Des Canadiens réticents devant le plan fédéral en immigration

Les résultats d’un sondage Léger sur les intentions du gouvernement Trudeau d’accueillir un demi-million d’immigrants par an à partir de 2025 laissent présager que cela pourrait devenir un enjeu électoral lors du prochain scrutin fédéral. 

Leontura / Getty Images / montage : L’actualité

Au début novembre, le ministre fédéral de l’Immigration, Sean Fraser, a dévoilé les nouveaux objectifs du gouvernement canadien en matière d’immigration pour les années à venir. Le plan lui-même pourrait être qualifié d’« ambitieux » à tous points de vue, puisqu’il prévoit l’arrivée de près de 500 000 personnes par an d’ici 2025, soit près de 20 % de plus qu’en 2021. Parmi les éléments soulevés par le gouvernement Trudeau pour justifier cela, il y a la pénurie de main-d’œuvre. De 2023 à 2025, ce sont près de 1,5 million de nouveaux arrivants qui pourraient venir s’installer au Canada.

Le ministre a souligné qu’il y avait un million d’emplois à pourvoir dans l’économie canadienne à un moment où l’immigration représente déjà la quasi-totalité de la croissance de la main-d’œuvre. Il a ajouté que le Canada ne pourrait pas maximiser son « potentiel économique si nous n’embrassons pas l’immigration ».

Les Canadiens sont-ils prêts à le faire ? Mardi, la maison de sondage québécoise Léger a publié les résultats d’une enquête sur cet épineux sujet. À la question : « Le gouvernement du Canada a récemment publié son plan d’immigration, qui consiste à accueillir 465 000 immigrants au Canada en 2023, 485 000 en 2024 et 500 000 en 2025. En 2021, le Canada a admis plus de 405 000 immigrants. Laquelle des propositions suivantes reflète le mieux votre opinion sur le plan du gouvernement ? » Les choix étaient « trop », « suffisant », « pas assez », « ne sait pas / pas de réponse ».

Près de la moitié des répondants, soit 49 %, croient que le plan permettra d’admettre trop d’immigrants au Canada. Près d’un tiers des répondants, 31 %, pensent qu’il permettra d’admettre le bon nombre d’immigrants, tandis que seulement 5 % estiment que le plan est trop timide et que les objectifs d’immigration devraient être encore plus élevés. Un Canadien sur six n’a pas d’opinion ou refuse de répondre à cette question.

La répartition régionale des résultats montre des variations d’un coin de pays à l’autre. Au Québec, 46 % des répondants trouvent les objectifs trop élevés, comme 48 % des répondants ontariens et 49 % de ceux de la Colombie-Britannique. C’est dans les Prairies que l’opposition est la plus ferme, dans des proportions de 58 % en Saskatchewan et au Manitoba, et de 56 % en Alberta. Et c’est dans les provinces atlantiques qu’on retrouve le moins de suspicion, avec 42 % des sondés qui considèrent le seuil de 2025 trop ambitieux.

Quand on analyse les résultats de l’enquête selon les intentions de vote des répondants, on décèle que le plan Fraser polarise l’électorat canadien. Ainsi, 65 % des partisans conservateurs estiment que le plan amènera trop d’immigrants au pays, tandis que seulement 22 % pensent que les cibles sont plutôt justes.

Parmi les électeurs libéraux, la moitié des répondants trouvent que le nombre de nouveaux immigrants est adéquat, et 30 % considèrent que les objectifs sont trop élevés.

Chez les électeurs néo-démocrates, les avis sont presque également partagés : 36 % croient que les objectifs sont trop élevés, tandis qu’une proportion semblable, 38 %, juge qu’ils sont à peu près adéquats.


Le petit sous-échantillon à la source des résultats concernant les électeurs du Bloc québécois nous invite à la prudence : 71 % estiment que les objectifs sont trop élevés, contre 19 % qui croient que les cibles sont justes. Mais il ne s’agit que d’un groupe de 90 répondants.

