
Dire que Donald Trump n’a pas de filtre est un euphémisme. Le magnat de l’immobilier, reconverti en aspirant président, a tout du cauchemar pour un conseiller en communications. À cela près que ses interventions, tantôt saugrenues, tantôt choquantes, font mouche auprès de l’électorat du Parti républicain, dont il brigue l’investiture. Au pays de l’infotainment, on semble vouloir pousser le vice jusqu’à porter un hurluberlu dans l’antichambre de la Maison-Blanche. Car les frasques de Donald Trump font un malheur dans les médias américains, qui s’indignent et se délectent en même temps des «perles» de l’ancien animateur de l’émission de téléréalité The Apprentice. À tel point qu’il existe un vif débat, au sud de la frontière, sur le rôle joué par les médias dans cette «trumpmanie».
Mardi soir, l’émission satirique The Daily Show a rassemblé des images de Trump laissant entendre qu’il avait des vues sur sa propre fille. Dans de nombreux pays tels que le Canada, on s’arrêterait là pour dire que le débat a tellement touché le fond qu’il commence à attaquer la croûte terrestre. Pourtant, nul n’ignore que Donald Trump a encore quantité de provocations derrière son toupet, et que sa proposition d’interdire toute nouvelle entrée de personnes musulmanes aux États-Unis — qui a même provoqué la désapprobation du premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou — n’est pas un point de non-retour dans son parcours électoral.
- À LIRE AUSSI: Comment devient-on un Donald Trump?
Pourquoi? Parce qu’aux États-Unis, Donald Trump s’est mué en porte-voix d’une frange de la population envahie par une certaine anxiété, tel qu’en a fait état le sondeur républicain Frank Luntz à l’issue d’un groupe de discussion qu’il a organisé et qui laissait la parole à 29 électeurs pro-Trump. Certains des propos tenus étaient révélateurs. «Je crois que les plus beaux jours de notre pays sont derrière nous.» «Je suis frustrée au-delà du possible. J’ai l’impression qu’on m’a menti.» «Il n’y a aucun doute, tout ce qu’il fait, il le fait dans un but: rendre sa grandeur à l’Amérique.»
Mark Cuban, autre célèbre entrepreneur américain et ami de Donald Trump, est peut-être celui qui a le mieux résumé le phénomène, cet été. «Je me fiche de ce que sont réellement ses positions. Je me fiche de savoir s’il dit de mauvaises choses. Il dit ce qu’il pense. Il donne des réponses honnêtes, et non des réponses préparées. C’est déjà bien plus que ce qu’a fait n’importe lequel des candidats depuis des années.» (Depuis lors, Mark Cuban semble avoir quelque peu changé son fusil d’épaule.)
Les électeurs de Donald Trump ont été séduits par des promesses énoncées sans plus d’explications, telles que: «Je serai le plus grand président de l’emploi que Dieu ait jamais créé.» Ou encore: «Notre armée sera si forte que personne ne viendra nous embêter.»
Mais celui que Frank Luntz qualifie de «punition pour une élite républicaine n’ayant pas été à l’écoute de ses bases» ne s’est pas contenté de nourrir son électorat de clichés rassurants. Il a parfois redessiné les frontières de la vérité selon sa convenance, sans jamais le payer dans les sondages. Voici trois exemples de mensonges flagrants recensés par le site de vérification des faits PolitiFact:
Mensonge n°1: «J’ai vu le World Trade Center s’effondrer. Et j’ai vu qu’à Jersey City, dans le New Jersey, des milliers et des milliers de personnes célébraient lorsque les tours se sont écroulées.»
Une vidéo montrant les acclamations de personnes en Cisjordanie a circulé à l’époque, mais après une recherche exhaustive, PolitiFact a mentionné n’avoir trouvé aux États-Unis que deux «articles de presse décrivant des rumeurs de célébrations qui ont été démystifiées ou qui n’ont apporté aucune preuve». Le maire de Jersey City a également réfuté avec vigueur cette version de l’histoire voulant que des milliers de musulmans américains aient sympathisé bruyamment avec la cause des terroristes.
Mensonge n°2: les Noirs sont responsables de 81 % des homicides ayant fait des victimes blanches
Un jour après qu’un manifestant criant «Black lives matter» eut été roué de coups par ses partisans lors d’un rassemblement en Alabama, Donald Trump a tweeté un tableau de statistiques erronées laissant croire qu’en 2015, les Afro-Américains étaient responsables de 81 % des homicides ayant fait des victimes blanches, et de 97 % des homicides ayant fait des victimes noires. Or, non seulement ces statistiques sont attribuées à une organisation qui n’a jamais existé (Crime Statistics Bureau — San Francisco), mais les chiffres ont en plus été sciemment manipulés: les dernières données officielles du FBI montrent par exemple qu’en 2014, 82 % des victimes blanches avaient en fait été tuées par d’autres Blancs.

Mensonge n°3: «Notre président veut ouvrir nos portes à 250 000 réfugiés syriens.»
