
Information à sens unique, parti pris, désinformation, propagande mensongère, couverture indigeste et biaisée, démagogie, voilà quelques un des qualificatifs qui circulent dans les milieux de la militance laïque pour qualifier la couverture médiatique, qui dure maintenant depuis trois semaines, du projet de législation sur la laïcité.
Les tenants de la laïcité ne seraient que des xénophobes racistes et les autres de pauvres victimes. Comme preuve à l’appui, des témoignages larmoyants, doublés de propos haineux, de gens incapables d’assumer leurs choix.
À la Première chaîne de Radio-Canada, le temps consacré à démolir ce projet et à faire parler ses opposants se compte par dizaines d’heures alors que le temps accordé aux défenseurs de la laïcité se compte en dizaines de minutes. On a même réussi à dénicher le seul professeur juif portant une kippa dans un cégep pour en faire le représentant de la communauté juive.
Dans La Presse, c’est la belle unanimité chez tous les chroniqueurs et l’espace accordé aux deux camps est du même ordre et va dans le même sens que ce que l’on a pu entendre à la radio. Dans les médias anglophones, c’est encore pire; on ne s’est même pas donné la peine de présenter l’allocution en anglais du ministre Drainville et l’on s’est contenté de livrer des réactions hostiles dans les bulletins d’information.
Sans parler des opinions de nobodies glanées sur la rue ou sur Twitter qu’on nous livre en guise d’ «information» et de «reportage».
Majorités silencieuses (parce que tenues au silence)
Où sont donc les 67 à 78% de Québécois qui appuient l’idée de restreindre l’affichage de signes religieux ostentatoires dans les services publics et les lieux d’enseignement? Tous des tarés de droite? Où sont ces membres des minorités culturelles et des minorités ethniques qui nous implorent de ne pas être naïfs devant la montée de l’intégrisme religieux dans leurs rangs? Tous des xénophobes et des islamophobes?
Les porteurs de vêtements religieux distinctifs ne représentent qu’une faible proportion des communautés religieuses, mais leur opinion semble être la seule qui vaille par les temps qui courent.
Et que dire du sort réservé au ministre Drainville? Je ne suis pas péquiste mais je prendrai sa défense. Pour la première fois, un ministre a le courage de défendre le principe de la laïcité avec conviction, de façon claire, cohérente et bien argumentée (exception faite du crucifix sur lequel je reviendrai plus loin). Est-ce parce que l’on n’est pas habitué à un tel discours que plusieurs frappent maintenant sur le messager à bras raccourcis? Il faut saluer le courage politique du premier gouvernement en Amérique du Nord qui ose aller aussi loin sur cette question épineuse mais cruciale pour la modernité et la démocratie.
À lire les analystes et les blogueurs, j’ai l’impression qu’on n’a pas écouté la même conférence de presse le 10 septembre — ou que certains l’ont écoutée avec des bouchons dans les oreilles. Je n’y ai décelé aucune trace de nationalisme identitaire et il faut avoir l’esprit tordu pour réduire le discours de Drainville à cette vision partisane et instrumentalisée de la laïcité.
Et pourquoi cette obsession des médias à nous livrer les commentaires du reste du Canada, comme si le jugement des autres, tenant lieu ici de jugement de Dieu, devait nous servir de guide? Qu’aurait-on dit de nous si, au Québec, un maire s’était permis de démoniser des projets politiques d’une autre province comme le fait le maire de Calgary? Et personne pour l’envoyer promener! A-t-on vu chez nous un maire dénoncer le projet de tribunal de la charia en Ontario?
Pourquoi aucun autres journaliste ou blogueur n’a-t-il relevé la malhonnêteté intellectuelle du texte «Nos valeurs excluent l’exclusion», qui a pourtant été commenté partout et qui cite de façon tronquée la Déclaration universelle des droits de l’homme? Le port de signes ou de vêtements religieux ne fait pas partie de la liberté de religion telle que définie dans la Déclaration universelle qui limite cette liberté au droit d’avoir une religion, de la transmettre et d’en pratiquer les rites (article 18).
Les journalistes et les médias ont gobé sans aucun discernement le discours des intégristes à l’œuvre au sein des minorités religieuses et repris par les Taylor et Trudeau qui tentent de faire passer l’affichage politique de leur appartenance religieuse au travail sur le même plan que la pratique religieuse, une dangereuse dérive.
Pourquoi interdire?
Contrairement à l’argument démagogique avancé par les confessionnalistes, l’interdiction des signes religieux ostentatoires n’est pas fondée sur le fait que ces signes entacheraient le professionnalisme du fonctionnaire ou la qualité du service. Ce qui justifie cet interdit, c’est le droit de l’usager de ne pas être servi par un agent qui lui livre un discours religieux alors que le service de l’État est censé être neutre. Le contraire serait comparable à un établissement non-fumeur où les employés auraient le droit de fumer sur les lieux de travail.
