Si les morts pouvaient parler, le débat sur la mise en place de services d’injection supervisée (SIS) à Montréal prendrait une tout autre tournure.
Selon une étude exhaustive de la Direction de la santé publique de Montréal publiée en 2011, les drogues injectables ont fauché en moyenne 72 vies par année, entre 2006 et 2009. Si ces âmes errantes avaient pu bénéficier de matériel stérile et d’une assistance médicale, elles seraient encore de ce monde pour témoigner de l’utilité des SIS.
Ces services n’auraient pas permis de sauver tous les naufragés de la vie, mais ils auraient contribué à réduire de manière spectaculaire l’incidence des surdoses mortelles, comme l’a démontré avec éloquence l’expérience d’Insite, à Vancouver, le premier (et le seul) SIS opérationnel au Canada.
Montréal attend son tour depuis au moins 2010. Les planètes sont alignées comme jamais auparavant. Au début du mois de juin, le directeur régional de santé publique, Richard Massé, la PDG du CIUSSS du Centre-Est-de-l’Île-de-Montréal, Sonia Bélanger, et le maire de Montréal, Denis Coderre, ont annoncé fièrement le dépôt d’une demande d’exemption au ministère fédéral de la Santé.
L’objectif est d’ouvrir trois centres fixes et une unité mobile dès cet automne, avec l’implication d’infirmières du réseau de la santé et de groupes communautaires qui viennent déjà en aide aux utilisateurs de drogues injectables (UDI), soit Cactus, Dopamine, Spectre de rue et L’Anonyme.
- À LIRE AUSSI : Mourir d’une simple injection de drogue
Il s’agit d’un passage obligé. Avant de mettre sur pied un SIS, il faut demander au ministère fédéral de la Santé une exemption, en vertu de l’article 56 de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances (LRCDAS). Il s’agit en quelque sorte d’une police d’assurance pour éviter que la clientèle et le personnel des SIS soient embêtés par les policiers.
À l’occasion de cette requête, le maire Coderre a cogné du poing sur la table. Avec ou sans l’accord du fédéral, Montréal ira de l’avant, a-t-il prévenu. La ministre de la Santé, Rona Ambrose, n’a pas caché son aversion pour le projet, en mettant en application les tactiques déloyales et trompeuses associées au gouvernement Harper.
«Ce n’est pas surprenant que le maire de Montréal, un ancien député de l’équipe de Justin Trudeau, veuille ouvrir des centres d’héroïne sans consultation publique», a-t-elle lancé.
Lundi, la dernière offensive des conservateurs pour bloquer les SIS a trouvé force de loi. La nouvelle Loi sur le respect des collectivités impose 26 «critères rigoureux» qui devront être respectés afin que la ministre de la Santé puisse examiner la demande d’exemption. La loi force les promoteurs du projet à solliciter l’avis et l’appui des corps policiers, des résidants du quartier, des familles, des commerçants, etc.
En résumé, le gouvernement Harper subordonne le droit à la vie et à la sécurité des utilisateurs de drogues injectables — reconnu par la Cour suprême dans le dossier d’Insite — aux peurs, aux craintes et aux jugements de valeurs d’une poignée d’opposants.
Les promoteurs du projet montréalais ont déjà mené des consultations, dans le cadre de l’étude de 2011 de la santé publique. Les policiers, la population, les commerçants, les élus municipaux, les travailleurs communautaires et les UDI ont pu faire valoir leur point de vue.
Les SIS ne faisaient pas l’unanimité à l’époque, et il y aura toujours des opposants à leur mise en place. Leurs réticences ne devraient pas servir de prétexte pour barrer la voie à un service de santé publique dont l’efficacité a été prouvée, à Vancouver et dans certains pays européens (comme la Suisse). Les SIS contribuent à la réduction des surdoses mortelles et des maladies infectieuses, sans augmenter les nuisances dans un quartier.
À Montréal, il y a un consensus social important sur les bienfaits des SIS. Les groupes communautaires ne sont plus seuls à prêcher dans le désert. Ils ont obtenu des appuis importants de Denis Coderre, un maire exemplaire dans la défense des droits des démunis. Le projet a reçu l’aval de Québec et du financement (2,6 millions par année).
