
Quelle joie de lire Fin de cycle, de Mathieu Bock-Coté ! Joie d’être mis en présence d’une intelligence vive, au verbe précis, aux concepts assumés. Joie de retrouver sur la page un interlocuteur engagé, engageant, inquiet pour son peuple et son pays rêvé, soucieux de son passé comme de son avenir. L’exact contraire du cynique.
On voudrait débattre avec lui, page après page, car sa prose mobilise l’émotion autant que l’intellect. Et suscite, chez ce lecteur-ci en tout cas, moins d’approbations que de désaccords. Ce billet ne fera donc pas justice à l’ensemble des questions qu’il soulève.
Le problème avec les Fins
Fukuyama, qui avait fameusement prédit en 1992 la « Fin de l’histoire » s’en mord sûrement encore les doigts. Et lorsque Mathieu Bock-Coté a remis son manuscrit, l’an dernier, le Parti québécois semblait en lambeaux, l’appui a la souveraineté avait quitté les 40% pour s’aventurer dans les 30% et on trouvait des députés péquistes pour craindre la disparition prochaine de leur parti – prédiction reprise par Mathieu dans son ouvrage.
La conjoncture politique étant une maîtresse cruelle, Mathieu publie son livre au moment ou le PQ, tel un phœnix, renaît de ses cendres, mobilise une pluralité des électeurs qui pourraient, demain lui donner un gouvernement majoritaire, redonne a son chef le titre de ‘meilleure premier ministre’, renvoie la souveraineté dans ses 40e dessus et fait dire au fils de Pierre Trudeau qu’une surdose de conservatisme-à-la-Harper pourrait faire de lui un séparatiste.
Que s’est-il passé, a demandé Guy-A Lepage a Bock-Coté, excellent lors de son récent passage à Tout le Monde en Parle. « Il y a parfois des miracles en politique » a-t-il du répondre dans un sourire qu’a du souvent utiliser Fukuyama.
Je suis le dernier à lui en tenir rigueur, ayant déjà donné moi-même dans la fin de cycle. J’ai d’ailleurs droit dans son livre à une citation en exergue : « La fin est proche. Elle est juste derrière nous. » C’étaient les premiers mots de Sortie de Secours, publié en 2000. J’y déclarais aussi la fin du cycle politique pouvant mener à l’indépendance et prophétisais, à moins d’un sursaut marqué au coin du réalisme, un engourdissement durable de la volonté souverainiste. En 2005, le scandale des commandites venait me contredire en repoussant dans la zone majoritaire la volonté de souveraineté.
On sait la réalité terrible avec les optimistes, ces cocus du réel. Mais elle l’est aussi souvent avec les pessimistes. C’est bien ainsi.
La prise d’otages progressiste
Comme il l’avait fait dans son ouvrage précédent, La dénationalisation tranquille, Mathieu fait le procès de la dérive post-référendaire des souverainistes. Il s’agit de la période ouverte lors discours de Jacques Parizeau du soir du référendum en 1995 et qui connut son apogée sous la direction péquiste d’André Boisclair, exprimant la volonté de remplacer le nationalisme identitaire par le nationalisme civique, fondé sur les chartes.
Il fut donc mis complètement en porte-à-faux de l’opinion, lors de la crise des accommodements raisonnables, sur laquelle Mario Dumont eut, lui, les bons instincts, sinon les bonnes solutions.
Bock-Côté a quatre bêtes noires dans cette évolution post-95 : le remplacement de l’identité nationale par la sacralisation des chartes (ce que l’historien Éric Bédard avait aussi bien diagnostiqué dans son excellent texte « La Trudeauisation des esprits »), l’introduction du cours Éthique et culture religieuse comme une volonté d’enseigner au peuple les bienfaits du multiculturalisme; la nouvelle mouture de l’enseignement de l’histoire, visant également à javelliser l’histoire nationale de tout ce qu’elle a de singulière par rapport à l’évolution des autres peuples; la réforme pédagogique dites des compétences transversales.
L’auteur est ici en terrain solide. Mais il le quitte pour faire un procès plus général de l’évolution du mouvement souverainiste, affirmant que le PQ était dès son origine « porteur du virus idéologique qui le fera mourir progressivement en confondant l’émancipation nationale et l’émancipation sociale ». Pour lui, la volonté de modernité en soi et le progressisme a « kidnappé » le combat national.
Mathieu tente de faire la synthèse entre le procès plus général fait contre la Révolution tranquille comme rupture et rejet du passé duplessiste dont il faudrait, selon lui, penser plus de bien et l’évolution du souverainisme.
C’est net, Mathieu Bock-Côté est un conservateur et, pour lui, l’identification du PQ et du Bloc avec les causes progressistes (quête d’égalité, mariages gai, jeunes contrevenants) – mais Mathieu fait une importante exception pour les droits des femmes – arrache le PQ de la tradition conservatrice d’une partie de l’électorat, qui s’est donc cherché à l’ADQ, aujourd’hui à la CAQ, en mai dernier au…. NPD ?

Il y des vérités et des problèmes avec cette analyse. Mathieu admet que René Lévesque a beaucoup fait pour accompagner le vote conservateur vers la coalition péquiste. (Ici encore Éric Bédard en fait un excellent récit dans son livre Recours aux sources (Boréal) qu’il faut lire seul ou en tandem avec Fin de cycle.)
Mais il omet de signaler combien Lévesque et ses successeurs ont été pragmatiques envers les conservateurs, mettant l’émancipation nationale au premier plan face à l’émancipation sociale, chaque fois que nécessaire.
Ainsi de l’alliance entre le PQ et le parti de Brian Mulroney à l’élection de 1984, donnant aux libéraux de Trudeau une raclée historique, pour avoir imposé une constitution au Québec. Ainsi de l’alliance de Jacques Parizeau et de Bernard Landry avec le même Mulroney en faveur du libre-échange avec les États-Unis.
Parizeau a mené ensuite deux campagnes, celle de 1992 contre Charlottetown et celle de 1995 pour la souveraineté, en ménageant des alliances avec un ex-ministre conservateur, Lucien Bouchard, et le chef de l’ADQ, Mario Dumont.
