Voilà des mois que nous observons une érosion graduelle du NDP, pas seulement au Québec, mais partout au Canada. Le parti de Jagmeet Singh, qui avait obtenu près de 20 % des suffrages au Canada en 2015 sous la gouverne de Thomas Mulcair, se voit glisser une fois de plus dans les intentions de vote et semble en péril de sombrer aussi dans les projections de sièges.
Nous ajoutons au modèle cette semaine trois sondages fédéraux:
- D’abord, l’Institut Angus Reid (ARI) a publié tôt la semaine dernière ses chiffres de mois d’août et mesure un resserrement significatif des intentions de vote entre les deux principaux partis : conservateurs, 36 %, et libéraux, 32 %. Au printemps dernier, au coeur de la saga SNC-Lavalin, ARI accordait une avance de 13 points au parti d’Andrew Scheer ;
- Samedi, un sondage Léger/Journal de Montréal indiquait que les libéraux (34 %) avaient rattrapé les conservateurs (33 %) dans les intentions de vote au pays. Selon Léger, le Parti libéral du Canada (PLC) serait en avance dans les provinces de l’Atlantique, au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique. Hypothétiquement, avec de tels chiffres dans les urnes en octobre, le PLC remporterait au moins une victoire minoritaire ;
- Finalement, la firme a EKOS publié ses derniers résultats sur le blogue 338Canada. Selon EKOS, les libéraux auraient grimpé au cours du mois d’août et se situeraient à 37 % au pays — quatre points devant les conservateurs. La donnée la plus étonnante de ce sondage est celle du NPD, que EKOS estime à seulement 7 % au pays. Ce niveau de support est anormalement bas, alors il s’agit sans doute d’une donnée aberrante, mais ce n’est pas comme si Léger (12 %) et ARI (14 %) avaient détecté une hausse des néo-démocrates non plus.
Nous ajoutons ces sondages au modèle fédéral Qc125. Voici les projections du vote populaire au Canada :
Sur le graphique ci-dessus, les bandes colorées représentent les intervalles de confiance de 95 % et les points noirs, les résultats des derniers sondages [AR: Angus Reid; LE: Léger; EK: EKOS].
Les libéraux et conservateurs sont essentiellement à égalité au Canada à 34 % d’appui chacun. Toutefois, comme nous le verrons plus bas, la forte concentration du vote conservateur en Alberta et dans les Prairies se traduit en un vote beaucoup moins efficace pour le Parti conservateur du Canada (PCC). Avec de tels chiffres, les libéraux seraient favoris pour l’emporter.
Le NPD glisse à une moyenne de 13,2 % et les verts à 10,3 %.
Au Québec, le Bloc québécois grimpe à 20,1 % en moyenne. Les sondages des dernières semaines lui ont été plutôt favorables, dont Léger (20 %) et EKOS (24 %). Toutefois, comme les sous-échantillons régionaux possèdent une incertitude plus élevée, nous devons redoubler de prudence avec ces chiffres.
Voici la projection de sièges selon le modèle fédéral Qc125 :
Le Parti libéral remporte en moyenne 165 sièges, à peine cinq sièges sous le seuil de la majorité à la Chambre des communes. Les conservateurs ne sont pas loin derrière avec une moyenne de 142 sièges. Notez cependant que les intervalles de confiance demeurent larges, car l’incertitude actuelle est élevée — entre autres avec des sondages divergents (PCC +4 chez ARI et PLC +4 chez EKOS).
Avec la glissade du NPD, le Bloc se trouve au troisième rang avec 14 sièges en moyenne. Même si cette projection de sièges bloquistes demeure tout de même modeste, nous pouvons imaginer qu’Yves-François Blanchet et son équipe se réjouiraient de se hisser devant le NPD lors de la prochaine législature fédérale.
Sur les 100 000 simulations d’élections générales effectuées par le modèle, le PLC remporte le plus grand nombre de sièges dans environ les deux tiers des simulations :Dans les provinces de l’Atlantique, le PLC demeure bon premier avec une projection moyenne de plus de 20 sièges. Les conservateurs pourraient effectuer des gains, particulièrement au Nouveau-Brunswick.
- Au Québec, les libéraux sont en tête des intentions de vote avec une moyenne de 36 %. Le Bloc et les conservateurs sont à égalité au deuxième rang avec environ 20 % chacun. Ces trois partis pourraient effectuer des gains aux dépens du NPD, qui pourrait disparaître de la province, hors de l’Île de Montréal.
