Le prochain premier ministre ?

Largement inconnu, le chef du parti conservateur est pourtant aux portes du pouvoir. Qui est Andrew Scheer ?

Photo : Christian Blais

La célèbre métaphore de Gilles Vigneault est bien visible, écrite au feutre noir sur le tableau blanc accroché au mur derrière le professeur de français Pierre-Daniel Boudreau : « Mon pays, ce n’est pas un pays, c’est l’hiver. » En ce 12 mars frisquet, c’est tout à fait dans le ton. Mais dans le local vitré à peine plus grand qu’une salle de bains, les mots qui résonnent sont loin des convictions politiques du chansonnier. Le chef du Parti conservateur, Andrew Scheer, assis à une table face à son professeur privé, récite un discours de juin 1960 sur… « la vision de la nation canadienne » de l’ancien premier ministre conservateur John Diefenbaker.

Crayon à la main pour noter ses erreurs de prononciation, grand café Starbucks sur la table pour se donner un peu d’énergie en cette fin de journée, Andrew Scheer, en jean et chemise, bute sur plusieurs mots : il mélange le féminin et le masculin et tente d’éviter de prononcer les « a » comme des « é », sous le regard attentif de Pierre-Daniel Boudreau, un Madelinot dans la trentaine qui enseigne aux « intermédiaires et avancés » à l’école d’immersion française Québec Monde, dans le quartier Saint-Roch, à Québec.

« Je tente d’accrocher les politiciens avec ce qu’ils aiment, parce que c’est très frustrant d’apprendre une langue une fois adulte », m’expliquera plus tard Pierre-Daniel Boudreau à propos du discours de John Diefenbaker, idole politique du chef conservateur. « C’est un acte d’humilité extrême pour une personnalité publique d’avoir le vocabulaire d’un enfant de trois ans. »

Le député de Regina-Qu’Appelle à la Chambre des communes passera toute cette deuxième semaine de mars, de 9 h à 16 h, à exercer sa langue seconde. Et à rougir de gêne à la moindre remontrance, même douce. « C’est difficile ! avoue Andrew Scheer. J’ai une bonne base, parce que j’ai grandi à Ottawa et que j’ai fait de l’immersion en français à l’école. Mais quand j’ai déménagé en Saskatchewan, j’en ai beaucoup perdu. »

Pour s’exercer, Scheer s’exprime en français avec certains membres de sa garde rapprochée, comme son chef de cabinet, Marc-André Leclerc, et son attachée de presse, Virginie Bonneau. Et il aide les plus âgés de ses cinq enfants à rédiger leurs devoirs de français. « C’est aussi bon pour eux que pour moi ! » dit-il en riant, avant de reprendre son sérieux. « Il est important de montrer aux Canadiens que la personne qui aspire à diriger leur pays respecte le fait que nous vivons dans un pays bilingue et que je fais tout ce que je peux pour mieux parler les deux langues officielles. »

La couleur du prochain gouvernement pourrait se décider au Québec, où un grand nombre des 78 sièges seront en jeu le 21 octobre. Pour devenir le 24e premier ministre du Canada et, à 40 ans, être au deuxième rang des plus jeunes de l’histoire — Joe Clark en avait 39 en 1979 —, Andrew Scheer devra doubler ou même tripler le nombre de circonscriptions que détient son parti dans la province (11 actuellement).

Le chef conservateur devra séduire les électeurs centristes qui s’attendent à des propositions modérées et qui sont déçus de Justin Trudeau, tout en protégeant son flanc droit, menacé par le nouveau parti de Maxime Bernier, propulsé par un populisme aux idées tranchées qui gagne du terrain, au Canada comme ailleurs dans le monde. Un grand écart idéologique, qui, mal exécuté, pourrait déplaire à tout le monde.

« C’est notre plus grand défi. Mais qui a dit qu’être chef du Parti conservateur était un job facile ? » souligne Hamish Marshall, directeur de la campagne du Parti conservateur et ami d’Andrew Scheer depuis près de 20 ans.

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En ce mardi de mars où tombe une fine neige, Andrew Scheer est déjà en campagne. Après son cours de français, alors que l’heure du souper approche, il prend la direction du Centre sportif Marc-Simoneau, à Beauport, pour y rencontrer des parents qui accompagnent leurs enfants venus y jouer au hockey ou au soccer.

Le chef conservateur n’est pas un as de l’interaction avec les électeurs, comme peut l’être Justin Trudeau. Andrew Scheer a la dégaine un peu raide du politicien timide, même s’il est député depuis 15 ans et qu’il n’en est pas à son premier rituel de salutations autour d’une patinoire. Il préfère laisser son député local, Alupa Clarke, le présenter aux gens. À cet égard, il rappelle son ancien chef, Stephen Harper, mais avec un sourire qui creuse ses joues rondes.