La Loi sur le respect des collectivités oblige les tenants du projet à refaire des devoirs qui ont déjà été faits. Cette loi donnera aux opposants l’équivalent d’un droit de véto sur les SIS. À Montréal, il n’y a rien de plus facile que de trouver des commerçants ou des groupes de résidants hostiles aux projets novateurs. Ils chipotent déjà sur la largeur des trottoirs ou le coût du stationnement au centre-ville. Imaginez ce qu’ils diront des politiques alternatives de santé publique destinées à réduire les méfaits associés à la consommation de drogue.
Le bras de fer annoncé entre le maire Coderre et la ministre Ambrose risque de mettre du piquant dans la campagne fédérale. Si le maire met ses menaces à exécution en facilitant l’ouverture des SIS sans attendre l’autorisation d’Ottawa, il forcera non seulement les autres partis à se commettre sur le sujet, mais il donnera une voix à tous ces disparus, à leurs amis et à leurs familles. Il montrera le gouvernement Harper comme ce qu’il est. Un gouvernement qui n’a qu’une seule réponse aux problèmes sociaux : la loi et l’ordre.
Mettre tant d’argent pour sauver 72 drogués par année… Il n’y aurait pas mieux à faire avec cet argent dans le réseau de la santé ?
Si ces âmes errantes avaient pu bénéficier de matériel stérile et d’une assistance médicale, elles seraient encore de ce monde pour témoigner de l’utilité des SIS. Pour avoir vu les drogués à l’oeuvre pendant quatre ans dans la ville d’Ottawa, je ne plaindrais pas trop ces gens qui ont fait des choix désastreux dans la vie. Les pipes de Krac remises gratuitement aux drogués par la ville (Ottawa ou Gatineau) sont ensuite revendues dans la ville voisine. À Ottawa, vous possédez un condo de luxe au centre-ville et vous ne pouvez plus sortir le soir en raison des drogués qui sont partout. Oui, aidez-les à se piquer… Et il faudrait fournir des outils aux voleurs pour qu’ils puissent entrer plus facilement dans nos foyers. Belle société !
Et à Montréal, on charge vingt dollars aux familles des cancéreux qui garent leur voiture dans un stationnement d’hôpital. Enfin, on paiera 500 millions pour avoir un club de hockey à Québec ou ailleurs. Où est le bon sens ? Et la prévention dans tout cela ? On ne naît pas drogué…
Au moment où j’écris ces lignes on voit que la machine conservatrice roule à fond et les 3 commentaires soutiennent la position de la ministre Ambrose! Or, la Cour suprême du Canada n’est pas de votre bord mais c’est vrai que les conservateurs n’aiment pas plus les juges que les scientifiques. Pour ces gens, il y a les bons et les méchants et les drogués sont du côté des méchants et ne méritent pas de vivre. Ils parlent de dépenses inconsidérées… en oubliant que leur gouvernement dépense des sommes astronomiques pour acheter des avions de combat qui seraient inutiles au Canada (les F35 monomoteurs) ou encore des millions pour « célébrer » la guerre de 1812, le 150ième de la Confédération etc etc mais faut pas dépenser pour sauver la vie d’un drogué n’est-ce pas! Ils oublient trop facilement que les « drogués » sont des fils ou filles, frères ou soeurs, pères ou mères de gens comme vous et moi et qu’ils ont le droit élémentaire à la vie.
Les tartuffes conservateurs crient au droit sacré à la vie pour un fétus qui n’est même pas né mais rejettent du revers de la main le droit à la vie d’adolescents et d’adultes qui se sont fait séduire par la consommation de drogues, souvent par des « pushers » qui visent les gens les plus vulnérables. C’est triste à dire mais cette minorité conservatrice qui dirige ce pays n’a rien de « canadien » car le Canada s’était mérité une réputation de pays compatissant et bienveillant mais ce gouvernement Harper a tout détruit et fait de notre pays une succursale du parti républicain des États-Unis. Heureusement il y a des maires comme M. Coderre à Montréal et M. Robertson à Vancouver qui sont plus compatissants et sont déterminés à prendre soin de leurs concitoyens qui souffrent de ces horribles dépendances.
