Selon deux candidates libérales, François Legault pratique un «féminisme de façade». Les preuves s’accumulent :
Mme Rizqy et la ministre Christine St-Pierre y ont affirmé que le coulage des textos de Gertrude Bourdon, le rejet du projet de ligne rose de la mairesse Valérie Plante et la divulgation d’une conversation privée avec l’ex première ministre de l’Ontario Kathleen Wynne témoignent du «féminisme de façade» de François Legault puisque ce sont des femmes qui sont visées.
Ha. Heu. Ok. Je ne voudrais surtout pas pénispliquer(*) la vie à ces deux femmes au CV bien plus garni que le mien, mais je ne suis pas convaincu par leurs exemples.
(*) Traduction québécoise de « mansplain », quand un homme explique la vie à une femme. Terme toujours en attente d’approbation par l’OQLF.
Si Legault n’est pas intéressé par la ligne rose, par exemple, est-ce parce que l’idée vient d’une femme ? Trouvez un moyen de relier votre ligne de métro au troisième lien à Québec et il va vous la promettre dans un premier mandat en criant « Prochaine station : Lévis ! »
Comprenez-moi bien : je ne pense pas que François Legault s’endort chaque soir en serrant un toutou à l’effigie d’Idola Saint-Jean. Certes, le chef caquiste a imposé la parité hommes-femmes dans ses candidats. Bravo, mais ceux qui mettent ça sur le compte de la vertu et d’un élan féministe, vous devez être du genre à prendre la garantie prolongée au magasin.
Si Ronald McDonald remplace un tiers de chaque boulette de burger par de la chapelure pour économiser de l’argent, il sauve du coup des milliers de bovins. On n’accrochera pas pour autant son portrait dans les bureaux de la SPCA.
François Legault a besoin du vote des femmes pour l’emporter, et ceci explique cela. Mais il croit également que ses candidates peuvent assainir les façons de faire en politique. Comme si la féminité en elle-même était un Febreeze idéologique, une boîte de petite vache dans le frigidaire de la démocratie.
« Les femmes, de façon générale, sont consensuelles, travaillent positivement, travaillent mieux avec les adversaires, a noté M. Legault. Les Québécois, ce qu’ils souhaitent, c’est qu’on arrête de lancer de la boue, qu’on soit plus positifs. C’est ce que je vais essayer de faire pendant les 37 jours qui restent. »
– François Legault, 25 août
Les femmes génèrent, c’est bien connu, des hormones de consensualité et une forme d’oestrogène de positivité. Non seulement alignent-elles leurs menstruations quand elles se tiennent ensemble, mais elles alignent aussi leurs idées et terminent toutes leurs réunions par une séance de compliments sur leurs coupes de cheveux.
La nature est vraiment bien faite… ou François Legault est un peu bourré de préjugés.
Dans le chapitre qu’elle signe dans l’ouvrage collectif Démantèlement tranquille, l’auteure, animatrice et conférencière Marilyse Hamelin rappelle quelques événements récents de l’histoire Legault-esque :
François Legault se dit « l’ami des femmes », comme il l’a déclaré l’hiver dernier lors d’une causerie organisée par le forum non partisan La Gouvernance au féminin.
L’ami des femmes, voyez-vous ça ? S’agit-il d’une version 2.0 du Legault de 2012, qui déclarait que « les filles attachent moins d’importance au salaire que les garçons »; de celui de 2014, qui avait dû s’excuser auprès de l’animatrice et productrice Julie Snyder pour l’avoir réduite à n’être que « la femme de quelqu’un d’autre »; ou encore de celui de 2016, qui demandait à Sophie Prégent, présidente de l’Union des artistes, si SON MARI (le comédien et animateur Charles Lafortune) avait déjà songé à se présenter en politique ?
Ce sont là des exemples de mononc-isme latent qui me semblent parler bien plus que le coulage des messages d’une adversaire ou le manque d’intérêt pour une ligne de métro.
Ne pas embarquer dans le train (la pognez-vous?) de la ligne rose, ce n’est pas en soit sexiste. Mais en parler en donnant du « Valérie », du « tu » et du « toi » à la mairesse de la métropole du Québec à la radio, par contre… Disons que ça a une vague odeur de crème de menthe qui rappelle les années 1960 et la belle époque où les femmes restaient dans la cuisine.
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En fait, si vous voulez vraiment trouver du féminisme de façade en politique québécoise, ne cherchez pas plus loin que dans les réponses données à la sortie de Mmes Rizqy et St-Pierre.
François Legault et Jean-François Lisée n’ont pas été longs à trouver les vrais coupables : les méchants hommes qui ont manipulés ces deux pauvres et virginales créatures sans défense. Comment auraient-elles pu penser à ça elle-même, alors qu’elles sont si « consensuelles » et « travaillent positivement »?
