La révolte des élèves trop branchés !

Vous vous désolez de la situation de l’éducation au Québec? De l’indiscipline?

Un ado sur deux. (Photo UAlbany)
Un ado sur deux. (Photo UAlbany)

De l’incivilité? Cette nouvelle venant de la République française vous convaincra que, décidément, cela pourrait être pire:

Sous le titre: Des élèves menacent la prof qui leur interdit d’utiliser leurs portables (cellulaires), Libération rapporte:

Après avoir demandé au proviseur du lycée un changement de professeur, sans succès, des élèves ont écrit à (leur professeure) Mme Lespagnol une lettre d’insultes, dans laquelle ils lui demandaient de changer de comportement.

«Nous vous conseillons de procéder à un changement d’attitude, et de cesser de faire des remarques à chaque fois que l’on a un téléphone entre les mains car cela est une perte de temps», selon cette lettre dont l’AFP a eu copie.

«S’il n’y a aucun effort de changement de votre part, nous n’avons plus que quelques mots à vous dire: allez vous faire enc.!», ajoutaient les lycéens.

Les profs ont manifesté en soutien à leur collègue. L’article a déclenché une foule de commentaires sur le site de Libé (282 quand j’y suis allé). Dont celui-ci: Au moins, ils l’ont vouvoyée. « Allez vous faire… » Ont-ils écrit.

En effet, c’est déjà ça.

Libé rapporte aussi qu’un ado français sur deux utilise son cellulaire en classe.  Le journal a aussi interrogé des lycéens, qu’on peut entendre sur son site. Un d’entre eux se vante d’envoyer 30 SMS par cours…

(Merci à Daniel C. pour ce signalement.)

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J’ai constaté en 1966 que le système d’éducation était en faillite: dans une classe, je voyais ce que je n’avais jamais vu jusqu’alors; l’insulte, la négation de l’autorité de l’enseignant.

Et depuis, ce ne sont que les années qui auront confirmé et marqué le parcours de nos générations actuelles et à venir : la recherche de la facilité, voir de l’accommodement…

Le respect ça se gagne par l’exemple.

Le ministère et donc les profs ont perdu le respect des élèves. Ils ne sont plus du tout des exemples.

Les jeunes ne sont pas dupes.

Ils comprennent comment on « réussi » dans ce monde, par l’exemple qu’ils ont devant eux.

Mais il s’agit d’un mal de société, non? Tout le monde manque de plus en plus de respect les uns envers les autres, en général. Globalement,tout le monde fait sa petite affaire et se fiche bien de ce que ça peut faire autour.

L’attitude des ados est notable parce que beaucoup sont casse-couille à cet âge-là et en plus, ils se retrouvent en groupe, ils se stimulent à faire des vacheries. Mais je crois qu’il se passe, peut-être à une échelle moindre, le même phénomène dans la société. C’est une tendance, comme la télé-réalité, qui ne semble pas vraiment s’essouflée, même si c’est d’une médiocrité flagrante.

Nous sommes passés d’une école des connaissances (essentielles à la formation d’un individu libre et autonome en démocratie), à une école des compétences (présentées comme des réponses adaptées à des besoins spécifiques, avec pour objectif le plein-emploi). Alors que l’école aurait dû selon moi demeurer relativement imperméable aux modes et aux impératifs ponctuels d’une société en constant changement — ne serait-ce que pour assurer sa fonction critique — elle s’est rapidement transformée en « fournisseur de services » subordonné à la demande d’une clientèle. Dans un tel contexte, les professeurs ne pouvaient que perdre le contrôle de la classe, devenue pour l’élève un lieu secondaire, colonisé par l’irruption intempestive d’éléments extérieurs peu pertinents pour l’apprentissage (et il n’y a pas que les téléphones portables!) La faillite de l’éducation, au Québec, sera d’abord une faillite humaine; mais ce qui m’inquiète davantage, c’est qu’elle soit bientôt ignorée par les nouvelles générations, parce qu’on ne peut regretter ce qu’on n’a jamais eu la chance de connaître. /BHL

L’école doit se limiter à apprendre aux jeunes à apprendre et non pas à les instruire à les éduquer et à les moraliser car ces trois domaines sont familiaux .
Aussi longtemps que l’école voudra prendre la place des parents des amis et de la famille élargie elle se butera aux contestations style touche pas à mon pot à mon cellulaire et à mon condom.
Il faur sortir les Marques des écoles et revenir à une école qui apprend aux jeunes à apprendre et cesser de se confiner au savoir et a la connaissance .