- En Ontario, la lutte est chaude entre les libéraux et les conservateurs. Depuis le printemps, le PLC a repris les devants dans les intentions de vote dans la province. Les banlieues torontoises (le 905) seront cruciales pour Andrew Scheer et son équipe. C’est en balayant cette région que Stephen Harper avait finalement remporté sa première victoire majoritaire en 2011.
- Dans les Prairies et en Alberta, les conservateurs dominent les intentions de vote et devraient balayer presque l’entièreté des circonscriptions si les chiffres actuels se maintiennent. En Alberta, le PCC possède une avance moyenne de plus de 40 points (!) sur ses rivaux.
- C’est en Colombie-Britannique où les sondages pancanadiens divergent le plus. Les libéraux devraient remporter leurs lots de sièges à Vancouver (où se trouvent quelques bastions du NPD). Les conservateurs sont projetés en avance dans les régions rurales. L’Île de Vancouver devrait être le théâtre de batailles entre le NPD et les verts.
Les électeurs canadiens iront aux urnes dans exactement sept semaines (le scrutin est prévu le 21 octobre) et la campagne fédérale devrait être lancée dans les prochains jours. Nous suivrons les chiffres de près tout au long de cette campagne qui s’annonce hautement imprévisible.
Autre preuve que le Montréal multiculturaliste coupe de plus en plus ses ponts du reste du Québec. Une île, une option.
Si la gauche continue à se camper dans le tunnel du multiculturalisme canadien rejetant le Québec francophone, octobre 2019 ressemblera à octobre 2018.
Cette peur du multiculturalisme c’est vraiment une obsession. A l’heure ou on ne sait même pas si la planète va survivre pour encore 50 ans, ou les inégalités ne font que se creuser de plus en plus, ou le viellissement de la population menace le système de santé, et a plus long terme l’économie, tout ce qui vous interesse c’est comment chacun s’habille ou mêne sa vie…
S’il ne faut jamais rien prendre pour acquis, si un ou des candidats peuvent offrir une campagne formidable et détourner dans leur direction l’aiguille de la boussole, si somme toute rien n’est encore décidé, il faut bien admettre, si l’on se fie aux excellents travaux de Philippe J. Fournier que le scénario le plus plausible, c’est une victoire du PLC ; la principale variable étant encore sur une majorité ou bien pas.
Je suis assez surpris de la remontée du Bloc presque partout au Québec et si la tendance devait se maintenir, il se retrouverait la deuxième force politique dans la province.
Comme électeur plutôt sympathisant du NPD, je suis inquiet quant aux chiffres qui pour le moment nous sont présentés. Bien que les Verts soient dans une phase ascendante, ils ne représentent toujours pas une force susceptible de constituer un gouvernement de sitôt.
Si certainement cela ne sera pas le cas en 2019, il serait probablement convenable de songer à un regroupement des forces progressistes partout au Canada, sous quelque forme d’alliance ou de fédération. Sinon il nous faudra pour encore quelques siècles prochains subir sans broncher cet éternel affrontement manichéen entre les forces conservatrices et les forces libérales….
La seule chose qui m’échappe encore un peu, c’est de savoir quel parti est l’incarnation du mal et quel autre du bien.
excellent travail que vous faites dans l’éventualité du journalisme canadien.
J’ai l’impression qu’on se retrouve encore en période de vote stratégique alors que bien des Canadiens progressistes craignent comme la peste une victoire des conservateurs. Ceux-là auront tendance à aller vers le PLC qui est perçu comme étant le seul parti dit progressiste qui pourrait constituer le prochain gouvernement. Par contre, il y a aussi une tranche des électeurs qui en ont marre des partis traditionnels mais parmi eux on retrouve surtout ceux qui veulent combattre les changements climatiques (ils iront probablement chez les Verts) ou encore au Québec, qui sont jaloux de l’autonomie québécoise et seront tentés par le Bloc.
Il ne faut pas oublier non plus que lors de la dernière élection le NPD s’est fait doubler à sa gauche par le PLC (maintenant on sait que ce n’étaient que de vaines promesses qui ont pour la plupart été reléguées aux oubliettes) et le nouveau chef, M. Singh, n’a certes pas le charisme de Jack Layton. En fait, on se demande ce que le NPD a à offrir aux électeurs et on verra avec l’évolution de la campagne si nous aurons des réponses à cet égard…