Dans la période post-95, la pire selon Bock-Côté, les péquistes ont fait le plus grand sacrifice idéologique de tous, pour le bien, pensaient-ils, de la cause nationale, en choisissant comme chef un ancien conservateur : Lucien Bouchard. Ils l’ont suivi dans son virage pour le déficit zéro, ce qui demandait une abnégation considérable.
Mathieu (et Éric Bédard) en veulent beaucoup au Bloc Québécois d’avoir fait alliance avec le NPD et le Parti libéral pour une tentative de coalition en décembre 2008 pour empêcher Harper, minoritaire, de faire un brusque virage à droite. Mathieu affirme qu’il s’agissait d’une « alliance centralisatrice ». La présence de Stéphane Dion dans le portrait pouvait sembler l’indiquer. Mais la lecture du texte de l’entente révélait qu’au contraire le Québec y faisait un gain majeur recherché depuis 40 ans : celui du droit de retrait avec compensation de tout nouveau programme fédéral. Trudeau et Chrétien (et Dion) s’étaient battus bec et ongles pour que jamais cette clause n’apparaisse où que ce soit.
L’absence, dans Fin de cycle, de toute référence à la tentative précédente de coalition entre le Bloc, le NPD et… Stephen Harper, lorsque les libéraux étaient minoritaires, mérite qu’un reproche soit fait à l’auteur.
La nouvelle époque
Que le mouvement souverainiste, de 1995 à 2007, ait connu des errances, c’est indubitable. Mais on aurait aimé que Mathieu donne plus d’importance aux changements opérés au cours des cinq dernières années.
Lorsque à l’été 2007, Pauline Marois réintroduit le « Nous », elle sonne la fin de la récréation, la fin de la trudeauisation des esprits. Lorsqu’en 2008, elle propose son projet de loi sur l’identité (transparence totale : j’ai participé à cette démarche), lorsqu’elle approuve une charte de la laïcité mais veut respecter le patrimoine historique québécois – donc son marquage historique religieux, donc le respect du « déjà là » que réclame l’auteur – lorsqu’elle donne le feu vert pour un renforcement du dispositif linguistique, lorsqu’elle le fait en opposition à des forces encore engoncées dans la dérive chartiste; lorsqu’elle promet de remettre le cours Éthique et culture religieuse en débat, de ramener une véritable lecture de l’histoire nationale dans les classes, lorsque son parti l’appuie massivement dans cette voie…
…cela mérite, il me semble, davantage qu’un paragraphe. Le mouvement souverainiste a changé d’époque.
Il reste, c’est évident, trop social-démocrate pour Mathieu Bock-Côté. Il doit, c’est certain, pouvoir aussi s’adresser aux électeurs conservateurs. Encore faudrait-il savoir ce que cela signifie, en 2012.
Cela ne signifie certainement pas les libertariens. Mathieu en fait, dans la conclusion de son ouvrage, une critique acide. Deux extraits :
[Cette droite libertarienne] se réclame de l’ypermodernité et entend parachever la Révolution tranquille en livrant les Québécois à un individualisme libertaire, technocratique et mondialisé.
La droite entend ainsi faire concurrence à la gauche dans le registre du progressisme, en faisant du droit de choisir de l’individu, de son droit de se désaffilier de toutes les institutions sociales, le seul horizon légitime de l’action politique.
Mathieu Bock-Côté est révulsé par cet individualisme à outrance, qui scinde l’individu de son groupe social, de ses réseaux, de sa nation. Et par cette critique, Mathieu révèle un aspect de sa position politique qu’il fait bon de lire, en fin d’ouvrage :
[La nouvelle droite] si elle vise juste lorsqu’elle dénonce la bureaucratisation abusive des rapports sociaux ou lorsqu’elle critique le gonflement irresponsable de la dette publique, elle erre gravement lorsqu’elle fait le procès de la solidarité sociale mise en forme politiquement par l’État, comme si l’individualisme ne devait pas équilibrer son indispensable appel à la responsabilité individuelle par un souci de justice envers les moins favorisés, qui ne sont pas nécessairement des irresponsables, mais des victimes de restructurations économiques ou sociales qui se calculent à l’échelle mondiale mais qui dévastent des vies bien réelles, qui ont peu d’emprise sur les circonstances qui s’abattent sur elles.
L’auteur de Fin de cycle n’est donc pas un libertarien. Il cherche une définition du mot conservateur qui lui soit propre. Au fond, c’est un Gaulliste. Un Gaulliste québécois. Respect pour l’histoire, pour la Nation, pour le rôle de l’État, scepticisme face aux idéologues du changement. Un Gaulliste un peu seul. Heureusement pour lui, le nationalisme québécois n’est peut-être pas en fin de cycle. Une coalition gagnante est toujours possible. Lui, le Gaulliste québécois, pourra y trouver sa place.
Demain: Que conserver du conservatisme ?
Vous savez, je serais le premier à débattre de bien de positions de Bock-Côté. J’ai aussi beaucoup de difficulté à le suivre sur certaines critiques de la « gauche » qui lui sont propres, et il me donne parfois à le percevoir (à tort ou à raison) comme ayant une petite tendance à l’auto-satisfaction qui peut énerver.
Mais là où j’aime beaucoup Bock-Côté, c’est dans la façon de tenir son discours. Il fait preuve d’une grande érudition et, la plupart du temps, respecte une certaine idée que je me fais de ce qu’est (ou devrait être) le rôle de l’intellectuel dans nos sociétés.
Pour l’essentiel, il ne peut être accusé de rabaisser le niveau du discours public, bien au contraire. En ce qui à trait à son livre à proprement dit, je ne m’avancerai pas, ne l’ayant pas [encore] lu.
Je n’ai pas lu l’ouvrage, mais il me semble qu’un autre reproche qu’on pourrait faire à l’auteur c’est d’attribuer à P.E. Trudeau la seule responsabilité pour l’engouement des chartes des droits. Le Québec a eu la sienne avant le Canada, suite à un travail entrepris par le gouvernement de l’Union nationale; la Charte québécoise des droits de la personne fut adoptée par un gouvernement libéral en 1975 et entra en vigueur sous le gouvernement de René Lévesque (1976).
