Le lobby des armes à feu se mobilise pour défaire Trudeau

«Nous allons nous assurer que les jours de ce gouvernement soient comptés», affirme Tracey Wilson, vice-présidente de la Coalition canadienne pour les droits aux armes à feu, l’équivalent canadien de la NRA aux États-Unis.

Photo : La Presse canadienne

Le lobby pro-armes à feu à travers le Canada se mobilise pour défaire le gouvernement Trudeau aux prochaines élections, lui qui vient de resserrer les vérifications lors de la vente des fusils et carabines avec l’adoption du projet de loi C-71. Plusieurs organisations lancent dans la bagarre électorale leurs milliers de membres et de bénévoles, vont faire de la publicité pour convaincre les Canadiens de tourner le dos au Parti libéral et demandent à leurs membres de contribuer à la caisse électorale des candidats du Parti conservateur.

« Nous serons très impliqués et notre seul objectif est de faire élire un gouvernement qui veut vraiment travailler pour combattre le crime. Et ce n’est pas le gouvernement libéral. Nous allons nous assurer que les jours de ce gouvernement soient comptés », affirme en entrevue avec L’actualité Tracey Wilson, vice-présidente aux communications de la Coalition canadienne pour les droits aux armes à feu (CCDAF), l’équivalent canadien de la NRA aux États-Unis.

Plus de 300 bénévoles de l’organisme sont déjà à l’œuvre dans certaines circonscriptions stratégiques (gardées secrètes) et la CCDAF prévoit que « des milliers de nos membres » se joindront à l’effort lors de la campagne électorale.

Tracey Wilson refuse de dévoiler le nombre de membres total de la CCDAF. « On ne donne pas ce chiffre publiquement, mais je peux vous dire que nous avons connu une hausse de 63 % de notre membership depuis un an et que nos membres représentent une impressionnante proportion des 2,2 millions de Canadiens qui possèdent une arme au pays », dit-elle.

Tracey Wilson ne s’en cache pas : son organisme souhaite qu’Andrew Scheer devienne premier ministre, lui qui a promis d’abroger la loi C-71 s’il prend le pouvoir.

Dans une note interne distribuée à ses membres à la fin du mois de mai, intitulé « A Call to Action » (un appel à l’action), la Coalition canadienne pour les droits aux armes à feu donne quelques indications à ses partisans. « Vous devez d’abord trouver dans quelle circonscription vous êtes. Ensuite, identifiez le candidat fédéral qui reflète le mieux votre vision de cet enjeu. Les libéraux, le NPD et le Parti vert ont tous des politiques hostiles aux armes à feu, alors faites le calcul », peut-on lire.

Le contrôle des armes à feu pourrait devenir un sujet chaud lors de la prochaine campagne électorale. Pendant de nombreuses années, le défunt registre des armes de chasse a fait les manchettes et mobilisé les organismes de défense des armes à feu. Après une accalmie, ce lobby est de retour sur le front politique.

La loi C-71, qui resserre le contrôle des armes à feu, a été déposée en mars 2018 par le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, qui remplissait ainsi une promesse électorale du Parti libéral. Le projet de loi a suivi son petit bonhomme de chemin à travers le processus législatif jusqu’à l’étape ultime, le 28 mai dernier, lors de son adoption au Sénat, où il a été approuvé par 55 voix contre 33. Tous les sénateurs conservateurs ont voté contre.

Que dit cette loi qui indispose le lobby des propriétaires d’armes?