Pour qu’il y ait neutralité, il faut qu’il y ait apparence de neutralité. Le vêtement religieux est un langage non verbal qui exprime la foi, les croyances et le code de valeurs de la personne qui le porte et c’est pour cette raison qu’elle tient à le porter. Faire prédominer cet affichage signifie que l’on place ses croyances au-dessus des valeurs véhiculées par l’État employeur. Accepterait-on qu’un fonctionnaire nous serve avec un teeshirt portant l’inscription «Je suis athée; libérez-vous de la religion»?
Comme tout autre emploi, travailler pour l’État est un choix qui comporte des exigences et celle de la neutralité vestimentaire n’est pas plus discriminatoire que celle de la neutralité politique. Qu’on cesse de nous jouer la cassette de la victimisation. Qu’on cesse de chercher à nous culpabiliser avec des témoignages larmoyants de gens prêts à quitter leur emploi; nous avons tous fait de tels choix dans la vie et en avons assumé les conséquences.
Il serait plus logique de proscrire tout signe visible, mais la notion de signes ostentatoires a été testée avec succès en France. Ce qui n’empêche pas les opposants d’ergoter à qui mieux mieux sur la «police des signes religieux», sur la règle pour mesurer la grandeur de la croix ou du croissant porté au cou, sur la barbe qui serait acceptée alors que le hidjab serait interdit. Comme si tout cela était de même nature, une attitude typique des relativistes postmodernistes. Si le hidjab pose un problème particulier, c’est qu’il véhicule un message et des valeurs particulières qu’on tente de camoufler derrière un faux fuyant voulant que les femmes qui le portent le font par libre choix. Mais que fait-on de toutes ces de femmes violées et assassinées par les islamistes algériens dans les années 90 et prises comme cibles parce qu’elles ne portaient pas ce symbole du « libre choix »? Et de ces Iraniennes qui, comme l’écrivaine Chadortt Djavann, ont eu à choisir entre le voile ou la mort pendant la révolution islamiste? Ce que nous rappellent aujourd’hui deux ressortissantes de pays arabes, Leila Lesbet et Yolande Geadah. Et le massacre au vitriol continue dans plusieurs pays musulmans sans parler, ici même, des crimes d’honneur comme celui des filles Shafia et le cas de Aqsa Parvez en Ontario. Devant cette réalité, comment peut-on nous parler de choix libre?
Pour Thomas Mulcair, ce linceul ensanglanté n’est qu’un simple foulard, voire un accessoire de coquetterie, et restreindre l’affichage de son appartenance religieuse au travail est une atteinte intolérable aux droits des minorités. Qu’il relise les écrits de Marx sur la religion et il comprendra que des minorités peuvent subir, au sein même de leur communauté, un contexte d’oppression découlant de l’idéologie ou des traditions qui y règnent. Dans un tel contexte, le rôle d’un État démocratique est de contrer ces oppressions.
Même recommandation de lecture à Françoise David qui, au lieu de s’en prendre aux facteurs d’oppression des femmes à l’intérieur des religions, a pris l’habitude de s’en prendre aux mesures visant à contrer cette oppression.
Des épines gangreneuses
Le projet de Bernard Drainville est loin d’être parfait et certains éléments entachent profondément sa crédibilité. Autant le ministre a tenu un discours bien articulé sur la défense de la laïcité et de la neutralité de l’État, autant il s’est contredit lorsqu’il a abordé la question du crucifix à l’Assemblée nationale. S’il est exact de soutenir que la neutralité de l’État passe par la neutralité de ses employés, cette neutralité s’exprime tout autant par l’aménagement des lieux. Lorsque Duplessis a introduit ce crucifix dans l’enceinte de la nation pour marquer l’alliance entre l’État et l’Église, il a rompu avec la tradition de neutralité de cet espace civique.
Cet objet de culte religieux est soudainement devenu un symbole du patrimoine culturel et historique du Québec. Comment peut-on demander aux employées de retirer leurs signes ostentatoires tout en maintenant celui-là? Pourquoi les autres signes religieux ne seraient-ils pas eux aussi considérés comme des objets culturels? Une loi sur la laïcité n’a pas pour objet d’établir qu’elle est la religion patrimoniale de la majorité mais de garantir l’indépendance de l’État face à toutes les religions, y compris celle de la majorité.
Ce discours à double face est intenable tant sur le plan philosophique, politique et historique. Cette épine au pied est en train de gangrener le membre et donne raison aux opposants qui qualifient le projet de catho-laïcité. Le message envoyé est que la laïcité c’est pour les autres et que l’intention n’est pas de laïciser l’État mais de bloquer l’intrusion d’autres religions.
