Le 11 septembre des Français

Les sociétés occidentales peuvent élargir et renforcer le filet de sécurité autant qu’elles le veulent, jusqu’à nier l’essence même de la démocratie — la liberté — rien n’y fera. Les terroristes passent entre les mailles du filet.

Photo: Julien Warnand/EPA/La Presse Canadienne
Photo: Julien Warnand/EPA/La Presse Canadienne

PolitiqueVendredi 13, soirée d’horreur en temps réel. L’appétit des terroristes islamistes pour l’humour macabre ne se dément pas.

Il y a 15 ans, les États-Unis connaissaient leur moment «9/11», abréviation anglaise du 11 septembre. Et maintenant, les Français subissent leur vendredi 13.

Cette journée qui porte malchance, selon les croyances populaires occidentales, s’est conclue par un carnage à la Kalachnikov dans les rues de Paris. Le dernier bilan, dimanche en fin de journée, fait état de 129 morts et 352 blessés, dont 99 graves.

Sept terroristes sont morts (six par explosion-suicide et un tué par la police). La piste mène en Belgique, où vivaient deux frères qui auraient été impliqués dans les attentats. Ce sont des Français, nés en France, et intoxiqués à l’idéologie mortifère du groupe État islamique (EI).

Toutes proportions gardées, ce vendredi 13 novembre 2015, c’est le 11 septembre 2001 des Français.

L’attentat revendiqué par l’EI a semé la terreur dans des arrondissements dépourvus de symboles. Ce ne sont pas le Marais (le quartier juif), le Quai d’Orsay ou la tour Eiffel qui ont été pris pour cibles, mais des lieux populaires, pour ne pas dire ordinaires: une salle de spectacle (le Bataclan), quatre restaurants (le Petit Cambodge, le Comptoir Voltaire, la Belle équipe, la Casa Nostra) et deux bars (le Carillon, À la bonne bière).

Mis à part le Stade de France, ciblé par trois kamikazes, aucun de ces lieux ne figurait sur la liste des infrastructures à risque dressées normalement par les services de renseignement.

Les sociétés occidentales peuvent élargir et renforcer le filet de sécurité autant qu’elles le veulent, jusqu’à nier l’essence même de la démocratie — la liberté —, rien n’y fera. Les terroristes passent entre les mailles du filet.

Les kamikazes du 11 septembre 2001 ont pris les commandes de quatre avions de ligne avec des couteaux à lame rétractable. Les terroristes canadiens ont utilisé une vieille bagnole (Martin Couture-Rouleau) et une Winchester déglinguée (Michael Zehaf-Bibeau) pour inciter le Canada à durcir sa loi antiterroriste.

La filière parisienne, avec ses ramifications en périphérie de Bruxelles, a utilisé des ceintures d’explosifs faites selon une recette simple, et des mitraillettes de type Kalachnikov qui se vendent maintenant 1 000 euros (1 430 dollars canadiens) sur le marché noir.

Au moins trois des kamikazes étaient français. Ils ont certainement bénéficié d’une assistance matérielle pour l’assemblage des ceintures d’explosifs et l’achat des mitraillettes. Le complot n’est pas très perfectionné, mais il a mené à des résultats tout aussi effroyables que les attentats contre la rédaction de Charlie Hebdo, en janvier dernier.

Le président français, François Hollande, voit dans ces attentats «une déclaration de guerre». «Ce que les terroristes veulent, c’est nous faire peur, nous saisir d’effroi. Il y a de quoi avoir peur, il y a l’effroi. Mais il y a face à l’effroi une nation qui sait se défendre, qui sait mobiliser ses forces, et qui une fois encore saura vaincre les terroristes», a-t-il déclaré.

Mais comment? La France compte environ 1 750 individus impliqués de près ou de loin dans les filières djihadistes. Elle a «fourni» 1 200 combattants, partis rejoindre l’EI en Irak ou en Syrie. Sa voisine belge, base arrière des salafistes en Europe occidentale, revendique 494 djihadistes: 272 d’entre eux sont présentement en Irak ou en Syrie, et 134 en sont revenus. Les autorités ne peuvent surveiller leurs moindres déplacements, et encore moins lire dans leurs pensées pour détecter le passage à l’acte.