Le député ne passe toutefois pas inaperçu du haut de son 1,93 m (6 pi 4 po), avec ses épaules de joueur de football — son sport favori. « Vous êtes plus grand en vrai ! » est d’ailleurs une phrase qu’il entendra souvent en parcourant les estrades.

Son conseiller Hamish Marshall ne voit aucun problème à ce que son chef soit comparé à un Stephen Harper 2.0. « Beaucoup d’électeurs ont voté pour Trudeau, mais s’ennuient de Harper. Ce sont ceux-là que nous devons ramener chez nous pour gagner », dit-il.

Marshall et Scheer se sont rencontrés en 2002, alors qu’ils étaient de jeunes adjoints ambitieux au service de Stephen Harper, alors chef de l’Alliance canadienne. Marshall prêtait main-forte à l’organisation sur le terrain, avec un œil sur les sondages, alors qu’Andrew Scheer s’activait aux communications internes : il répondait au courrier destiné au chef et aidait à organiser les activités du parti.

« Scheer, Marshall et la plupart des stratèges conservateurs actuels viennent de l’école politique de Harper. Ils ont grandi avec lui, il leur a tout montré. En ce sens, sur le plan des idées, c’est encore le parti de Harper », souligne Carl Vallée, ancien attaché de presse de Stephen Harper, aujourd’hui associé dans le cabinet de relations publiques Hatley, à Montréal. D’ailleurs, Andrew Scheer prend rarement une décision importante sans consulter son ancien chef, de même que son ex-collègue Jason Kenney, maintenant premier ministre de l’Alberta.

Et comme à l’époque de Harper, l’accueil des électeurs est chaleureux dans la région de Québec. « Je vais voter pour vous ! » lance un père dans la quarantaine autour de la patinoire du Centre sportif Marc-Simoneau. « Il faut se débarrasser de Trudeau, sa gestion est atroce », lance un autre. Un électeur, visiblement mal à l’aise avec « les migrants qui traversent la frontière illégalement », semble pencher vers le parti de Maxime Bernier, très énergique sur les questions d’identité et d’immigration. Ce papa dans la trentaine écoute Andrew Scheer lui parler d’une immigration « plus ordonnée » sous son leadership, sans toutefois recevoir de détails.

Andrew Scheer en compagnie de Jason Kenney, premier ministre de l’Alberta, en mai dernier; avec Stephen Harper, ancien premier ministre du Canada, au Stampede de Calgary, en juillet 2018; avec Doug Ford, premier ministre de l’Ontario, en octobre 2018 (Photos : André Forget/La Presse Canadienne)

Plus tard, Andrew Scheer me dira que le problème avec l’immigration est que les extrêmes se sont emparés de cet enjeu émotif. « Pour les politiciens de gauche, c’est presque devenu une enchère pour savoir qui va admettre le plus d’immigrants. À l’autre bout du spectre, à droite, il y a un concours pour savoir qui va proposer la plus grande réduction d’immigrants. La vraie question, c’est : quels sont les besoins à combler au Canada ? On a besoin de l’immigration pour faire croître la population et réduire la pénurie de main-d’œuvre. On doit chercher l’équilibre. J’ai une vision positive de l’immigration. »

Sur un ton plus léger, au détour des conversations avec les gens, Andrew Scheer leur glisse quelques phrases sur le hockey, lui qui est un partisan des Sénateurs d’Ottawa. « J’avoue qu’ils sont difficiles à aimer ces temps-ci ! » lâche-t-il.

Étudiant, au milieu des années 1990, Andrew Scheer a vendu du popcorn à l’amphithéâtre des Sénateurs, acquérant une quasi-dépendance à cette collation. « J’ai un vrai problème avec ça ! » me dit-il en plongeant la main dans un petit sac de maïs soufflé acheté à un kiosque. Pour lui faire plaisir, ses adjoints lui en procurent régulièrement. En tournée politique ou en vacances en famille, il n’est pas rare qu’il s’arrête dans un cinéma, achète du maïs éclaté, puis reparte sans même avoir vu un film !

Au terrain de soccer du centre sportif, des parents déclarent poliment que leur choix n’est pas arrêté — un euphémisme qui évite de révéler au politicien qu’il n’obtiendra pas leur vote, convient le député Alupa Clarke. Ce dernier n’a pas cessé de faire campagne depuis sa victoire, en 2015. « Je fais du porte-à-porte et ça va bien », dit-il, confiant.

Alupa Clarke a conquis la circonscription de Beauport-Limoilou par moins de 2 500 voix, grâce à une division du vote entre le Parti libéral et le NPD. Or, la faiblesse des néo-démocrates et la montée du Parti populaire de Maxime Bernier — qui récolte de 10 % à 15 % des intentions de vote dans la grande région de Québec — font de cette banlieue un champ de bataille typique entre libéraux et conservateurs, situation qui se reproduira dans plusieurs endroits au pays.