Le droit de retrait de certaines institutions est une autre contradiction fondamentale qui risque de déconstruire ce que l’on cherche à construire. Bernard Drainville présente ce droit de retrait comme une phase de transition. Si telle est l’intention, c’est ainsi qu’il faudrait l’écrire. Pour l’instant, le document parle d’un retrait renouvelable et aucunement de phase de transition.
Daniel Baril a été journaliste à l’hebdomadaire Forum de l’Université de Montréal pendant près de 23 ans. Il a aussi été président du Mouvement laïque québécois pendant deux décennies et est actuellement membre du conseil d’administration de l’Association humaniste du Québec. Il est le cofondateur du groupe Les Intellectuels pour la laïcité et co-rédacteur de la Déclaration pour un Québec laïque et pluraliste.
Ça fait du bien de voir un article qui va au-delà des positions “pour ou contre les étranges” dont les médias font grand cas. Les pro-laïcité, ceux qui n’utilisent pas la laïcité pour promouvoir leurs idéologies xénophobes ou racistes, ont complètement passé sous le radar médiatique. Ce débat est beaucoup trop chargé émotionnellement. Pour en discuter plus sereinement, il faudrait que les gens se rappellent qu’il n’y a rien de “spécial” à propos de la religion, malgré ce que veulent nous faire croire certains. C’est une caractéristique des individus avec laquelle on doit composer. Si le débat portait sur la neutralité politique des fonctionnaires, il n’y aurait justement pas de débat, parce que cela va de soi. Même chose quant à la neutralité en ce qui concerne le sexe, la race, l’orientation, etc. J’espère vraiment que ce débat va revenir à des niveaux plus civilisés. Je crois que c’est important pour que l’on puisse vivre dans une société moderne.
Très bon article
Quel texte magnifique! Merci M. Baril de remettre de l’intelligence dans ce débat. Pour moi, il manque un élément fondamental dans ce projet. Vous n’en avez pas parlé non plus. Pourquoi ce projet de charte n’a pas inclut les mêmes règles pour les élèves et étudiants que la France a mises en place? L’école n’est-il pas le meilleur endroit d’intégration ? Si la chaste Ontario avait eu cette règle, Agsa Parvez serait très probablement encore vivante…
Vous pouvez prendre tous les détours que vous voulez.
TOUCHE PAS À MES POTES!
C’est tu assez clair?
Non à la xénophobie.
Oui au respect des droits fondamentaux.
Triste Marie votre refus de discuter. C’est tout le contraire du voeux exprimé ici. Vous avez vu la lumière mais refuser d’expliquez pourquoi. Vous insultez et vous vous taisez. Avez-vous quelque chose à ajouter à cet échange. Si non, il ne restera qu’un rapport de force entre la lumière et le côté obscur 😉
J`ai toujours été un Libérale mais quand même très déçu de la politique en générale., c`est du pareil au même (on ne vote plus pour le meilleur mais bien pour le moin pire). MAIS présentement le ministre Drainville et son gouvernement, me font tellement plaisir et enfin un gouvernement qui démontre du courage et de l`intelligence. Pour ma part et plusieurs de mes contacts, famille et amis, nous voterons PQ au prochaine élection. Bravo!!! Là je suis fière de nous!!!
Comme mesure transitoire, on pourrait reconnaître une sorte de droit acquis pour les employés actuels de l’état de continuer à porter des signes religieux discrets. Si tant est que des musulmans pourraient abandonner le voile pour un pendentif reconnaissant leur foi. Une mesure transitoire non applicable aux nouveaux employés qui acceptent totalement les règles de l’État.
Je suis d’accord avec vos commentaires… voice mes propos sur le sujet http://www.slaw.ca/2013/09/12/including-secularism-in-quebecs-charter-of-human-rights/
Désolé monsieur Baril mais vos arguments principaux ne tiennent tout simplement pas la route.
Je suis bien d’accord avec vous pour dire que « Le vêtement religieux est un langage non verbal qui exprime la foi », mais vous faites un saut complètement injustifié quand vous dites que le droit défendu ici, « c’est le droit de l’usager de ne pas être servi par un agent qui lui livre un discours religieux ». Vous assimilez le port des signes religieux dans les lieux publics à une sorte de tentative de convaincre les autres d’adhérer à une religion, comme s’il s’agissait d’un enseignement ou d’une sollicitation. Ce n’est pas comme si le fonctionnaire déposait une pile de revue corans avec une affichette « servez-vous, la vérité est là-dedans » sur son comptoir! Je suppose que ceux qui voient le port des signes religieux comme une tentative de conversion sont soit les intégristes d’autres religions, soit les intégristes laïcs comme vous. Or la tolérance, ça ne se développe pas en se mettant la tête dans le sable et en niant qu’il existe des gens différents de vous. On s’entraine à la tolérance en se confrontant aux différences.