En fait l’impression que la politesse fout le camp et que la jeunesse est en perdition est une constante qui revient perpétuellement depuis qu’on a des écrits (i.e. environ Platon…)

Bref, rien de nouveau sous le soleil à ce sujet 🙂

Par contre, la perception du droit au cellulaire comme un droit à la communication est nouveau et fait bien des vagues partout.

Quant au fait que l’école doit se contenter de montrer à apprendre, hum, la plupart des parents attendent bien plus… Probablement trop et ils ne sont pas assez fermes dans leur encadrement. Je ne parle pas sévérité, je parle de cohérence : quand quelque chose est importante pour nous (comme le respect), les enfants l’absorbent assez rapidement.

Ce sont les parents qui, à la limite, entraînent ce genre de situation : quel genre de parent a un enfant qui écrit une telle lettre de menace ? La plupart des parents ne permettraient pas ça il me semble. Un peu comme les strings aux petites filles de 8 ans, il y a un parent qui a dit oui (ou laissé faire) en arrière-plan…

Ce serait leur couper une main! Et lorsqu’il sera temps de lever la main (pour répondre…) que feraient-ils?

Je me souviens de l’ancêtre de cette drogue!! Pour les petits-petits, l’un des premiers jeux portables peu coûteux et très captif, était un petit ami électronique qu’y devait être nourri régulièrement faute de quoi, il mourrait!

Je suis tout de même surprise que les cousins démontrent un tel manque d’autorité et de discipline, ce sont nous les molasses!

Oufff un ado français qui critique et argumente, ce doit être assez suant…

L’école est là pour apprendre. Le jeune qui est en train de parler au cellulaire n’a pas l’attention à ce que dit l’enseignant. Il est certain que l’école doit être appuyé par les parents. Les parents sont la base même de l’éducation des jeunes et ces parents doivent reprendre en main les cordons au plus vite. Les jeunes n’ont pas besoin de tout avoir pour être heureux. Je dirais même plus : il faut que les jeunes apprennent à faire des efforts pour les bonnes causes c’est-à-dire mettre du temps dans leurs études et moins à l’emploi qui leur permettent d’acheter des tas de gadgets qui finissent par les perturber.

« Apprendre à apprendre »: ce qui revient à dire, en somme, qu’il faut apprendre aux étudiants à se servir de leur instrument en évitant soigneusement d’utiliser la moindre partition. Reste alors l’apprentissage de la gamme (le plus petit dénominateur institué commun, parce que le plus « neutre »), ce qui toutefois – reconnaissons-le – ne risque pas de produire de grands compositeurs. Et que dire de cette cathédrale dans laquelle ils devront un jour jouer? Comment lui faire prendre la moindre altitude s’il n’existe plus aucun savoir partagé sur sa fondation, et si l’on se préoccupe davantage de discourir sur le maillet (méthodes pédagogiques) que sur la taille même des pierres? Ce savoir minimal, morcelé, méfiant à l’égard de ses formes instituées (et donc collectives), renvoie l’étudiant à lui-même, et tout charisme de fonction (Weber) ayant été destitué, il n’y a plus qu’une compétition des charismes personnels, à laquelle les étudiants sont évidemment prompts à prendre part. En fait, tout porte à croire qu’ils y sont de plus en plus encouragés. J’en veux pour témoins ces plans de cours dans un cégep de Québec que je ne nommerai pas, lesquels doivent désormais porter la signature du professeur et de l’étudiant – véritable contrat entre égales parties. L’involution progressive du maître vers l' »enseignant », puis de l’enseignant vers l' »accompagnateur-animateur » illustre bien le processus par lequel on a éliminé tout modèle susceptible de susciter une émulation; l’irrespect et les incivilités en classe, aujourd’hui, ne peuvent y être étrangers. /BHL

