Ces politiciens mal-aimés et méconnus des Québécois

Le baromètre des personnalités politiques québécoises nous indique que le vernis caquiste s’écaille et qu’une certaine classe politique n’est pas aussi populaire qu’elle le croit. 

Ihor Reshetniak / Getty Images ; montage : L’actualité

La maison Léger a publié la semaine dernière son plus récent baromètre des personnalités politiques au Québec, qu’elles exercent à Ottawa, à Québec ou au palier municipal. La question soumise aux répondants d’une telle enquête est toute simple : « Avez-vous plutôt une bonne, plutôt une mauvaise opinion ou vous ne connaissez pas les personnalités politiques suivantes ? »

Si le sommet du classement est peu surprenant, les résultats de ce nouveau sondage indiquent qu’il y a quand même du mouvement dans l’opinion publique. Plusieurs têtes d’affiche de la politique québécoise accusent le coup de certaines décisions…

Sans surprise, François Legault se retrouve une fois de plus en première position des proportions d’opinions positives, avec 55 %. Dans ce palmarès, le premier ministre trône au sommet du club sélect des politiciens qui ont 50 % ou plus d’opinions positives, formé de seulement cinq autres membres : le ministre de la Santé, Christian Dubé (53 %) ; la mairesse de Montréal, Valérie Plante (52 %) ; la députée solidaire Manon Massé (51 %) ; le chef péquiste, Paul Saint-Pierre Plamondon (50 %) ; et le co-porte-parole de QS Gabriel Nadeau-Dubois (50 %).

Si les chiffres depuis le baromètre de décembre 2022 sont demeurés plutôt stables pour la mairesse Plante et pour les chefs d’opposition à Québec, nous observons tout de même un recul notable pour plusieurs caquistes en haut du classement.

Ainsi, François Legault passe de 62 % d’opinions positives à 55 %, alors que sa proportion d’opinions négatives, qui était de 33 % en décembre, se situe à 40 % en juin. Le score d’appréciation net (opinions positives moins opinions négatives) du premier ministre chute donc de +29 à +15.

Le ministre Dubé voit son score d’appréciation passer de +39 à +32, tandis que la vice-première ministre et ministre des Transports, Geneviève Guilbault, glisse de +36 à +26.

Mais la chute la plus importante des six derniers mois en matière d’appréciation du public revient à Bernard Drainville. En décembre 2022, le ministre de l’Éducation jouissait d’un score d’appréciation de +16 (40 % d’opinions positives, 24 % d’opinions négatives). Il voit sa cote tomber dans le rouge, avec 31 % d’opinions positives contre 38 % d’opinions négatives, une différence de –7 et une chute de 23 points par rapport à décembre. Cette dégringolade dépasse en ampleur celle d’Éric Caire, dont la gestion des ratés informatiques du gouvernement a souvent fait les manchettes, ce qui a contribué à faire passer son score de +4 à –16 (une baisse nette de 20 points).

Malgré cela, ni l’un ni l’autre n’apparaît au sommet du palmarès inversé, c’est-à-dire ceux qui affichent de fortes proportions d’opinions négatives (voir graphique ci-dessous).

En tête de liste (de 70 noms !) se trouve le seul à ne pas avoir élu par la population, Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec. Les électeurs québécois sondés par Léger lui accordent 61 % de mauvaises opinions. Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, est perçu négativement par 53 % des répondants.

Dans le palmarès des mauvaises opinions, nous remarquons que Trudeau, Legault, Plante et Nadeau-Dubois détiennent néanmoins une proportion d’opinions favorables respectable. Étant chacun en position de pouvoir ou chef de parti, il est normal qu’ils soient plus polarisants auprès de l’électorat.

C’est pourquoi nous devons jeter un coup d’œil au score d’appréciation : encore une fois, Éric Duhaime est dans une classe à part, avec un score net de –41.

Comme il est mentionné plus haut, Éric Caire a aussi passé une session parlementaire difficile, notamment en raison des déboires à la Société de l’assurance automobile du Québec et de son refus de reconnaître sa promesse de démissionner si le projet de troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis devait être abandonné... Le ministre de la Cybersécurité et du Numérique a été une cible fréquente des attaques d’Éric Duhaime, ce qui, considérant les chiffres de ce baromètre, a peut-être aidé à sa propre popularité...

Toutefois, la leçon à tirer de ce genre d’enquête est que les politiciens et la classe journalistique (dans laquelle je m’inclus) peuvent parfois naviguer dans leur bulle, quelque peu déconnectée de l’électorat québécois.