D’autre part, vos commentaires sur le hijab démontrent bien comment plusieurs partisans de cette politique cachent leur peur de la religion musulmane derrière des principes « laïcs ». Parce que vous dites que c’est le hijab qui cause problème spécifiquement! Quel aveux.
Ce qui cloche encore plus là-dedans, c’est que non seulement vous vous permettez de juger de la symbolique du voile dans la religion musulmane, en disant que c’en est un d’oppression et de violence, mais par-dessus le marché vous prétendez que l’État devrait porter le même jugement que vous. Où est la neutralité de l’État face aux religions si l’État se permet de prendre parti dans les débats qui font rage au sein même des confessions religieuses? Vous savez très bien que l’interprétation des dogmes varie d’un croyant ou d’un sous-groupe de croyants à l’autre. Associer constamment le voile à la violence fauite aux femmes, en se basant sur des faits anecdotiques ou épisodiques où des musulmanes ont été victimes de violence, c’est continuer à répandre le préjugé négatif envers l’Islam et la stigmatisation de ses fidèles comme étant des gens barbares. Ce sont aux femmes musulmanes à décider de ce qu’elles veulent faire du voile. Que l’État s’en mêle revient à une forme de néocolonialisme laïc, dans lequel les athés se donnent la mission historique de sauver des gens de l’obscurantisme religieux. La place de l’État face à la violence faite aux femmes, c’est de défendre les femmes effectivement victimes de violence, quelque soit leur confession.
En fait, beaucoup d’éléments qui concerne la laïcité ne sont pas abordés parce le projet de Bernard Drainville. La question du port de signes religieux ostentatoires par les élèves en est un. Il y a aussi les subventions aux écoles privées confessionnelles, le cours Éthique et culture religieuse, les prières dans les assemblées municipales, l’assermentation des députés, les abatoires hallal et cahère qui sont exemptés des mesures visant à minimiser la souffrance des animaux, etc. Mais il faut commencer par le commencement et l’inscription du principe de laïcité dans la Charte des droits et libertés sera un pas très important qui permettra d’ajuster les autres lois par la suite. Du moins, on l’espère… Les éléments « oubliés » du projet seront mis sur la table lors de la commission parlementaire qui suivra la présentation du projet de loi.
J’ose dire que la polémique actuelle repose sur l’axiome voulant que les signes religieux de la majorité chrétienne québécoise (qui s’est débarrassée du joug religieux) sont par nature peu ostentatoires contrairement à ceux des religions de la minorité; voilà pourquoi celle-ci n’explose que maintenant, maintenant que des communautés issus de cultures différentes peuplent le Québec: alors oui «le message envoyé est que la laïcité c’est pour les autres et que l’intention n’est pas de laïciser l’État mais de bloquer l’intrusion d’autres religions».
Surtout de cet islam manichéen, violeur de femmes et inquisitoire.
Si la médiatisation de la polémique est, par ailleurs, clairement contre le projet de loi, les articles ou billets les plus avertis, notamment ceux de Mme Josée Legault, tentent à montrer la part politicienne si ce n’est électoraliste de ce projet de loi et l’imposition à la société d’une proposition politique, au demeurant binaire: soit vous êtes de bons Québécois réfractaires à toute intrusion religieuse dans le monde de la fonction publique et par extension de la société, soit vous n’en êtes pas, vous êtes des mous. Vous être avec nous ou contre nous!
Il semblerait M. Baril, que vous-même en citant des exactions ( sans jamais donner aucun outil d’analyse contextuel qui tienne, le Québec n’est pas l’Iran, la Turquie étant islamiste et laïc, laïcité inscrite dans la législation) commises au nom de la religion, dites en filigrane : c’est de cela que nous ne voulons pas chez nous.
Et c’est vrai, mais ce n’est surement pas le propos.
Dans une société moderne, la question nécessitait de faire l’objet d’un débat sociétal.
Quand vînt le temps de trancher entre souveraineté ou fédéralisme, les Québécois ont été amenés à se prononcer en masse, via un référendum…parce que la question portait en elle-même des affects, des idéologies…parce qu’elle transcendait l’économie, la politique, pour toucher au comment VIVRE ENSEMBLE.
Face à une interrogation d’importance semblable, le projet de loi du PQ a été expéditif; le parti n’a surement pas mesuré l’envergure de la question avec la hauteur de vue digne d’un gouvernement responsable.
Au cœur du vrai débat, il y a l’immigration, l’intégration, la reconnaissance de l’autre, le respect de l’autre et de soi dans un espace commun à redéfinir ENSEMBLE.