Lorsqu’on demande aux électeurs s’ils craignent que le plan d’immigration « entraîne une demande excessive de logements et de services de santé au Canada », une nette majorité de répondants (75 %) se disent préoccupés (dont 42 % « très préoccupés »), contre seulement 19 % qui sont peu ou pas préoccupés par cet enjeu.

Il est intéressant de noter que le niveau d’inquiétude par rapport à l’éventuelle pénurie de logements et de services en raison d’une forte augmentation de l’immigration est à peu près le même dans tout le pays, allant de 74 % au Québec et en Alberta à 77 % dans les Prairies et les provinces de l’Atlantique. Même lorsque nous décomposons les résultats en fonction des intentions de vote, nous constatons que les partisans de tous les principaux partis fédéraux se disent fort préoccupés par cette question.

Même si le monde des affaires se réjouira d’accueillir davantage de travailleurs potentiels au Canada, ce sondage donne à penser que le gouvernement fédéral aura fort à faire pour convaincre une grande proportion des électeurs que ce nouveau plan sera bénéfique pour eux et pour le pays. Bien qu’il y ait un consensus entre les partis et les régions sur le fait que l’immigration a bien servi le Canada (et les Canadiens) dans le passé, le plan prévoit d’ajouter à peu près l’équivalent de la population actuelle du grand Montréal avant la fin de la décennie. Ce n’est donc pas sans risque.

Voir les détails du sondage Léger ici.

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Comment ce ministère peut se donner un objectif aussi ambitieux alors qu’il n’arrive pas à faire son travail routinier et met des années à traiter les demandes actuelles, sans parler de l’échec à traiter les demandes des réfugiés ukrainiens et afghans.
Le nombre visé me semble un peu élevé, surtout pour la capacité d’intégration et d’offre de services dont le logement, aux nouveaux Canadiens. Au niveau économique c’est autre chose. Quant au Québec, ses cibles d’immigration démontrent un total manque de vision de la société de demain et un repli identitaire néfaste. La Loi 101 a fait des merveilles de francisation des immigrants. Il faut renforcer ces programmes d’intégration au lieu de réduire l’immigration.

Si le monde des affaires se réjouit c’est pour deux raisons. D’abord, les immigrants constituent du «cheap labour» pour des emplois que les Canadiens ne veulent pas parce qu’ils sont mal payés et préfèrent l’aide sociale un coup mal pris. La deuxième c’est que les immigrants agrandissent le bassin de consommateurs et de clients du monde des affaires. Plus d’immigrants = plus de maisons, d’appartements, d’appareils électriques, en fait plus de consommateurs de biens et services, ce qui permet à l’industrie de se développer encore plus, ce qui ne serait pas possible si le niveau de population demeurait stable. En effet, une fois qu’on a un logement, les appareils ménagers, le char etc. on est un peu moins intéressants comme consommateurs et ça en prend beaucoup de nouveaux pour faire tourner la roue du commerce.

Il ne faut surtout pas croire que cette augmentation de l’immigration vise à accommoder plus de gens pour qu’ils viennent s’établir ici pour améliorer leur sort mais plutôt pour abuser d’une main d’œuvre plus vulnérable qui en retour deviendra un nouveau bassin de consommateurs et de clients. Nous avons des gouvernements inféodés aux gens d’affaire et aux grandes industries et leurs politiques le reflètent.

Pour une rare fois, je partage l’opinion de M. NPierre ci-haut, et je rajouterais ceci. Plus d’immigrants ne veut absolument pas dire ¨problème de main d’œuvre réglé¨, bien au contraire. Cela accentue les problèmes déjà existants tels la santé, l’éducation, l’aide sociale.
Et ça en crée d’autres comme l’assimilation (ou intégration si vous préférez), logements, tensions sociales, sentiments de submersion de la part des gens déjà en place; et autres sentiments tels celui de ¨remplacement¨. 500,000 nouveaux arrivants par année, c’est une nouvelle ville comme Québec qui débarque.
C’est de la folie furieuse. Et tant pis pour les idéologues du vivre ensemble et de l’¨inclusionisme¨à la trudeau. C’est ce que j’appelle courir après des lendemains pas du tout chanteurs.