Le premier ministre, Philippe Couillard, n’a pas semblé troublé par les révélations de L’actualité sur les importantes lacunes en matière de gestion dans la majorité des ministères du gouvernement du Québec, mercredi. Le chef de la CAQ, François Legault, l’accuse d’être dans le « déni » devant cette situation préoccupante.
Dans notre numéro actuellement en kiosque, le bulletin des ministères révèle que seulement 4 ministères sur les 13 évalués obtiennent la note de passage — la moyenne est de 49 %. Plusieurs ministères ont des plans stratégiques échus et ne se conforment pas à la Loi sur l’administration publique, adoptée en 2000. Les ministères des Transports, de la Culture, de l’Environnement et de l’Éducation, notamment, n’ont pas de tableau de bord à jour pour guider les fonctionnaires et savoir à quels endroits concentrer leurs ressources humaines et financières.
Pressé de questions à l’Assemblée nationale par le chef de la Coalition avenir Québec, Philippe Couillard a réagi avec désinvolture. « Je suis assez content que mes collègues utilisent leur fonction publique […] pour autre chose que produire des documents », a-t-il dit avec amusement.
Les réactions d’indignation ont fusé au Salon bleu, forçant le président de l’Assemblée nationale à rétablir l’ordre. Le calme revenu, le premier ministre a semblé corriger le tir, affirmant que les ministères récalcitrants « vont produire les documents d’ici le mois de mars », parce que « c’est important pour le contrôle ».
« Le meilleur plan stratégique, ce sont les résultats stratégiques, a toutefois enchaîné Philippe Couillard. C’est l’équilibre des finances publiques, la diminution de la dette, le quasi plein-emploi au Québec. »
Une réponse qui a surpris l’auteur de la recherche qui a servi de fondement au dossier de L’actualité, Marc-Nicolas Kobrynsky, spécialiste en matière de gestion dans le secteur privé depuis 14 ans. « La réponse du premier ministre inquiète particulièrement en matière de responsabilisation, dit-il. Un plan stratégique n’est pas qu’un simple document à produire pour une question de contrôle. C’est un document fondamental qui détaille la vision et l’engagement des ministères à fournir des résultats concrets pour la population. C’est le contrat social entre le citoyen qui paie des taxes et l’appareil gouvernemental qui lui dit comment il va s’en servir pour améliorer sa vie. Sans plan, il n’y a pas de résultats. »
« Demandez à un athlète s’il peut espérer une médaille sans plan d’entraînement, sans plan de nutrition et ainsi de suite », ajoute-t-il en guise de comparaison.
Selon François Legault, l’enquête de L’actualité est « catastrophique pour le gouvernement libéral », au pouvoir depuis 2003 — sauf pour les 18 mois du gouvernement péquiste de Pauline Marois. « C’est un échec », tranche-t-il. « La règle numéro un en gestion, c’est d’avoir un plan et de le partager avec tous les employés pour que tout le monde travaille dans la même direction. »
Le chef de la CAQ a demandé à Philippe Couillard s’il n’était pas « un petit peu en tabarnouche » de constater les lacunes de certains ministères. « La plupart du temps, je suis de bonne humeur ! a répliqué le premier ministre. J’essaie de garder le sourire parce que ça va bien au Québec. Pour les résultats stratégiques — parce que, je le répète, tous les plans vont être déposés d’ici le mois de mars —, pour les résultats économiques, pour les travailleurs, pour les employés qui nous écoutent, je leur dis que je viens de voir le résultat des ventes manufacturières au Québec depuis un an : hausse de 10,8 %, alors que c’est moins 0,2 % pour l’Ontario. »
Brandissant le rapport de recherche de L’actualité, François Legault a soutenu que le premier ministre « est en plein déni ». « Est-ce que le premier ministre ne va pas convenir qu’on a besoin d’un grand changement au Québec pour avoir enfin une gestion efficace de tous nos ministères ? »
Philippe Couillard a soutenu que le grand changement au Québec, c’était le retour à l’équilibre budgétaire, le bas taux de chômage et la diminution du poids de la dette, esquivant la question sur la gestion des ministères.
La veille, mardi, son nouveau président du Conseil du Trésor, Pierre Arcand, avait paru davantage préoccupé par la situation. Interrogé par le député Éric Caire, de la CAQ, il a convenu que le gouvernement « part quand même d’assez loin ». « Pendant des années, il n’y a pas eu un contrôle aussi efficace qu’on le voudrait sur ces questions-là », a-t-il dit lors de la période des questions. « Nous avons pris connaissance avec beaucoup d’intérêt de l’étude qui a été publiée par le magazine L’actualité. »
Un portrait de la situation « désastreux », a asséné Éric Caire dans ses questions. « Une majorité de ministères sans plan stratégique ou des plans imprécis, sans cible ou des cibles impossibles à évaluer, et pire que tout, où personne n’est responsable et imputable de quoi que ce soit. Conséquence, on gère dans le brouillard », a-t-il lancé.
