Paul Wells est analyste politique depuis près de 30 ans. Il a écrit notamment pour Maclean’s, le Globe and Mail et le Toronto Star, et collabore à de nombreuses émissions radiophoniques et télévisuelles, en anglais et en français. Il publie une infolettre consacrée à la politique canadienne, à la culture et au journalisme.
Dans une épicerie à Saint-Anselme, en Chaudière-Appalaches, lors de la deuxième journée de campagne, l’homme qui scandait des slogans contre le chef de la Coalition Avenir Québec (CAQ) pendant son point de presse (du genre « Legault, dehors ! » mais en employant un vocabulaire plus pittoresque) ne me semblait pas issu de l’immigration. Je n’avais pas non plus l’impression que le costaud agent de la SQ qui l’a aidé à trouver la porte de sortie s’attendait à devoir protéger François Legault uniquement contre des extrémistes venus d’ailleurs.
Je conviens avec le premier ministre que les Québécois sont « tissés serré ». Toute ma vie, j’ai apprécié la générosité et l’esprit de communauté des Québécois, dont j’ai beaucoup appris.
Mais il arrive que, parmi les mailles de cette belle étoffe, s’en trouvent certaines portant les noms de Denis Lortie, Alexandre Bissonnette, Martin Couture-Rouleau ou Richard Henry Bain. C’est-à-dire des individus aux racines québécoises des plus profondes, mais qui ont fait des gestes d’une violence politique inouïe. La guerre des motards, la crise d’Oka, même les émeutes après un match de hockey ou sur les plaines d’Abraham à la fin d’une Fête nationale démontrent que, pour qui cherche les racines de la « chicane », ce n’est pas tant dans le défi de l’intégration qu’il les trouvera.
J’aurais préféré éviter le sujet délicat de l’immigration dans mes chroniques électorales. Mais voilà, François Legault, lui, refuse de faire pareil, alors je n’ai pas vraiment d’autre choix que de l’aborder.
On peut se faire croire que le chef de la CAQ ne livrait pas le fond de sa pensée lorsqu’il a dit, le 7 septembre à Victoriaville, que le taux d’immigrants devrait demeurer bas parce que « les Québécois sont pacifiques. Ils n’aiment pas la chicane, ils n’aiment pas les extrémistes, ils n’aiment pas la violence. Donc il faut s’assurer qu’on garde ça comme c’est là actuellement. » Il s’est excusé plus tard d’avoir associé immigration et violence. D’accord.
Lundi, il s’est limité à tracer un simple lien entre immigration et cohésion sociale. Le malaise. « Je pense qu’une des raisons pourquoi les Québécois ont suivi les consignes plus qu’ailleurs, c’est parce qu’il y a une cohésion nationale au Québec. Les gens sont autour de certaines valeurs et on est une nation tissée serré. Mais pour qu’il y ait une cohésion nationale, il faut qu’il y ait une nation, une nation forte. Et la nation québécoise, pour être forte, il faut protéger le français. Sinon, il y a des inquiétudes », a dit François Legault.
Les chefs des autres formations politiques se sont empressés de dénoncer ces propos. « Minable », a réagi Dominique Anglade, du Parti libéral. « Ça a toujours l’air d’être un problème pour lui, l’immigration », a jugé Gabriel Nadeau-Dubois, de Québec solidaire.
Et voilà justement l’intérêt stratégique pour François Legault d’associer immigration et troubles sociaux : s’il est le seul à dire tout haut ce que bien des gens pensent tout bas, et que l’expression de l’opinion contraire est divisée entre deux ou plusieurs chefs de partis différents, il peut espérer récolter les appuis des électeurs qui sont inquiets par rapport à l’immigration.
Les sondages montrent que cette préoccupation est partagée par bien des électeurs : une enquête d’opinion de la maison Léger, en mai, pour le compte de TVA révélait qu’un Québécois sur cinq voulait que le Québec accueille moins de 50 000 immigrants, 23 % désiraient en recevoir plus, tandis que 43 % souhaitaient qu’on limite leur nombre à ce seuil de 50 000. Le point de vue exprimé par le premier ministre « est surtout une crainte de ceux qui n’habitent pas à Montréal », selon le sondeur Christian Bourque.