Il y a des questions de priorités. Je ne dis pas que ces personnes qui ont fait le choix malheureux de commencer à se droguer doivent moutrir, je dis seulement que le gouvernement doit faire des choix. Il y a des gens qui attrapent des maladies graves et que l’État aide sur le tard ou mal (dans le domaine du cancer, le Québec ne rembourse pas des médicaments qui sont la norme ailleurs en Amérique du Nord). Mais, je ne sais pas pourquoi, les drogués ont la cote et là, il faut débloquer des fonds pour eux. Je trouve que l’on a de drôles de priorités.
Grand Dieu qu’il est temps que l’on se débarasse de ce gouvernement autoritaire, idéologique et qui selon moi, ne croit même pas en la démocratie si ce n’est que qu’en elle est réduite à sa plus simple expression soit un x dans une case une fois par 4 ans. J’invite surtout tout ceux qui seraient tenté de voter pour le Bloc à y réfléchir à deux fois avant de voter pour ce partie. Opinion sur la question du statut du Québec à part, entre deux maux on se doit de choisir le moindre et clairement le parti conservateur est présentement une calamité pour ce pays et le Québec. Bref, quand il y a feu en la demeure, il n’est pas temps de chipoter sur la couleur du drapeau mais bien de jeter à la rue le pyromane. Personellement jusqu’à ce jour je ne me suis jamais impliquer activement en politique mais cet automne je vais faire du bénévolat pour le candidat de ma cisconscription, qu’il soit libéral ou NPD, afin de m’assurer de la défaite des conservateurs. J’invite tous à faire de même.
Vous faites mention d’une étude exhaustive publiée en 2011 par la Direction de la Santé publique de Montréal, que je viens de consulter, basée sur des records remontant à 2010 ou antérieurs, lesquels ne sont d’ailleurs pas documentés (aucune preuve formelle). — Est-ce qu’on disposerait de chiffres plus récents qui soient bien compilés méthodologiquement ?
Et vous écrivez ceci : « Si ces âmes errantes avaient pu bénéficier de matériel stérile et d’une assistance médicale, elles seraient encore de ce monde pour témoigner de l’utilité des SIS. » — Êtes-vous bien sûr que ces âmes errantes seraient encore là pour en témoigner ?
Ce que vous posez là, c’est un problème plus important que la question de la supervision ou nous des injections. Ce que vous posez là, c’est un problème autrement plus grave : celui de l’itinérance. Dont fait mention d’ailleurs ce le rapport que vous nous soumettez.
Si une ville comme Vancouver a travaillé beaucoup sur cette problématique de l’itinérance et pas uniquement sur l’encadrement médical des drogués, il reste encore fort à faire, ne serait-ce qu’avec la prostitution éhontée. Ce qui a été fait jusqu’à présent à Montréal dans ces domaines est nettement insuffisant et requière un ensemble de services intégrés qui ne sont pas offerts par la seule implantation de trois SIS.
Lutter efficacement contre l’itinérance, c’est bien ! Travailler en amont pour éradiquer l’itinérance, ce serait encore mieux. Hors l’éradication de l’itinérance dans presque tous les cas, cela consiste en priorité à éliminer la pauvreté et l’extrême pauvreté.
D’ailleurs comment s’expliquer que des pauvres puissent avoir accès à des produits injectables qui ne sont pas spécialement bon marché ? — S’il n’y avait des pervers criminels pour financer de tels achats.
Il me semble que l’éradication de la pauvreté au Canada était déjà une priorité du temps Lester Pearson. Peut-on m’expliquer pourquoi la pauvreté au Canada n’est pas déjà éradiquée depuis bien longtemps ? — Nous sommes pourtant le plus meilleur grand pays au monde… N’est-il pas ?
Combien de personnes droguées ou pas, depuis 50 ans ont vu leur vie ou leur espérance de vie compromise en raison du manque de subsides nécessaires au maintien d’une vie descente dans ce pays ?
Vous écrivez ceci : « Avant de mettre sur pied un SIS, il faut demander au ministère fédéral de la Santé une exemption, en vertu de l’article 56 de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances »
Un des problèmes relevé par le rapport de Santé Montréal est le suivant : « depuis les 20 dernières années et l’arrivée de nouveaux phénomènes, comme les substances utilisées pour l’injection qui se sont considérablement diversifiées et modifiées, nous obligent à revoir nos pratiques (…) » — L’héroïne largement coupée vendue du temps de nos aïeux est une chose dépassée. Ce sont ces substances qui causent la mort. Pas seulement la propreté des seringues.