« Est-ce que M. Couillard a placé un appel ? a-t-il demandé. Ou encore pire: est-ce que c’est lui qui a demandé à Christine St-Pierre de faire cette sortie-là ? Est-ce qu’il se promène comme un homme pur, mais envoie d’autres pour faire des jobs sales ? »
– François Legault, 27 août
Comme si Christine St-Pierre, qui a déjà accusé Fred Pellerin d’appuyer la violence et l’intimidation parce qu’il portait le carré rouge (Fred Pellerin!!), avait besoin qu’un homme lui mette des paroles dans la bouche pour pour être hyper-partisane. Cette femme respire et c’est partisan. Quand elle croque une carotte, le crounch que ça fait contient une attaque partisane.
Jean-François Lisée, qui ne manque jamais une occasion de se mêler d’une chicane devant laquelle il pourrait simplement passer tout droit, en a rajouté une couche:
Pour Jean-François Lisée, il ne fait aucun doute que les deux candidates libérales ont fait cette sortie à la demande «du bureau du premier ministre et de ses communicateurs qui sont des hommes.»
«Il y a des hommes qui ont décidé d’envoyer une tonne de brique sur François Legault et il y a deux femmes qui auraient dû refuser», a-t-il dit.
Est-ce que ça vient « d’en haut »? Sans doute. Mais…
Christine St-Pierre a été quatre fois ministre, et elle ne serait toujours pas capable de regarder un stratège dans les yeux pour lui dire « Voyons, c’est don ben débile comme idée! » si c’est ce qu’elle en pense? J’espère qu’un homme va penser dire à Mme St-Pierre d’être fâchée, parce que c’est un brin insultant d’entendre ça.
Bref, messieurs, si vous voulez afficher votre féminisme, présumer que les femmes sont des pantins sans libre-arbitre n’est peut-être pas le meilleur moyen.
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Je m’en voudrais de quitter ce sujet sans citer la réponse originale de François Legault aux déclarations de St-Pierre et Rizqy.
«C’est quoi le rapport? C’est quoi le rapport de dire que parce que j’ai révélé des textos de Mme Bourdon, j’attaque les femmes. J’aurais fait la même chose avec un homme […] Comme disent les jeunes, ça n‘a pas rap. »
– François Legault, 26 août
C’est bien de voir que, à défaut d’être bien branché sur le mouvement féministe, le chef caquiste est au diapason avec la jeunesse québécoise. C’est cool. Carrément buzzant. Et pis c’est même trippant.
Ce que je retiens de votre réflexion en lien avec une situation, pas rapport, c’est que François Legault croit à tort que Marwah Rizgy était en mission commandée tout comme sa collègue Christine St-Pierre. Le Non Et oui! est justifié puisque François Legault a fait un mononcle de lui-même puisque sa sortie signifie qu’une femme ne peut penser par elle-même et que quelqu’un lui met des paroles dans la bouche. Comme il se vante d’être le parti ayant le plus de candidatures féminines, je crois que c’est lui qui les cachent. Il a un petit côté ploutocrate de là la ressemblance avec l’administration Trump. Je sais qu’il n’aime pas la comparaison mais…….
Sa sortie signifie plutôt qu’il voit une manigance du PLQ pour le discréditer. Je ne vois pas en quoi ça signifie qu’une femme ne peut penser par elle-même, dans ce cas on peut simplement lui avoir passé une commande. Mais tout ça n’est en effet que supposition et interprétation, il est très possible que ces femmes aient décidées par elle-mêmes de parler ainsi.
Legault est à la tête d’un parti qui a 65 candidates sur 125, quand même un bon effort de sa part…
Vous avez raison.
Ces deux femmes sont intelligentes, perspicaces et expérimentées et savaient très bien ce qu’elles faisaient en dénonçant ce féminisme contrefait de la CAQ qui frise l’imposture.
Elles avaient suffisamment de sagesse pour savoir ce à quoi elles s’exposaient et n’étaient nullement surprises par la réaction primaire de Legault.
Bravo les filles!!!
Loin de moi l’idée de vanter les réactions de l’un et de l’autre. Ce matin, j’ai perdu mon temps à vous lire. Toutes les hypothèses mises de l’avant concernant les unes et les autres sont valables. Nous sommes en campagne électorale et toutes les réactions sont possibles y compris les stratégies douteuses, les paroles à double, triple sens. P.S. Il y a longtemps que le bicarbonate dans le frigo a cessé d’être une petite vache … mais le sens est amusant.
La ‘sortie’ des « deux filles » libérales, dimanche dernier, à l’encontre du « féminisme de façade » ou d’attitudes ou propos présentés comme sexistes de la part du chef de la CAQ, n’était pas leur meilleure, ni du meilleur goût qui soit, ni surtout au plus près de la vérité, bref.
Au point que c’en évoquait le passage suivant d’un livre saint:
« Eh quoi! cet être (la fille) qui grandit au sein de colifichets (parures) – [ou qui compte comme simple ornement], et qui discute sans raison! — ([ou] qui s’avère incapable de défendre son point de vue au moyen d’argumentation claire, rationnelle et convaincante! »
Dont on ne sait toutefois par ailleurs s’il refléterait la pensée divine même ou plutôt seulement ce que l’être divin en cause attribuerait (ou reprocherait?) à ce sujet à la Communauté à qui était alors adressé ce message.
