Le NPD aspire-t-il encore au pouvoir ?

Tiraillé entre des partisans de centre gauche et des militants plus radicaux, le parti de Jagmeet Singh peine à se positionner en vue des prochaines élections fédérales.

Adrian Wyld / La Presse Canadienne

C’était il y a 10 ans à peine. En 2011, le Nouveau Parti démocratique (NPD) du Canada obtenait pour la première fois de son histoire le titre d’opposition officielle à la Chambre des communes avec un record de 103 candidats élus lors de la fameuse « vague orange » portée par Jack Layton. La représentation néo-démocrate a depuis dégringolé à 24 députés — dont un seul du Québec, Alexandre Boulerice. Et rien ne laisse présager un retour en force de ce parti aux prochaines élections, si on se fie au congrès national du NPD de la fin de semaine dernière.

La formation est tiraillée de l’intérieur entre les partisans de centre gauche et ceux, plus radicaux, qui accusent les dirigeants actuels d’en faire un parti « libéral light ». Le NPD semble tourner le dos au Québec, qui l’avait pourtant porté à l’opposition officielle il y a quelques années. Bref, on est en droit de se demander si les néo-démocrates aspirent toujours au statut de « gouvernement en attente » aux Communes. 

Cette année, les « grand-messes » annuelles des trois grands partis politiques fédéraux ont eu lieu presque en même temps. Les conservateurs ont lancé le bal il y a trois semaines ; la fin de semaine dernière, c’était au tour des libéraux et des néo-démocrates. Pandémie oblige, ces rassemblements partisans se sont tenus en mode virtuel. Les congrès sont généralement un prétexte pour gonfler à bloc le moral des partisans et tâter leur pouls sur un certain nombre d’idées — dont certaines pourraient se retrouver dans une prochaine plateforme électorale. Mais alors que le congrès libéral s’est déroulé dans le calme absolu — même le discours très attendu de l’ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, est tombé à plat —, le rassemblement néo-démocrate fut un exercice qu’on peut qualifier, au mieux, de chaotique. 

Les problèmes de procédure et de technologie se sont succédé, avec comme résultat que moins de 10 des 100 motions priorisées par les congressistes pour fins de débat sont passées au vote. Plusieurs participants se sont dits frustrés de cette désorganisation, notamment la communauté malentendante, qui n’a pas eu accès au sous-titrage des discussions, remettant même en question la validité démocratique du congrès. En termes de logistique, on peut parler d’un flop. 

Trop à gauche ou pas assez ?

La teneur même des discussions, par l’entremise des motions soumises aux congressistes pour orienter les positions du parti, avait parfois de quoi faire sourciller. Surtout, elle révélait au grand jour la tension évidente entre la direction néo-démocrate, qui cherche à gagner et à se présenter comme pragmatique, et une frange de sa base plus radicale, se campant loin à gauche sur l’échiquier politique, qui souhaite un retour aux sources « socialistes » du parti. Parmi ces propositions de la gauche dure, on retrouvait la nationalisation des secteurs de l’automobile et des télécommunications, la suppression des Forces armées canadiennes et la sortie du Canada du giron de l’OTAN, l’instauration d’un salaire minimum à 20 $ l’heure et l’« abolition des milliardaires », entre autres. Pas exactement des sujets qui préoccupent l’électeur moyen. 

Le néo-démocrate le plus en vue au pays, le seul qui soit à la tête d’un gouvernement, le Britanno-Colombien John Horgan, a d’ailleurs senti la nécessité de rappeler aux délégués, lors du congrès virtuel, que ce n’était pas le moment pour des débats existentiels. « Nous avons réussi parce que nous nous sommes concentrés sur les besoins des gens », a-t-il affirmé.

