Dominic Vallières a, pendant plus de 10 ans, occupé les postes d’attaché de presse, de porte-parole, de rédacteur de discours et de directeur des communications auprès d’élus de l’Assemblée nationale et des Communes (Parti québécois, Bloc québécois, Coalition Avenir Québec). Il est directeur chez TACT et s’exprime quotidiennement comme analyste politique à QUB radio.
C’est particulier à écrire après deux ans de pandémie, mais François Legault est un politicien chanceux dans sa malchance d’avoir eu à gouverner pendant l’une des plus importantes crises de l’histoire.
Déjà, à quelques mois d’élections qui devraient se transformer en triomphe selon les pronostics actuels, il a eu la possibilité d’adopter une pièce législative dont le camp nationaliste rêve depuis des années : un renforcement de la loi 101. Surtout, il a pu étirer la sauce sur quasiment deux ans et a su mettre ses adversaires dans l’embarras. Il n’a rien eu à faire pour que le Parti libéral tergiverse pendant des mois, jusqu’à voir deux formations naître de sa cuisse gauche. Idem pour le Parti québécois, qui a poussé la myopie politique jusqu’à voter contre le projet de loi 96.
Sondage après sondage, sa cote de popularité ne faiblit pas. Quand on compare le taux de satisfaction à son égard à un an du déclenchement des élections avec ceux de ses trois prédécesseurs, c’en est presque indécent. Pour mémoire, Jean Charest était à 39 % en 2006, Pauline Marois à 34 % en 2013 et Philippe Couillard à 31 % en 2017. François Legault était, en octobre 2021, à… 65 %.
Il a réussi à maintenir la conversation autour de sujets qui plaisent à son électorat : culture, fierté, langue, fierté, santé, fierté. Et soudain, sans rien demander, il reçoit un énorme coup de main de son meilleur ennemi, Justin Trudeau, qui décide de ramener un autre dossier sur lequel François Legault a tout à gagner : la laïcité. C’en est presque trop facile.
Vraiment, le premier ministre est un politicien chanceux.
Politiquement, la CAQ n’a pas eu un mandat très difficile. Elle a commencé à exercer le pouvoir avec des marges de manœuvre financières impressionnantes et les Québécois se sont entichés de leur nouveau premier ministre et de son gouvernement, qui déposait rapidement des projets de loi promis en campagne et réagissait promptement aux drames, comme celui de la petite fille de Granby. Puis, au moment où la lune de miel s’estompait peu à peu, la pandémie est arrivée pour ajouter son grain de sel à ces quatre années qui furent, on doit l’avouer, hors normes.
Sur le plan de la politique partisane, toutes les formations représentées à l’Assemblée nationale ont changé de chef depuis 2018, laissant beaucoup d’espace au premier ministre. Ces nouveaux leaders ont eu une période d’adaptation plus ou moins longue au Salon bleu et vivront leur première campagne électorale en 2022.
Ce fut donc plutôt facile à l’Assemblée nationale. Par contre, administrativement parlant, ce fut plus ardu, pour différentes raisons. D’abord, la majorité des ministères n’étaient pas préparés à vivre le changement de rythme imposé par le gouvernement Legault, qui affichait une grande volonté de réformes. Puis, quand la pandémie a éclaté, en mars 2020, de nombreux visages se sont allongés. Les hauts fonctionnaires ont dû faire des miracles pour composer avec les départs en congé de maladie ou les demandes de nouvelles affectations. On ne l’avouera probablement jamais, mais le gouvernement du Québec a souvent tutoyé la limite de ses capacités.
Il faut le comprendre : tout était à faire et les manuels d’instructions étaient soit vieux, soit inexistants.
Il n’en demeure pas moins que la pandémie, après le choc initial, a été une occasion de revoir les façons de faire à peu près partout. Le Conseil des ministres a une compréhension beaucoup plus fine des enjeux, mais il dispose aussi de ministères qui ont fait de grands pas vers la reddition de comptes et la transparence, poussés par la crise sanitaire.
Nombreux sont ceux, ministère de la Santé en tête, qui publient fréquemment des données pour que tous puissent connaître l’état d’avancement de telle ou telle réforme, ou le déploiement sur le terrain d’un programme ou d’une volonté politique.
François Legault voit donc les astres s’aligner pour lui. Parce qu’il l’a voulu ou par contingence médiatique ou politique, ses sujets favoris occupent l’avant-scène. Il a fait des gains sur la langue et la laïcité. La « machine » administrative semble davantage à sa main qu’elle ne l’a été pour les récents premiers ministres.
Reste à savoir ce qu’il désire faire de son « capital politique » et de sa capacité d’agir, surtout dans un contexte où les relations avec Ottawa se tendent. Beaucoup aimeraient savoir à quoi il pense en se rasant.
