Comment Jason Kenney transforme le Canada avec les immigrants

Alors que débute en Alberta la législature du nouveau premier ministre Jason Kenney, L’actualité vous propose une incursion dans la vie du chef de file du mouvement conservateur canadien. Paru en 2012, ce portrait a valu à son auteur, Alec Castonguay, le Grand Prix Judith-Jasmin.

Photo : La Presse canadienne

(Texte original publié le 1er décembre 2012)

Purell. Pepto-Bismol. Chaussettes propres et sans trou.  Voilà les trois armes secrètes que Jason Kenney utilise depuis six ans pour bâtir la majorité conservatrice à la Chambre des communes et transformer en profondeur le système d’immigration canadien.
Le ministre s’esclaffe en les énonçant, amusé de s’entendre simplifier à l’extrême sa méthode. En ce dimanche de mai, il vient de terminer en une seule journée une tournée exténuante de 14 activités dans les banlieues de Toronto, et la voiture file vers l’aéroport Pearson, première étape de son retour à Ottawa.

Le ministre rigole, mais il y a un fond de vérité derrière sa boutade. Depuis que le gouvernement Harper a pris le pouvoir, l’Albertain Jason Kenney est en mission. Son objectif: comprendre, séduire et attirer au Parti conservateur les communautés culturelles, un électorat jadis acquis au Parti libéral du Canada. Il a serré des milliers de mains, digéré des centaines de repas très épicés et retiré ses chaussures un nombre incalculable de fois en entrant dans des mosquées, des temples ou des centres d’intégration pour prononcer ses discours.

Pendant plusieurs jours, L’actualité l’a suivi dans cette bataille de terrain. Un travail politique à l’ancienne, loin des réseaux sociaux, où le contact humain, la proximité et le combat de valeurs entrepris par le Parti conservateur ont graduellement conquis bon nombre de nouveaux arrivants. Et permis à Jason Kenney, près de 2 400 rencontres et activités plus tard, de briser le monopole libéral sur les communautés ethniques.

Un succès dont souhaite même s’inspirer le Parti conservateur de Grande-Bretagne, où le premier ministre, David Cameron, cherche à copier la recette de son cousin canadien.

Suivre Jason Kenney, c’est faire une incursion dans la vie de l’un des plus puissants ministres d’Ottawa, membre du «club des barons» — cette garde rapprochée de Stephen Harper qui dirige vraiment le gouvernement. Il est l’homme à qui le premier ministre a confié la tâche de réformer en accéléré le système d’immigration canadien, ce qui modifie au même rythme la mosaïque du nouveau Canada.

Francophile, catholique pratiquant, ambitieux, discipliné en public mais capable de sautes d’humeur en privé, Jason Kenney met tout en place pour devenir le prochain chef de file du mouvement conservateur canadien.

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À l’attention de M. Castonguay ou de l’éditeur.

Le verbe débuter (utilisé en début d’article) devrait être — comme toujours — INTRANSITIF…