L’importance des droits des individus est un phénomène qui transcende les partis politique, et jusqu’à présent, les générations. On peut aussi noter que la charte québécoise se définit expressément comme une charte des droits de la PERSONNE.
Mais sait-on, le Québec pourrait produire son me Rick Santorum et un deuxième round de la revanche des berceaux !
De Gaulle aussi était seul, mais un jour, c’est toute la France qui l’a suivi. Vivement De Gaulle au Parti Québécois!
Excellente criitique M. Lisée!
Bock-Coté est de loin le penseur le plus intéssant du Québec contemporain. Il dit dans des mots de quatre syllables ce que je dis depuis longtemps dans des mots de trois syllables.
Les libertariens que je connais ont du respect pour les idées de Mathieu Bock-Coté mais pas pour les vôtres.
Les libertariens que je connais s’accommoderait d’un politiciens avec les idées de Mathieu Bock-Coté mais pas des vôtres.
La différence est là.
Le PQ n’est plus un parti de coalition. Les meilleurs éléments de la classe politique ont quittés après la défaite. Il n’est resté que les arrivistes et les idéologues et quelques reliquats à la barre pendant 15 ans. Ce faisant, les nationalistes ont perdu leur véhicule politique tandis que les membres votants des générations x et y ne s’y retrouvent pas non plus. La phase de déni du PQ de 2011 l’a presque achevé. Enfin, force de raison, la renaissance du Pq est corrélée au retour du discours identitaire.
Très intéressant.
D’autant que présentement un certain nombre d’individus dont moi possèdent sur leur enregistreur numérique, les 12 heures d’interventions et de réflexions autour de l’avenir du Nous québécois résultat de la rencontre de samedi au Monument national. Ayant vu au moment de la rédaction de ce commentaire au moins 4 heures de ce 12 heures de débat ouvert sur le collectif québécois ce qui ressort de certains textes lus sur la scène en dehors d’une volonté certaine de résistance c’est l’expression d’un mal identitaire québécois qui persiste et signe.
Et ce mal identitaire québécois concerne justement l’un des sujets d’importance de M.Bock Côté.
Un état phare de notre condition politique post 1960 c’est le rejet de l’église et de la religion à laquelle comme Québécois standard issu de la révolution tranquille je participe par réflexe inné.
Tout en constatant pourtant presque inconsciemment ces dernières années, malgré une certaine évidence oubliée qu’effectivement nos monuments historiques sont bel et bien essentiellement tous des églises de campagnes profondes, des cathédrales catholiques dans nos quartiers anciens de Montréal et Québec, des couvents, monastères, presbytères ou collèges classiques tous catholiques. Plusieurs de ces églises ont déjà été détruites, combien d’entre nous savons par exemple qu’avant la Place des Arts de Montréal sur le site nous y trouvions une église qui disparue contenait la marque d’un des grands artistes et architectes Canadiens français du milieu et de la fin du 19ème siècle: Napoléon Bourassa, beau fils de Louis Joseph Papineau le chef patriote et père du futur fondateur du Devoir: Henri Bourassa?
Ce patrimoine religieux qu’il faut majoritairement protéger et pas seulement ici les églises du Vieux Québec protégés déjà par l’Unesco confronte notre automatisme anticlérical et anti catholique dont je suis partie prenante.
Si la composante politique du catholicisme mise en place sérieusement à partir de l’Union du Haut et du Bas Canada fruit de la collaboration avec l’ordre colonial est violemment rejetée par le Québécois d’aujourd’hui dont l’épisode des enfants orphelins de Duplessis s’est révélé le point ultime de la dépravation du rapport étroit entre le religieux et le politique.
Il n’en reste pas moins que la table rase de ce passé catholique en ce qui regarde l’organisation de la vie sociale, du quotidien vécu autour des fêtes annuelles, de la vie paysanne canadienne française et de sa première vie urbaine au moment de l’industrialisation du Québec que tout cela s’est peut être avéré au final avoir créé comme rejet une violente coupure identitaire dont le sociologue Jacques Beauchemin se fait le porte parole avec M.B.Côté depuis plusieurs années.
Mal identitaire dont certes la conquête anglaise forme le noyau fort, le centre fondamental de l’aliénation puisque la conséquence de la conquête c’est d’avoir amputé l’accès au continent tout entier d’avoir réduit la Nouvelle France de la Louisiane à la Vallée du St Laurent au Bas Canada-Québec officialisé de 1791, d’avoir anéanti pour les Canadiens d’alors la maîtrise du pouvoir économique et politique, la possibilité de l’indépendance contre la France comme pour les Américains contre l’Angleterre.
À ce mal identitaire de la conquête on a peut être ajouté un mal identitaire lié à une continuité historique rejetée parce que produite par l’église et par une élite de notables locaux qui ne s’en sont tenus qu’à une politique de culture de résistance par la survivance et la revanche des berceaux.
Politique de survivance culturelle dont les Napoléon et Henri Bourassa ont participé directement plutôt positivement ce qui il est vrai pour d’autres notables s’est avéré l’occasion pour toutes les complaisances, corruptions et voies d’autoritarismes de fait imbuvables ce qui a contribué à ce rejet politique de l’histoire du Québec entre 1840 et 1960.
Cette période de l’après révolte patriote et de l’avant révolution tranquille 1840-1960 c’est celle que les Beauchemin, Bédard et Bock Côté et d’autres souhaitent voir réhabilitées au nom d’une réception réaliste et davantage ouverte sur notre histoire tenant compte des contextes, des faiblesses et des forces avec lesquelles nos ancêtres ont dû composées.