Au lendemain des attentats du 13 novembre à Paris, Donald Trump a tenu un rassemblement au cours duquel il a affirmé que l’un des assaillants était originaire de Syrie. Il s’est par la suite indigné de la politique de Barack Obama, à qui il a prêté l’intention d’accueillir 250 000 réfugiés syriens aux États-Unis. En septembre, le secrétaire d’État John Kerry avait annoncé que le nombre de réfugiés qui seraient admis aux États-Unis passerait de 70 000 en 2015 à 85 000 en 2016, et qu’il serait plus proche de 100 000 l’année suivante. Mais cette déclaration visait les réfugiés provenant de tous les pays, et non pas les Syriens en particulier. La remarque de Donald Trump n’a eu pour conséquence que d’attiser la peur de ses concitoyens.
Malgré tous ses mensonges et ses errements, Donald Trump est toujours gaillard et ses appuis ne faiblissent pas. Il est plus que jamais le grand favori de la primaire républicaine, comme l’indique ce graphique de Real Clear Politics:

C’est incroyable nous ne sommes plus ou pas capable de rentrer en contact avec les journalistes qui écrivent n’importe quoi.
Je me demande bien pourquoi vous tenter de salir un politicien américain ? Quel avantage en retirez-vous ? Ce n’est même pas notre pays alors je pense que vous devriez mettre votre dévolu sur nos politiciens. C’est drôle comment les journalistes tante par tous les moyens de la salir et pourtant s’il est là il doit bien y avoir des appuis des électeurs. Mais non les journalistes ne veulent pas. La petite gauche et sa propagande à les bras longs. Je déteste la gauche qui ne fait que de chialer sans présenter de solutions. Les petits bourgeois qui ne veulent que des subventions ou crédits d’impôts. C’est ça le Québec. La petite bourgeoisie qui travail pour le public. Vraiment je les détestes Vite un crédit d’impôt.
Réponse au commentaire de steeve.
Je trouve plutôt très ouvert L’actualité de publier votre commentaire malgré qu’il soit à côté du propos de l’article. D’une part, vous êtes sur la section blogue du site où il est généralement admis qu’on puisse donner des commentaires plus personnels, mais avez-vous remarqué que monsieur Destouches à pris la peine d’ajouter les références pour chacun de ses points?
Où sont les vôtres? Je ne me retrouve pas vraiment dans votre commentaire « C’est ça le Québec ». D’où tenez-vous cette généralité?
Je ne comprends pas votre rage : il est normal qu’un journaliste s’intéresse également aux politiciens de pays étrangers et surtout d’un pays aussi important sur la planète et aussi près du nôtre. Son élection, si elle se produisait, aurait des conséquences très importantes pour nous et pour tous. Et c’est pourquoi l’analyse de ce journaliste, parmi d’autres, m’intéresse.
Ha! Ha! Très drôle! Thanks for the chuckle!
Je déteste la gauche qui ne fait que de chialer sans présenter de solutions. Les petits bourgeois qui ne veulent que des subventions ou crédits d’impôts.
C’est que les bougeois sont depuis toujours à droite sur l’échiquier politique.
J’aime bien votre « (Je déteste la gauche) qui ne fait que de chialer sans présenter de solutions. »
Vous critiquez cette façon de faire par l’exemple ou vous voulez en avoir l’exclusivité ?
Je n’ai pas de doutes : Trump ment. Sa possible élection serait terrible à mon avis. J’ose espèrer tout simplement que sa popularité chez les pro-républicains ne puisse s’étendre à une majorité de la population votante des USA.
Entendu et observé au Québec: Quelques dizaines de musulmanes, habillées de pied en cap, menacent nos valeurs; les musulmans chambardent notre équilibre démographique (blanc et catholique identitaire) alors que leur présence est de 3 % et que plusieurs ne pratiquent pas ; les immigrants disposant de diplômes de deuxième ou troisième cycle ne sont pas dignes d’occuper nos emplois, car ils n’ont pas le bon accent et partant, ne pourront pas travailler en équipe ou se faire comprendre de leurs clients ou patients. Exit les cv prénommés Ahmed ou Mohammed, et très très longues études de rattrapage pour ceux qui oseraient s’identifier comme médecins, ingénieurs ou architectes.
Trump trouverait une bonne écoute ici aussi, il n’y a pas de quoi pavoiser.
La popularité d’un cabotin n’est pas sans rappeler celle de Mussolini. Elle est tout à fait compatible avec les déclins du tissu social en général et de l’intelligence de l’électorat en particulier. La religion a aussi un grand rôle à jouer. Dans un état supposément laïque où nul discours à la nation ne sait se clore autrement que par « God bless America », je ne vois aucun espoir de redressement là non plus.
les journalistes ont du temps à perdre à écrire des articles sur cet imbécile qu est Donald Trump
Je trouve que c’est n’est pas du temps perdu. Il est bon de voir que des journalistes font des recherches et nous informent sur les affirmations de cet hurluberlu. Trump désinforme. Il est important que des gens remettent les pendules à l’heure. Et si certains américains le croient sur parole, j’espère que c’est une minorité et que cet imbécile ne se retrouvera pas à la Maison Blanche.
Il y a une question simple que les électeurs américains doivent se poser: «Would I trust this guy anywhere near the nuclear button?»
En effet. Bonne question à se poser.
Je suis bien heureux qu’il soit en tête parce que les américains ne sont pas dupes au point de le mettre à la Maison Blanche. Nous verrons plutôt Mme Clinton remporter la victoire. De toutes façons, républicains est synonyme de « guerre » tout azimut ce dont personne n’a besoin.