Pierre Arcand, qui vient de quitter le ministère des Ressources naturelles afin de prendre la relève de Pierre Moreau à la tête du secrétariat du Conseil du Trésor, affirme qu’il est « évident qu’il faut que les cibles soient atteintes ». « Il faut également que les cibles soient ambitieuses, qu’elles soient mesurables pour que les résultats soient concrets. »
Le Conseil du Trésor, a-t-il ajouté, travaille avec plusieurs ministères qui ont besoin d’un « appui spécifique » afin que les plans stratégiques soient de meilleure qualité. « Les prochains plans seront précis », a-t-il promis. Pierre Arcand enverra une note à tous les chefs de cabinet des ministres pour leur rappeler l’importance de la Loi sur l’administration publique et les sensibiliser à l’élaboration d’un plan stratégique de qualité.
Une réaction « positive » qui va « dans la bonne direction », affirme Marc-Nicolas Kobrynsky. « Il reconnaît le problème et fournit une date précise pour une partie de sa résolution. C’est un bon premier pas », dit-il.
L’analyse des plans stratégiques telle qu’elle est présentée par Marc-Nicolas Kobrynsky, relève de l’hermétisme organisationnel, rien n’indique pour le profane que le contenu du rapport soit si pertinent que cela. Il faut donc comme à la messe prendre tout pour vrai… ou bien abjurer toute la religion.
J’ai trouvé la méthodologie trop complexe pour pouvoir de quelque manière que ce soit la valider. Les indicateurs pris en considération dans cette étude, tels que présentés dans le glossaire du Conseil du trésor sont dignes des modèles marquant la gloire de l’ère soviétique.
Après on s’étonne que tout soit croche !
De la même façon nous ne savons sur quels algorithmes précis sont basés l’évaluation de l’atteinte ou non des cibles établies. Finalement l’atteinte des cibles théoriques pondérées et le vécu de toutes choses utiles par la population sont deux univers complétement différents.
Je pense ici notamment aux deux ministères qui obtiennent parmi les meilleures notes finales : Santé et Services sociaux, et Éducation. Je ne suis pas sûr que dans le vécu des employés qui dépendent de ces ministères, ni parmi les usagers, qu’il y ait le sentiment et l’expérience de l’œuvre achevée et du devoir parfaitement accompli.
Pourtant ces deux ministères accaparent à eux seuls grosso-modo 80% du budget de l’État québécois.
Objectivement, cela m’est bien égal d’apprécier le ratio de procureurs par nombre d’habitants. Parmi les indicateurs pour évaluer le ministère de la Justice. Ce qui m’intéresserait plus, c’est que les procureurs soient déployés là où on en a besoin et plus encore qu’ils soient compétents. Il faudrait donc savoir par exemple ce qui pousse un jeune diplômé en droit à devenir procureur. Dans ce cas et seulement dans ce cas on pourrait savoir si les cibles et les performances sont atteintes et si nous sommes susceptibles de jamais les atteindre.
Il y a beaucoup de métiers pour lesquels je ne crois guère dans la vocation. Pourtant c’est la vocation qui donne ici-bas, la bonne administration.
La comparaison d’un État avec une entreprise, comme le fait L’actualité est selon moi bancale. C’est sur les bases de grilles d’analyses (SMARTER) qui conviennent aux évaluations de l’entreprise privée que repose ce rapport. Une entreprise doit impérativement viser le profit et la rentabilité. Pas un État. L’État doit apporter les services pour lesquels il a été mandaté tout à la satisfaction de la population.
Je n’ai rien contre la vertu et tout comme Pierre Arcand je reprends ici ses propos : « Il faut également que les cibles soient ambitieuses, qu’elles soient mesurables pour que les résultats soient concrets. »
Toujours est-il que c’est encore le gouvernement de monsieur Couillard qui a offert les meilleures prestations, probablement la meilleure politique qu’ait connue le Québec en l’espace de quelques décennies. Somme toute, au Salon bleu, il semble bien facile de s’indigner quand on n’a pas soi-même grands choses à offrir pour corriger une bonne fois pour toute, les erreurs du passé.
Non seulement plusieurs ministères et organismes n’ont pas de plan stratégique, une décision majeure du gouvernement Couillard fut de déplacer l’autorité en charge de demander et de recevoir ces plans, la faisant passer du Conseil exécutif (le Ministère du premier Ministre) au Conseil du Trésor.