Les propositions plus près du courant de pensée majoritaire étaient tout aussi inquiétantes pour le parti, mais pour une autre raison : elles sont désormais indissociables des politiques libérales. Création d’un programme d’assurance médicaments, mise en œuvre d’un système national de places en garderie, instauration de normes nationales dans les centres de soins de longue durée, réconciliation avec les Autochtones, relance économique post-COVID écologique et féministe… Plusieurs de ces idées sont des positions classiques de longue date des néo-démocrates, mais le gouvernement actuel, constatant l’appétit des Canadiens pour un État plus activiste, et manifestement moins préoccupé par la dette nationale que dans les dernières années, semble se préparer à dépasser par la gauche, encore une fois, son adversaire orange. Cette stratégie s’est avérée payante pour les libéraux aux élections fédérales de 2015, puisqu’elle leur a permis de former un gouvernement majoritaire, après quatre ans dans le rôle de deuxième opposition.

Le Québec n’est pas une priorité

Le NPD semble également avoir renoncé à un appui important de la part de l’électorat québécois. Une motion condamnant la Loi sur la laïcité de l’État (projet de loi 21), bien que n’ayant pas été sélectionnée parmi les priorités du parti, apparaissait dans la documentation du congrès et avait reçu l’aval de Jagmeet Singh. Le chef a aussi récemment refusé de rabrouer son député Matthew Green après que ce dernier eut publiquement soutenu les propos incendiaires du professeur Amir Attaran sur le Québec.

De plus, la majorité des propositions néo-démocrates au congrès font écho à des programmes déjà existants au Québec, ou alors empiètent fortement sur les compétences provinciales, ce qui horripile généralement l’électorat québécois.

Enfin, deux unilingues anglophones se sont disputé le poste de président du parti la fin de semaine dernière. Voilà qui n’augure rien de bon pour l’intérêt du NPD envers les enjeux importants pour les francophones, bien que l’on constate les efforts d’Alexandre Boulerice sur les questions linguistiques depuis qu’il a remplacé Niki Ashton comme porte-parole en matière de langues officielles. 

Or, il est pratiquement impossible d’aspirer au pouvoir à Ottawa sans l’appui de la Belle Province, qui détient à elle seule près du quart des sièges aux Communes. L’apparente incompréhension du Québec démontrée par Jagmeet Singh et l’indifférence des éminences grises du parti envers cette province rendent invraisemblable le scénario d’une nouvelle vague orange au prochain scrutin fédéral.

À ce constat peu réjouissant s’ajoutera l’épreuve d’une campagne électorale pendant la pandémie. Dans ce contexte, ailleurs au pays, les gouvernements sortants ont été reconduits avec des majorités confortables. Alors que les sondages font miroiter aux libéraux la possibilité d’avoir les coudées franches pour gérer la sortie de crise et que la campagne de vaccination s’accélère, rendant la perspective d’un scrutin fédéral de moins en moins risquée, le temps commence à manquer aux néo-démocrates pour convaincre les Canadiens qu’ils offrent une solution de rechange crédible aux libéraux.

Le congrès de la fin de semaine dernière aura au moins eu le mérite de démontrer à quel point ils demeurent, pour le moment, loin du but.


Stéphanie Chouinard est professeure de science politique au Collège militaire royal et à l’Université Queen’s, à Kingston en Ontario. Spécialiste de politique canadienne, ses recherches portent sur les langues officielles, le fédéralisme et la politique judiciaire.

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La mort du NPD, une preuve de plus que le Québec ne veut pas d’un PM enturbanné. Pourquoi chercher ailleurs?

Le NPD a une réputation surfaite et a rejoint l’hypocrisie des libéraux, alors pourquoi voter pour le faux au lieu du vrai?! Vous vous demandez pourquoi? D’abord, il est utile de considérer la participation du Premier ministre de Colombie-Britannique, le néodémocrate John Horgan qui a affirmé « Nous avons réussi parce que nous nous sommes concentrés sur les besoins des gens ». La vérité c’est que M. Horgan a déchiré une entente qu’il avait avec les Verts quand il a senti que le vent avait tourné en faveur de son parti et qu’il voulait se débarrasser du « boulet » des Verts. Son pari a payé, il a été réélu majoritaire l’an dernier.