Dans Mediapart, l’ancien juge d’instruction au pôle antiterroriste de Paris, Marc Trévidic, milite en faveur des politiques de lutte contre la radicalisation et l’idéologie islamiste, qui nécessiteront de 10 à 15 ans d’efforts. Toujours dans Mediapart, Pierre-Jean Luizard, directeur de recherche au CNRS et auteur d’un livre sur l’EI, en appelle à une intervention au sol en Irak et en Syrie, sous l’égide de l’ONU, pour déloger le groupe.

En mai dernier, lors d’un colloque sur la radicalisation tenu à Montréal, le politologue Sami Aoun rappelait que la guerre civile en Syrie et la montée de l’EI avaient pour trame de fond une guerre par factions interposées entre deux puissances régionales: l’Arabie saoudite (sunnite) et l’Iran (chiite).

En vitrine, l’EI se présente comme une organisation terroriste messianique et impitoyable. Elle est l’incarnation d’un totalitarisme nihiliste, version XXIe siècle. En arrière-boutique, l’EI est formé de vétérans et de rescapés du régime baasiste de Saddam Hussein, qui luttent pour assurer la suprématie des sunnites en Syrie et en Irak.

Pour Luizard, l’État islamique a véritablement déclaré la guerre à la France. Les attentats visent non seulement à semer la terreur, mais à convaincre les différentes communautés que le vivre-ensemble est désormais impossible.

Dans une France déjà traversée par des tensions sociales importantes, l’EI invite la société, par les bombes et les fusillades, «au repli identitaire et à la peur de l’autre», explique-t-il. En France, et dans tous les pays occidentaux ciblés par les terroristes, dont le Canada, il faudra résister à la tentation de ces affrontements communautaires. Et ne pas perdre de vue que la lutte contre le terrorisme est indissociable du retour de la paix au Proche-Orient, si un tel projet est encore possible.

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il faut demander des comptes a larabie saoudite et au quatar qui eux finacent l etat islamique

Il faudrait demander à notre premier ministre de nous faire part de son opinion sur le financement de l’El par ses amis saoudiens.

Mais je n’attend rien de ce côté,il préfère faire de la petite politique partisane sur ses adversaires péquistes et caquistes en insinuant qu’Is sont racistes et xénophobes.

Oui mais où prendrait-on notre pétrole?

Nos enverdeurs déconnectés veulent fermer le robinet de l’Ouest Canadien pour mieux s’approvisionner au pompes islamiques…

Si ces pays n’étaient pas assis sur des montagnes de pétrole les pays occidentaux ne seraient pas la bas. Maudit pétrole!! Le désengagement est la véritable solution .

La recette qui marche au Moyen-Orient et aussi en Afrique, laquelle consiste à s’en prendre à la population et non plus spécifiquement aux symboles de l’occident, s’applique désormais pour l’Europe. Ce qui modifie le comportement de cette nouvelle génération de terroristes, ce n’est pas spécifiquement l’idéologie, c’est plutôt que cette génération a été nourrie aux « jeux vidéo », toujours plus violents et sont simultanément rompus à la consommation de drogues toxiques.

C’est parce que ces jeunes-là ont des prédispositions pour vivre cette sorte de « jeu » de manière « réelle » et non plus virtuelle, qu’ils deviennent des cibles de recrutement idéales pour les idéologues de l’Islam qui vivent aussi une sorte de « rêve » d’une engeance supérieure destinée à régner sur la planète, laquelle engeance sortira tôt ou tard de ce chaos. Ce qui rejoint d’ailleurs l’idéologie des nazis.

Mais encore les textes bibliques. Puisque foi et destruction ne sont hélas jamais très loin.

D’un autre côté lorsqu’on fait pleuvoir les bombes, comme ce fut le cas en 2003 sur Bagdad. La puissance de feu capable de déployer l’occident, ouvre directement la voie du terrorisme.

Dans les années 40, beaucoup de français sont devenus des terroristes aux yeux du régime nazi. Tout simplement parce qu’ils avaient décidé de résister à ce régime. Pour nous bien sûr ce sont des résistants et ceux qui sont morts en martyres sont des héros.

La chose joue également pour les islamistes les plus rigoristes, qui estiment que nos sociétés sont décadentes et qu’il faut résister de toutes les façons à leurs influences impures. La résistance et le sacrifice suprême deviennent aussi des formes d’héroïsmes.