Il resterait infiniment à commenter, donc, encore, à propos des propos dominicaux des deux libérales. Mais comme ç’a l’a déjà été surabondamment…, je me confinerai à UN cas. Celui ayant trait au dit passé du chef de la CAQ alléguant que de bons/hauts $alaire$ seraient moins convoités ou recherchés par les femmes que par les hommes. « Féminisme de façade », sexisme, ce genre d’énoncé?
Il y a très très naguère, j’ai moi-même délibérément recherché une fonction de présidence syndicale afin d’enfin parvenir, si possible, à faire améliorer des conditions salariales déplorables en un certain corps d’emploi. Eh bien, ç’a achoppé. Et pourquoi? Parce que, justement, le milieu se ‘féminisant’, devenant progressivement et rapidement majoritairement composé de femmes, celles-ci considéraient que, ‘pour des femmes’…, cela leur convenait – (i.e. comme revenu «d’appoint»). Ah, «ça», c’était alors!, répliqueront d’emblée d’aucunes. «Alors»!?…
Voyez, donc, comment ça se passe, encore, en ce moment même, en l’une des plus «hautes» sphères de travail, en tout cas l’une des mieux rémunérées, la médecine (familiale/non spécialiste). Depuis que la profession s’est féminisée, il y est devenu moins important d’empiler des honoraire$-à-la-Yves-Bolduc. Du fait que les femmes auraient des intérêts ou valeurs différant tant soit peu de ceux ou celles des hommes, au sens où quand bien même elles gagneraient quelques dizaine$ de millier$ de dollar$ de moins à la fin, la famille, ceci, cela, etc., ayant aussi leur importance, de fait, pour elles, l’argent, en fin de compte, compterait moins.
!
Alors, la « madame », là, la plus jeune des deux, dimanche dernier, aura beau dire et redire s’en considérer «heurtée», agacée, incommodée ou autrement irritée; la véréalité, elle, est là. Entière, toute crue, toute nue: oui, les «salaires» importent moins, «all in all», tout considéré, pour les femmes que pour les hommes. Si bien que ce qu’a dit le chef de la CAQ à cet égard était-il déplacé, faux ou, pis, sexiste, au seuil de la misogynie, ou seulement, ‘platement’ juste vrai?
ca fait des annees qu’on ne dit plus ´´ca pas rap » au moins 20 ans. là non plus Francois Legault n’a pas évolué… alors connecté sur la jeunesse? pas sure…
C’est ce que je me disais aussi. Legault est déconnecté.
Surtout, ce n’était pas « ça n’a pas rap » qui se disait mais bien plutôt « ç’a pas rap’ ».
Autre chose qui se disait, c’était « genre ». Maintenant, avec ces LBGTQ+ dégenrés…
« pénispliquer ». Très intéressant cette traduction. Si cela est de votre cru, je vous en félicite.
Une étude démontrait ce matin que oui, la CAQ avait un nombre impressionnant de candidates MAIS que la plupart d’entre-elles sont des candidates poteau (i.e.: elles se présentent dans des comtés où elles ont très peu de chances de l’emporter) alors que la plupart des hommes se présentent dans des comtés plus « sûrs ».
Féminisme de façade à la CAQ? OUI, définitivement.
Faisant suite au commentaire précédent (04h02)…
L’ennuyeux avec ce genre d’allégués gratuits ou fantaisistes — (suppositions, présomptions, insinuations de dimanche dernier) — suivant lesquels F. Legault pratiquerait un féminisme de façade, c’est que cela fait en sorte de distraire indûment, au moment même où il y aurait tant à noter, analyser, commenter, critiquer. Tel?
Comme « l’éthique de façade », peut-être?…
Imaginez, paraîtrait qu’un député, lorsque dans l’opposition, ne serait pas astreint à autant de rigueur éthique qu’un député ministériel. Fallait y penser. Même chose, on dirait, ayant trait à la participation à un défilé populaire : lorsque premier ministre, ah, là, tu y vas!
Du féminisme de façade ou, mieux, de l’iniquité sexuelle, on pourra dire en déceler à la CAQ, advenant que, nonobstant un nombre supérieur de candidatures féminines, s’ensuivraient/s’ensuivront significativement moins d’élues que d’élus; que devenant e.g. le prochain gouvernement, la composition du Conseil des ministres d’un gouvernement caquiste montrera[it] une prédominance manifeste d’occupation des postes les plus importants par des hommes. Etc. Là, oui, pourrait-on ou pourra-t-on alors avec sérieux évoquer non seulement un féminisme de façade mais ‘plus/moins’ encore; considérant qu’et pour l’assignation des candidatures ces semaines et jours derniers, et pour la nomination de ministres éventuellement, c’est Legault qui en aura[it] décidé.