  •  Dorénavant, la vérification des antécédents — criminels ou concernant la santé mentale — d’un demandeur de permis de possession et d’acquisition d’arme couvrira toute sa vie, et non plus seulement les cinq années précédant la demande. Cette vérification s’appliquera également au renouvellement du permis.
  • Les détaillants qui vendent des armes à feu devront tenir un registre des ventes et un registre de leur inventaire, ce qui n’était pas obligatoire.
  •  Le vendeur d’une carabine, qu’il soit un détaillant ou un simple citoyen, devra s’assurer que l’acheteur a un permis en règle et valide. Ce n’était pas le cas auparavant. S’il ne vérifie pas auprès des autorités gouvernementales avant de le vendre, il pourrait perdre son propre permis de possession d’arme.
  • Le gouvernement ne pourra plus aller contre l’avis de la GRC si le corps policier décide qu’une arme passe du statut d’arme sans restriction à celui d’une arme avec restriction. À l’été 2015, juste avant les élections, deux fusils que la GRC estimait dangereux, le Swiss Arms Classic Green et le CZ-858, avaient été changés de catégorie par le ministre de la Sécurité publique de l’époque, Steven Blaney, pour faire plaisir au lobby des armes et des tireurs sportifs. La GRC estimait qu’il était trop facile de transformer ces armes en fusil automatique. (Le CZ-858 a été utilisé par Richard Henry Bain le soir de l’attentat contre Pauline Marois au Metropolis, en 2012). Dorénavant, le parti au pouvoir pourra modifier à la hausse la restriction des armes, mais ne pourra pas faire l’inverse et diminuer la classification sans l’accord de la GRC, comme le gouvernement Harper l’avait fait.
  • C-71 impose davantage de restrictions concernant le transport des armes prohibées ou à utilisation restreinte, comme les pistolets ou les armes semi-automatiques. Il faut maintenant demander certaines permissions pour que l’arme soit déplacée d’un point A à un point B si ce n’est pas entre la maison et le centre de tir.
  • La loi C-71 permet aussi au gouvernement du Québec de mettre la main sur les données du défunt registre fédéral des armes de chasse pour alimenter son propre registre, en vigueur depuis janvier dernier. Le gouvernement Harper avait refusé de les transmettre au Québec à l’époque. La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbeault, a 120 jours pour en faire la demande, ce qu’elle fera, a confirmé son porte-parole, Jean-François Del Torchio. Ces données ne sont toutefois pas fraîches, puisque le registre fédéral a été aboli en 2012 et que les propriétaires d’armes ne sont plus obligés de les enregistrer depuis une amnistie accordée en 2006 par les conservateurs.

La loi C-71 ne remet pas sur pied un registre fédéral des armes à feu. Et contrairement à ce que certains blogues pro-armes proclament depuis quelques semaines, le gouvernement n’entend pas confisquer les armes en circulation ou « jeter en prison » ceux qui ne s’y conforment pas.

Cela n’empêche pas le lobby des armes de monter aux barricades. Ils craignent également que le gouvernement aille plus loin et interdise l’une des armes semi-automatiques les plus populaires au monde, le AR-15 (utilisé dans de nombreux attentats de masse), et que le ministre Ralph Goodale interdise carrément les armes de poing — une idée pour l’instant écartée par le gouvernement.

Le directeur général de l’Association canadienne du tir sportif, Tony Bernardo, demande à ses membres de faire du bénévolat et de faire des dons aux candidats qui encouragent « le tir sportif » et les « tireurs ». L’association entend s’enregistrer auprès d’Élections Canada pour intervenir lors de la prochaine campagne électorale.

À partir du 30 juin, la période préélectorale commence, de sorte que les organismes qui souhaitent s’impliquer en politique partisane, soit pour faire la promotion d’une cause ou encore pour défaire ou aider un parti politique, doivent s’inscrire auprès d’Élections Canada. Ils ne peuvent dépenser plus de 1 023 400 $ d’ici le déclenchement de la campagne, puis un maximum de 511 700 $ pendant la campagne électorale officielle.

Même scénario à la National Firearms Association, en Colombie-Britannique, l’une des plus anciennes au pays, qui va s’enregistrer auprès d’Élections Canada pour faire de la publicité à partir du 30 juin. « Nous avons des bénévoles en place et nous encourageons fortement nos membres à travailler et à donner pour faire élire des candidats que nous appuyons », a soutenu au site IPolitics le président de la National Firearms Association, Sheldon Clare.

Sur cet enjeu, la fracture électorale entre les villes et la campagne est bien visible, de sorte que les circonscriptions dans la mire du lobby pro-armes sont généralement situées en régions, là où des courses serrées se profilent entre les libéraux et les conservateurs.

Le sénateur conservateur Don Plett, qui a mené la charge contre le projet de loi à la Chambre haute, soutient que la législation ne fera qu’affecter les propriétaires d’armes à feu respectueux de la loi, qui devront remplir plus de paperasse et qui feront face à plus de potentielles accusations. « Le gouvernement fait des propriétaires d’armes à feu respectueux de la loi des boucs émissaires, tout en ignorant les vrais problèmes. C’est regrettable », a-t-il dit.