Legault a gouverné par décrets pendant presque deux ans, le système de santé est encore plus mal en point qu’il ne l’était avant la pandémie et l’arrivée au pouvoir de la CAQ et le recul du français se poursuit. Il me semble que la popularité de Legault se nourrit davantage du manque d’opposition et de la complaisance des électeurs que de la fierté.
Le rédacteur a malencontreusement laissé dans l’ombre les décisions de favoritisme et de soumission de plusieurs décisions en faveur de plusieurs « lobbies » – notamment des industriels forestiers – qui ont également ponctué ce premier mandat.
Le rédacteur, ancien employé de la CAQ, travaille pour TACT qui travaille pour la CAQ. Alors, oui, ses articles peuvent omettre certains côtés négatifs du gouvernement. Il y aurait tant à dire, pourtant.
Déjà il règne avec une majorité de 75, imaginons un instant avec 100? Depuis 2018, il fait ce qu’il veut et réclame davantage. C’est peut-être sa bonne étoile mais la population n’est pas dans l’obligation de le suivre dans son délire et voir des épisodes de rabrouer quiconque ose le contredire ou avoir une toute autre opinion. Je ne peux croire que la désinvolture avec laquelle certains de ses ministres manipulent le pouvoir qui leur soit confié de la manière dont les ministres Paulo et Laieto ont subis par l’entremise de SJB est indigne de la fonction. Désolé, mais si un mouvement se lève pour voter autre que la CAQ, il pourra remettre sa bonne étoile au suivant.
Ce qui semble particulier sont les termes utilisés pour décrire la popularité de la CAQ comme « indécente » ou la cause dans les commentaires comme « la complaisance des électeurs ». Pourtant, les règles et l’électorat sont les mêmes pour tous les partis Si l’électorat est « complaisant », l’est il aussi pour les partis d’oppositions aussi? Lorsque la popularité d’un parti de l’opposition est suffisante dans une circonscription pour qu’il puisse gagner le siège avec 40% ou moins, est-ce « indécent » ou « non représentatif » comme certains semblent qualifier le mode du scrutin lorsque la CAQ gagne un siège ou ses sièges?
Si l’électorat choisi principalement la CAQ dans une grande majorité de circonscriptions, c’est tout simplement peut-être parce que l’électorat juge qu’ils ont fait un bon travail ou du moins qu’il juge que la CAQ représente une meilleure option que les autres pour continuer à gouverner notre province. Si la CAQ a réussi à « tirer son du jeu », c’est peut-être aussi parce qu’elle a une équipe compétente qui comprends ses dossiers et qu’elle exécute d’une façon qui qui ne mets pas l’électorat à dos (ou qui l’incite à voter ailleurs).
Étrange comment certains veulent démoniser le succès de l’autre, et pire, en clamant que c’est l’électorat même qui est le problème dans sa « complaisance », alors que c’est le même électorat qui choisi les candidats des autres partis. Parfois, il faut juste regarder dans le miroir pour trouver le problème et réévaluer sa plateforme et les candidats proposés.
Oui, l’électorat est complaisant. Il a d’abord élu la CAQ pour se débarrasser des libéraux coûte que coûte, et selon les sondages. Il votera encore pour la CAQ de peur des libéraux (même si le parti n’a aucune chance de l’emporter). La population fait de l’aveuglement volontaire. C’est incroyable tout ce que l’on peut reprocher à la CAQ : éthique élastique, graissage de petits amis tout comme le PLQ, après avoir promis qu’avec la CAQ il n’y en aurait plus. Même chose pour les nominations partisanes par dizaines, des nominations de proches de Couillard, aussi. Des promesses non tenues, il y en a plein : réinvestissement massif pour les avocats de l’Aide juridique, réduction de postes de la fonction publique, (il les a augmenté de beaucoup), internet haute vitesse pour tous dans un premier mandat, le salaire des médecins spécialistes, création d’un nouveau CISSS pour le Centre du Québec, prolongation de Réno-Vert, abolition de ECR au primaire, enquête sur contrats en informatique, et je pourrais continuer. Et que dire de son troisième lien à 10 milliards qu’aucun expert n’approuve, des nombreux dossiers mal ficelés qui ont dû être repris. De l’augmentation des frais Hydro-Québec ? Sans parler des personnes âgées décédées dans des conditions inhumaines à cause de cette mauvaise décision de les avoir sortis des hôpitaux.
Legault est le champion des manipulateurs et la population ne demande pas mieux que de fermer les yeux et tout avaler.
La CAQ a été élue avec 37% des voix, 29% si on tient compte du faible taux de participation. Il sera réélu par défaut parce que les électeurs ne veulent plus rien savoir du PLQ, ne veulent pas de QS comme gouvernement, ni du PQ à cause de son option d’indépendance. Pas de quoi se péter les bretelles comme le fait Legault et ses larbins incompétents.
Probablement que mon commentaire ne sera pas publié. On verra, comme disait l’autre.
Un nationaliste ou globaliste!