A priori, j’ai rejeté cette vision mais après avoir vu toutefois l’exposition permanente -Je me souviens- sur cette période historique du Québec dans sa phase artistique au Musée des Beaux Arts du Québec à Québec dans l’ancienne prison. Ce qui témoigne de cette exposition, son sujet; c’est que suite au rapport Durham qui a avancé que les Canadiens d’alors n’était qu’un peuple sans culture; la réaction des Canadiens français de 1840 et de 1860, 1870 et plus aura été de l’écrire son histoire bien réelle, de l’illustrer, par l’art également de mettre cette histoire au service de ses héros de Nouvelle France, du peuple français d’Amérique issu de la Nouvelle France d’autant *glorifiée cette Nouvelle France dans l’exagération qu’elle est devenue rempart par son souvenir aux effets de la conquête et de sa dépossession d’abord brutale puis devenue tranquille toujours réelle mais institutionnelle.
Calixa Lavallée dont le OCanada a été détourné de son sens par le Canada anglophone a été à cette époque en tant que compositeur un défenseur du Canada français d’alors rapetissé par l’ordre colonial britannique.
Pour conclure pour ceux qui liront ce texte jusqu’au bout il dit de quoi tout de même malgré sa longueur.
En voyant les lectures et prestations orales au sujet du Nous québécois au canal Vox, on peut constater que malgré le sentiment combatif puissant de 99% des auteurs, le poids d’une histoire exclusivement noire et négative semble continuer de dominer sur le Québec, les Québécois dont les ancêtres Canadiens français sont jugés globalement trop négativement ce qui n’arrange pas notre image de nous-mêmes et sur ce point les Bock Côté et compagnie visent peut être justes malgré notre apriori à vouloir faire table rase de la conquête évidemment mais aussi de tout le passé du Québec et des Québécois pendant un siècle.
Étant habité a priori par l’idée d’une histoire du Québec exclusivement, absolument minable et affreuse, abominable, ce sentiment dépressif est partagé en bonne partie renforcé par les deux référendums et contribue à faire des Québécois probablement le peuple qui se fait la plus mauvaise image de lui-même au monde! Cette haine de soi collective est probablement l’un des maux qui accable le Québécois.
La question identitaire comme l’a si bien pensé Pierre Falardeau avec son personnage d’Elvis Gratton est un point majeur de notre situation politique d’autant que le référendum de 1995 et son résultat nous a replongé dans cette dépression politique dont témoigne l’espèce de colloque sur le Nous québécois samedi dernier c’est-à-dire hier.
Le Québec doit sortir du cynisme et de la dépression!
*L’importance accordée à Dollard des Ormeaux dans sa lutte contre les Iroquois!
Sur la remontée du PQ, monsieur Lisée, le cynisme justement ou le dépit se nourrira chex les nationalistes de ce succès au fédéral actuellement du NPD-Mulclair qui dans l’hypothèse de la formation d’un gouvernement péquiste celui ci pourrait être contrarié par l’opposition néodémocrate fédérale ou par un gouvernement NPD dont la base repose sur le Québec ce qui répéterait les conditions d’un gouvernement péquiste Lévesque à Québec cohabitant avec un gouvernement libéral Trudeau qui l’a combattu et qui a lutté contre l’indépendance.
Ce genre de vote contradictoire créé la crise québécoise..
Un chef de village ne sachant jamais quoi décider, quelle que soit la situation, demandait invariablement les conseils d’un augure. L’augure en question lisait dans les viscères d’animaux, c’est donc en décortiquant leurs intestins qu’il trouvait une issue à chaque dilemme.
Mais il y avait un os… les « lectures » de l’augure, ses trouvailles d’entrailles, s’avéraient presque toujours erronées.
Les problèmes du pauvre chef se multiplièrent de façon exponentielle, tous les animaux du village ayant été sacrifiés, la famine s’abattit sur le peuple!
Il faut aimer son peuple plus que soi-même, pour vraiment savoir ce qui est préférable et souhaitable pour son mieux-être et son plein épanouissement.
Pour vraiment aimer son peuple, il faut le connaître par coeur…
Il en va d’un peuple comme d’un individu. La chose dont les gens ont le plus peur c’est la liberté et la vérité qui les rend libres.
La perspective de la liberté nous terrorise à cause de la responsabilité dont elle est indissociable.
On abreuve les gens de mensonges, ça les rassure…et ça leurs cerveaux facilement malléables.
La vérité c’est que nous stagnons dans le mensonge et la peur. Nous sommes des bêtes-à-croire qui se laissent docilement mener à l’abattoir…casher ou halal!
Que faire?
Qu’attendons-nous pour naître? Notre pays est là qui nous attend!
Peut-être que l’alliance entre le PQ et le parti de Brian Mulroney à l’élection de 1984, a donné aux libéraux de Trudeau une raclée historique, pour avoir imposé une constitution au Québec.
Mais la maudite Constitution de Trudeau est imposée et elle module quand même la vie politique du Québec. Une raclée qui ne change rien, qu’est-ce que ça donne ?
je ne sais pas si on est nombreux à penser comme ça mais je fais partie de ceux qui pensent qu’on a simplement manqué notre coup en ne faisant pas l’indépendance immédiatement après l’élection du PQ en 76. Toute la jeunesse était derrière, toute l’énergie de la jeunesse était disponible. Et le PQ n’en a rien fait.
Pour son idée fédérale André Pratte doit en rêver de dénicher une ou des intelligences comme Mathieu Bock Côté.
En tout cas si certains dont Pratte trouvent que le mouvement souverainiste était l’affaire d’une génération,les cerveaux qui aujourd’hui en parlent avec le retour du discours identitaire et du nous renouvellent le discours.
À chaque fois que j’écoute et je lis Bock – Côté
je me dis que son message est celui que je veux lire et entendre.
@ Mme Loraine King #2
Désolé de vous contredire encore une fois, mais votre dévotion aveugle à la patrie canadienne vous en fait perdre des bouts.
Le Canada s’est doté d’une charte des droits de la personne bien avant la belle province par l’adoption en 1960 sous Diefenbaker de la Déclaration canadienne des droits, S.C. 1960, ch. 44.
@Pierre Bouchard:
La technique britannique, reprise maintenant par le camp fédéraliste, est de dénigrer systématiquement notre culture et notre histoire. Si on regarde ce qui s’est passée en Irlande, on constate que nous partageons avec eux plusieurs complexes. les dommages de ce genre de tactique sur la psyché collective sont incalculables.