Au bureau du premier ministre Justin Trudeau, on est bien au fait de cette mobilisation du lobby pro-armes, mais on juge que la loi n’a rien d’extrême. « Vérifier les antécédents criminels sur une plus longue période et s’assurer que tout le monde a un permis valide, il me semble que c’est le minimum », a soutenu une source libérale près du premier ministre.

C’est une loi du « gros bon sens », soutient le ministre Ralph Goodale. « De meilleures vérifications des antécédents, des vérifications raisonnables des permis, des pratiques exemplaires en matière de tenue de dossiers commerciaux, de transport sécuritaire et de classification impartiale, c’est juste du bon sens. »

Le groupe PolySeSouvient, qui milite pour resserrer les contrôles sur les armes à feu, s’est réjoui de l’adoption de la loi, la qualifiant « d’un pas dans la bonne direction », même si le résultat ne va pas aussi loin qu’espéré.

Le gouvernement a justifié un resserrement des contrôles et vérifications par un regain de violence commis avec des armes à feu au Canada depuis quelques années. D’ailleurs, la fusillade commise lors des célébrations de la victoire des Raptors de Toronto, champions de la NBA, n’est qu’un des nombreux événements tragiques à avoir secoué la ville Reine récemment.

Entre 2013 et 2017, les homicides commis avec armes à feu au Canada ont grimpé de 98,5 % (134 à 266 par année), et ceux commis avec des fusils de chasse, de 107 % (30 à 62 par année), selon Statistique Canada.

Voici un tableau qui retrace les années 1986 à 2016.

Source: Statistique Canada

Les crimes commis avec l’aide d’une arme à feu ont également grimpé de 25 % depuis 2013, selon les chiffres les plus récents de Statistique Canada.

Source: Statistique Canada
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Les lobbys ne vote pas. Nous sommes des Canadien qui s’unissent pour nous débarrasser d’un premier Ministre incompétent.

Oh boy, j’ai jamais vu autant de faussetés sur le sujet des armes à feu dans un seul article!

ce n’est pas nécessairement que le resserrement des lois dans le bill c-71 soit démesurée, mais plutôt qu’il n’adresse AUCUNEMENT les criminels et leurs facilité d’obtenir des armes illégalement… c’est simplement de l’acharnement continuel sur les propriétaires d’armes à feux (ceux qui ne sont pas responsables de commettre des crimes) pour donner une illusion qu’ils font quelquechose de positif pour la sécurité des citoyens sans adresser le vrai problème. même si on met le sujet des armes à feux de côté, il est grand temps de dire adieux à ce parti scandaleux et enfin donner place au gros bon sens.

Quel manque d objectivité et de rigueur journalistique. De la propagande pure et simple. Ca fait pitié votre article.

Au royaume des aveugles les borgnes sont rois ! N’importe qui peut se prétendre un expert des armes à feu et traiter de ce sujet à tort et à travers pourvu qu’on gagne des points aux élections. Les libéraux fédéraux sont ceux qui ont jeté le plus de poudre aux yeux des électeurs, surtout urbains, en traitant les propriétaires d’armes légales de vilains.

Or, on sait que le registre des armes de chasse n’a rien fait pour diminuer les crimes commis avec ces armes et que, dans le fond, ce sont les criminels qui sont les grands responsables de la majorité de ce type de crimes. Ces gens obtiennent leurs armes illégalement, quelle que soit la sorte ou le calibre. S’il est vrai qu’il arrive que des crimes soient commis par quelqu’un qui manipule une ou des armes de chasse, on sait aussi que les objets qui servent à blesser et tuer les gens varient énormément, que ce soit avec des armes à feu, des armes blanches ou même les poings.

