Parmi les figures de proue du mouvement conservateur, Peter MacKay a été un des premiers à attribuer principalement au conservatisme social la défaite du parti aux dernières élections fédérales.
Peu de temps après le scrutin de 2019, l’ancien leader du Parti progressiste-conservateur et ex-ministre fédéral avait comparé l’ambivalence du PCC au sujet du droit à l’avortement et du mariage entre conjoints de même sexe à un oiseau de malheur qu’Andrew Scheer n’avait pas réussi à chasser.
Mal lui en prit. Si Erin O’Toole a fini par doubler Peter MacKay au fil d’arrivée de la course conservatrice l’été passé, c’est notamment parce que ce dernier était devenu la bête noire des membres conservateurs qui s’identifiaient aux valeurs de la droite religieuse.
Maintenant qu’il est aux commandes, c’est au tour d’Erin O’Toole de se faire secouer le pommier. C’est en effet au lobby antiavortement qu’il doit le fiasco de son premier congrès comme chef.
Au fil des années, la Coalition nationale pour la vie (mieux connue sous le nom de Campaign Life Coalition) s’est déployée sur une multitude de fronts, y compris… la lutte contre les changements climatiques.
Le mois dernier, le groupe de pression a enjoint par écrit aux 1 100 délégués qu’il avait mobilisés en vue du congrès conservateur de voter contre la reconnaissance de l’existence des changements climatiques.
« Les élites mondiales et les Nations unies » font preuve d’« alarmisme » au sujet des changements climatiques pour mieux « contrôler la population avec l’avortement et la stérilisation », pouvait-on lire en guise d’explication.
La résolution sur le climat a été défaite par 54 % des voix. Les délégués associés à la Coalition ont fait pencher la balance.
À en croire Erin O’Toole, ce vote n’aura pas d’incidence sur la suite des choses. Mais le leader du PCC n’est pas pour autant au bout de ses démêlés avec les conservateurs sociaux.
Comme ses deux prédécesseurs, le chef conservateur actuel dirige un caucus au sein duquel la droite religieuse dispose de solides appuis.
Pas besoin d’aller plus loin que le site Internet de la Coalition nationale pour la vie pour le constater. On y évalue la ferveur du conservatisme social de chacun des députés fédéraux en fonction de leurs votes sur diverses questions.
Parmi les 120 députés conservateurs, 44 récoltent la note parfaite. Une cinquantaine d’autres sont considérés comme de possibles sympathisants. Ceux qui restent, ainsi que tous les députés des autres partis, figurent sur la liste noire du lobby antiavortement.
Après son arrivée comme chef, Justin Trudeau a décrété que les députés libéraux seraient dorénavant astreints à soutenir les positions du parti sur des sujets comme l’avortement ou les droits des LGBTQ.
Pour des lobbys comme la Coalition nationale pour la vie, le Parti conservateur est devenu d’office le dernier rempart à partir duquel mener ses combats à la Chambre des communes.
C’est une situation payante en matière de collecte de fonds, mais coûteuse pour la cohésion du parti.
Lors du congrès conservateur, 70 % des délégués québécois ont appuyé la résolution qui aurait reconnu le sérieux des changements climatiques. Elle émanait de la région de la Capitale-Nationale.
Le lobby antiavortement a classé la vaste majorité des députés conservateurs du Québec, dont le lieutenant politique Richard Martel et le leader parlementaire Gérard Deltell, parmi les adversaires du conservatisme social.
En cela, le caucus québécois d’Erin O’Toole reflète davantage l’état des lieux au Québec que celui qui a cours au sein du parti. Ce fossé pourrait encore s’élargir.
À la faveur du récent congrès, le PCC a changé les règles qui encadrent ses courses à la direction.
Jusqu’à présent, toutes les circonscriptions avaient le même poids dans le décompte des votes. À l’avenir, celles qui comptent moins de 100 membres en règle verront leur apport au résultat diminué en conséquence.
Parmi les provinces les plus populeuses, aucune n’a autant de circonscriptions sans député conservateur que le Québec. Or, en l’absence d’un député, il est difficile pour un parti de faire le plein de membres. Si la nouvelle règle avait été en vigueur lors de la dernière course à la direction, le poids québécois aurait été réduit d’un quart.
La perte prévisible d’influence québécoise sur le leadership conservateur risque fort de se traduire par une augmentation de l’influence déjà disproportionnée des lobbys voués au conservatisme social au sein du parti.
Cette chronique a été publiée dans le numéro de mai 2021 de L’actualité.
Je suis ravi que le conservatisme social et les chrétiens évangéliques du mid-west canadien leste le parti conservateur au point de lui faire prendre l’eau. Les enjeux sur la survie de l’Humanité sont autrement plus sérieux que les dictats des gérontes de la hiérarchie religieuse à leurs ouailles. Cela dit, le fait que le président actuel des États-Désunis soit un catholique pratiquant ne l’empêche pas d’être le plus progressiste que nous avons connu depuis l’époque de Jimmy Carter.