Avant la révolution tranquille, nous étions réduits à faire office de résistants qui devions nous défendre pour ne pas disparaître(alors que nous étions majoritaires au Canada), nous avions été « abandonnées par la France », etc. Notre histoire nous a été présentée comme celle d’un rejeton simplet qui a été abandonné par dépit, d’où l’insistance, par exemple, sur les quelques arpents de neige de Voltaire.
On ne doit pas se surprendre si on a voulu faire table-rase de cette période. Mais la mouvance qui continue à nous tirer vers le bas continue de se manifester. Ils changent de nom, de porte-parole, mais le message demeure systématiquement le même. Ce n’est pas de la « nouvelle droite », c’est le fédéralisme parti sous un autre nom.
Maurice Duplessis se faisait refuser des prêts du gouvernement fédéral parce que, supposément, le gouvernement du Québec n’était pas assez responsable pour administrer ses finances, ce qui l’a incité à rétablir l’impôt provincial sur le revenu. Maintenant, on nous dit que nous sommes irresponsables en patentant un outil politique comme la péréquation et en jouant sur les transferts aux provinces. Époques différentes, mêmes procédés. C’est tellement vrai que le gouvernement de Gouin a été le premier à nous pondre un soi-disant « plan Nord » au début du 20e siècle. Un gouvernement corrompu, népotique, qui parlait déjà des fortune à faire dans ce vaste espace en sous-contractant aux amis du régime… Combien voulez-vous gager que Old Harry sera notre nouveau Labrador? L’arbitrage donnera le tout à Terre-Neuve, on jouera les outrés… Ce serait moins pire qu’un Québec pétrolier qui rembourse sa dette. Pariez que les mêmes qui blâment le Québec aujourd’hui pour ses finances seront là pour défendre la décision de nous priver d’Old Harry, le tout habillé de vaseux principes libertariens!
Connaître notre histoire et se la réapproprier nous apprendra au moins une chose: ce pays carbure à la détestation pour nous garder sous sa coupe et il n’y a qu’une façon pour que ça cesse: l’indépendance.
PS: Si je me trompe pour Old Harry, ce sera avec plaisir. Mais dans ce genre de prédiction, j’ai malheureusement un gros pourcentage mettons… Surtout, l’arbitrage n’a toujours pas décidé. Est-ce qu’ils attendent pour ne pas nuire aux Libéraux provinciaux qui sont sur les bords d’une élection?
Nos racines d’implantation dans ce pays nous mènent directement à Notre Identité. C’est cela qui subsiste dans notre inconscient. Nos ancêtres se sont libérés du carcan étouffant de la monarchie française. Qu’ont-ils fait au juste! Ils ont parcouru les forêts de l’Amérique du nord en passant par la Baie d’Hudson, les Grands Lacs, jusqu’à l’embouchure du Mississipi.
En marchant et en ramant à travers ce continent, ils ont découvert la terre et les grands espaces. Mais, ils ont surtout découvert la Liberté et l’expérimentation de cette Liberté. La liberté de penser et de réfléchir sans être rejeté comme hérétique ou être ostracisé par leurs pairs ou par la monarchie ou les princes omnipotents de l’église. La liberté de tuer le cerf pour se nourrir, sans être passible de mort comme dans la forêt du prince.
Nos ancêtres ont découvert la Liberté qu’ils n’avaient jamais eue outre Atlantique. Ils pouvaient relever les épaules et la tête et se tenir droits face aux vents de la Liberté et gonfler leurs thorax. Ils ont humé les grands vents de la Liberté. Ils ont été enivrés par cette Liberté. Ils l’ont aspiré à plein poumon sur les bords du St-Laurent, des rivières et des lacs et sur leurs terres. La Liberté fut pour eux une drogue, un appel irrésistible du large à tous les printemps, car ils en savaient toute la signifiance, toute la sagesse, toute la justesse et toute la portée. Ils ont vécu la Liberté pour la première fois.
Cette Liberté s’est frottée à la solidarité des hommes, car, il fallait être solidaire pour survivre et réussir dans la Liberté. Ne jamais se courber la tête et ni les épaules comme un demi-humain. La Liberté est inscrite dans le génome de notre inconscient. Je suis né libre. Merci à mon père qui m’a appris la Liberté, qui m’a respecté dans l’exercice de ma Liberté et qui m’a appris le visage humain de la Solidarité. Ça, ce sont à la fois mon identité, mes valeurs et mes racines profondes.
Aujourd’hui, nous devons livrer les mêmes combats pour notre Liberté devant des gouvernements omnipotents et mous pour défendre le gros bon sens, devant la cupidité des princes du 1%, devant les mêmes carcans qu’il y a 400 ans.
Le rapatriement unilatéral de 1982, tel que dénoncé par René Lévesque, s’avère effectivement un authentique « coup d’État », donc un acte hostile perpétré à l’encontre du Québec par le gouvernement fédéral d’Ottawa, avec la complicité de toutes les provinces, impliquées dans cette abjecte trahison ayant eu cours lors de la fameuse nuit des longs couteaux.
Depuis lors, le Québec n’est toujours pas partie prenante de cette constitution illégitime et cela de façon officielle suite à un vote unanime de notre assemblée nationale.
Cette constitution de 1982 a été rejetée unanimement par le gouvernement du Québec.
Le Québec est actuellement un état « de facto » et quelque chose me dit qu’il sera bientôt un État, « de jure ».
À suivre…
Vous êtes beaux ensemble. Mathieu nous a promis une réponse à cette sortie. Vous devriez discuter plus souvent.
Analyse et commentaires très intéressants.
Ça commence à voler haut et ça fait du bien.
S’il faut retourner 200 ans en arrière pour se bien comprendre, pourquoi pas. L’Histoire écrite ou verbalisée du peuple québécois, a toujours été un outil pour mieux nous coloniser; outil aux mains de la religion catholique qui avait signé un pacte avec l’occupant et outil aux mains de nos propre élites pour maintenir et augmenter ses pouvoirs sur la majorité plus ou moins instruite.