C’est un paradoxe connu : ceux qui côtoient plus souvent les immigrés les estiment le plus.
Les sondages montrent aussi que la méfiance envers les immigrants est semblable ailleurs au Canada : à peu de choses près, des proportions identiques de Canadiens hors Québec et de Québécois jugent qu’il y a trop d’immigrants.
Et pourtant, lors de la campagne électorale provinciale en Ontario le printemps dernier, le premier ministre sortant, Doug Ford, dont le style politique est par ailleurs très semblable à celui de François Legault, cherchait plutôt activement à accueillir plus d’immigrants dans sa province pour combattre la pénurie de main-d’œuvre.
C’est la preuve qu’un premier ministre a toujours le choix : il peut conforter des préjugés ou les affronter. Aux électeurs de juger de ce choix.
La grande différence entre Ford et Legault est que Ford a besoin de la multiethnique Toronto pour l’emporter, tandis que Legault est presque assuré la victoire même sans Montréal. Ce n’était pas un faux pas de Legault, mais bien un très bon calcul de sa part. Pendant qu’on discute de ceci, on ne parle pas de cela et Legault préfère parler de chose qui ne changeront pas beaucoup la donne pour lui le 3 octobre.
Est-ce qu’un analyste politique pourrait prendre le temps d’expliquer ce qui arriverait au Québec si le gouvernement décide de ne pas accueillir plus d’immigrants? J’aimerais qu’un politicien en fasse l’analyse, mais c’est très improbable qu’ils plongent dans ces eaux troubles.
Tant qu’à dire que l’immigration est, au bout de comptes, un problème… pourquoi ne pas fermer la porte à l’immigration, puis assumer les conséquences.
En tant qu’immigrant moi-même, je suis franchement tanné de me faire prendre par appât pour attirer des votes tous les 4 ans. OK, on ferme la porte, puis on n’en parle plus. On pourra donc consacrer du temps à parler des vrais enjeux: les écoles en ruines, le système de santé à bout de souffle, la crise du logement, le changement climatique…
Il ne fait aucun doute que les émigrants non francophones sont une menace pour la cohésion sociale du Québec. Le fait que le Québec ne contrôle pas son émigration est un désastre. Le canada, qui planifie recevoir 450000 émigrants par année, pousse son agenda multiculturel. Le Québec et sa langue ne seront, un jour qu’une langue et une culture sur le même pied d’égalité que toutes les autres langues minoritaires au canada. La seule langue de communication sera éventuellement l’anglais. Heureusement, je serai mort d’ici là !!!
Vous écrivez que Legault «peut espérer récolter les appuis des électeurs qui sont inquiets par rapport à l’immigration». Je suis un de ces électeurs qui est inquiet non pas de l’immigrant mais de la manière dont on gère l’immigration ici, au Québec, sachant que l’auguste StatsCan démontre dans le dernier recensement que les politiques d’immigration ont encore contribué à miner les francophonies canadienne et québécoise. Pour cette raison (entre autres) je n’appuie pas la CAQ de Legault qui malgré qu’ils soient au pouvoir ont peu fait en matière d’immigration, se contentant de blâmer Ottawa.
Il ne faut pas faire l’autruche pour remarquer que souvent on abuse de l’immigrant en le traitant comme du cheap labour. On en a souvent besoin pour les tâches que les locaux ne veulent pas faire. Je sais qu’il ne faut pas généraliser mais une immigration qui voue souvent à la pauvreté n’aide pas le pays tant que ça et cela demeure uniquement des statistiques pour que des politiciens se pètent les bretelles. Il est aberrant qu’un médecin ou un ingénieur formés à l’étranger se retrouvent ici à faire des ménages ou à conduire des taxis! N’a-t-on pas besoin de ces gens quand tout semble s’écrouler ici?
Tant que les politiques d’immigration menacent la francophonie d’ici, il y a lieu de s’y opposer car cela voue notre peuple à une disparition éventuelle. Ce ne sont ni Legault ni Trudeau qui ont l’ambition de changer les chose – on en reste toujours aux phrases creuses et aux bévues comme l’histoire de Peerless où la CAQ, après 4 ans de pouvoir, a laissé tomber un programme de francisation en entreprise jusqu’à ce que le Devoir le dévoile… Ça s’appelle se tirer dans le pied et non, la CAQ n’aura pas mon vote.
