de l’eau dans leur vin et essayer de s’entendre avec
les autres formations politiques pour former un
gouvernement de coalition ? Ce parti n’est définitivement
plus celui de Lesage et Bourassa mais encore le parti ultra-
fédéraliste de Charest… Et ne me sortez pas la cassette de la
représentation régionale… Le PLQ a très peu d’appui en région,
n’a jamais été ni un parti, ni un gouvernement des régions, et
rien ne l’empêchera probablement (le détail reste à déterminer)
de choisir ses députés « compensatoires » dans les régions si le
cœur lui en dit… Espérons qu’ils perdent l’élection pour mettre
enfin un terme au blocage libéral de la majorité par la minorité.