Il est difficile de réduire la mortalité des gens ou d’autres risques associés, s’il n’y a pas de contrôle strict des substances qui se trouvent en circulation sur le marché. À ce chapitre aucun Centre d’injection ne peut garantir une réduction de la mortalité à moins de fournir et de vendre les produits injectés. Même dans ce cas, tout risque n’est pas écarté, puisque toute la clientèle qui a accès à des drogues ne passera par ces Centres supervisés.
Ainsi, seule une légalisation, une tarification et une classification de toutes les drogues pourraient éventuellement régler la question à condition d’exercer une répression de tous les instants contre les marchands de drogues non autorisés.
Ceux et celles qui pensent et qui croient que ces Centres supervisés soient les panacées universelle, ce sont avant toute chose des bons bourgeois bienpensants. J’ai pu observer dans les années 80, les désastres causés par la drogue notamment dans les jardins situés à proximité de l’Université de Zurich. Ce que j’ai vu, je ne le souhaite à personne, cela ressemblait — dans cette ville pourtant si belle et si propre — à un camp de concentration.
Depuis le début des années 90 la Confédération Helvétique a adoptée pas moins de trois Plans complets de mesures à l’échelle de tout le pays, pour lutter efficacement contre le fléau de la drogue et toutes les formes de marginalisation, voici pourtant ce qu’écrit entre autre le professeur Thomas Zeltner (directeur de l’Office fédéral de santé publique) dans un rapport publié en 2013 : « On note actuellement un recul de la consommation d’héroïne ; en revanche, on assiste à une hausse de la consommation d’autres substances telles que le cannabis, les drogues de synthèse et la cocaïne et à une augmentation de la polyconsommation. Les drogues illégales continuent donc à poser problème, aussi bien pour les personnes qui en consomment que pour la société tout entière. »
— Well ! Much better in Montréal than in Switzerland with Denis Coderre… Hum ! J’ai envie de rire ! Une chose certaine. Ce n’est pas avec ce genre de débats que Justin Trudeau deviendra Premier ministre du Canada. Au pire dans ce cas, plutôt choisir la loi et l’ordre avec Stephen Harper !
Pour ceux qui le pensent, PERSONNE NE DIT QUE LES SIS RÉGLERONT TOUS LES PROBLÈMES. Par contre ce sera UN MOYEN de plus pour lutter contre l’itinérance, la consommation de drogues et les troubles de santé associés comme le VIH et l’hépatite C en plus des décès par surdoses.
Les toxicomanes qui fréquentent les SIS deviennent, à la longue confiants, dans le personnel et ont peut progressivement intervenir auprès d’eux de diverses manières. Bien sur ce n’est pas tous les toxicomanes qui iront dans un tel centre mais, la quantité que ces centres pourront aider et les vies qui y seront sauvés, se sera autant de moins dans votre ruelle ou votre cours en train de s’y injecter et d’y mourir!
Quand à la prévention en bas âge, parlons-en. Aucun gouvernement n’y met jamais les fonds que requièrent vraiment les programmes sans compter que les programmes sont très peu présents. La pédiatrie sociale du Dr. Julien est une exemple de programme qui marche et qui est sans cesse en recherche de fonds.
Il semble que tout le monde aime crier »Pas Dans Ma Cours »! Il n’y a aucun désir pour la majorité de M. et Mme. Tout le Monde de se soucier des plus démunis. Regardez les gens sur la rue Ste. Catherine. Regardez leur réaction devant les plus démunis de la vie, devant ceux qui dorment sur un banc ou par terre. Ils évitent de regarder, ils traverseront même de côté de rue pour les évitez si possible. »Tous des drogués ou des alcooliques » diront-ils! Non pas tous, je regrette et même si ce serait le cas, qui êtes vous pour prétendre qu’ils ne méritent pas d’être en vie? Car refuser les SIS, les programmes d’aide, de détox, de prévention etc, c’est leur dire que leurs vies ne vaut rien! Bien moi, je ne suis pas d’accord!