La technologie d’aujourd’hui a de ça qu’elle montre une dualité : d’un côté son incroyable utilité et de l’autre côté sa nature à créer une dépendance. Un téléphone en classe est contre-productif. Si les élèves y tiennent, qu’ils n’aillent pas en classe. C’est une question de respect, de politesse et de considération. Tout droit entraîne un devoir, ou une obligation, comme je l’ai si bien appris dans mes cours de morale. J’ai le droit d’aller à l’école, donc j’ai le devoir d’apprendre dans les meilleures conditions. Ce n’est pas la technologie qui rendra les gens plus intelligents et ces éléves français en donnent la preuve…

Benjamin-Hugo LeBlanc, fait attention, tes initiales portent à confusion… BHL, pour moi, c’est Bernard Henry-Lévis, l’intellectuel le plus détesté de France.

D’ailleurs, votre proposition va dans son sens. En réalité, tout cela retourne à Mai 68, nommé soixante-huitards en France. On le regrette encore, sauf pour une go-gauche bien-pensante qui souhaite encore un soulèvement maoïste. Mais c’est tout le propre de ces soixante-huitards, enculeur de poules et fumeur d’herbes magiques, cette suite d’évènements qui nous mènent d’hier à aujourd’hui, vers cette conclusion fatidique. Une génération, la mienne, ignorante, illettré, pratiquement analphabète. De kossé, le subjonctif présent?

En classe encore, la même consigne, exprimes-toi petit, tu sais ce que tu sais et ton opinion compte, c’est toi l’avenir, pas besoin d’enseigne, tu es ton chemin à suivre. Exprimes-toi avec toute ton ignorance, tu peux dire ta pensée profonde, fruit de ta réflexion putride. C’est ça la démocratie, il est interdit d’interdire. Les conséquences continuent, la bêtise soixante-huitarde, on en parle encore, réforme de réforme scolaire, solutions diverses offertes en comités de commissions de consultations générales. Soif de liberté, we don’t need no education, autorité, disparité, l’Actualité nous l’a annoncé, plus besoin de professeurs plates, on a l’Internet pour tout nous apprendre. Même la conjugaison avec Microsoft Word, merci. Pense pas, exprimes-toi, modus operandi de l’école. Apprend pas, fait comme tu le sens, ton intelligence émotive, qu’est-ce qu’elle en dit de Jacques Cartier? Si c’est ce que tu ressens, c’est ta vérité à toi, pas besoin de lire et d’apprendre.

Ça s’étend au reste, à la famille, à tout. C’est à se demander si Platon et Aristote n’avait donc pas tort de douter de la démocratie… Ça mène à la médiocrité. Si c’est ça la justice sociale, qu’on nous ramène les parents et les enseignants que les enfants détestent vraiment, mais qui les font grandir. Qui les élève vraiment. Ça suffit Mai 68, c’est mort. Un enfant, ça a besoin de bourrage de crâne. Le cerveau est une éponge à cet âge. Il faut arrêter de prendre les jeunes pour nos égaux. Jusqu’à la majorité, ils n’ont pas de voie démocratique. Idem pour l’éducation, tu ouvres ton livre à la page 132 et tu lis et tu fermes ta gueule où on te garde jusqu’à 6h. L’éducation se doit de rester dictatorial… et le professeur le dictateur de sa classe, point final.

NB: Dans dictatorial, il y a le mot dictée! La liberté s’acquiert à partir de ses ancêtres, par eux, pour eux. En éducation, on doit considérer l’étudiant comme un sujet du professeur-roi. Et qu’on cesse le cycle abrutissant de l’enfant-roi. Le professeur professe et l’étudiant étudie. Rien d’autre ne compte.