Je suis un immigrant. De longue date, mais un immigrant quand même. Ce qui signifie que, d’une part, je ne m’opposerai jamais à ce que d’autres jouissent du privilège que j’ai eu de pouvoir immigrer ici, et que d’autre part, j’ai eu largement l’occasion de réfléchir à ce que signifie immigrer. Et il ne peut y avoir, à mon sens d’immigration sans réelle volonté d’intégration dans la population d’acueil de la part de l’immigrant, autrement dit d’assimilation. S’intégrer ne signifie pas rester un étranger dans sa société d’accueil, mais s’y fondre.
Cela n’implique pas de renoncer à ses acquis et à son bagage antérieurs, ni de renoncer à être ce que l’on est, mais cela signifie littéralement épouser sa terre et sa population d’accueil. Lorsque je suis arrivé au Québec, j’ai eu cette volonté de m’intégrer. Mon destin serait ici. On ne me le demandait pas, mais j’aurais volontiers rendu mon passeport européen s’il l’avait fallu (je ne l’ai d’ailleurs jamais renouvelé) : je devenais québécois, j’allais me faire des amis québécois, faire miennes la culture, l’histoire et les traditions québécoises et participer au destin de cette nation. J’ai toujours pris garde de ne pas imposer ma culture précédente au Québec. Mon désir d’assimilation était réel. On ne m’entendra jamais dire que je suis français, je suis québécois.
Et si cette démarche n’est pas sincère et entière, pourquoi immigrer? Ou, à tout le moins, pourquoi choisir cette terre-ci? Si je conçois que certains n’ont pas d’autre choix que de quitter leur pays, il reste que, parmi les différents pays possibles, ils choisissent le Québec, en principe, espérons, pour ce qu’il est (le raisonnement est transposable ailleurs), que leur destin est lié à l’avenir de cette nation et qu’ils ont un devoir de respecter ce(ux) qu’ils y trouvent.
S’il est bienvenu et enrichissant qu’ils fassent profiter notre société de ce qu’il y a de positif et de constructif dans leurs différences, il est totalement inapproprié qu’ils contestent notre système, nos lois, nos normes ou notre culture ou veuillent les modifier pour y faire une place aux leurs, surtout si leurs valeurs sont contraires aux nôtres. Il est incohérent de vouloir vivre ici comme on vivait dans le pays qu’on a dû fuir et de vouloir recréer au Québec le système de valeurs ou le mode de vie qui est possiblement à l’origine de l’échec de sa société d’origine. La diversité est une richesse, et on ne me fera jamais dire le contraire.
Mais il n’est pas question d’accueillir un multiculturalisme qui confine en réalité à la coexistence de plusieurs sociétés, avec des modes de vie, des règles, des valeurs et des revendications sociétales très différents, voire à une hostilité inter-ethnies, dans un même État. Sans une langue, des valeurs et des aspirations minimalement communes, il ne peut y avoir de ciment national. Il ne peut y avoir de sentiment d’appartenance à une même communauté. Il ne peut y avoir de réelle solidarité. Chaque communauté vit dans son coin, se côtoie, mais ne se mêle pas vraiment aux autres. C’est ce qu’on observe dans les sociétés anglo-saxonnes, où le multiculturalisme se conçoit bien, pour autant que ce soit sous l’égide paternaliste de l’élite anglo-saxonne. Plusieurs sociétés dans une, c’est la recette d’un pays éclaté. C’est la négation de la nation au sens d’âme d’un peuple. Ce n’est pas notre culture.
Il est évident qu’il est plus facile, pour des raisons culturelles, pour certains immigrants que pour d’autres de s’intégrer, de même qu’il est plus facile pour la société d’accueillir certains types d’immigrants que d’autres, mais cela ne remet pas en cause les idées ci-dessus. Il ne peut y avoir d’immigration réussie sans assimilation, et le fait est que si l’on excepte les invasions, l’immigration a toujours fonctionné ainsi, jusqu’à il y a quelques décennies. Ce n’était pas toujours facile pour la première génération, mais la deuxième génération était généralement intégrée. L’anecdote est connue, mais beaucoup d’immigrants avaient à cœur, en France, encore dans les années 1960, de donner à leurs enfants des prénoms de leur nouvelle société, afin de symboliser leur assimilation.