En effet, pour ceux et celles qui ne suivent pas les actions et mésaventures des élus de façon quotidienne, qui ne regardent pas la joute politique collés à la baie vitrée, il peut sembler invraisemblable que, par exemple, plus de la moitié des Québécois ne connaissent pas Pascal Bérubé — député vétéran de Matane-Matapédia et à lui seul le tiers du caucus actuel du Parti québécois.

La mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, également ancienne députée du Parti québécois, est inconnue de 61 % des répondants, et ce, malgré le fait qu’elle ait été sur toutes les tribunes au cours du printemps, elle qui a été agressée sexuellement par Harold LeBel (ex-député péquiste de Rimouski).

Parmi les politiciens qui ont des rôles majeurs au sein de leurs gouvernements respectifs, plusieurs demeurent largement inconnus de l’électorat. La moitié des Québécois ne connaissent pas Steven Guilbeault, ministre fédéral de l’Environnement, François Bonnardel, ministre québécois de la Sécurité publique (sous les projecteurs ces temps-ci avec les incendies de forêt), ou encore Sonia LeBel, sa collègue au Conseil du Trésor.

Plus d’un tiers des électeurs ignorent qui est Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois, ou Geneviève Guilbault, vice-première ministre du Québec !

Ma première réaction en observant ces chiffres en a été une de découragement. Puis, je me suis demandé comment les journalistes affectés aux sports réagiraient si je leur disais que je ne connais pas le premier trio du Canadien (je vais gager que Suzuki et Caufield en font partie, mais j’aurais besoin de « googler » pour en être sûr). Ou comment un journaliste culturel me regarderait si j’avouais ne pas connaître 80 % des artistes qui ont gagné des prix à l’ADISQ. Nous avons chacun et chacune nos bulles de confort...

Alors, ces chiffres devraient être perçus avec humilité par les politiciens et les journalistes politiques, car ils démontrent que la joute politique à Québec et à Ottawa que nous suivons avec intérêt de façon quotidienne n’est pas nécessairement au centre des préoccupations de bien des électeurs.

Hors de la bulle politique se trouve une masse critique d’électeurs. Tâchons de ne pas l’oublier. Bon été !

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C’est décourageant. La population ne vote pas pour le premier trio du CH, et les gagnants de l’ADISQ ne sont pas en charge de gouverner et d’orienter la société. Après ça, on va s’étonner que la démocratie soit mise à mal…

Je regrette mais un sondage de la maison de sondage de Jean Marc Léger, indépendantiste pur et dur, qui siège sur le CA de TVA, organe médiatique offrant une tribune à nombre de chroniqueurs réactionnaires identitaires activistes à la solde du très indépendantiste Pierre Karl Péladeau, ne peut être que biaisé. Ce n’est pas normal qu’une société de 8 millions et plus de population demeure captive d’une seule et unique maison de sondage clairement identifiée aux indépendantistes québécois. Quand plus de 60% des Québécois encore et toujours voteraient « non » à l’indépendance, je trouve méprisant que la volonté de cette majorité soit à ce point ignorée. Cette attitude de la part des porteurs du projet souverainiste ne fait que cristalliser la vigilance des fédéralistes. A choisir entre un pays social démocrate qui a fait ses preuves et une république en devenir au penchant autoritaire certain, la question se pose encore, heureusement. Et le « non » restera figé à 60% pour encore quelques générations. Construire l’amour de sa patrie sur la haine de l’autre ce n’est pas vendeur, surtout en 2023.

Je ne veux pas enlever toute crédibilité à la maison de sondage Léger mais… Mais il est certain que connaissant Jean Marc Léger et les antécédents de la famille, de plus que M Léger soit lié à PKP et TVA, Le Journal de Montréal qui, à mon avis, est de manière non officielle un organe de propagande plutôt que d’information neutre peu en laisser plusieurs songeurs… Bon, encore une fois je ne mets pas en doute le sérieux de la firme Léger. Même chose pour certains journalistes de Québecor. On peut les compter…

Quelle erreur dans ton commentaire, c’est plus de 48% des Québécois qui souhaitent une souveraineté.
Par contre il est vrai de dire que Péladeau est très indépendantiste, mais c’est juste pour mieux contrôler les Québécois, tant qu’à moi il peut bien se retirer , nous n’avons pas besoin de cet homme qui a mis familles, travailleurs et travailleuses dans la rue . Pour son seul et unique profit .