Cela démontre bien l’opinion que le premier Ministre a envers ce champ d’expertise (la stratégie). N’oublions pas que c’est le même personnage qui un jour a dit en chambre : « Dans ma profession (médecin), j’ai appris que s’il y avait un malade dans la salle, il fallait intervenir », lassant sous-entendre que s’il n’y a pas de malade, on ne doit pas intervenir.
Démonstration évidente de l’intérêt pour l’action correction (médecine occidentale) par opposition à la définition d’un plan stratégique qui est une démarche préventive et prospective.
Sachons aussi, (pour l’avoir vécu) que M. Couillard a raison quand il utilise les mots « production de documents » pour décrire la démarche de définition d’un plan stratégique en 2017 au Conseil du Trésor.
En effet, les professionnels qui reçoivent le fruit du travail réalisé lors des réflexions stratégiques conduites par les ministère et organismes; accordent une importance démesurée à la présentation standardisée du plan (son contenant) et ignore presque totalement le contenu même du plan.
Ce contenu est pourtant beaucoup plus important car il doit décrire ce qui doit être fait pour que l’organisme évolue, se transforme et augmente la valeur de ce que l’organisation livre aux citoyens.
Peut-on s’attendre à autres choses, lorsque l’on confie la réception et la qualification d’un plan stratégique au trésorier de l’organisation. Soyons assurés que les organisations performantes n’adoptent pas cette pratique.
La première décision de M. Arcand devrait être de revenir à la formule initiale soit de déplacer cette autorité au Conseil Exécutif.
Comprenons que c’est un des fondements de la pensée de ce gouvernement qui se voit seulement comme un gestionnaire d’entrées et de sorties de fonds. Une gestion qui ressemble à celle d’un ménage qui se fie aux liquidités présentes dans son compte bancaire pour mesurer la santé économique de la famille.
Enfin, le premier Ministre manque de rigueur intellectuelle lorsqu’il attribue à son Gouvernement, l’augmentation de 10% des ventes manufacturières au Québec quand son Gouvernement n’a absolument rien fait qui puisse être identifier comme cause de ce résultat.
C’est l’effondrement du prix du pétrole qui a généré une diminution de la valeur du $ canadien qui est la cause première de ce résultat sans enlever le mérite à nos entreprises qui font des efforts importants pour diversifier et élargir leur liste de clients, sans aucune aide des gouvernements à ce titre.
@ Dancause,
Si la valeur du prix du pétrole était la seule cause de la baisse de la valeur du huard, le dollar américain devrait baisser également. Puisque les États-Unis sont devenus la première puissance énergétique mondiale.
Ce qui est plus essentiellement à la base de la fluctuation des monnaies, ce sont les flux monétaires. Bien sûr, le volume et la valeur des échanges commerciaux entre en ligne de compte… mais pas seulement.
Après la crise de 2008 et une baisse marquée de la valeur du dollar canadien, la monnaie canadienne était devenue une valeur refuge, d’où son appréciation. Avec le taux directeur historiquement très bas offert tout récemment par la Banque du Canada, le dollar canadien est devenu un peu moins attractif sur le marché monétaire.
Les cambistes ont joué sur notre monnaie à la baisse et préféré se tourner vers le Yen ou encore le Franc Suisse, l’Euro est redevenu un peu plus attractif et l’USD demeure la première devise échangée sur le marché des changes.
Avec l’accroissement depuis juillet et septembre du taux directeur de la Banque du Canada, la valeur du huard s’est stabilisée, même notre monnaie s’est sensiblement appréciée par rapport à l’USD et à l’Euro, ce malgré le prix du WTI encore assez bas.
Comme les monnaies s’apprécient ou se déprécient les unes par rapport aux autres. Il faut toujours regarder qui sont les gagnants et qui sont les perdants. Le marché monétaire étant le premier marché financier sur la planète.
Généralement, une baisse de la valeur monétaire profite au secteur manufacturier. C’est ce qui se passe au Québec dont les produits sont en demande actuellement. Encore faut-il avoir les produits et un tissu industriel sain pour répondre à la demande devant tous nos concurrents.
Plaise ou pas, les politiques budgétaires initiées par le PLQ rassurent les investisseurs, ce qui favorise les entreprises concurrentielles et la création d’emploi.
D’autre part, le Québec a enfin compris que le Québec devait miser sur la valeur ajoutée, qu’une main-d’œuvre bien éduquée et bien formée est encore facteur déterminant dans la production de valeur ajoutée. Ce qui en quelques sortes marque « icite »… comme un véritable changement au niveau du paradigme.
« C’est l’effondrement du prix du pétrole qui a généré … »
Si c’était vrai, on aurait dû voir un écart dans la balance commerciale. Ce n’est pas le cas. Par contre, on observe que le gouvernement accumule des surplus de plus de 4 milliards. C’est donc la demande québécoise qui a fait la différence.