Mais non, il fallait aller vite, garder le pouvoir politique encore un peu…
Faut-il encore le dire, le Québec n’est pas qu’aux seuls Québécois de souche, il est à tout ceux qui en assurent à chaque instant le rayonnement; occulter ce fait a conduit le gouvernement à imposer sa lecture de la meilleure manière de vivre ensemble, là où il aurait fallu consulter.
Non, ce n’est pas un débat de la seule intelligentsia ou des seuls politiques, ou des chroniqueurs redresseurs de torts mais celui des »nobodies », de tout un peuple. À gouvernement de l’organiser à sa juste mesure!
La politique du gouvernement n’est pas celle de la défense de la laïcité: dois-je rappeler, enfin, que le projet de loi porte le titre de : Charte des valeurs québécoises?
Le commentaire de M. Baril sur le hidjab et l’histoire de violence qui lui est associé n’ajoute rien à son argument. En effet, imaginez un signe religieux introduit dans la cordialité et historiquement associé au respect entre les peuples. M. Baril serait néanmoins contre le port de ce signe car celui-ci porterait une signification qui contreviendrait à la sacro-sainte neutralité de l’État.
M. Baril nous propose aussi une analogie boiteuse. Il nous dit qu’un état neutre qui accepte que ses fonctionnaires affichent leurs signes religieux est l’équivalent d’un établissement non-fumeur qui accepterait que ses employés fument sur le lieu de travail. Absurdité. Mais pour un établissement, être non-fumeur, ce n’est pas la neutralité, c’est plutôt adopter résolument le camp du « non »; c’est l’équivalent de l’État athée. Par contre, si l’établissement est réellement neutre, c’est à dire s’il n’a pas de politique « pour » ou « contre » l’exercice d’un droit fondamental qui n’entrave pas la qualité et le professionnalisme du travail exécuté, il n’y a rien d’absurde de penser que certains employés exercent ce droit.
Vous dites, M. Baril, comme seule véritable justification à votre argumentaire que « Ce qui justifie cet interdit, c’est le droit de l’usager de ne pas être servi par un agent qui lui livre un discours religieux alors que le service de l’État est censé être neutre. »
C’est amusant cet argument. J’y pensais justement en regardant le maire Jean La-La Tremblay réciter la prière au conseil municipal. Quoi? Il a le droit, lui? Ah oui, je comprends. Les signes religieux ostentatoires gros comme le bras dans les écoles, les guichets de la SAAQ et, surtout, surtout, celui qui domine le fauteuil du président de l’Assemblée Nationale, vous appelez ça du « patrimoine ». Belle neutralité en effet.
Je ne sais pas pour vous, mais ne suis absolument pas dérangé par la kippa ou le turban que porte l’urgentologue qui acceuille ma fille au Jewish General. Je m’en fous complètement. Ce que je veux, c’est qu’il traite mon enfant avec tout le professionnalisme et la compassion que je suis en droit d’attendre d’un médecin. Sa kippa, son turban, des « discours religieux »? Vous croyez vraiment à cet argument?
C’est vous qui avez un problème, monsieur Baril. Un problème à l’âme. Et j’ai pitié de vous, sincèrement.
Ceux qui refusent d’enlever leurs signes ou vêtements religieux distinctifs au travail soutiennent que cela fait partie de leur droit de manifester leur religion. Il faut donc considérer ces vêtements au même titre que l’exercice d’un rituel religieux; c’est effectivement du même ordre que la prière du maire de Saguenay.
Merci pour cette lecture un peu plus nuancée de la situation. Enfin, un peu de raison dans ce bordel public fortement médiatisé et émotif.
À mon avis, l’erreur fondamentale c’est d’avoir »biaisé » le débat avec l’expression »charte des valeurs québécoises ou nationales » qui peut devenir un fourre-tout (idéologique?).. alors que Charte de la laicité pour tout ce qui est gouvernemental eut été plus précis quant aux buts visés par la dite charte.Certains diront plus honnêtes… à vous de choisir, quant à moi j’espère qu’on était de bonne foi.
La seconde ce sont les passes droit tels, la croix folklorique de l’ère Duplessis à l’Assemblée Nationale ainsi que la non obligation des élus de respecter la charte (à ce que j’ai pu comprendre)… des bourdes à récupérer le plus rapidement possible.
La troisième concerne Mme Mourani ex-députée bloquiste. Ceci n’est pas le fait du gouvenement en place, mais on connait les relations entretenues entre le parti au pouvoir et le Bloc… triste affaire qui ne peut que nuire à l’Adoption d’une charte de la laicité (allez qu’on change le nom de cette chose, je ne m’y reconnais pas)
Prévoir une période de transition n’est pas nécéssairement une mauvaise affaire, se donner de l’espace afin de rendre cette transition un mode opératoire permanent n’en n’est pas nécéssairement une, bien que je reconnaisse la nécessité de se donner une certaine marge de manoeuvre afin d’agir de façon raisonnée, sans biais idéologique ni dogmatique.
