Chantal Hébert : Le bulletin du premier tour de piste

Si on mesurait le succès électoral à l’aune de la détermination devant l’adversité, la formation de François Legault serait en meilleure posture.

Photo: Jacques Boissinot/La presse canadienne
Photo: Jacques Boissinot/La presse canadienne

PolitiqueTrois jours — c’est trop peu pour juger de l’allure que prendra une campagne électorale. Surtout qu’au retour de Toronto hier soir, l’avion était rempli de familles qui rentraient de vacances, relâche scolaire oblige. Et maintenant, voilà que le printemps se pointe enfin le bout du nez.

Voici tout de même quelques observations/impressions sur le départ en campagne des trois principaux partis…

La CAQ : Si on mesurait le succès électoral à l’aune de la détermination devant l’adversité, la formation de François Legault serait en meilleure posture. Ce n’est pas évident de se lever tous les matins, comme le fait le chef caquiste, pour pousser un parti en panne dans les sondages vers le sommet, lointain, d’une pente raide.

Comme au cours de la campagne précédente, M. Legault défend des idées qui ne sont pas automatiquement reçues par la classe politico/médiatique québécoise. À première vue, il me semble qu’il le fait plus efficacement qu’en 2012 et cela dans un climat plus réceptif que la dernière fois — y compris dans les médias.

C’est un peu parce que personne n’aime tirer sur les ambulances que bon nombre d’entre elles finissent, envers et contre tout, par se rendre à destination.

Le PQ mène une campagne manifestement bien rodée qui exploite avantageusement le fait que Pauline Marois est foncièrement une femme de pouvoir. Dans les habits de première ministre sortante, elle semble plus confortable que dans ceux de chef d’opposition. (Quant à ceux de leader du mouvement souverainiste, ils doivent être au nettoyage pour la durée de la campagne.)

Contrairement à certains de ses contemporains politiques (Stephen Harper en tête), la chef péquiste n’a, de toute évidence, pas peur de s’entourer de femmes fortes. Sa brochette de candidates en témoigne.

Mme Marois ne suscite peut-être pas beaucoup de vocations souverainistes, mais il y a fort à parier que son exemple en inspire plus d’une à faire le saut en politique, et pas seulement au PQ.

Le chef du PLQ, Philippe Couillard, vient de vivre une de ses meilleures semaines depuis son arrivée à la tête du parti. C’était le genre de début de campagne dont il avait absolument besoin pour remonter le moral des troupes en vue du marathon qui s’amorce.

Le recrutement de nouvelles grosses pointures économiques (avec un coup de pouce de Daniel Johnson ?) était un passage obligé pour l’équipe libérale.

La fuite de leurs noms a amoindri l’impact de leur entrée en scène, mais cette dernière a tout de même donné un peu de relief à une plateforme économique qui ne promet pas de réinventer la roue. Pour l’heure, on a l’impression que le PLQ mise davantage sur son statut de valeur-refuge que sur le renouvellement en profondeur.

Au total, dans les trois cas : un début de campagne qui n’avait rien pour faire bouger les plaques tectoniques, mais qui ne les a sans doute pas cimenté dans leur position actuelle non plus.

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À propos de Chantal Hébert

Chantal Hébert est chroniqueuse politique au Toronto Star depuis 1999. Elle signe également une chronique dans le magazine L’actualité et commente la politique à la radio (C’est pas trop tôt sur les ondes d’ICI Radio-Canada Première) et à la télévision (Les coulisses du pouvoir à RDI / ICI Radio-Canada Télé et At Issue à CBC). On peut la suivre sur Twitter : @ChantalHbert.

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Si la CAQ ne se redresse pas, si elle ne remonte pas, on s’achemine vers un gouvernement libéral.
Si j’étais Pauline, je réunirais mon équipe et je mettrais sur pied une campagne agressive, contre les libéraux, afin de ramener au bercail les caquistes

Comment? En leur rappelant qu’ils ne peuvent pas voter pour le parti de la corruption. On leur sortant le meilleurs moments de la Commission Charbonneau, Gomery et Bastarache. En disant tous les jours, jour après jour, qu’un vote pour les rouges c’est un vote pour la corruption.

M. Jack2, quand vous parlez des meilleurs moments, je crois comprendre que vous ne faîtes pas allusion aux écoutes électroniques qui parlent d’un deal entre la FTQ et le mari de Mme Marois…

Faut-il mieux estimer le nouveau M. Couillard ?
Un M » Couillard qui clame bien haut sa haine pour le PQ. Sa haine pour plus ce 100 000 membres péquistes. Sa haine pour plus de 2 000 000 d’électeurs favorables au PQ.
Pourquoi faut-il éprouver de la haine pour des concitoyens qui ne partagent pas notre vue politique?
Un nouveau langage pour M. Couillard qui démontre son peu de respect pour la démocratie et pour la population. Une attitude que l’on retrouve souvent chez les potentats d’Arabie saoudite. Il a bien appris sa leçon.

La haine de l’ennemi est primordiale si l’on veut vaincre.

Vous voulez la vérité ou de la duplicité et de la frime?

S’il existait un détecteur de mensonges pour les politiciens dans cette campagne, Monsieur Couillard le passerait haut la main, par contre, Madame Marois ferait exploser la machine.

Vous soulignez le fait que Pauline Marois est en meilleure posture sauf que vous oubliez son début raté. Elle peut bien suivre les traces de S.Harper mais elle n’est pas S.Harper. Elle est trop sure d’elle et ceci c’est très dangereux, il ne faut jamais sous-estimer l’adversaire. Personnellement, je n’aimerais pas être une souverainiste et voir la chef du PQ faire des peromesses sur le futur référendum sans vraiment y croire elle-même. Elle me fait penser à un gourou d’une secte qui ne cesse de répéter à ses fidèles que le grand jour arrive mais que le bon moment n’est pas encore arrivé. Pauvre eux qui vivent d’espoir que la souveraineté est à portée, je ne blâme pas qui que ce soit d’avoir quitté le navire. J’écoutais Gilles Duceppe cette semaine aux EX à RDI, et il est dans cette mouvance lui qui bénéficie des mêmes avantages que quiconque a oeuvré à Ottawa.