Si le Parti Conservateur gagne les prochaines élections et il pourrait toujours, il devra le faire sans aucun appui du Québec, semble-t-il. Est-ce une bonne stratégie pour le Québec? Il n’y a pas que l’avortement dans la vie, une réalité qui restera toujours difficile pour bon nombre de personnes, bien que minoritaires, il y a aussi, et surtout, la nécessité d’avoir sur place un gouvernement qui dépense de façon responsable l’argent des contribuables. C’est ce dernier point qui reste la carte maîtresse du Parti Conservateur.
C’est à se demander si ce commentaire est réel ou bien simplement sarcastique. Faisons abstraction des idées folles de la droite religieuse sur l’avortement et les changements climatiques parce que les conservateurs dépensent de façon responsable l’argent des contribuables? Vous voulez rire, n’est-ce pas! Sous le règne Harper on a vu le démantèlement de la capacité canadienne en recherche scientifique et l’émasculation des lois qui protégeaient un tant soit peu l’environnement pour favoriser une exploitation désuète d’énergies fossiles à un coût exhorbitant.
Les conservateurs n’ont pas été mieux que les libéraux en gaspillage de fonds publics et leur seule chance c’était de ne pas avoir eu une pandémie pendant leur règne. Aussi étrange que cela puisse paraître, le gouvernement précédent de Paul Martin leur avait laissé des finances publiques en bonne santé et à la fin du règne conservateur on s’est encore retrouvé avec des déficits. Nous avions un accord avec les Peuples autochtones obtenu difficilement à Kelowna et la première chose que les conservateurs ont fait a été de torpiller l’accord et nous ramener des dizaines d’années en arrière dans nos rapports avec les Premiers peuples. C’est probablement un des gouvernements le plus irresponsable que nous avons eu depuis longtemps.
L’argument contre les changements climatiques semble prouver la thèse que le QI des conservateurs est plus bas que le reste de la population.
QI … franchement! On est rendu là? Ma propre évaluation est que la conversation des membres du PC est de loin supérieure à celle que j’ai pu constater chez les Libéraux. Le vrai problème est l’interprétation des média, et les aspects que ceux-ci choisissent de mettre en évidence. Nous avons aussi parmi nos membres des personnes qui ont une opinion autre que le politiquement correct simplet … une réalité qui ne devrait pas être en soi un problème. On pourrait argumenter que nous avons, dans nos militants, un échantillonage plus représentatif de l’ensemble de la population canadienne.
Le conservatisme social, très peu pour moi. Je ne voterai jamais PCC tant qu’ils en auront le contrôle.
Il est plutôt sain qu’il y ait dans des partis politiques des « courants » qui sont représentatifs de la diversité des populations. Cette capacité que peut avoir un parti de travailler avec des opinions et des options différentes, démontre sa vitalité.
Lorsqu’un parti aspire à prendre le pouvoir, tout l’art consiste dans la synthèse. En somme, rallier l’ensemble des membres sur une vision commune et une motion (une déclaration) qui reprenne dans la nuance les concepts différents exposés par les délégués.
Un bon chef doit être quelque peu machiavélique pour concilier ce qui à première vue pourrait paraître inconciliable. En somme chacun doit pouvoir estimer qu’il est écouté et considéré.
L’une des questions qui sera au cœur de la prochaine élection, serait de savoir si les Canadiennes et les Canadiens en ont vraiment pour leur argent. La question qui se pose selon moi, n’est pas qu’il y ait des déficits publics ou qu’il y en ait trop, la question est plutôt de savoir si l’argent retiré les déficits est dépensé à bonne escient et vraiment au bénéfice de toute la population.
Que vous soyez pour ou contre l’avortement n’a aucune importance quand on a de la difficulté à joindre les deux bouts, malgré les promesses du gouvernement de venir en aide aux Canadiennes et aux Canadiens qui sont actuellement dans le besoin. Il est tout-à-fait normal que des personnes tendent à vouloir réfuter le caractère humain des changements climatiques quand la seule réponse à cette question est d’ajouter des taxes au taxes en donnant une valeur marchande à la tonne dioxyde de carbone émise au nom du progrès.
C’est cette absence de solutions concrètes à des problèmes bien réels qui exaspère la population. Si être progressiste consiste à dire ce que l’on ne fait pas et faire ce que l’on ne dit pas. Alors mieux vaut en faire un peu moins et tenir ses promesses.
Où en sont d’ailleurs ces milliards d’arbres qui devaient être plantés par les libéraux ?
Le courant de conservatisme religieux canadien de la Bible Belt s’est profondément inspiré des évangélistes des États-Unis et a tendance à glisser vers l’extrême droite. Les Canadiens sont généralement assez centristes, contrairement aux Américains qui sont fortement polarisés entre deux partis, et c’est d’ailleurs pourquoi nous avons au moins cinq partis politiques fédéraux au Canada.
Les stratèges conservateurs le savent mais ils sont aussi aux prises avec la frange évangélique du mouvement conservateur qui constitue quand même une certaine force régionale. Alors, il leur reste à cultiver cette frange et oublier le Québec, en devenant un parti surtout régional des Prairies. S’ils laissent tomber la frange évangélique ils peuvent encore espérer faire des gains en Ontario et au Québec et peut-être même revenir au pouvoir comme à l’époque Mulroney. Mais dans ce cas, qu’adviendra-t-il de cet électorat évangélique? Iront-ils chez Maxime Bernier? S’exileront-ils aux ÉU pour rejoindre les partisans de Trump?