La peur de l’enfer, la peur du déficit, devient la peur de dire oui à ce pays qui est le nôtre depuis longtemps, mais que nous laissons aux mains des oligarchies économiques et politiques qui nous mènent loin de notre destin.
Merci de cette analyse merci à M. Bouchard pour ce retour sur l’Histoire du Québec.
Avez-vous le texte de l’entente PCC/Bloc/NPD, si une telle chose existe? Sinon, je crois qu’il est malhonnête de comparer de vagues tractations avec l’entente signée devant les caméras par les partis fédéralistes Bloc/NPD/PLC.
@Sens commun rugueux – Vous avez raison, la loi de Diefenbaker fut adoptée avant la Charte du Québec et du Canada. J’y ai pensé après avoir écrit mon texte. Ce qui ne change rien au fait que de telless lois étaient bien accueillies par tous les partis politiques au Québec, incluant le Parti Québécois qui promet et a toujours promit que la Charte des droits de la personne présentement en vigueur au Québec fera partie de la Constitution d’un Québec indépendant; on voudra sans doute l’amender.
Je nous souhaite depuis longtemps un De Gaulle québécois qui sache rassembler la majorité dans l’intérêt supérieur de la nation.
Et en passant, Sens commun rugueux, pour être précis et pour ne pas se comporter en mange-canadien, et selon votre propre énoncé, ce M. Bédard ne devrait-il pas parler de ‘Diefenbakerisation’ des esprits plutôt que de Trudeauisation des esprits ?
Diefenbaker, le géniteur de la Déclaration des droits, c’était un conservateur, non?
« …ne faisant pas l’indépendance immédiatement après l’élection du PQ en 76. Toute la jeunesse était derrière, toute l’énergie de la jeunesse était disponible. Et le PQ n’en a rien fait. »
En 1977 si René Lévesque avait fait un référendum pour séparer le Québec du Canada, le Québec serait un pays depuis 35 ans aujourd’hui.
Depuis ce temps, je me suis toujours ddis s’il en voulait d’un pays. Puis ce fut le beau risque…
Aujourd’hui, combien de personnes au PQ veulent faire la promotion d’un Québec souverain?
J.F.Trottier.
Le peuple devrait retrouver sa fierté des années 60 et 70, nationaliser l’électricité contre les compagnies canadiennes au nom anglais ça été fait. Priver l’église de sa souveraineté sur les âmes après que déjà le cinéma français ou américain l’ai fait dans les années 50. La culture de cohérence de l’église cohabitant avec l’autoritarisme devait perdre son emprise sans renier tout le passé. Le peuple a été donc combatif, il faudra que les nouvelles générations ne s’en tiennent pas qu’à lutte pour l’accès aux études. Il faudra que de ces leaders étudiants certains reprennent le combat avec la nation pour l’indépendance.
Merci pour tous ceux qui réfléchissent et font débat.
@ Youlle (# 23):
« En 1977 si René Lévesque avait fait un référendum pour séparer le Québec du Canada, le Québec serait un pays depuis 35 ans aujourd’hui. » (sic)
…et nous serions en très bonne compagnie, sur un pied d’égalité avec la Grèce, l’Islande, le Portugal, l’Italie et al.
Bravo!
Beaucoup de mots pour décire une fin de cycle qui n’en serait pas un…à la fin. Get to the point !
@ Mme Loraine King #22
Tout à fait, elle bien bonne, une «Diefenbakerisation» des esprits!
Il faut tout simplement y voir de la pression politique qui a eu cours au Canada suite à l’adoption de la Charte des droits de l’homme des Nations Unies en 1948 afin que l’un des pays les plus progressistes de la terre adopte à son tour une telle charte.
Toutefois, là où je rejoins certaines interprétations concernant la «Trudeauisation» des esprits c’est sur le type de charte des droits ou si vous préférez, la manière dont la Charte de 1982 a été construite et rédigée. Cette Charte n’est constituée que de droits et libertés individuelles et ne comporte aucun droit collectif ou d’obligations pour les citoyens de vivre en société. C’est la consécration de l’individu qui peut imposer ses vues et ses croyances à l’ensemble de la collectivité (bien des décisions de la Cour Suprême du Canada, surtout en matière de libertés religieuses, vont en ce sens et finissent par titiller la susceptibilité de la majorité silencieuse).
Voilà…
Mais simplement une question: Qu’est-ce que le Canada a à offrir à la province de Québec afin de demeurer en son sein?
Quant à moi, le Canada n’a d’autre chose à offrir que la Loi constitutionnelle de 1982 telle quelle et le rejet des 5 conditions minimales du Québec (telles qu’élaborées par feu M. Claude Ryan)!
Le statu quo quoi…
Sinon faites-moi part de vos réflexions sur ce que le RduC pourrait bien concéder pour que l’Assemblée Nationale de la province de Québec puisse ratifier son adhésion a posteriori au rapatriement de la constitution dont elle a été évincée, il y aura déjà 30 ans de cela le 17 avril prochain…
Ne venez pas me rabâcher la monnaie ayant cours légale, pour ma part le sujet est clos, car même l’Islande songerait à l’adopter. Et s’ils le font, personne ne pourra les en empêcher, donc idem pour un Québec souverain.
Et pour le passeport? Un passeport, ce n’est ni plus ni moins qu’une super carte d’identité permettant de passer les frontières. Il en existe près de 200 différents sur la planète, donc un de plus ou un de moins, ça changera pas grand chose dans la vie de tous les douaniers du monde.
Je n’ai aucune admiration envers les Mathieu Bock-Côté, Joseph Facal, etc. qui ne sont pas pour moi des gens particulierement brillants. Je suis d’origine française et personnellement, au niveau des idées politiques et de l’analyse de notre société, je vais plutôt regarder du côté de gens comme Jacques Généreux, Frédéric Lordon, Jacques Sapir, Jacques Attali, Jean-Luc Gréau, etc. Je sais bien qu’il n’est pas question de souveraineté ou de fédéralisme chez ces références qui sont françaises mais on devrait s’en inspirer pour le projet d’une gauche qui a les capacités de mettre à bas les idées néolibérales. Nos intellectuels du Québec sont bien mous à ce sujet.
