Course au NPD : entre indifférence et inconfort

Qui succédera à Thomas Mulcair à la direction du NPD ? Difficile à dire, puisque aucun des candidats ne semble susciter l’enthousiasme.

Photo : Daphné Caron

Selon les sondages, la course à la succession de Thomas Mulcair à la direction du NPD se déroule dans l’indifférence générale au Québec. À la fin de l’été, 80 % des répondants ont dit à Léger que leur cœur ne penchait pour aucun des quatre candidats en lice.

Le sondage, mené pour le compte du Devoir, du Globe and Mail et de la Gazette, confirmait que le prochain chef aurait fort à faire pour atteindre le score de 25 % obtenu au Québec lors des élections fédérales de 2015.

Avec 16 % d’appuis, le député de Rimouski-Neigette–Témiscouata–Les Basques, Guy Caron, seul Québécois dans les rangs, faisait un peu meilleure figure que ses trois rivaux. On est cependant loin du seuil de la zone payante à partir de laquelle les appuis d’un parti se traduisent en sièges à la Chambre des communes.

Lors de la course à la succession de Jack Layton, en 2012, Thomas Mulcair était le grand favori des néo-démocrates québécois. Cette fois-ci, les avis sont nettement plus partagés.

Guy Caron : La force de cet économiste de formation, c’est une facilité certaine à parler de politiques complexes en des termes accessibles à tout le monde, et ce, en français comme en anglais. Dans un débat des chefs contre le conservateur Andrew Scheer et le premier ministre Justin Trudeau, il ne ferait pas honte à son parti. Sa maîtrise des dossiers rappelle le studieux Gilles Duceppe. Par contre, on l’imagine mal soulevant les foules dans un rassemblement politique. C’est le plus cartésien des candidats en lice.

Niki Ashton : Si la députée manitobaine devenait leader du parti, elle aurait plus d’atomes crochus avec Québec solidaire qu’avec une femme de pouvoir comme la première ministre albertaine, Rachel Notley. Dans cette course, Mme Ashton est la porte-étendard de la gauche citoyenne et l’apôtre d’un virage à gauche, quitte à éloigner encore davantage le NPD du pouvoir. Parmi les candidats, c’est celle qui incarne le plus une rupture par rapport aux années Mulcair.

Charlie Angus : Élu pour la première fois en 2004, le député nord-ontarien Charlie Angus est le vétéran de la course et le candidat d’une certaine continuité. Proche des milieux syndicaux, cet ex-rockeur punk qui a, comme auteur, sept livres à son actif a récolté l’appui de l’ancien président du Congrès du travail du Canada Ken Georgetti. Le célèbre écologiste canadien David Suzuki s’est également rallié à sa candidature. Si Charlie Angus l’emportait, ce serait la première fois que l’un des principaux partis fédéraux serait dirigé par un chef issu du milieu culturel.

Jagmeet Singh : Sur les quatre candidats, ce député provincial ontarien est le seul à ne pas avoir été recruté en politique par Jack Layton et à n’avoir jamais siégé à la Chambre des communes. C’est également le personnage le plus polarisant de la course.

Au Québec, l’idée de faire campagne avec un chef sikh qui porte kirpan et turban suscite des inquiétudes. Des députés et des ex-élus néo-démocrates prédisent ouvertement qu’avec M. Singh à sa tête, le parti va se heurter à un mur au Québec en 2019.

Lors de l’unique débat en français de la campagne, à la fin août à Montréal, le candidat Singh a invité l’auditoire à faire abstraction de son turban et de sa barbe pour se concentrer sur ses paroles. Mais rien n’empêche que ce qui fait le charme de sa candidature aux yeux de ses partisans, ce n’est pas tant la force de ses idées — qui ne s’écartent guère des sentiers battus néo-démocrates —, mais plutôt son profil, susceptible d’attirer davantage les communautés culturelles sous la tente du parti. Dans une course plutôt terne, Jagmeet Singh remporte aisément la palme du charisme.

Le NPD est le seul parti fédéral à choisir ses chefs au suffrage universel des membres, sans la moindre pondération des votes par région ou par circonscription. Sur les 124 000 membres qui éliront le successeur de Thomas Mulcair, moins de 5 000 sont québécois, soit 4 % du total. C’est presque trois fois moins que lors de la succession de Jack Layton, en 2012. Dans le résultat de la course néo-démocrate, l’Ontario pèsera 10 fois plus lourd que le Québec. La victoire au leadership ne passe pas forcément par une bonne performance en territoire québécois.

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Excellent article de Madame Hébert.

Rajoutons simplement ceci : le NPD, tout comme Q-S au Québec, n’ont pas encore compris que le progressisme culturel (laïcité cohérente et conséquente, sans inclusions de niaiseries et loufoqueries religieuses) est essentiel au progrès social.

Des pays riches et arriérés existent partout dans le monde grâce aux matières premières, aux religions arriérées et au traditionalisme buté.

Ils ont, faute de hauteur culturelle et d’approfondissement du mouvement libérateur des Lumières, la tête dans le sable du «qui votera pour moi». Sans vision à long terme, sans flair, sans pré-science des prochains Mollenbeg et Canada libanisé dans les décennies à venir.

Quand l’argent (la croissance, les emplois, la hausse du revenu) est la valeur principale, on s’en fiche qu’une jeune adolescente immigrée se fasse tabasser par sa famille si elle veut adhérer librement aux valeurs des jeunes occidentales de son âge.

