Jour 2 : vers un premier débat sans Justin Trudeau

Droit à l’avortement, libre-échange, islamophobie… La deuxième journée de campagne a été relativement calme, premier débat des chefs — sans Justin Trudeau — oblige.

Photo : La Presse canadienne

Deuxième journée de campagne relativement calme, en raison notamment des préparatifs pour le premier débat des chefs de cette campagne. À l’initiative du magazine McLean’s et du réseau Citytv, Andrew Scheer du Parti conservateur, Jagmeet Singh du NPD et Elizabeth May du Parti vert s’affronteront ce soir dans un débat télévisé en anglais. Une première joute à laquelle ne participera pas le chef libéral Justin Trudeau.

Si ce dernier a confirmé son absence, refusant d’en expliquer les raisons, ses opposants n’ont pas manqué de l’accuser d’avoir peur de défendre son bilan des quatre dernières années, notamment en matière d’affaires étrangères.

Scheer critique l’attaque libérale sur l’avortement

Pour ce deuxième jour de campagne, le chef conservateur s’est tenu à un court point de presse dans la circonscription de York-Centre en banlieue de Toronto. Andrew Scheer est revenu une nouvelle fois sur le sujet du droit à l’avortement, accusant Justin Trudeau d’essayer de détourner l’attention de l’affaire SNC-Lavalin en attaquant la position d’une candidate conservatrice torontoise sur la question controversée de l’avortement.

La ministre libérale Carolyn Bennett, qui se présente dans une autre circonscription de Toronto, avait diffusé une vidéo plus tôt en matinée montrant Mme Willson discuter de son désir de mettre fin à l’avortement grâce à une «loi pro-vie».

M. Scheer a accusé M. Trudeau de semer la peur et a réitéré la position de son parti selon laquelle il s’opposerait à toute mesure visant à légiférer en ce sens. Il a aussi dit que son parti s’employait à rendre la vie plus abordable pour les familles canadiennes, avec notamment un engagement à rendre le congé de maternité exempt d’impôt.

L’affaire SNC-Lavalin poursuit Justin Trudeau

Le chef libéral Justin Trudeau refuse toujours de répondre aux tentatives de ses opposants de rouvrir l’affaire SNC-Lavalin qui lui a fait mal dans les derniers mois. Le Globe and Mail révélait mercredi que la Gendarmerie royale du Canada enquêtait pour déterminer s’il y a lieu de déposer des accusations pour entrave à la justice.

Tant les conservateurs que les néo-démocrates ont accusé ce jeudi M. Trudeau de vouloir étouffer l’histoire en empêchant les personnes impliquées de parler librement. Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a estimé que les Canadiens « méritent des réponses »» et qu’il était temps pour M. Trudeau de laisser Mme Wilson-Raybould raconter sa version. Le chef conservateur Andrew Scheer a lui accusé M. Trudeau de vouloir étouffer l’histoire.

De passage à Victoria, en Colombie-Britannique, M. Trudeau a réitéré que son gouvernement avait pris des mesures « sans précédent » pour suspendre le secret du cabinet et ainsi permettre au commissaire fédéral de l’éthique, Mario Dion, de produire son rapport.

Jagmeet Singh renoue avec la politique provinciale

Le chef du Nouveau Parti démocratique a fait une courte apparition en début de journée, le temps de promettre la construction d’un hôpital dans la ville ontarienne de Brampton s’il est élu premier ministre. M. Singh a pris cet engagement bien que les hôpitaux soient de compétence provinciale. Il a toutefois admis qu’il pourrait avoir de la difficulté à tenir la promesse, étant donné que le gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford aura le dernier mot sur le projet.

Le leader néo-démocrate a également dû défendre le fait que sa formation n’a toujours pas de candidats dans l’ensemble des circonscriptions du pays, attribuant le retard à ses efforts pour assurer la diversité du parti.

Le Bloc à la défense des producteurs de lait

Au deuxième jour de la campagne électorale, le chef du Bloc québécois a choisi de mettre en doute une nouvelle fois l’intention du gouvernement libéral de dédommager les producteurs de lait écorchés par les récents traités de libre-échange.

« Ce n’est pas versé. On s’en va en élections. Une annonce pour quelque chose qui va se produire après une élection, ce n’est pas une annonce, c’est une promesse et une promesse qui porte sur quelque chose qui aurait déjà dû être fait depuis le budget, ce n’est pas une promesse, c’est une prise d’otage», a-t-il lancé, en visite à une ferme de Saint-Bonaventure jeudi matin.

M. Blanchet a promis que d’éventuels députés bloquistes n’appuieraient le prochain budget du prochain gouvernement fédéral que si celui-ci détaille les versements des compensations promises. Il a également promis que les bloquistes déposeront un projet de loi qui interdirait à toute prochaine négociation de traités de libre-échange de toucher à la gestion de l’offre.

Les verts perdent un candidat

La leader du Parti vert, Elizabeth May, était invisible aujourd’hui, en déplacement de Victoria, où elle a lancé sa campagne mercredi, à Toronto où elle assistera au premier débat.

Dans la journée, son parti a fait savoir qu’il avait « accepté la démission » de son candidat Erik Schomann, qui se présentait dans la circonscription ontarienne de Simcoe-Nord, à la suite d’un commentaire jugé islamophobe.

Le Conseil national des musulmans canadiens était en effet au nombre de ceux qui demandaient à Elizabeth May de congédier M. Schomann, en raison d’un commentaire controversé qu’il avait fait par le passé dans les médias sociaux et dans lequel il faisait référence aux protestations ayant eu lieu un peu partout dans le monde arabe après la publication en 2006 de caricatures du prophète par un journal danois.

Maxime dans son fief

Le chef du Parti populaire du Canada (PPC) a lancé sa campagne jeudi matin dans son fief de Beauce, à Saint-Georges. En dépit d’une certaine notoriété, il n’aura pas partie gagnée en Beauce. IM. Bernier doit en effet affronter dans sa circonscription un candidat vedette du Parti conservateur, Richard Lehoux, ancien président de la Fédération québécoise des municipalités. Sans compter sur le Parti rhinocéros, qui a choisi de présenter un autre Maxime Bernier, ce qui pourrait causer de la confusion dans l’électorat.