Vous avez raison de mentionner que Mathieu Bock Côté , que je respecte beaucoup , se retrouve pas mal seul dans son allégeance de droite » soft » face aux énergumènes que sont les Eric Duhaime , Joanne Marcotte et autres libertariens qui défendent » le gros bon sens » en se regardant le nombril et en compulsant sur leur porte-monnaie et leur compte de banque !
Mathieu Bock Côté que j’ai souvent écouté sur les ondes du 98.5 FM a l’émission d’ Isabelle Maréchal avec l’innéfable Duhaime était toujours celui qui ramenait le débat a un niveau intellectuel dont les deux autres semblaient incapables d’atteindre tellement leur intervention réciproque relevait d’une émotivité infantilisante et populisme !
Un jeune homme brillant , un homme de droite que je respecte beaucoup même étansi je suis plutôt un social-démocrate ! Un souverainiste convaincu comme moi !
La seule chose qui me chicote c’est de savoir pour qui ce souverainiste de droite conservateur votera aux prochaines élections provinciale ?????
L’inscription dans l’histoire de la Nouvelle France, du Canada français devrait apporter en soi une motivation pour un pays du Québec. L’histoire étant mal connue ou souvent dépréciée dans le négativisme par les jeunes et les moins jeunes. Dans le colloque sur le Nous québécois, comment ne pas remarquer que les jeunes qui se présentent au micro croient en l’indépendance majoritairement à travers un projet social de gauche.
J.F.Lisée dit ceci: -La souveraineté ne pose qu’une question : la capacité pour une communauté historique d’acquérir la liberté de définir elle-même son avenir. Cette capacité n’est ni de gauche, ni de droite. Elle se vaut en elle-même-.
Le problème devant cette définition c’est que le Québécois se souvient mal de son -Je me souviens- que ce Québécois moyen sombre dans l’apathie pendant que le jeune radical lui rejetant son passé historique national en bloc lorsqu’il le connaît n’en n’a que pour l’indépendance pourvue d’un projet de gauche. Plusieurs témoignages d’une gauche indépendantiste progressiste exprimé par plusieurs dans l’événement du Nous vont dans ce sens.
J.F.Lisée on le sait déplaît à la gauche nationale qui le perçoit trop à droite comme il sème le doute chez les souverainistes gaullistes conservateurs parce qu’il serait trop lié au progressisme aussi recentré soit t-il mais en cela toujours à travers un grand respect dans l’ensemble parce que les esprits nuancés gauche ou droite à part les fédéralistes dogmatiques et les libertariens savent reconnaître chez M.Lisée son esprit d’ouverture et sa force de raisonnement prenant le pour et le contre.
Mais quoi qu’il en soit, l’idée d’une souveraineté en soi qui légitime le pays du Québec ne passionne pas à gauche surtout dans la jeunesse et ce malgré l’identification majoritaire de cette jeunesse au Québec plutôt que pour le Canada.
L’histoire n’a pas été enseignée, les pères babyboomers ont moyennement transmis les grandes lignes de l’histoire du Québec. Le principe simple et fondamental de reconnaissance du Québec par la souveraineté ne fonctionne pas naturellement, la connaissance de l’histoire faible ou diabolisée si mieux connue semble demander un projet résolument progressiste pour un pays nouveau. Me répétant un peu pour mieux mettre un point sur le i de cette aliénation refusant un pays du Québec brut a priori.
La souveraineté divisée entre la gauche et la droite?
@François 1 #26
Je ne doute pas du bien-fondé de votre conclusion : « et nous serions en … », mais peut-on avoir le raisonnement qui va avec ou est-ce une révélation qui vous vient comme ça ?
Commentaire suite à ma lecture de Fin de cycle (Boréal, 2012) de Mathieu Bock-Côté
Mathieu Bock-Côté (MBC) prétend pouvoir expliquer les origines du malaise politique québécois, en ne remontant dans l’histoire qu’à la fin du duplessisme, il ne peut que manquer de perspective. Je l’invite à une analyse de plus longue durée, en me référant, par exemple, à Fernand Braudel qui l’a défendue magnifiquement.
Dans son essai, la courte vue temporelle chez MBC s’accompagne d’une étroitesse disciplinaire qui contraste, au moins avec les historiens, qui ne cessent de prétendre et de professer les vertus de la multidisciplinarité, qui devrait découler des recherches menées en tenant compte des travaux de chercheurs provenant de disciplines diverses. MBC, en termes de champ disciplinaire, se limite à la sociologie et à un peu d’histoire récente. Il néglige ainsi les outils d’analyse développés par d’autres professionnels des sciences humaines.
Je prends un exemple pour illustrer chacune de mes deux précédentes affirmations. D’abord, à propos de l’étroitesse du champ disciplinaire, les outils développés par les politologues, nos maîtres es analyse de conjoncture, auraient été d’un grand secours à MBC pour relativiser l’importance démesurée du rôle qu’aurait joué le Bloc québécois pour faire progresser l’ouverture qui existe maintenant chez les Québécois en ce début de XXIe siècle. Je parle de l’ouverture, maintenant manifeste, quant à la reconnaissance de la grande diversité culturelle des origines des Québécois d’aujourd’hui.
Cette reconnaissance de la diversité des origines des Québécois d’aujourd’hui met finalement fin à l’utopie de la souche Canadienne-française unique… Cette utopie, persistante est contredite par l’indéniable diversité de souches indiennes, de celles de près de 800 « filles du roi », croisée avec des colons déjà installés, ceux arrivés au temps de ces filles (1665-1680) et les nombreux autres qui ont suivis; tous étant d’origines et d’une diversité croissante, dès les débuts. Cette utopie de souche pure n’est qu’une abstraction et une vision idyllique de l’esprit, malgré sa persistance…
Au moment où les membres, et les dirigeantEs, du Bloc s’ouvraient à une conception plus diversifiée des origines culturelles des Québécois d’aujourd’hui, à peu près en même temps, ce « cheminement » s’est produit chez un nombre considérable d’individus et de groupes plus ou moins reliés et distanciés de l’action politique partisane. Vulgairement, on dirait que ce fut une mode ou l’air du temps. Les taoïstes diraient c’était le Tao. Ce cheminement fut celui de la société québécoise tout entière et en attribuer le rôle déterminant au Bloc québécois est complètement démesuré.
