Jour 1 : les premières foulées des chefs

Laïcité, SNC-Lavalin, avortement, coût de la vie, séparatisme… Il n’y a pas de doute, la course électorale est bel et bien lancée. Retour sur le premier jour de la campagne.

Justin Trudeau ne se mêlera pas de laïcité

Le premier des 40 jours de la campagne électorale fédérale aura été l’occasion pour Justin Trudeau de dire, enfin, sa position sur une éventuelle participation du gouvernement fédéral à la contestation de la loi 21. C’est non, « pour l’instant ».
Le chef libéral Justin Trudeau estime qu’il serait « contreproductif », « pour l’instant », que le gouvernement fédéral intervienne dans la contestation de la loi québécoise sur la laïcité devant les tribunaux.

Talonné à ce sujet par les journalistes, quelques minutes après le déclenchement de la campagne électorale, M. Trudeau a assuré qu’il surveille de près les contestations citoyennes. Il n’a pas voulu dire s’il espérait que cette bataille juridique se rende jusqu’en Cour suprême. Il n’a toutefois pas hésité à exprimer, une fois de plus, son opposition personnelle à cette loi.

Le premier ministre sortant, après un point de presse à Rideau Hall, s’est envolé vers Vancouver. Il espère reprendre là un comté où se présente comme indépendante son ex-ministre Jody Wilson-Raybould, celle par qui l’affaire SNC-Lavalin est arrivée.

Les libéraux de Justin Trudeau se lancent dans cette campagne à peu près à égalité avec les conservateurs d’Andrew Scheer. Les sondages les placent soit légèrement devant, soit légèrement derrière. Aucun des deux partis ne semble pour le moment en position de remporter la majorité.

Andrew Scheer lorgne les circonscriptions québécoises du NPD

Le chef conservateur Andrew Scheer entend profiter du recul du Nouveau Parti démocratique dans les intentions de vote pour rafler des sièges au Québec.

Sa décision de lancer officiellement sa campagne électorale à Trois-Rivières, dans la circonscription du même nom, mercredi, n’est pas le fruit du hasard alors qu’il y présente un candidat-vedette, l’ex-maire trifluvien Yves Lévesque, pour conquérir la circonscription, détenue par le néo-démocrate Robert Aubin depuis la vague orange de 2011.

M. Scheer avait déjà rencontré la presse tôt le matin avant de quitter Ottawa en direction de la Mauricie et, aux deux endroits, il a profité de nouvelles révélations du Globe and Mail pour lancer de nouvelles attaques contre Justin Trudeau pour sa gestion de l’affaire SNC-Lavalin.

Le quotidien torontois affirme que l’enquête de policiers de la Gendarmerie royale du Canada qui examinaient une possible entrave à la justice dans la gestion des accusations contre SNC-Lavalin a été freinée par le refus du gouvernement fédéral de libérer tous les témoins de leur devoir de confidentialité.

Le chef conservateur a de nouveau accusé M. Trudeau d’avoir menti à la population et lui a demandé d’abolir cette confidentialité et de remettre tous les documents afférents au dossier à la GRC.

Jagmeet Singh s’attaque au coût de la vie

Le chef du Nouveau parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, a donné le coup d’envoi à la campagne électorale de sa formation politique dans le sud de l’Ontario, mercredi matin, en promettant de s’attaquer au coût des médicaments et des soins de santé, en plus de lutter contre les changements climatiques et de faire payer les grandes entreprises et les plus riches.

Le NPD plonge dans cette nouvelle campagne avec des ressources limitées, après plusieurs années de collectes de fonds décevantes, la perte de nombreux députés ayant préféré quitter la vie politique et un recrutement difficile. Mercredi, seulement 235 candidats sur 338 avaient été confirmés, selon les responsables du parti.

Plusieurs questions planent également au-dessus de l’électorat québécois, alors que l’on se demande comment le Québec va répondre à la candidature de Jagmeet Singh en tant qu’aspirant premier ministre du Canada. Il est le premier politicien appartenant à une minorité visible à diriger un parti fédéral pendant une élection générale.

Elizabeth May sur la défensive

La chef du parti des verts est apparue tout sourire à Victoria, mercredi matin, au premier jour de la campagne électorale, décrivant l’élection générale du 21 octobre comme la plus importante de l’histoire du Canada. Elle a promis de parler aux Canadiens de l’urgence climatique avec l’objectif de bien les informer et non pas de les effrayer.

Toutefois, dès la première question des journalistes, Mme May était déjà sur la défensive. Elle a dû d’abord réitérer son appui indéfectible, et celui de son parti, au droit à l’avortement. Puis, elle a assuré que Pierre Nantel, ex-néo-démocrate et désormais candidat vert dans Longueuil-Saint-Hubert, n’est pas « un séparatiste ».

Dans une entrevue à QUB radio mardi, M. Nantel avait lancé « Séparons-nous au plus vite! », avant de répéter que pour le moment, il préférait défendre les intérêts du Québec au sein du Canada, que s’il voulait lutter pour l’indépendance du Québec, il ferait de la politique provinciale et que, de toute manière, l’urgence est climatique et la lutte à faire en ce moment est celle contre les changements climatiques.

Les députés bloquistes ne pourront contester le droit à l’avortement

Les députés du Bloc québécois n’auront pas le droit de contester le droit des femmes à l’avortement, sous la gouverne d’Yves-François Blanchet.

Il n’est donc pas question que, de sa propre initiative, un député du Bloc dépose un projet de loi à la Chambre des communes visant à restreindre de quelque façon que ce soit le droit des femmes d’interrompre une grossesse, a soutenu sans ambiguïté, mercredi, le chef bloquiste, lors de son premier point de presse de la campagne électorale.

M. Blanchet a choisi de lancer sa campagne électorale dans la capitale du Québec, en promettant, s’il est élu le 21 octobre, de « porter la voix » de l’Assemblée nationale à Ottawa, en profitant de toutes les occasions pour faire valoir les revendications du Québec.

Le lancement officiel de la campagne du Bloc québécois se fera dimanche, le 15 septembre, à Boucherville.

Maxime Bernier mise sur le populisme intelligent

Maxime Bernier veut définir son nouveau Parti populaire du Canada comme celui du populisme intelligent, appuyé sur des principes et non sur les émotions.

Devant des partisans, mercredi à Toronto, il a promis de nombreuses réductions de dépenses, dont l’abolition de l’aide internationale dans le but d’équilibrer les finances du pays en deux ans s’il prend le pouvoir.