
À la lumière des résultats des plus récents sondages CROP/La Presse et Léger/Le Devoir, il est difficile de prédire avec certitude quel parti gagnerait les élections provinciales si elles avaient lieu aujourd’hui.
Une chose semble toutefois acquise : les appuis au Parti libéral du Québec (PLQ) et au Parti québécois (PQ) ne bougent presque plus… une situation qui transforme toute décision de déclencher des élections au printemps en un pari fort risqué pour les deux formations.
Selon le modèle ThreeHundredEight.com, les péquistes obtiendraient entre 57 et 67 sièges, et les libéraux, entre 45 et 59 sièges. Cela dit, le modèle ne tient pas toujours compte des légers changements dans les intentions de vote et des facteurs locaux (comme la popularité d’un député dans sa propre circonscription), qui peuvent effacer la marge entre les partis assez facilement — ou encore, transformer un gouvernement minoritaire en gouvernement majoritaire (et vice-versa).
Pour la Coalition avenir Québec (CAQ), l’avenir s’annonce difficile : les troupes de François Legault ne récolteraient que sept à 11 sièges, un résultat nettement inférieur aux 19 députés que la formation a fait élire en septembre 2012.
Québec solidaire, pour sa part, n’aurait pas les appuis nécessaires pour s’assurer un troisième siège à l’Assemblée nationale.
Une campagne électorale serait donc probablement une course à deux entre le PQ et le PLQ.
PQ et PLQ : nez à nez
Selon les derniers sondages CROP/La Presse et Léger/Le Devoir, le PLQ gagnerait entre 35 % et 37 % des appuis, tandis qu’entre 32 % et 35 % iraient au Parti québécois. La CAQ récolterait, quant à elle, entre 18 % et 19 % des votes, selon CROP et Léger.
Les appuis aux quatre partis à l’Assemblée nationale sont par ailleurs stables — pour ne pas dire stagnants — depuis plusieurs mois. Le PQ oscille entre 32 % et 35 %, le PLQ se maintient entre 35 % et 38 % et la CAQ vacille entre 17 % et 20 %.
L’arrivée de Philippe Couillard à la chefferie du PLQ aura fait chuter les appuis des Québécois à la CAQ et au PQ, mais le dévoilement du projet de Charte de la laïcité semble avoir donné un second souffle à cette dernière formation. La CAQ, cependant, peine toujours à reprendre du galon.
Là où les sondages CROP et Léger diffèrent, c’est dans les résultats régionaux. À part l’île de Montréal (où les libéraux détiennent une longueur d’avance), toutes les régions du Québec pourraient causer la surprise. La lutte est à ce point serrée que ni M. Couillard ni Mme Marois ne pourraient amorcer une campagne électorale avec la confiance de la gagner. Mais avec l’appui d’environ 40 % chez les francophones, le Parti québécois est mieux placé.
David et Legault : oui, mais…
Bien que leurs partis respectifs peinent à se démarquer, Françoise David et François Legault peuvent se consoler en regardant du côté du baromètre des personnalités de Léger, selon lequel 45 % des répondants disent avoir une « bonne opinion » de la porte-parole de Québec solidaire (contre 18 % d’opinions défavorables) et 43 % d’entre eux, une image positive du chef de la CAQ (contre 30 % pour qui elle est plutôt négative). Ces résultats font de Mme David et de M. Legault les personnalités politiques de la scène provinciale les plus populaires du Québec en ce moment.
Quant à Philippe Couillard et Pauline Marois, ils bénéficient chacun d’un taux d’approbation de 40 %, mais ceux-ci affichent des tendances opposées. Ainsi, le taux d’appui au chef libéral a chuté de huit points depuis juin dernier, contre un gain de neuf points pour la première ministre. Toutefois, la proportion d’électeurs qui ont une « mauvaise opinion » de Mme Marois – 50 % – est la plus élevée parmi toutes les personnalités politiques de la scène provinciale.
Françoise David et François Legault auront tout de même à convaincre l’électorat de leur capacité à gouverner : seulement 13 % à 15 % des répondants estiment que M. Legault ferait le meilleur premier ministre. À cet égard, les résultats de Mme David ressemblent à ceux de son parti, qui stagne entre 6 % et 11 % dans les sondages depuis le printemps dernier.
En bref
Pauline Marois et Philippe Couillard ont peu de raisons de se précipiter dans le déclenchement d’une campagne qui s’annonce à tout le moins difficile pour leurs partis respectifs. Pour la CAQ, le pari est encore plus risqué : la formation de M. Legault pourrait être carrément rayée de la carte par une campagne médiocre.
Éric Grenier est le créateur de ThreeHundredEight.com, où il analyse les sondages politiques et les tendances électorales. Il collabore au The Globe and Mail, Huffington Post Canada, et The Hill Times, et il a signé des textes pour L’actualité lors des élections provinciales de 2012.