Directeur parlementaire du budget: des signaux préoccupants

Bien des gens, les partis d’opposition les premiers, ont dit vouloir donner au nouveau directeur parlementaire du budget (DPB) Jean-Denis Fréchette la chance de montrer de quoi il est capable. 

Bien des gens, les partis d’opposition les premiers, ont dit vouloir donner au nouveau directeur parlementaire du budget (DPB) Jean-Denis Fréchette la chance de montrer de quoi il est capable. Le chef du NPD, Thomas Mulcair, n’a toutefois pas attendu pour lui demander des comptes et les premiers résultats ne sont pas rassurants.

Comme je l’expliquais dans le billet précédent, M. Mulcair a écrit à M. Fréchette dès la semaine dernière pour savoir où en était sa demande d’analyse des impacts des compressions annoncées dans le budget 2012. Cette demande, à laquelle l’ancien directeur Kevin Page a tenté de donner suite sans succès et qui l’a conduit devant les tribunaux, attend toujours une réponse du gouvernement.

La lecture de l’échange de correspondance entre MM. Fréchette et Mulcair, dont j’ai obtenu copie, n’annonce rien de bon. Si Jean-Denis Fréchette reste sur cette trajectoire, on va s’ennuyer de Kevin Page car il semble déjà près à céder devant le gouvernement.

Dans sa réponse à M. Mulcair,  jeudi dernier, il s’attarde sur les efforts faits par ses prédécesseurs, évoque la décision rendue par la Cour fédérale, rappelle que  30 organisations résistent encore.

Jusque-là, pas de problème, mais qu’entend-il faire? Continuer de discuter avec ces ministères et agences «pour trouver d’autres solutions de rechange à l’impasse actuelle». (Ma traduction) Il ajoute: «Il semble que mes prédécesseurs et moi avons épuisé les moyens disponibles pour obtenir les données dont mon personnel a besoin pour procéder à l’analyse demandée. Cependant, je peux vous assurer que j’explore actuellement différents moyens pour faire face aux échecs futurs de fournir l’information.» M. Fréchette, faut-il le rappeler, n’est en poste que depuis trois jours au moment d’écrire cette lettre.

Ses propos ont, de toute évidence, fait sursauter le chef néo-démocrate qui lui a répliqué dès le lendemain.

M. Mulcair demande au nouveau DPB de lui expliquer comment il en est arrivé à la conclusion que les moyens disponibles ont été épuisés et de lui fournir la liste de ces moyens. M. Mulcair lui demande aussi de préciser la nature des solutions de rechange envisagées pour résoudre cette impasse.

Le chef du NPd ne manque pas de rappeler le jugement de la Cour fédérale qui dit bien que le DPB a droit, en vertu de la loi, d’avoir accès en temps opportun à l’information financière et économique nécessaire à la réalisation du mandat que lui a confié le Parlement. Il insiste sur le passage qui dit que le DPB a le droit de s’adresser aux tribunaux dans des situations semblables.

M. Fréchette l’envisage-t-il? Thomas Mulcair veut le savoir. Et si ce n’est pas le cas, il veut en connaître les raisons.

Cet échange n’est pas le seul signal qui fait jaser. Dans le National Post, John Ivison écrit avoir eu vent des directives données au personnel du bureau du DPB par M. Fréchette, le jour de son entrée en fonction. Sous sa gouverne, le bureau du DPB offrira davantage des synthèses que des analyses, appuiera les comités parlementaires avant de publier des rapports et se fera discret dans les médias.

Si cela se confirme, tous les Canadiens perdront au change car ils n’auront plus droit à cet éclairage essentiel qu’offrait Kevin Page sur les finances publiques. Ce serait un terrible gaspillage, le bureau du DPB étant parvenu sous M. Page à s’imposer comme une ressource indépendante, crédible et reconnue internationalement. En plus d’être un contrepoids essentiel face à ce gouvernement cachottier.

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Un autre économiste? Mais combien sont-ils à la haute fonction publique fédérale?? On vient tout juste d’en voir partir un à la tête de Librairie et Archives Canada démissionné pour son mauvais travail et ses dépenses somptuaires; remplacé par un autre! Je ne suis pas loin de croire que l’Economie est une fausse science, une vraie imposture. D’une totale incompétence dans des domaines où ils n’ont rien à faire.