Ce qui est le plus choquant c’est la tentative surtout des libéraux de se servir de cette question à des fins électoralistes en mettant en opposition les gens des villes (le plus grand bassin d’électeurs et qui sont les moins au courant de la question des armes à feu sauf pour les manchettes des journaux) contre ceux des campagnes qui sont plus enclins à chasser. Rien ni personne ne pourra éradiquer les crimes violents mais capitaliser sur ces situations à des fins politiques est déplorable,

Il était obligatoire de vérifier si l’acheteur avait un permis! Maintenant il faut appeler et avertir le gouvernement que l’on vend tel arme pour obtenir un numéro de suivi (qui enregistre l’arme au nom de l’acheteur).
Je n’ai jamais vu autant de fausseté dans un article de nouvelles!

Je n’ai jamais pu manipuler une arme à feu sans restriction chez un marchand sans avoir préalablement montré mon permis d’arme à feu. Aussi, je n’ai jamais pu acquérir des munitions sans que mon permis sois « scanné » par le vendeur.

Pour ce qui est des armes sans restriction achetées d’un particulier, il ne m’est jamais arrivé de pouvoir prendre possession d’une arme usagée sans que le vendeur ne me demande mon permis. De plus, lors des transactions avec un particulier, il ne m’est jamais arrivé que le vendeur ne me demande pas des informations telles que mon adresse complète et numéro de téléphone. Donc, il est faux de dire et de prétendre que la loi précédente n’était pas suffisante.

Maintenant, avec la vérification des antécédents à vie, la charge de travail des inspecteurs de la GRC va être colossale et rien ne nous laisse croire que le processus va être fait de façon rigoureuse. Il ne faut pas mettre de côté de le tireur de la mosquée de Québec avait réussi à passer au travers des mailles du filet. Donc, au lieu de retourner en arrière pour une période d’une vie entière, le gouvernement ne devrait-il pas s’assurer que le processus de vérification des cinq dernières années soit fait correctement ?

Quoi qu’il en soit, le gouvernement en place va encore utiliser les propriétaires d’arme à feu détenteurs de permis à des fins électoralistes au lieu de s’occuper des vrais problèmes qui sont liés à l’accès aux armes illégalement acquises et qui servent à commettre des crimes.

Finalement, la population en générale est toujours d’accord pour faire des lois qui sont plus contraignantes pour les propriétaires d’arme à feu. Par contre si on questionne ces gens, il y en a peu qui peuvent nous indiquer quelles sont les lois déjà en place au Canada.

Je crois que toute citoyens a le droit de se protégé lui même et ceci même si il y a dossier criminelles. Toute être humain a le droit de défendre sa vie . Aujourd’hui les sbire de la science infuse politique corrompus nous disent laissé la police vous protégé ??? Hors la police tue plus de gens que les criminelle eux … Le droit de port d’arme devrait être légale pour tous . Un droit fondamental pour notre protection a tous .

Et regardez ce que ça donne aux États-Unis: beaucoup de morts par arme à feu…

Selon Wikipédia: Par rapport aux 22 autres nations à hauts revenus, le taux de meurtres liés aux armes à feu aux États-Unis est 25 fois plus élevé que la moyenne; c’est le pays le plus touché par ce phénomène en matière de morts par arme à feu en temps de paix et en termes de tueries d’enfants en milieu scolaire.
Bien que le pays compte la moitié de la population des 22 autres nations réunies, les États-Unis totalisent 82 % de tous les décès liés aux pistolets et 90 % des femmes, 91 % des enfants de moins de 14 ans et 92 % des jeunes entre 15 et 24 ans tués avec des armes à feu.
La propriété et le contrôle des armes à feu comptent parmi les sujets les plus largement débattus3 aux États-Unis, où l’influent[non neutre] lobby des armes, représenté par la NRA (National Rifle Association) monopolise et oriente depuis longtemps les débats.
Malgré de nombreuses preuves apportées hors des États-Unis sur les liens entre la qualité de la législation sur les armes d’un pays et les violences par arme à feu dans ce pays, malgré l’exemple récent et démonstratif de l’Australie qui a spectaculairement et rapidement fait chuter son taux de mortalité par arme à feu simplement en contrôlant mieux l’accès aux armes ou avant cela en Suisse, le législateur américain continue majoritairement à soutenir ce marché dans le pays.

Pas certaine qu’après les massacres de El Paso et d’Ohio la stratégie des conservateurs ne se retournera pas contre eux!! Leurs partisans s’activent en ce moment à tenter de défendre leurs dogmes durement éprouvés. On sent la panique!