Depuis que Justin Trudeau est aux commandes à Ottawa, la cause de l’environnement a perdu du galon dans presque toutes les capitales provinciales.
Au cours des dernières années, les électeurs de trois des quatre provinces les plus populeuses, dont le Québec, ont porté au pouvoir des partis dont les politiques en matière d’environnement étaient nettement moins ambitieuses que celles de leurs adversaires.
Simultanément, on a observé la montée de formations comme le Parti vert et Québec solidaire, dont le programme fait, à l’inverse, une très large place à la lutte contre les changements climatiques.
Si le scrutin fédéral du 21 octobre devait reproduire le modèle en vogue sur la scène provinciale, le Canada assisterait à une percée historique du Parti vert d’Elizabeth May… et au retour au pouvoir d’un Parti conservateur plus déterminé que jamais à se poser en champion de l’industrie pétrolière.
Le chef du PCC, Andrew Scheer, en parle à visage totalement découvert : s’il devient premier ministre, son premier geste sera d’abolir la taxe sur le carbone instaurée par les libéraux et de faciliter la construction de nouveaux pipelines.
Un gouvernement minoritaire conservateur aurait-il les moyens de ses intentions ? Même si on voit mal quel autre parti soutiendrait un tel ordre du jour, il ne faut jurer de rien.
Le NPD exclut d’avance l’idée d’assurer la survie d’un gouvernement minoritaire conservateur — principalement à cause de l’ambiguïté de son chef au sujet des droits de la communauté LGBT.
Mais si le score du NPD reflète sa piètre performance dans les intentions de vote, son chef ne survivra pas nécessairement à la défaite et ses paroles s’envoleront avec son leadership.
Sans leader, sans le sou et peut-être même sans statut officiel aux Communes, le NPD préférerait-il, ne serait-ce que par instinct de survie, se boucher le nez et s’accommoder d’un gouvernement minoritaire conservateur le temps de tenter de se remplumer plutôt que de se relancer en campagne dans les pires circonstances ?
Du côté des verts, Elizabeth May refuse d’exclure le moindre scénario. Mais en commission parlementaire le mois dernier, la chef des verts a affirmé que le premier ministre aurait dû démissionner à la suite de la condamnation sans appel du commissaire à l’éthique Mario Dion relativement à sa gestion du dossier SNC-Lavalin.
Depuis cette sortie, on se demande comment Mme May pourrait choisir de prolonger la carrière politique de Justin Trudeau en faisant front commun avec les libéraux contre un éventuel gouvernement minoritaire conservateur.
En Colombie-Britannique, où ils détiennent la balance du pouvoir au provincial, les verts ont avalé de grosses couleuvres, à commencer par un vaste projet de liquéfaction de gaz naturel, plutôt que de risquer leur influence au Parlement en provoquant des élections.
Aussi invraisemblable que puisse sembler l’idée que les verts acceptent en tout ou en partie le recul environnemental programmé par le Parti conservateur, il serait encore plus invraisemblable qu’un gouvernement Scheer tourne le dos à ses puissants alliés conservateurs provinciaux en revenant sur ses engagements.
Selon Justin Trudeau, une victoire des conservateurs pourrait décourager le Parti libéral de mener la lutte contre les changements climatiques.
Dans une entrevue accordée au journaliste de la CBC Aaron Wherry en vue de la rédaction d’un livre que ce dernier vient de publier, le premier ministre affirmait : « … si nous ne faisons pas la preuve que nous pouvons continuer d’avoir l’appui des Canadiens tout en agissant concrètement pour l’environnement, aucun gouvernement fédéral ne va se poser en défenseur de l’environnement. C’est un thème qui va être classé comme un boulet électoral. »
Ce n’est pas parce que cette prédiction sert les intérêts électoraux actuels de M. Trudeau qu’elle n’est pas prophétique.
Aucun expert indépendant n’a jugé que le projet de lutte contre les changements climatiques d’Andrew Scheer tenait la route.
Si les conservateurs sont portés au pouvoir sur la foi d’un trompe-l’œil, personne ne devrait raisonnablement s’attendre à ce qu’ils se découvrent une fibre environnementale digne de ce nom, comme l’avait fait à une autre époque Brian Mulroney ou comme pourrait encore le faire François Legault.
Quant aux libéraux, une seconde défaite sur le front de la tarification du carbone en l’espace d’une dizaine d’années risque bel et bien de leur enlever le goût de s’aventurer sur ce terrain à l’avenir.
Cette chronique a été publiée dans le numéro d’octobre 2019 de L’actualité.
Pas grand chose pour l’environnement avec Trudeau,C’est pas le chef dont nous avont besoin,Pas juste une parrure.
S’il est une chose dont on peut être à peu près certain, c’est qu’on ne règlera pas les questions d’ordre climatiques sur des bases politiciennes et partisanes. Pas plus d’ailleurs qu’on ne peut régler ces problèmes par l’ajout ou le retranchement de taxes dites écologiques.
On ne fait pas d’écologie avec des taxes. On fait de l’écologie en observant les écosystèmes. L’étude des écosystèmes nous permet d’envisager des solutions et tous les écosystèmes sont différents. Il existe deux types d’écosystèmes : ceux qui sont restés naturels et ceux qui ont été édifiés par l’humain.
Les écosystèmes naturels doivent être préservés ; ce qui est de plus en plus difficiles. Les écosystèmes créés par l’homme peuvent toujours être améliorés.
Si nous regardons les choses froidement, ce n’est pas l’ajout d’un pipeline ou de deux (un vers l’Est, un vers l’Ouest) qui changeraient grand-chose au bilan environnemental relativement déplorable du Canada. Cela revient essentiellement à notre responsabilité citoyenne qui consiste à adopter un mode de vie différent.
Sans vouloir jouer ici les prophètes de malheur. Il est de mon devoir de dire que si les choses restent où elles en sont quelques soient les gouvernements. Le Canada qui est un des pays les plus touché par le réchauffement climatique actuellement. Que nous pourrions frapper un mur bien avant vingt ans.
Le choc pourrait être effroyable. Le pays dans lequel nous vivons pourrait voir nos acquis fondre plus rapidement encore que la banquise du pôle nord et nous ne nous en relèverions pas. À l’exception peut-être de « Mister Doom », je ne crois pas que c’est ce que nous voulons.
Faisons donc, ce qui doit être fait pour qu’en quelque sorte, tout cela ne se produise pas.