Quand on laisse pourrir Badawi dans sa geôle, qu’on vend des camions à l’Arabie et des avions à l’Iran, qu’on trouve «culturel» les femmes canadiennes voilées comme des piquets ambulants et des minarets à deux pattes, le mot «culture » se réduit à Coca-Cola et es horreurs historiques perpétuées ici en nos murs ne méritent qu’une plainte à la police : les jeunes Shafia l’ont pourtant essayée.

Sans mémoire comme un porte-monnaie qui se vide et se remplit dans l’insignifiance et l’inculture.

Vous y allez rudement mais vous y allez franchement. Le NPD n’est qu’un petit parti insignifiant. Et après, on se surprendra de la montée irrépressible de l’extrème-droite.

@ Jean-Claude Roy:

Ridicule… Il n’y a même pas de parti officiel de ce que vous appelez « l’extrême droite »…

C’est la Meute qui vous fait trembler? C’est un groupuscule tapageur qui, au final, n’a aucun programme politique mis à part le fait qu’il est contre l’immigration illégale et qu’il occupe un peu de terrain justement dans les endroits où il n’y a pas d’immigration illégale.

Par contre, l’extrême gauche, elle, qui est drôlement plus nuisible aux populations que la prétendue extrême droite et elle existe bel et bien: Québec solidaire.

Allez voir leur programme au complet et renseignez-vous également sur les « bienfaits » que ce genre de politique a fait bénéficier aux malheureuses populations qui ont eu le malheur de les adopter, le Venezuela et Cuba en étant les derniers exemples.

Vous vous trompez de cible.

Lors des dernières élections le NPD s’est fait doubler par la gauche par les libéraux de JT grâce en particulier à l’incompétence du chef néodémocrate, Thomas Mulcair. Je pense que cela a causé un tort irréparable au NPD même si les libéraux ont renié bien des promesses qui le situaient un peu à gauche du NPD, en particulier celle sur la réforme du scrutin.

Aucun des aspirants à la direction du NPD n’a assez de charisme pour défaire JT et leur programme politique n’est pas suffisant pour le démarquer clairement des libéraux: alors, en ce moment, qu’offre le NPD qui serait suffisant pour le placer au pouvoir? Il peut au mieux aspirer à redevenir l’opposition officielle face à un chef conservateur encore plus insipide…

Je me demande si la vidéo de Jagmeet Singh, partagée et vue des millions de fois depuis le début septembre, a changé la donne depuis les sondages que vous citez dans votre chronique? Est-ce que le Turban de Singh deviendra la Canne de Jack?

Pour moi c’est l’indifférence complète! Le NPD n’ a absolument l’ étoffe d’ un parti populaire avec la démotion de leur seul chef qui a réussi à les rendre solvable politiquement !
Maintenant peu importe qui va succéder à Thomas Mulcair; ce sera un troisième violon négligeable dans l’ arène fédérale!

Je pense que les députés et/ou ex-députés québécois NPD qui forment un « front » contre Jagmeet Singh sont soit plus bêtes que leurs électeurs ou pire encore : qu’ils sont devenus néo-démocrates par opportunisme. Alors peut-être qu’il est temps de renouveler aussi pour le NPD les candidats qui seront présents lors de l’élection de 2019.

— En ce qui me concerne, Jagmeet Singh est « mon préféré ».

Je vous ferais remarquer qu’avant Jack Layton le NPD n’avait qu’un député d’élu au Québec, pour une raison fort simple, le NPD étant une formation encore plus centralisatrice que le PLC. Puis, malgré tout, à l’élection suivante, malgré une baisse monumentale de leurs appuis, les membres des prairies ont réussis leur putch politique de faire sauter Mulcair, trop québécois à leur goût, trop distinct et surtout trop peu en faveur du pétrole, et les quelques uns qui ont survécus, ont eu amplement le temps de mesurer le respect (sic) que le ROC a pour les québécois au sein du Canada, que certains remettent en question leur rôle au sein du NPD était inévitable et risque fort de leur coûter leur ré-élection.

@ Diane Veilleux,

Vous me voyez désolé de ne répliquer que si tardivement à vos propos… Mais, je n’étais pas revenu sur ce billet de blogue depuis quelques temps.

Merci de me faire remarquer ce que je savais déjà. Je ne vous suis néanmoins pas du tout sur cette notion de « putch » contre Mulcair, fomenté par le NPD des Prairies. Thomas Mulcair avait en perdant les élections fédérales créé les conditions de son propre remplacement.

La probabilité qu’il ait pu mener une campagne électorale gagnante contre Justin Trudeau en 2019, cette possibilité de former le gouvernement avec Mulcair en 2019 était complètement improbable, voire invraisemblable.

Les questions liées aux énergies fossiles sont secondaires à mon avis dans ce cas. Ici la question était au niveau de la commande politique essentiellement.

Personnellement, j’évite d’établir une distinction entre le Québec et le ROC. Pour moi, le Canada se doit d’être uni dans ses différences, dans ses clivages et dans ses nuances. Je pense que cette évolution est perceptible partout au Canada, y compris au Québec.

C’est pour cette raison que je ne crois pas qu’on puisse revenir « chez nous » à la situation telle qu’elle existait au temps d’Alexa Ann McDonough. Évidemment, je respecte votre opinion quoiqu’il en soit.

Pour la première fois, je ne voterai parce que je connais aucun des candidats en liste. Pour les Québécois, ils sont tous de véritables fantômes qui sortent de nulle part.