
En France, l’élection présidentielle n’aura jamais autant ressemblé à une série éliminatoire de la Ligue nationale de hockey. Sur la glace, les gagnants de chacune des deux associations, l’Est et l’Ouest, se disputent la célèbre coupe. Dans l’arène politique française, les vainqueurs d’élections primaires, tant à gauche qu’à droite, espèrent décrocher l’Élysée.
Le principal parti de gauche, le Parti socialiste, choisira son candidat en janvier ; la droite, en novembre. Dans les deux camps, il s’agit de primaires ouvertes, c’est-à-dire que tous les électeurs peuvent y participer (comme c’est le cas dans certains États américains).
Tous les regards sont tournés vers les deux tours de scrutin (les 20 et 27 novembre) de la primaire de la droite, parce que le vainqueur a toutes les chances de l’emporter à la prochaine élection présidentielle du printemps prochain. Les candidats socialistes, et plus particulièrement François Hollande, sont si impopulaires que chaque sondage laisse présager une victoire du candidat de la droite. Et pour être plus précis : une victoire de la droite sur l’extrême droite, puisque Marine Le Pen, présidente du Front national, est quasiment assurée d’être présente au second tour (le 7 mai 2017).
À droite, le débat est âpre au sein du « club des ex » : l’ex-premier ministre Alain Juppé, 71 ans, « vieux sage » donné pour favori, est talonné par l’ex-président Nicolas Sarkozy, 61 ans, dont la toujours bouillante personnalité enthousiasme les uns, mais hérisse les autres.
« Il y a un “style Juppé” — sa personnalité, son aura d’homme d’État — qui fait de lui le réceptacle de l’antisarkozysme », explique Frédéric Dabi, directeur adjoint de la recherche à l’Ifop, une maison de sondages. « La primaire est un référendum sur Nicolas Sarkozy. »
Ce dernier est visé lorsque Alain Juppé s’en prend aux « prophètes de malheur », allusion à ceux qui cherchent à exploiter la peur et l’insécurité, la crainte du déclassement et du « déclin » de la France. Guillaume Peltier, conseiller de Nicolas Sarkozy, a récemment déclaré que la France sous François Hollande s’était carrément « effondrée » ! Tant pis si le taux de chômage en France est presque identique à ce qu’il était lorsque Nicolas Sarkozy a quitté le pouvoir en 2012 (légèrement supérieur à 10 %) et qu’il correspond à la moyenne de la zone euro…
Alain Juppé, qui a pourtant été mouillé dans un scandale de détournement de fonds publics lorsqu’il était à la mairie de Paris (laquelle versait, en toute illégalité, le salaire de sept employés de son parti politique), joue la carte de la sérénité. « La responsabilité d’un leader politique, dit-il, ce n’est pas d’en rajouter sur le malheur des temps. »

Son programme prévoit, entre autres, de reporter l’âge minimum du départ à la retraite de 62 à 65 ans et de rallonger la semaine de travail. Concrètement, les entreprises seraient libres de négocier avec leurs employés un dépassement de la limite actuelle de 35 heures.
Son principal adversaire, Nicolas Sarkozy, défend des idées semblables. Une tribune signée par 165 élus pro-Sarkozy résumait récemment : « Une véritable alternance, c’est celle qui restaurera l’autorité de l’État, qui aura le courage d’adapter notre État de droit à la menace terroriste, qui baissera les impôts des Français, qui mettra fin aux abus de l’assistanat, qui renforcera la compétitivité de nos entreprises […], qui assurera la sécurité des Français. »
C’est son ton qui permet à l’ancien « hyper-président » de se démarquer. Nicolas Sarkozy ne cesse de fustiger le « communautarisme » (multiculturalisme) et la « tyrannie des minorités », des expressions qui lui permettent de pointer du doigt les musulmans sans les nommer.
Il est aussi question de musulmans, qu’il ne nomme toujours pas, lorsque l’ex-président promet des référendums sur le regroupement familial, lequel permet aux immigrés de faire venir en France leurs proches restés à l’étranger, et sur la détention des personnes soupçonnées (et non pas reconnues coupables) de menacer la « sûreté de l’État ». La présomption d’innocence est pourtant garantie par la Constitution depuis… 1792.
Nicolas Sarkozy, qui semble courtiser les sympathisants de l’extrême droite, inquiète tellement les électeurs de gauche que certains d’entre eux comptent s’inviter dans la primaire de la droite dans le seul but de le faire perdre. « Je ne veux pas me retrouver à devoir choisir, au second tour, entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen, entre la peste et le choléra », explique une sympathisante socialiste de Marseille qui ne souhaite pas être identifiée.
Aux États-Unis, la participation aux scrutins du camp adverse porte le nom de raiding. Cette pratique agace au plus haut point le camp de Nicolas Sarkozy, le premier visé. Pas étonnant. Il l’emporterait si cette primaire concernait uniquement les sympathisants du parti Les Républicains. Mais il est fortement devancé par Alain Juppé chez les électeurs centristes ou chrétiens-démocrates. Et à plus forte raison chez les électeurs de gauche. Le phénomène du raiding restera toutefois « relativement marginal », prédit le sondeur Frédéric Dabi.
Les pro-Sarkozy ont beau dénoncer de basses manœuvres de la gauche, les électeurs de droite seront, eux aussi, libres de s’inviter dans la primaire socialiste, en janvier. On peut imaginer que, dans le seul espoir de nuire au Parti socialiste, ils soutiendront alors une personnalité de gauche encore moins populaire que les autres : François Hollande. Nul ne sait si le président sera candidat aux primaires, une épreuve à laquelle il devra se soumettre s’il souhaite briguer un second mandat.
