Budget du Québec : les promesses non tenues sur le logement

La désinvolture avec laquelle le gouvernement Legault traite la crise du logement dans son budget met à risque la sécurité financière et tout court de milliers de familles québécoises. 

bombermoon / Getty Images / montage : L’actualité

Le hasard a voulu que le budget du ministre des Finances, Eric Girard, soit déposé alors que les ruines dévoilaient encore l’horreur du drame survenu dans le Vieux-Montréal. Au moins sept victimes, prisonnières dans l’incendie d’un bâtiment patrimonial.

Cette tragédie souligne à gros traits le problème des logements transformés illégalement en appartements loués à court terme sur Airbnb. Et en toile de fond, elle révèle la jungle absolue qu’est devenu l’immobilier dans la métropole ces dernières années, ainsi que le laissez-faire gouvernemental complet.

Dans l’émotion, pas surprenant que les critiques les plus vives à l’égard du budget Girard concernent ses timides mesures sur le logement. Une crise qui se creuse, et pour laquelle le gouvernement Legault n’a pas rempli ses engagements.

En campagne électorale, la CAQ avait promis d’injecter 1,8 milliard de dollars dans la construction de 11 700 logements abordables durant son mandat. Le budget n’en prévoit désormais que 6 650 au cours des cinq prochaines années, y compris ceux déjà annoncés.

Dans les faits, ce sont seulement 304 millions de dollars sur cinq ans qui seront consacrés à la construction de 1 500 nouveaux logements abordables. Il en manque au bas mot 37 000 au Québec.

Le ministre Eric Girard vante pourtant un investissement total d’un milliard pour « favoriser l’abordabilité du logement ». Une somme fourbe, puisqu’elle inclut la bonification du crédit d’impôt pour la solidarité. Même si des gens à faible revenu reçoivent quelques dizaines de dollars supplémentaires par mois, ça ne crée aucun logement supplémentaire.

Au fait, qu’est-ce qu’un logement abordable ? La définition varie énormément. Pour la SCHL, c’est un logement auquel on consacre moins de 30 % de son revenu. Pour d’autres, ça veut dire un loyer qui représente au maximum 90 % de la médiane du marché, ou qui se situe 20 % sous la moyenne du marché locatif.

Mais ça devient encore plus complexe quand il s’agit de financer la construction de logements abordables. Et les calculs s’ajustent aux marchés. Ce qui donne des aberrations, comme des loyers à 2 225 dollars par mois considérés comme abordables à Montréal.

Il faut distinguer le logement abordable du logement social, par exemple les HLM, où 25 % du revenu du locataire est consacré au loyer, le reste étant assumé par l’État. Seulement à Montréal, 24 000 personnes sont sur une liste d’attente pour ce type de logement. Et aucune somme n’est prévue dans le budget pour bâtir en davantage.

En campagne électorale, le parti de François Legault avait pourtant promis d’ajouter 91 millions de dollars dans le programme de supplément au loyer, pour permettre à 7 200 familles pauvres supplémentaires de ne payer qu’à hauteur de 25 % de leur revenu. Dans le budget de mardi, la somme a fondu à 53 millions pour 2 000 familles.

Québec accorde néanmoins 191,5 millions de dollars pour achever 3 300 unités de logements sociaux dont la construction avait commencé sous l’ancien programme AccèsLogis, mais avait été ralentie par la hausse des coûts.

Mardi, la réaction courroucée de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, accusant le gouvernement Legault d’« ignorer la crise du logement », en disait long. Le lendemain, son incompréhension était encore plus vive.

Il est vrai que son équipe est mal placée pour faire la leçon. Tandis que la mairesse revendiquait plus de 13 000 logements sociaux et abordables construits dans son premier mandat, une enquête du Journal de Montréal avait révélé que le total était plutôt de 4 237 réellement bâtis.

Et le chemin pour arriver à la construction est souvent un parcours du combattant, des promoteurs qualifiant l’équipe municipale de « machine à contraintes » qui nuit à la mise en chantier des projets.

Il reste que les besoins sont criants. Et qu’avec l’argent destiné aux baisses d’impôt — un dollar par jour en moyenne pour ceux qui en paient —, le gouvernement Legault aurait eu les moyens de construire 50 000 logements en cinq ans.