Cet article pose plusieurs problèmes.
Sur la surreprésentation médiatique actuelle des « anti-chartes ». Il faut rappeler que les discours « laïcard » et « islamophobe » jouissent eux aussi depuis de nombreuses années d’une surreprésentation politique et médiatique, dont l’amalgame musulman = terroriste est la pointe de l’iceberg ethnocentrique. Il me semble que la commission Bouchard-Taylor a laissé une place plus qu’importante à la majorité « silencieuse ». Il parait donc normal qu’en ce moment, la roue tourne et que l’on fasse plus de place aux dissidents. D’autre part, les opposants à la Charte sont en majorité beaucoup plus nuancés que les prosélytes religieux qui défendent pour certains une vision anti-laïque et veulent garder pour acquis les interstices qui leur restent en bloquant une nécessaire promotion des balises existantes sur les accommodements raisonnables. Qu’ils instrumentalisent le débat sur la Charte est après tout de bonne guerre : c’est la loi de la démocratie et de la liberté d’expression. La plupart des opposants à la Charte achoppent donc sur certaines dispositions et pas sur l’idée première : l’exception patrimoniale du crucifix de l’Assemblée nationale, la non-réponse sur la prière au Conseil municipal de Saguenay, l’interdiction des signes religieux ostentatoires pour tous les employés de l’État, même ceux qui n’ont pas de rapport direct avec les citoyens. C’est le deux poids deux mesures qui est par-dessus tout inacceptable. Et d’ailleurs, l’excuse « ostentatoire » est bien pratique puisque par définition, la religion historique de la majorité québécoise ne préconise pas à ses fidèles le port de signes considérés – toujours par la même majorité – comme ostentatoires. Donc on détourne la problématique de l’être humain religieux vers l’objet religieux, ce qui permet d’évacuer la question du libre-arbitre et de penser qu’on ne fait pas de mal au droit humain puisqu’on s’attaque à un objet désincarné.
Deuxièmement, l’instrumentalisation de mon pays d’origine d’un côté comme de l’autre est fatigante. Elle est utilisée sans mise en contexte, et avec une méconnaissance manifeste de l’histoire hexagonale. La législation française d’interdiction de signes religieux ou de propagande politique (genre un macaron du parti communiste) pour les agents de l’État français, notamment les fonctionnaires du système d’Éducation publique ne date pas d’hier. Il est le fruit de la loi de 1905 sur la laïcité et la séparation de l’Église et de l’État, héritière de la Révolution, du nationalisme bonapartiste et des guerres de religions entre catholiques et protestants qui ont ravagé le pays au 18ème siècle. Cette règle est donc centenaire, et a été introduite avant les vagues migratoires du 20ème siècle. Les migrants savaient donc à quoi s’en tenir. C’est la grande différence avec la situation québécoise, puisque cette Charte impose un changement indifférencié dans le contrat social pour de nombreuses personnes, et on ne le dira jamais assez, déroge aux Charte canadiennes et québécoises des droits et libertés.
L’interdiction en France des signes religieux ostentatoires dans le système scolaire date des années 90/2000. Elle est le fait du gouvernement de gauche de Lionel Jospin après la mise en place et le rapport de la commission Stasi qui s’était appuyé sur des experts et des statistiques, pas sur des « rumeurs », des « chroniques journalistiques », des « faits divers » et des « sensations citoyennes ». Elle avait pour but de protéger les élèves mineur(e)s du port forcé de signe religieux (puisque les professeurs en été interdits depuis 1905), qui n’ont pas l’autonomie morale qu’on accorde aux adultes, et donc sont susceptibles de vivre des pressions familiales prosélytes. Bref, protéger l’enfant et l’adolescent comme on le faisait déjà avec la pornographie, le prosélytisme politique, etc. Voilà pourquoi cette loi ne s’applique pas pour les étudiants universitaires. Elle ne s’applique pas non plus pour les employés des garderies car on voit mal comment des bébés de moins de trois ans (la maternelle commence à 3 ans en France) pourraient être profondément influencés par une gardiennes en hidjab. La loi sur le port du voile intégral (niqab et bourqa) dans l’espace publique, qui fait suite à une loi identique en Belgique, est plus récente. Elle est le fait de l’ancien gouvernement Sarkozy, ouvertement droitier, et a fait l’objet de discussions beaucoup moins consensuelles au sein des milieux politiques et féministes que celle sur les signes religieux à l’école (une majorité de la Gauche et une minorité de la Droite ont voté contre).