Un plan stratégique ça sert à quantifier, analyser,mesurer, les actions des ministères et à leur donner une note ! Une note mesure l’ efficacité et le rendement du dit ministère et par le fait même amène forcément de l’ AMÉLIORATION et oblige ses commettants à performer !! Ah! Bon la performance est l’ affaire seulement du privé? Si on en juge l’ argent investit par les contribuables et les entreprises ( + 100 milliards ) à chaque année dont 80% en salaire et avantages sociaux (congés maladie y compris) ; il est assez évident que la loi sur l’ administration publique de Lucien Bouchard devrait avoir plus de dents!!!
Bonjour !
À vous lire vous commentateurs, je réalise que je suis intellectuellement « pôvre », dans le sens où je n’ai pas le bagage académique requis pour vous « suivre ». Pour avoir été en « affaires », le consultant avec lequel nous avons travaillé, nous rappelait constamment ce principe de base….en cinq ( 5 ) lettres. : « P.O.D.C.A. » pour planifier, organiser, diriger, contrôler et, finalement, animer. Puisqu’il est ici question de PLAN stratégique, ma logique fait que P.O.D.C.A. s’applique. Est-il possible de gérer sainement nos argents en s’abstenant de « faire appel » au P.O.D.C.A. ? Quelqu’un peut me répondre ?
Merci à l’avance,
Gaston Bourdages
@ Gaston Bourdages,
J’aimerais un peu vous renvoyer la question : Qu’entendez-vous par « gérer sainement nos argents » ? — Y’a-t-il une façon malsaine de gérer l’argent ?
J’aurais une autre question à vous poser : Qu’est-ce qui fait que ce que vous mangez est bon ?
1— Est-ce que c’est que vous appliquez strictement une recette de type PODCA par exemple, dans votre préparation ?
2— Ou est-ce que c’est l’amour qu’a mis le cuisinier dans sa préparation qui fait que vous appréciez vraiment le plat ?
Question subsidiaire :
— Pensez-vous qu’on trouve beaucoup d’amour dans un plan stratégique ?
Autre question :
— Est-ce que le seul dépôt d’un plan stratégique vous assure dans tous les cas : pleine et entière satisfaction ?
Si l’amour ne vous anime pas ; vous ne serez jamais ni un bon planificateur, ni organisateur avisé, ni un dirigeant tempérant, ni un contrôleur hors-pair et moins encore un animateur de talent. Vous serez tout juste un emmerdeur (parmi tant d’autres) qui cherche à se rendre indispensable pour ainsi justifier le versement d’un salaire ou de toutes autres sortes d’émoluments….
@ Serge Drouginsky, un bel exemple d’ un manque de P.O.D.C.A ; hier l’ attitude de la ministre Hélène David qui met 1 million $ dans le harcèlement sexuel, en début de semaine le ministre Heurtel qui abolit la commission sur le racisme systémique pour l’ enlever aux droits de la personne et ensuite en faire un forum sur la valorisation des individus et la discrimination !! Juste cela sont 2 petites exemples du manque de planification crasse qui pourtant ont été mis en place par des impératifs humains !!! Dans le P.O.D.C.A. de M. Bourdages; le » A » est animer et cet aspect qui devient l’ humain ! Le gouvernement fait régulièrement des erreurs de jugements et l’ humanité dont vous parlez à le dos large parfois pour justifier de l’ incompétence !
@ Beauly02,
Avez-vous remarqué que les « gérants d’estrade » savent toujours mieux que quiconque ce qu’il faut faire pour sortir de l’ornière le Canadien ?
Euh non ! Vous n’avez pas bien lu mes commentaires. Je n’ai pas parlé « d’humanité » mais plutôt « d’amour »….
Et somme toute, vous n’avez probablement bien pris le soin d’écouter madame David. Car si c’était le cas, vous vous épargneriez sans doute des commentaires aussi déplacés à son endroit.
Yes! Yes! Love is in the air….
@ monsieur Drouginsky.
Fort intéressantes vos questions.
1) Oui, il existe façon(s) malsaine(s) de gérer l’argent. Pour seul ici exemple: les 44.3 m$ que NOUS a coûté la tenue de la Commission Charbonneau avec toutes les impunités voire immunités qui en ont découlé.
En parfait accord avec vous lorsque vous faites intervenir le mot « amour » Et si je le mettais en pratique en commentant votre propos. J’y gagnerais assurément. Je vous admets ne pas avoir eu recours au « P.O.D.C.A. » pour vous répondre et je n’avais, non plus, de plan stratégique. Puisse l’amour me prémunir du statut d’emmerdeur.
Gaston Bourdages