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Malgré tout, les primaires ouvertes, dont l’objectif était de démocratiser la sélection des candidats, sont en train de gagner leur pari. On s’attend à une forte mobilisation. Plus de trois millions de personnes (7 % des électeurs) pourraient verser deux euros pour participer à la primaire de la droite. Elles pourraient donc être encore plus nombreuses que pour la primaire socialiste, en 2011, qui en avait attiré 2,7 millions.
Primaire à gauche
La gauche tiendra, en janvier, ses deuxièmes « primaires citoyennes », lesquelles devraient départager des candidats de gauche dont on ignore encore les noms. François Hollande et bon nombre d’anciens ministres pourraient se lancer dans la mêlée.

Ce scrutin est organisé par le Parti socialiste, principal parti de la gauche française, l’Union des démocrates et des écologistes, Génération Écologie, le Front démocrate et le Parti écologiste.
On ne sait pas encore si le Parti radical de gauche (trois membres au gouvernement) participera à la primaire des 22 et 29 janvier, comme il l’a fait aux premières primaires citoyennes, en 2011.
D’autres formations, le Parti communiste français et le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, pourraient être tentées de soutenir l’ex-ministre Arnaud Montebourg s’il est candidat.
Bref dans une France en difficulté qui a tant besoin de changement le choix est entre deux «has been» figures proéminentes de l’establishment et du statu-quo.
Après ça ils viendront se plaindre quand Le Pen fera un carton!
La quasi-certitude que madame Le Pen soit présente au second tour des élections présidentielles de 2017, n’en est selon moi pour le moment pas une, comme voudrait nous en aviser cet article.
Les français ont certes des valeurs très diverses, quand l’immense majorité d’entre eux souscrivent d’abord aux valeurs républicaines toutes tendances confondues. Bien que sous l’égide de Marine Le Pen, le parti qu’elle dirige se soit donné une image plus avenante. Il n’en reste pas moins que son parti est, reste, demeure et restera un parti de combat dont l’objectif final est de restaurer des valeurs qui vont à l’encontre de l’État de droit et des principes de liberté globalement partagés par la plupart des français.
Qu’elle le veuille ou pas Marine Le Pen ne peut être que prisonnière de sa base ; ses chances sont minces de remporter l’élection peu importe qui elle devrait affronter.
La possibilité que madame Le Pen puisse effectivement accéder à un hypothétique seconde tour repose encore sur plusieurs incertitudes. La personnalité d’abord des candidats. Nous savons très bien qu’au centre et à droite, comme précisé dans cet article que le choix d’Alain Juppé lors des primaires est de loin le plus consensuel. Bon nombre d’électeurs de gauche ou de centre gauche n’auraient pas d’objections pour choisir Juppé au second tour.
À gauche bien sûr, nous savons qu’Emmanuel Macron est « En Marche » (c’est le nom de son mouvement), d’autres noms circulent actuellement. La seule chose que l’on sache, c’est que les chances au regard de l’impopularité de François Hollande sont telles que de pouvoir briguer et remporter un second mandat sont au plus faible. Quel que soit le candidat(e) présent au deuxième tour.
Finalement, tout dépendra aussi lors de la « vraie » campagne des présidentielles. Du nombre de candidat(e)s en lice, tous partis confondus. Un trop grand nombre de candidats favorise la division du vote au premier tour. C’est cette division qui avait en 2002 engendrée ce deuxième tour atypique contre Jean-Marie Le Pen qui avait profité de la fragmentation du vote de gauche au premier tour de l’élection… mais pas du tout au second.
Un tel scénario est-il reproductible en 2017, permettant à Marine Le Pen de capitaliser lors de l’ultime confrontation, sur le ras-le-bol des français ? — Rien n’est moins sûr. Les françaises et les français sont bien trop volages (en général) pour se livrer pieds et poings liés, pour le meilleur et pour le pire à une seule fraction.
Ah ! Ces français dont la main-d’ oeuvre est syndicalisée au maximum et leur économie est chancelante dû au manque de compétitivité ! Les candidats sont presque tous de gauche en réalité ! Vous avez la gauche caviar en Juppé & Sarkosy et l’ extrême gauche en Hollande & cie.En résumé les français veulent avoir un bon coup de pied dans le nid de guêpes et secoué l’ establishement ! Ne trouvez-vous pas que ça ressemble étrangement aux USA , le terrorisme est déjà à l’ intérieur, les accommodements sont déjà en mode récupération, l’ immigration est en mode réflexion et l’ économie est précaire et il faut du changement! Donc encore les sondages qui nous cassent les oreilles avec des ( has been ) mais qui ne conçoit pas une montée de la droite et non de l’ extrême droite !!
Les personnes syndiqués en France sont moins de 10 % comparativement au Québec où c’est largement plus de 30 %.
Eh oui!!!
Malgré cela…
Vous n’avez pas vu les presque 2 millions de Français en 2002 manifester à Paris contre le fascisme avant le 2e tour de l’élection présidentielle entre J-M Le Pen du Front national et Jacques Chirac qui l’a emporté par 82%. Ca fait du monde dans les rues.
Vous n’avez pas vu les 3 millions de Français manifester à Paris en présence de nombreux chefs d’état de plusieurs pays (mais pas des USA) après les attentats contre Charlie Hebdo en 2015 contre le fascisme islamique. Ca fait du monde dans les rues.
Moi si, j’y habite et ça s’est passé dans mon quartier à Paris .
Les Français contrairement aux Etatsuniens sont profondément de par leur histoire pour la liberté et la démocratie contre la dictature et le fascisme.
En France plus de 70 à 80 % des gens votent à la présidentielle, ils sont très politique contrairement aux USA où c’est moins de 60 %.
C’est ça qui fera la différence, j’espère!.