Élections : place au théâtre !

Françoise David voudrait une «campagne d’idées» ! Et pourquoi pas des élections à date fixe, tant qu’à y être ? Un billet humoristique du blogueur Mathieu Charlebois.

Québec solidaire est parfois un parti utopiste et déconnecté de la réalité. Quand je dis ça, je ne parle pas de leur programme, même si leur projet de loi sur le découpage des tartes aux cerises me laisse perplexe. Je ne parle pas non plus de leur idée de voter avec ma tête, un autre concept qui me laisse pantoite.

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Déconnecté et utopiste, disais-je. Comment penser autrement lorsque Françoise David déclare qu’elle espère voir «une campagne d’idées», «au ton modéré et respectueux». Une campagne d’idées ! Et pourquoi pas des élections à date fixe, tant qu’à y être ? (*)

Difficile de croire que tout ne sera pas qu’image et théâtre, quand la chef du PQ s’adjoint les services du comédien, scénariste, metteur en scène et artiste-que-le-recherchiste-appelle-en-catastrophe-quand-un-invité-annule-à-la-dernière-minute Yves Desgagnés, afin de «préparer la scénarisation de la campagne».

Qu’y aura-t-il dans cette campagne scénarisée par Yves Desgagnés ? Personnellement, je rêve de voir Pauline Marois transformer sans crier gare un de ses points de presse en comédie musicale. «Comment le PQ va-t-il atteindre le déficit zéro ? Laissez-moi vous le chanter ! J’ai dans le coeur un budgeeeeeeeeeet…» Derrière elle, les candidats se lanceraient dans une chorégraphie élaborée, où un Bernard Drainville tournoyant tiendrait au bout de ses bras une Martine Desjardins tout en sourire.

La réalité sera probablement beaucoup plus «drabe», malheureusement. Les journalistes l’ont d’ailleurs appris au premier jour de la campagne, en voyant qu’on leur avait prévu un rôle muet pour le premier acte. Prendre les questions des journalistes, ça aurait brisé le quatrième mur. Avez-vous déjà vu Hamlet arrêter son soliloque pour répondre à des questions ?

Le PLQ n’est pas en reste, en fait de mise en scène. Le parti de Philippe Couillard s’est engagé à parler «des vraies affaires», et les vraies «vraies affaires», il faut que ce soit simple comme une recette de Ricardo.

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On dit aussi « simpliste comme une idée de la CAQ ».

C’est pourquoi Philippe Couillard a lancé mercredi qu’il «déteste» le gouvernement péquiste. En temps normal, le chef libéral ne «déteste» pas. Il a en aversion, il exècre, il abomine. Au pire, il honnit. Mais dans le théâtre des vraies affaires, on doit parler vrai.

En bon comédien pas trop subtil, Philippe Couillard a d’ailleurs senti le besoin d’ajouter :  «Avez-vous remarqué que je parle avec mes tripes? C’est vrai. Les viscères, les tripes, c’est la même affaire.» Merci pour le cours d’anatomie, Dr Couillard.

Puis, il y a la CAQ, son jeu de mots douteux comme slogan, sa «charte des contribuables» (**) et ce… cette… et ceci :

François Legault, menant la campagne de sa vie.

Si la campagne de Pauline Marois est scénarisée par Yves Desgagnés, celle de François Legault semble l’être par Gilles Latulippe. Ou alors, elle n’est pas scénarisée du tout. Et pourquoi pas ? Il a peut-être l’air un peu tata, François Legault dans la petite tauto, mais il a l’air sincère. Reste à voir si c’est une bonne chose d’avoir l’air… sincèrement tata.

***

(*) À ce sujet, on économiserait beaucoup de temps à chaque élection si on se dotait plutôt d’une loi sur les référendums à date fixe. Ça éviterait ce genre de gros titres surréalistes comme «Marois refuse de s’engager à ne pas tenir de référendum». Pauline Marois a-t-elle reçu des conseils de Frank Zampino ?

«- Y aura-t-il un référendum, Madame Marois ?
– Je… Je ne confirmerais pas non plus que je ne pourrais pas l’exclure.»

(**) Si je comprends bien, le François Legault de la charte des contribuables aurait été contre la hausse des frais de scolarité en 2012 ? Elle était bien au-delà de l’inflation. Intéressant.

* * *

À propos de Mathieu Charlebois

Ex-journaliste Web à L’actualité, Mathieu Charlebois blogue sur la politique avec un regard humoristique depuis 2014. Il est aussi chroniqueur musique pour le magazine L’actualité depuis 2011 et co-rédacteur en chef du webmagazine culturel Ma mère était hipster, en plus d’avoir participé à de nombreux projets radio, dont Bande à part (à Radio-Canada) et Dans le champ lexical (à CIBL). On peut le suivre sur Twitter : @OursMathieu.

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Pas trop difficile le passage de la musique à la politique ??? Complètement désabusé de pouvoir influer sur le cours des choses ? Aucuns idéaux collectifs ? Misère… Pourquoi pas l’Anarchie ? Ou quelque chose de plus tendance….