Cela dit, parce qu’il est plus facile d’intégrer une immigration facilement miscible dans la société en raison de marqueurs culturels plus proches, dont la langue, on conçoit qu’il sera plus facile d’intégrer au Québec 80 000 Français ou Belges que 20 000 personnes d’autres régions du monde ayant très peu en commun avec nous. Ces 20 000 personnes exigeront plus de structures d’accueil, d’intégration ou de francisation de notre part. Cette exemple illustre à quel point le débat sur le nombre d’immigrants est artificiel. Le chiffre est nécessairement relatif, puisqu’il est lié à la notre capacité d’intégration et de formation, mais aussi aux caractéristiques propres à ces immigrants. Cela implique qu’il faut pouvoir sélectionner une immigration qui possède des traits laissant supposer qu’elle s’intégrera d’elle-même et limiter en fonction de nos capacité de les franciser, notamment, les immigrants d’autres cultures.
Il est nécessaire, aussi, d’en finir avec l’idée répandue depuis quelque décennies qu’une immigration peut être inconditionnelle ou que l’immigrant peut apporter avec lui son mode de vie de là-bas. Il n’y a rien de révoltant à affirmer nos valeurs et les règles auxquelles devra se soumettre un candidat à l’immigration. Il n’y a rien d’inacceptable à leur dire que leur immigration est conditionnelle à leur effort d’intégration. C’est la base de la paix sociale et d’une nation unie. On peut mesurer en Europe où ont mené les politiques d’immigration laxistes et excessivement généreuses ou tolérantes. On a prétendu que les problèmes de non-intégration, de communautarisme ou de délinquance qu’on y trouve étaient liés à une prétendue revanche post-coloniale, mais les phénomènes comparables qu’on observe désormais dans les pays nordiques, qui n’ont jamais été colonialistes et n’avaient pas d’a priori, montrent que c’est l’immigration inconditionnelle comme telle qui est la source du problème.
Alors, au diable, les querelles de chiffres, qui ne doivent être ajustés qu’en fonction du profil des immigrants et de notre capacité d’accueil et de francisation. Il est beaucoup plus important de recentrer le débat sur ce que l’on attend de l’immigration du point de vue de son intégration. Et, pour en revenir aux petites phrases de François Legault, qui n’a rien dit de faux (c’est ce qu’on a fait dire à ses mots qui est discutable), il faut cesser d’être naïfs, de vivre dans le déni ou de tomber dans le militantisme de mauvaise foi : oui, une immigration mal intégrée engendre de la délinquance. L’Europe en sait quelque chose. De la même façon, on ne peut nier que « nos » gangs de rue sont issus de l’immigration. Nous avons assez à faire de nos propres voyous sans en importer d’autres (l’expulsion devrait être immédiate, une fois la peine purgée). Il n’y a aucun racisme à admettre cette réalité, et tout cela est tout aussi vrai pour la délinquance issue de l’immigration qui est caucasienne. Cela ne signifie évidemment pas que tous les immigrants sont des délinquants, et ce n’est pas ce qu’a dit F. Legault. Nous sommes, au Québec, une des sociétés les plus tolérantes, les plus bienveillantes et les plus sûres au monde. C’est une chance pour les immigrants. Ils doivent le reconnaître. Il doivent le respecter. Cela doit les inspirer et les motiver à s’assimiler. Et le PM a raison, cela ne doit pas changer, et nous devons faire ce qu’il faut pour cela.
De fait, l’immense majorité des nouveaux arrivants est bien intégrée et méritante. Je n’oublie jamais que ces personnes sont comme moi, comme nous, des êtres de chair et de sang qui rêvent, qui souffrent, qui pleurent, qui ont chaque jour leur fardeau à porter… Mais nous devons cesser d’être innocents, oser rejeter les pommes pourries et exiger que les immigrants s’intègrent sincèrement. Et en français, puisque nous sommes au Québec.
M.legault est le seul qui se préoccupe vraiment de l’économie et des vrai enjeu le monde qui vote quebec solidaire ils sont vraiment décolletés car ils vont êtres trop radicales se n’est pas comme ça qu’il faut gouverné trop enjeu économique