Sachez qu’une administration du NPD est en fait une administration des syndicats pour qui ce sont les emplois qui priment. Dans la crise des Wet’suwet’en des débuts de 2020, le PM Horgan a refusé de rencontrer leurs chefs héréditaires mais a choisi plutôt de leur envoyer la police fédérale dans une attaque quasi-militaire qui a déclenché la crise autochtone des barrages de voies ferrées que nous avons connue par la suite. Le NPD c’est le parti du gazoduc Coastal Gas Link au mépris des droits des peuples autochtones.

Le NPD a défendu du bout des lèvres l’opposition de la CB au pipeline TransMountain puis, ayant perdu devant les tribunaux il s’est tenu coi face à la menace immédiate que pose ce projet à la faune marine de la mer Salish et du détroit Juan de Fuca, en particulier les épaulards résidents qui sont menacés. Ce n’est pas tout, malgré un rapport dévastateur envers la construction du pharaonique barrage du Site C sur la rivière La Paix, le PM Horgan persiste et signe cette construction dont les coûts atteignent maintenant 16 milliards $ et qui va dévaster une des régions agricoles des plus productives en plus de détruire un territoire autochtone revendiqué depuis fort longtemps.

Encore récemment, ça se passe maintenant, malgré ses promesses de protéger les forêts anciennes lors de la dernière élection, son gouvernement permet la dévastation croissant et à vitesse grand V de ces forêts anciennes, souvent millénaires, non renouvelables, dont il ne reste que moins de 5%. Ces forêts uniques sur la planète s’en vont en billots vers l’Asie où on les transforme en biens qu’on retourne ici et ailleurs dans le monde. Le NPD permet à la compagnie Teal Jones de détruire les forêts de Fairy Creek et de la vallée Caycuse, parmi les dernière forêts anciennes proches de la capitale, Victoria. Les environnementalistes ont dû prendre leur courage à deux mains pour protéger ces forêts mais la compagnie a facilement obtenu une injonction contre les protecteurs de ces forêts et on attend maintenant que la police fédérale mette en œuvre cette injonction, alors que M. Horgan se tient coi.

Aussi, faut-il se rappeler que le NPD a été au pouvoir en Alberta il y a quelques années et que Mme Notley, leur Première ministre, a été offusquée de l’opposition de sa voisine, la CB, au pipeline TransMountain et en mesure de représailles elle a boycotté les vins de CB… alors que le NPD était aussi au pouvoir dans cette province avec l’accord des Verts. C’est encore une illustration de la vraie nature du NPD.

Alors, si nous avons à cœur des politiques réalistes qui balancent la protection de l’environnement et les droits des peuples autochtones avec le développement économique, nous ne pouvons décemment pas voter pour une gouvernement néodémocrate au fédéral car il est semblable à ses juniors des provinces. Les Québécois en particulier ont beaucoup d’autres raisons de ne pas faire confiance à ce parti.

Cet homme enturbanné fait la promotion du communautarisme qui ne fait que semer la zizanie. Le NPD est un dinosaure.

Je viens de lire deux commentaires sur l’article de Stephanie Chouinard au sujet du Parti Neo- Démocrate. Dans les deux, (de Mme. Basaillon et de M. Nickell), on utilise l’expression « homme enturbanné » en référence au chef du NPD – Jahmeet Singh.
Je trouve cela insultant et de mauvais goût . Ce sont des propos racistes démontrant xenophobie et intolérance envers une grande portion de notre communauté mixte, diverse et -oui- multiculturelle au Canada et au Québec.
Le préjudice, l’exclusion et le racisme systemique répandu dans notre société et belle et bien vivant.
Tant qu’ils soient comme nous, qu’ils vivent comme nous, qu’ils croient comme nous – on les acceptent sinon pas de place pour eux dans notre société progréssite et ouverte.