Les mauvaises langues pourraient dire que la CAQ se soucie peu d’un problème qui touche Montréal, où son électorat ne se trouve pas. Ce serait injuste, et surtout faux : la crise du logement sévit aussi, sinon plus, en région. De Gatineau à Gaspé, en passant par Roberval, Sherbrooke, Saguenay et Trois-Rivières, le taux d’inoccupation est sous la barre du 1 % — alors que le taux d’équilibre est fixé à 3 %. Et rareté rime difficilement avec abordabilité.

La hausse des taux d’intérêt sur les hypothèques vient assombrir le tableau. Le logement est le poste de dépenses le plus important du budget des ménages, et il risque d’aller en augmentant dans les années à venir. D’ailleurs, l’Union des municipalités du Québec a également dénoncé la timidité des mesures du budget.

« Le mandat dure quatre ans », a rétorqué Eric Girard en conférence de presse, insinuant que d’autres annonces pourraient avoir lieu dans les prochains budgets. Fort bien, mais cela indique qu’il n’a aucune stratégie claire et globale sur le logement.

Pendant ce temps, le gouvernement du Québec souhaite attirer des entreprises sur son territoire, et la province recevra aussi sa part d’immigrants. Il faut des habitations pour loger tout le monde.

La ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, a le mérite de reconnaître la crise. Elle devra convaincre les villes du bien-fondé de remplacer le programme AccèsLogis par le nouveau Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), qui doit accélérer le processus, mais exige une participation financière plus importante des municipalités.

Et ce serait trop facile d’oublier la longue absence d’Ottawa. Pour rappel, le gouvernement fédéral s’est retiré du logement social en 1994 pour résorber son déficit, renvoyant la responsabilité aux provinces.

Il y a deux ans, Justin Trudeau a présenté une Stratégie nationale sur le logement, elle aussi axée sur le logement abordable. Mais il devra en faire plus.

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Les Gouvernements ne peuvent pas tout faire. Le citoyen doit se responsabiliser aussi. La rareté de la main-d’oeuvre touche tous les secteurs, tout le monde se plaint de cette situation, il faut donc aussi augmenter l’immigration et « voler » des gens compétent d’autres pays pour tenter de satisfaire nos besoins. Cela crée une demande accrue de logements et services. On nous dit que les loyers à Montréal sont les moins chers de toutes les autres villes comparable … Peut être qu’une solution rapide serait de rendre la construction immobilière tous niveaux aussi rentable pour les promoteurs que d’autres placements.

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Avant de investir dans les logements social il faudrait que des règle change. Il y as des personnes qui rentre dans ces logis quand ils sont dans le besoin et c’est correct. Mais quand leurs situation est beaucoup mieux ils ne veulent pas partir pour laisser la chance au plus démunie. Les administrateur ne peuvent pas les renvoyé pour aidé des plus démunie. Je connais du monde qui font au dessus de $100 000 et continuent de demeurer dans cet logis. Je connais du monde qui envoie leur enfants dans des école privé et demeurent dans ces résidence. Je demeurent dans un secteur avec plusieurs coop autour de chez moi alors je connait plusieurs collègues de travail et amis dans cet logis. Comme citoyen s’est fâchant de payé des taxe pour les COOP du gouvernement quand tu connais des personnes qui font beaucoup plus que toi. Il y as des maison en rangé avec 3 chambre a couché avec seulement un couple p.c.q. les enfants sont partit et le couple qui font au dessus de 130 000 par années

Pourquoi pas donnée des règle comme exemple quand un couple fait plus que $90 000 ont pas le droit au logis subventionné et les locataire montré une preuve d’impôt. De cet manière les plus démunie aurait beaucoup plus de chance. Je n’ai rien contre aidé les personne dans le besoin mais pas les personne qui font des gros salaire et ce fou des plus démunie.

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Le probleme est beaucoup plus complexe qu’il est depeint.
C’a prendrait une vrai enquête sur le sujet.
Il yna trop de facteurs
Les gens vivent seul donc on double alors de la demande …
Au niveau de l’offre comme les propriétaires sont ecoeuré des mauvais payeurs et des destructuer de logement ils preferent les offrir en location court terme. Et ainsi plus facile et plus payant. Certains préfèrent ne pas louer du tout pour avoir moins de trouble. Donc crise du logement provoquer.

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