Deuxièmement, tenter de comprendre ce qui est aux origines du malaise politique québécois en étudiant seulement le prétendu non-aboutissement d’un des projets de la Révolution tranquille (la souveraineté du Québec) est une entreprise à très haut risque de manque de perspective. Ce malaise, bien ressenti depuis…, et dont des générations d’historiens ont tenté de cerner et de mieux définir ne fait pas de doute. Aux fins de ce court texte, ce malaise est un sentiment COLLECTIF vécu et ressenti par des individus membres d’une collectivité et qui consiste à vivre la répétition compulsives de projets qui ont échoué ou qui restent inachevés. Pour assoir les affirmations qui suivent, je m’appuie sur deux études scientifiques menées par des socianalystes durant les années 1980 et qui sont restées, jusqu’à ce jour, inédites [Ces deux études sont : 1- Les attitudes politiques au Québec, dirigée par Jean Routier dont le rapport a été remis au Parti québécois en novembre 1984, qui l’avait commandé quelques années plus tôt. Jean-Pierre Charbonneau en parle dans son livre : À découvert, Fides, 2007, pages 219 et suivantes. La deuxième étude est : 2- Analyse des motivations et des résistances de la population du Québec face à l’épargne, dirigée aussi par Pierre Routier, dont le rapport a été remis aux Caisses d’établissement du Québec, en septembre 1986.]. Celles-ci ont été commandées par des organisations privées à des chercheurs reconnus par leurs pairs et dont les rapports devraient nécessairement faire l’objet d’un effort certain d’appropriation, en y investissant du temps pour revivre en bref ce que les participantEs à l’expérience de la recherche ont vécuEs et clairement expriméEs, pour avoir accès aux conclusions. Une simple vulgarisation intellectualisée ne peut permettre à quiconque de comprendre (vivre) les conclusions par une simple lecture d’une éventuelle publication « grand public », ceci parce que ces conclusions doivent être vécues et être ressenties…
Afin de donner une idée de la puissance de ces études, une image d’Épinal ressort de ces deux études. Comme ces études sont à la recherche des images mentales imprimées dans l’inconscient collectif de la communauté sous étude, il arrive que des images fortes s’en dégagent. Une de celles-ci est révélatrice des capacités de ces méthodes pour rendre compte de l’existence d’éléments profondément enfouies. Il est bien connu que les habitants de la Nouvelle-France ont vécu un sentiment d’abandon par la « mère patrie » après la défaite de 1759 et surtout au moment où la France a signé le Traité de Paris en 1763. Ce qui consacrait son renoncement à sa colonie de l’Amérique du Nord. L’image mentale, qui a cristallisé ce sentiment et était encore existante dans les années 1980 est celle de gens rassemblés sur les quais de Québec lors du départ de grands voiliers avec à leurs bords une partie de l’aristocratie française, vêtus de leurs costumes d’apparat qui s’en retournaient en France…
Ainsi sommairement défini les nombreux échecs, ou projets inachevés, qu’il soit question du projet souverainiste d’affirmation identitaire autant que des nombreuses tentatives de renouveler le fédéralisme canadien pourraient être considérés, et surtout vécues, comme le rappel d’échecs antérieurs traumatisants. À la lumière des études précitées, ces échecs de projets post Révolution tranquille ont été vécus ou ressentis par plusieurs, collectivement certainement, comme un rappel des résultats de projets non aboutis antérieurs comme les Rébellions de 1837-38. Si on remonte un peu plus dans le temps, ces rébellions ont été vécues comme un rappel de la conclusion de la Guerre de Sept ans (conquête britannique de la Nouvelle-France). Et, ce qui est très intéressant, inédit et plutôt prometteur d’éclaircissements (si jamais les études nécessaires étaient financées) ce sont les hypothèses, tout aussi inédites exprimées par les chercheurs qui ont effectué ces études.
Avant de terminer, ce que ces deux études ont laissé entrevoir c’est que cette coupure (abandon de la mère patrie) aurait été vécue comme le rappel d’une autre coupure bien antérieure. Ce ne sont là que des hypothèses, comme les études nécessaires pour les vérifier n’ont pas été réalisées à ce jour.
La coupure originelle pourrait être née du moment difficile vécu par de nombreux hommes qui ont quitté l’Europe de l’Ouest en famine, principalement la France, au XVIIe siècle par des départs bien peu volontaires, de là, le sentiment de rejet, coupure, voir expulsion. Pensez aux chefs de famille qui n’arrivaient pas à nourrir les leurs et qui se sont embarqués pour des raisons de survie. Pensez aux quelques 800 « Filles du roi ». Pensez aux quelques prisonniers plus ou moins contraints de faire la traversée. Pensez aux missionnaires et autres « engagés » dont certains ont aussi été contraints de monter à bord. Pensez aussi aux traumatismes de cette traversée comme telle qui ne fut pas de tout repos, par exemple certains ont été contraints de s’alimenter de la chair des morts…, pour ne pas les suivre. Aussi, pensez aux premiers contacts avec les communautés autochtones qui n’ont pas toutes été faciles. Pensez aux premiers hivers passés « en Canada ». Ce sont tous des éléments d’hypothèses, à vérifier, afin de cerner réellement l’origine du malaise politique québécois.
Maintenant, le fait que l’échec des Rébellions des patriotes fut vécu, et surtout ressenti, comme un rappel d’un échec passé, ne fait pas de doute. Ainsi, le prétendu échec du projet souverainiste, comme s’il ne pouvait se poursuivre…, ne serait ressenti que comme l’échec du projet d’une seule génération (spontanée), il y a là un clair et net manque de perspective.
Renaud Blais
Citoyen, Québec