Dire que ces lois ont eu en effet positif en France est tout à fait risible. L’ethnicisation des rapports sociaux n’a pas diminué. Le fétichisme et le repli identitaire n’ont de cesse de se développer. La montée des intégrismes islamiste et nationaliste/xénophobe n’a pas été stoppée, comme en témoigne la montée en puissance continue du Front National et le nombre toujours plus élevé de jeune français musulmans qui partent faire le djihad au Moyen-Orient ou en Afrique. On oublie les émeutes de 2005 qui ont enflammé les quartiers polyethniques français pendant presque un mois ! On oublie aussi que Sarkosy avait chargé Fadela Amara, nommée Ministre de la ville et d’origine maghrébine, grande pourfendeure du voile, d’améliorer le modèle d’intégration à la française. Ce fut un échec cuisant.
Enfin, l’instrumentalisation de l’instrumentalisation du voile par les salafistes iraniens, algériens et musulmans en général est totalement absurde : on ne combat pas une instrumentalisation politico-religieuse par une instrumentalisation politico-laïque. Ce n’est pas parce qu’ailleurs des femmes sont soumises à la contrainte du voilement obligatoire que toutes les femmes musulmanes québécoises le sont. On ne peut pas interdire le voile sous ce prétexte. Ou alors il faudrait interdire aussi les signes – ostentatoires ou pas – des religions chrétiennes au prétexte que le Vatican a nourrit l’épidémie de VIH en Afrique avec sa position sur le condom, que l’église russe est homophobe prosélyte, ou que les évangélistes américains minimisent le viol ! Si des québécoises musulmanes vivent une contrainte à porter un voile, il s’agit là de violence domestique, et il existe un arsenal juridique pour la condamner. Peut-être nous manque-t-il les relais sociaux pour pouvoir aider ses femmes. Mais cette question là n’est pas religieuse, elle concerne nombre de femmes, musulmanes ou non, de la majorité « silencieuse » ou pas.
J’aimerais avoir autant d’humour en ce moment que Lise Dion… Couillard ou Marois? La réalité moi je ne désire pas effacer mon patrimoine, il ne m’empêche en rien de m’exprimer! J’ai le respect de ne pas dire à mon voisin comment mener sa barque. Mais me faire manger la laine sur le dos, wow! Nous accueillions ces gens et voici le remerciement que nous obtenons ! Pauvre petites victimes… On ne les respectent pas. SVP cessez de vous ridiculiser cher invités, rien ne vous empêche de retourner dans votre beau pays!!! Je ne suis pas la seule qui pense comme ça, je ne suis pas du genre politique ou à vous faire plaisir pour rien, ou à utiliser le dialogue de sourd. Je suis seulement réaliste et juste c’est tout. Je termine en mentionnant que ce n’est pas le gouvernement qui provoque la situation de malaise mais vos réactions exagérés. Les autres politiciens en profite pour se faire du pouvoir politique et les pauvres tites bêtes pour se victimiser…
C’est vos réactions démesurés qui nous démontrent que vous n’avez aucun respect pour nous Québécois. Les sages prennent le temps d’analyser… Je parle des silencieux! Nous voterons…
J’ai travaillé la moitié de ma vie adulte dans le secteur privé, l’autre dans le secteur public. Ce ne sont pas quelques femmes voilées qui contreviendront à la neutralité de l’État, mais des fonctionnaires à double face qui travaillent dans le sens de leurs intérêts ou dans celui de leur patron. Il y a trente cinq ans, en tant que cadre supérieur dans une multinationale américaine, j’étais tenu annuellement de signer un engagement à respecter un code de déontologie. Dans la fonction publique, cela n’existe pas. D’ailleurs la vérification, le contrôle, l’évaluation sont des valeurs notoirement absentes, en tant que directeur puis directeur-général dans plusieurs fonctions, je peux en témoigner.
Au lieu de faire la guerre à une catégorie de citoyennes bien singulière, qui ne compte que quelques femmes musulmanes voilées et d’appuyer ce qui a l’évidence est une chasse aux sorcières, nos intégristes laïcs feraient mieux de promouvoir la rédaction d’un code d’éthique contraignant pour tous les fonctionnaires, où qu’ils soient. La Commission Charbonneau aura d’ailleurs démontré que notre société est victime de la présence dans les rangs de la fonction publique au sens large, de trop nombreux « visages à deux faces ». Qui faut-il d’abord démasquer, quelques pieuses musulmanes ou des arrivistes et des profiteurs notoires?
La laïcité mur-à-mur de nos chevaliers de la république m’ennuie. Je suis athée, mais je constate que les meilleurs serviteurs de l’État ne sont pas toujours ceux qui s’affublent de l’habit du parfait fonctionnaire neutre et de souche, mais des immigrants récents qui croient au service de l’État ainsi qu’à une société meilleure. J’ai d’ailleurs côtoyé plusieurs musulmans, qui tous étaient tous dévoués au mieux-être du Québec. Ils étaient par ailleurs excellents et enrichissaient la maîtrise de la langue nationale, qui laisse tant à désirer.