La question au fond est de savoir si le monde est capable de devenir ou de redevenir vertueux. Ce qui inclut bien sûr l’occident. Peut-on vivre bien ensemble dans une planète qu’on exploite et que l’on ne respecte pas ? Peut-on partager le travail avec tout le monde et par le fait même lutter efficacement contre l’exclusion ? Peut-on réduire l’inégalité sociale notamment ?

On ne devient pas terroriste et on ne fait pas régner la terreur par hasard. On est simplement poussé à un moment donné vers le néant. La France a su en partie créer les conditions de son propre malheur en produisant au fil des ans sur son propre territoire des ghettos et favoriser toutes les formes les plus malsaines de l’exclusion.

Je suis né français, né à Paris et je vis au Canada depuis 23 ans. Étonnement ma mère est décédée ce vendredi 13 dernier. Elle n’était pas au Bataclan, elle avait 94 ans.

C’est un peu plus complexe que ça et pour le moment il n’y a pas vraiment de solution magique. Il n’en reste pas moins que l’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan, justifiées ou pas, a causé en grande partie cette situation en exacerbant les rivalités sectaires. On sait fort bien que l’intervention militaire pose des risques énormes et, en général, ne résout pas grand chose dans un contexte où l’envahisseur doit éventuellement se retirer faute de moyens de continuer l’occupation. Les frappes aériennes ne donnent pas grand chose non plus – ça apaise les gens des pays occidentaux qui croient naïvement que ça va régler le problème mais en réalité ça rend la détermination de Daesh encore plus ferme et risque la vie d’un grand nombre de civils.

La cerise sur le sundae c’est la pétition pour empêcher la venue de réfugiés syriens… C’est typique de la droite idéologique à laquelle se nourrit Daesh. Pensez-vous sérieusement qu’un djihadiste va se mêler dans des familles de réfugiés, rencontrer les autorités canadiennes, se faire commanditer et s’identifier pour prendre l’avion et venir ici avec les réfugiés? Aucune chance – s’ils veulent venir ici, ils n’ont qu’à avoir un faux passeport, de faux papiers et acheter un billet d’avion… Daesh est très capable de fournir des faux papiers – ils sont très bien organisés et cette pétition fait juste le jeu de ces gens qui cherchent à déstabiliser les démocraties occidentales.

Pourquoi les journalistes ne questionne pas les sources de revenus de l’EI, leur principale ressource est le pétrole c’est dire les puits et certaines raffineries .Qu achète ce pétrole. Pourquoi la coalition qui bombarde des petits bled ne bombarde pas ces raffineries sous contrôle de l’EI.Pourquoi les journaux tiennent dans l’ignorance le peuple.

Malgré toutes les haines dont ils sont l’objet les américains n’ont pas subi d’attentat majeur depuis septembre 2001. Durant cette période les Européens ont subi de nombreux attentats dont certains ont fait des centaines de morts. Il faut croire que nonobstant les critiques peut-être justifiées qu’elles ont suscitées les mesures musclées de sécurité mises en place par les autorités américaines ont eu un effet bénéfique alors qu’au contraire en Europe il est clair qu’on en a pas fait suffisamment.

D’un point de vue géographique et démographique il est évident que l’Europe est plus vulnérable que les USA, pourtant on a pas cru bon là-bas de suivre les américains en matière de sécurité. De toute évidence il est maintenant temps de d’y mettre moyens et ressources qu’il faut et d’ajuster le droit su nécessaire. Je comprends que cela implique aussi de sacrifier un peu de liberté et de confidentialité mais clairement le prix de l’insouciance est devenu trop élevé. Par exemple il ne devrait plus être possible pour quelqu’un de partir de Grèce pour aller jusqu’en Belgique sans le moindre contrôle frontalier…

En réponse à la question posée par Pierre Simard, » C’est pour expliquer à ceux qui n’auraient pas compris ».

« Toutes proportions gardées, ce vendredi 13 novembre 2015, c’est le 11 septembre 2001 des Français. » En effet! À noter le discours du Président Hollande à l’AN, par le ton et par le fond, avait de notables ressemblances avec celui de G.W. Bush au lendemain du 9/11. Et on connaît la suite et la réaction des autorités Françaises à l’époque qui s’opposeront violemment aux actions américaines qui vont suivre. Comme quoi l’Histoire est pleine d’enseignement!