Deux témoins en or pour la Ville

MM. Zambito et Lalonde ont accepté de collaborer «sans réserve» avec l’inspecteur général Denis Gallant et avec le contentieux de la Ville afin de faire avancer les enquêtes et les poursuites civiles en matière de collusion et de fraude.

PolitiqueUn mauvais règlement vaut mieux qu’un bon procès. C’est à la lumière de cet adage bien connu dans le monde judiciaire qu’il faut analyser l’entente à l’amiable intervenue entre la Ville de Montréal et deux spécialistes autoproclamés de la collusion, l’entrepreneur Lino Zambito et l’ingénieur Michel Lalonde.

La Ville a abandonné sa poursuite de 300 000 dollars contre les deux hommes qui ont facturé des faux extras lors de la construction d’un égout collecteur sur la rue Sherbrooke.

La preuve était accablante. Lino Zambito, ancien patron d’Infrabec, et Michel Lalonde, p.-d.g. de Genius, ont reconnu à la commission Charbonneau qu’ils avaient utilisé des conduites de béton préfabriquées, au lieu de couler le béton sur place. Ils avaient privilégié la solution la plus coûteuse, une situation parfaitement normale dans une métropole grugée par la corruption et la collusion.

L’abandon de la poursuite est choquant à première vue. La Ville n’a pas tout perdu dans cette affaire. MM. Zambito et Lalonde ont accepté de collaborer «sans réserve» avec l’inspecteur général Denis Gallant et avec le contentieux de la Ville afin de faire avancer les enquêtes et les poursuites civiles en matière de collusion et de fraude. Ils témoigneront même pour la Ville si nécessaire.

Lino Zambito et Michel Lalonde s’y connaissent en matière de collusion et de corruption. Ils ont témoigné avec aplomb, candeur et franchise à la commission Charbonneau. Bref, la Ville n’a pas récupéré des témoins tarés.

Il faudra cependant du temps avant de juger de la pertinence de cette entente. Elle sera appréciée en fonction de ses résultats à la cour.

La poursuite de 300 000 dollars était une initiative du maire Michael «pas achetable» Applebaum, aujourd’hui accusé de fraude. Sans les aveux de Lino Zambito et de Michel Lalonde à la commission Charbonneau, la Ville n’aurait pas été en mesure de réaliser qu’elle avait été flouée. La perte de l’expertise en génie-conseil, la fourberie et la complicité des superviseurs de chantiers et de leurs patrons à la Ville rendaient les magouilles pratiquement indétectables.

Les témoins Zambito et Lalonde auraient certainement évoqué en cour le droit à l’immunité qui leur a été accordé par la juge France Charbonneau. D’interminables débats en droit constitutionnel auraient pesé sur les procédures. La Ville n’aurait peut-être jamais vu la couleur des 300 000 dollars, d’autant plus qu’elle n’aurait pas pu échapper à sa propre négligence dans la surveillance des travaux.

Deux témoins en or en échange d’une amnistie, c’est peut-être un bon deal, finalement.

* * *

À propos de Brian Myles

Brian Myles est journaliste au quotidien Le Devoir, où il traite des affaires policières, municipales et judiciaires. Il est présentement affecté à la couverture de la commission Charbonneau. Blogueur à L’actualité depuis 2012, il est également chargé de cours à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). On peut le suivre sur Twitter : @brianmyles.

Laisser un commentaire

Les commentaires sont modérés par l’équipe de L’actualité et approuvés seulement s’ils respectent les règles de la nétiquette en vigueur. Veuillez nous allouer du temps pour vérifier la validité de votre commentaire.

Rien de mieux qu’un ancien fraudeur pour vous guider dans ce monde de la fraude, en plus ils ont la faveur et le statut de vedette auprès du public en étant d’anciennes vedettes de la commission Charbonneau. Maître Galant me fait penser a Jésus sur la croix entre deux larrons.

J’ai Déjà laissé un autre commentaire quant à la pertinence de la stratégie du PQ pour le référendum de 1995, commentaire inutile alors que la vraie vie du Québec la vraie réalité du Québec c’est ça, la collusion des inspecteurs municipaux, des inspecteurs de chantier, de tous le ouvriers sur le chantier…des vrais bon québécois, fier de l »etre ! En voulez vous des histoires d’horreur (dèjà connues) sur tous les grands chantiers québécois, de l’avion de ravitaillement plein d’alcool qui manque la fin de la piste a la Baie James, qu’on décharge de sa cargaison d’alcool et qu’un bulldozer pousse plus loin dans le marais ? Du bungalow payé pour rien avec le ciment du Stade olympique ou des innombrables équipements complets de menuisier sur le meme chantier….Est-ce qu’on n’a pas parlé de couts de dépassement inexpliqués (??) sur le chantier de la future (!!) papetterie de Chan il y a plusieurs années ?? Mais c’est vrai qu’on peut toujours s’aveugler en prétendant qu’il y a une vraie distinction entre les vrais méchants et le bon peuple innocent…..