Jacques Saint-Cyr, ing.
Mille fois bravo Monsieur Baril. 100% d’accord avec tout ce que vous dites. Je suis de la majorité silencieuse. Pourriez-vous continuer à être notre porte-parole? Vous savez mieux vous exprimer que cette majorité dont je fais partie. J’espère que votre article sortira de partout.
Quel torchon.
Je suis 100% pour un état laïque mais je ne suis pas xénophobe pour deux sous.
Je trouve indécent que des gens essaient de cacher leur xénophobie sous la couverture
de la laïcité.
Le projet du PQ n’a rien a voir avec la laïcité. Ce n’est que la xénophobie
Juste pour plaire au genre de matante qui disait l’autre jour aux nouvelles.
« Je suis pour la laïcité en autant qu’on reste des bons Québécois catholiques ».
C’est le public-cible de la Charte.
Expliquez-moi comment l’État peut être xénophobe en restant neutre ?
Un État neutre? Où ça?
Où je vis, il n’y a aucun voile. Par contre, à tous les jours, les cathos m’enfoncent dans la gorge leurs bondieuseries à coups de crucifix, écoles confessionnelles, école St-Machin et Hôpital Ste-Chose, tous des trucs protégés par la Charte.
La Charte du PQ, c’est un État neutre pour « les races » et un État catho si tu descends d’une Fille du Roi.
Le PQ est plus intéressé par le vote xénophobe que par le vote pro-laïcité.
« C’est une très méchante manière de raisonner que de rejeter ce qu’on ne peut comprendre. »
François René de Chateaubriand
Extrait du Génie du christianisme
Je ne sais pas ce qui me désole le plus, que trop de mes compatriotes ne comprennent pas l’importance de protéger et préserver les libertés individuelles fondamentales ou qu’une bonne partie d’entre eux soient xénophobes (car sans cela cette proposition de charte discriminatoire et liberticide n’existerait pas)
Porter un signe religieux n’est-il pas discriminatoire en soi ? Ne dit-on pas indirectement aux autres que : ma religion est meilleur que la tienne ? Vous parlez de liberté individuelle, mais que faites-vous de la liberté des non-croyants ? N’auraient-ils pas le droit eux aussi de ne pas se faire imposer la religion des autres ?
Je suis d’origine Chilienne. Lorsque je suis arrivé au Québec, la première chose que j’ai fait, c’est d’apprendre le Français, la seconde chose que j’ai fait c’est d’apprendre l’Anglais et la troisième chose que je fait et ce fut la plus importante, c’est d’apprendre sur le bout des doigt l’histoire du Québec. Car sans elle je n’aurais pas pu comprendre , la mentalité , les croyances, la culture , les traditions et surtout sa lutte en tant que peuple. Le fait d’étudier son histoire m’a permis de m’intégrer pleinement . Et de comprendre pourquoi ce beau peuple veut la laïcité. Et enfin ce texte donne l’heure juste avec une intelligence dont on devrait saluer haut et fort. BRAVO BRAVO BRAVO Je suis fier de le dire .
Excellent commentaire, enfin un commentaire respectueux et propice au dialogue. Il doit y avoir des balises établies afin d’appuyer les écoles et autres organismes gouvernementaux dans leur négociation vis-à-vis des accommodements raisonnables.
Je suis tout à fait d’accord que si le gouvernement fait preuve de laïcité, il doit retirer le crucifix autrement ce n’est pas équipe et neutre.
Merci.
Enfin un article qui tente de faire un équilibre entre les fais et les opinions. J’ai enseigné pendant plus de 20 ans en communication et journalisme et je suis grandement attristé de l’état des média actuels à ce sujet.
Merci Daniel de rétablir les faits, car tout ce que l’on lisant depuis deux semaines étaient des opinions (souvent déjà campées politiquement). C’est réellement triste de voir des pseudo journalistes se disant neutre et impartial, et de les voir ne présenter qu’une facette de l’histoire. La plupart des gens qui critiques n’ont même pas écouté la position du gouvernement et son ouverture à la discussion. Même si je ne suis pas complètement d’accord avec la position présentée, je comprend mal cette démonisation (Québec bashing) qui en résulte
Il faudrait que plusieurs journalistes (certains très expérimentés) retourne sur les bancs d’école et apprennent de nouveau la différence entre être un journaliste et reporteur (rapporteur).
On a tous des opinions, certaines peuvent être extrêmes, d’autres plus réfléchies. Quand on donne la place qu’aux opinions les moins modérées, on hérite de la société que l’on sème.
C’est bien triste