Le symbole derrière l’élection de mairesses à Montréal, Longueuil, Gatineau, Sherbrooke et Saguenay est double. D’abord, la moitié des 10 plus grandes villes du Québec sont maintenant dirigées par des femmes — voilà une « vraie » parité. Mais il y a également l’âge : avec une moyenne de moins de 39 ans, ces cinq mairesses incarnent un changement générationnel spectaculaire. Laval a élu le plus jeune maire de son histoire, à 33 ans.
Voilà donc des résultats certainement encourageants — plus de femmes et de « jeunes » en politique municipale, dans des villes qui comptent et là où l’influence est la plus grande.
Pourtant, le dossier de la parité n’a pas tant évolué dimanche soir, montrent les données du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation. Et pour ce qui est de l’âge, le rajeunissement des conseils municipaux est minime à l’échelle du Québec.
« Le tableau est complexe », reconnaissait lundi en entretien Thérèse Mailloux, présidente du Groupe Femmes, Politique et Démocratie, une des principales organisations qui militent et travaillent activement pour améliorer la représentativité des conseils municipaux. « On est en présence de deux mondes, expose-t-elle. Dans les grandes villes, la tendance était déjà là et elle s’est accélérée : le nombre de candidates, et d’élues, a bondi. Mais dans les petites municipalités — là où on trouve le volume, avec quelque 6 000 postes —, il y a très peu de renouvellement. »
Ainsi, dans les 22 villes de plus de 50 000 habitants que compte le Québec, 10 femmes ont été élues mairesses dimanche soir (45 %). Mais sur l’ensemble du territoire, ce sont plutôt 23 % des municipalités qui seront dirigées par des femmes. « C’est du simple au double », dit Thérèse Mailloux pour illustrer combien la situation est différente hors des grands centres.
Le Ministère calculait lundi matin (avec des données concernant 1 038 municipalités sur 1 102) qu’il y aurait 38 % de conseillères partout au Québec, soit 3,5 points de pourcentage de plus qu’il y a quatre ans (par rapport à 2005, c’est 50 % de plus de conseillères, tout de même). Le pourcentage de mairesses a pour sa part augmenté d’environ quatre points depuis 2017.
Résultat : après les élections de cette fin de semaine, encore plus de la moitié (52 %) des conseils municipaux compteront moins de 40 % de femmes (seuil minimal de la zone paritaire). C’est mieux qu’après 2017, alors que les deux tiers étaient disproportionnellement masculins (notre texte de juillet sur le sujet). Mais ça reste loin de l’objectif. À l’inverse, les hommes sont en deçà de la zone paritaire dans seulement 6,5 % des conseils…
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L’élection de Catherine Fournier (29 ans, à Longueuil) et d’Évelyne Beaudin (33 ans, à Sherbrooke) représente bien l’idée que non seulement le paysage municipal se féminise, mais qu’il rajeunit aussi. À 47 ans, Valérie Plante sera d’ailleurs l’aînée du groupe des 5 mairesses des 10 plus grandes villes du Québec.
Le symbole est fort… mais un peu trompeur. Rien dans les données partielles du Ministère ne permet ainsi de conclure à une quelconque vague de jeunesse dans les conseils municipaux québécois, hommes et femmes confondus. Ainsi, 8,2 % des élus de la fin de semaine sont âgés de moins de 35 ans… soit exactement la même proportion qu’en 2013 et en 2017. Le pourcentage d’élus de 35 à 44 ans (environ 18 %) est lui aussi identique à celui des trois élections précédentes…
Pour ce qui est de la représentation des femmes à la tête des municipalités, on note qu’elles constituent 43 % des maires ou mairesses élus de moins de 35 ans. Mais plus on avance dans les groupes d’âge, plus un déséquilibre apparaît. Chez les maires ou mairesses de 35 à 44 ans, un tiers sont des femmes. Dans la tranche des 45-54 ans, elles composent le quart. Et les maires les plus âgés (65 ans et plus) sont des hommes dans plus de 80 % des cas.
Mais tous ceux qui travaillent à améliorer la représentativité politique savent que les petits pas comptent tout de même beaucoup. Il ne faut pas sous-estimer l’effet d’entraînement que peut avoir l’élection de femmes à des postes névralgiques. Pour sa deuxième victoire, écrasante, Valérie Plante n’a pas eu besoin du clin d’œil de 2017, où elle se présentait comme « l’homme de la situation ». La population montréalaise l’a plébiscitée dimanche face à un candidat qui n’incarnait pas exactement le renouveau politique.
Et en se concentrant sur ce qui s’est passé dans les grandes villes, Thérèse Mailloux retient donc qu’un certain « vent de changement » commence à se faire sentir en politique municipale. « Le fruit est mûr, dit-elle. On voit que ça a compté que des femmes accèdent à ces postes dans des endroits très visibles, comme à Montréal. De plus en plus, les chefs de parti sont sensibles à la question de la parité : on ne peut plus vraiment présenter une équipe formée majoritairement d’hommes dans les grandes villes… »
Sauf qu’il reste encore plusieurs étapes à franchir et autant d’efforts à déployer, rappelle-t-elle. En ce sens, l’exemple de 2021 pourra servir. « Le Ministère a été à pied d’œuvre [pour encourager la présence de femmes sur les bulletins de vote]. Les unions municipales ont fait des activités de recrutement et des conférences. On a écrit [aux chefs de parti], on en a rencontré plusieurs… L’intérêt était là. » Les résultats n’ont peut-être pas suivi partout, mais ils sont néanmoins concrets.
Et si l’explication était simplement qu’il y a moins de femmes intéressées à faire de la politique ?
Pour les petites municipalités ( qui sont la majorité ) les maires ne sont pas a plein temps ce qui signifie des salaires peu élevés et donc impossible de compter sur ce revenu pour en vivre . Il en résulte que les élus sont le plus souvent des retraités ce qui fait en sorte que l’âge de ces élus est plus élevé. A titre d’exemple, je viens de quitter mon poste de maire a l’âge de 72 ans et le salaire que je touchais était de 620 $ mensuellement.