Pour remporter ces circonscriptions, les stratèges conservateurs ont un plan : présenter Andrew Scheer comme l’anti-Trudeau, tant sur le plan des idées que du parcours personnel. Rien n’est plus efficace pour réunir les électeurs de droite que leur aversion envers le chef libéral. « Trudeau est polarisant, on l’aime ou on le déteste, explique Éric Montigny, politologue à l’Université Laval. Son côté féministe, progressiste et star-system très assumé coalise les électeurs plus conservateurs contre lui. »

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Andrew Scheer estime qu’il y a une dérive à gauche à la tête de l’État. Dans un discours, en août dernier, il a comparé le Parti libéral du Canada à Québec solidaire ! Le leader conservateur propose notamment un retour à l’équilibre budgétaire d’ici cinq ans, moins de gouvernement, l’abolition de la tarification sur le carbone (qui permet de lutter contre les changements climatiques), la construction d’un pipeline au Québec pour y faire transiter du pétrole albertain, la participation du Canada au bouclier antimissile américain et une déclaration de revenus unique au Québec.

Le chef ne manque aucune occasion de rappeler ses « origines modestes » et précise qu’il a grandi dans une « toute petite maison à Ottawa », contrairement à Justin Trudeau, né au 24 Sussex, la résidence officielle du premier ministre du Canada, lorsque son père, Pierre Elliott Trudeau, était au pouvoir.

« Mes parents ont travaillé fort toute leur vie », a raconté Andrew Scheer aux 600 militants conservateurs venus l’écouter à Victoriaville le 27 avril dernier. « Comme vous, ils ont dû faire des choix difficiles pour leur famille. Nous n’avions pas de voiture. On prenait toujours l’autobus pour se déplacer. » Il marque invariablement une pause pour augmenter son effet : « Ce n’est pas facile de dater une fille quand on lui donne rendez-vous à la station d’autobus ! » La foule rigole. Il enchaîne : « L’histoire de ma famille est l’histoire de la majorité des familles canadiennes. »

Pour l’équipe conservatrice, le scénario du film électoral est déjà écrit : ce sera une lutte entre un chef libéral connu, héritier bien nanti d’une dynastie politique, mais déconnecté de la réalité des gens ordinaires, et un chef conservateur aux origines modestes, qui sait ce que représente le mot « sacrifice ». Entre un premier ministre charismatique, mais au « petit ton moralisateur », et un aspirant qui dit privilégier « la substance plutôt que les symboles », mais largement méconnu du public et sans éclat — un sondage Nanos montrait à la mi-mai que seulement 28 % des Canadiens estimaient qu’Andrew Scheer ferait le meilleur premier ministre.

Pour l’équipe conservatrice, le scénario du film électoral est déjà écrit : ce sera une lutte entre la rockstar politique Justin Trudeau et Monsieur Tout-le-monde Andrew Scheer.

« Trudeau, il est comme un gâteau au chocolat. Au début, c’est bon, mais à la longue, ça devient trop sucré et ça tombe sur le cœur », soutient Marc-André Leclerc, conseiller d’Andrew Scheer lors de la course à la direction et aujourd’hui son chef de cabinet. « Andrew n’a peut-être pas des beaux bas et des beaux cheveux comme Justin, mais il est capable d’équilibrer un budget. »

Une rencontre avec des employés du Chantier Davie, à Lévis, en novembre 2018; au marché The Forks, à Winnipeg, en mars dernier; dans un rassemblement de camionneurs en soutien à l’industrie de l’énergie, à Nisku en Alberta, en décembre 2018 (Photos : André Forget)

Andrew Scheer fait régulièrement allusion à la « vaste fortune » de son adversaire, alors que Justin Trudeau a hérité de 1,2 million de dollars à la mort de son père — qui n’était pas un riche industriel avant de se lancer en politique, en 1965, mais un professeur de droit à l’université.

Le chef conservateur n’est toutefois pas en reste, puisqu’il a gagné en moyenne près de 151 000 dollars par année de 2004 à 2010 comme député de Regina-Qu’Appelle — circonscription qu’il a remportée à seulement 25 ans. Depuis 2011, d’abord comme président de la Chambre des communes — le plus jeune de l’histoire, à 32 ans —, puis comme chef de l’opposition officielle, il a touché près de 235 000 dollars par année en moyenne, avec voiture, chauffeur, résidence et cuisinier.

N’empêche, en politique, l’objectif consiste à élaborer une histoire simple, facile à retenir pour les électeurs — l’homme de la rue contre le fils de riche —, et à ne pas s’en écarter, explique Hamish Marshall. « Rester concentré sur son message exige de la discipline. »

Andrew Scheer doit parfois freiner l’ardeur de ses conseillers. Lors du congrès du Parti conservateur à Halifax, en août dernier, dans le discours qu’on lui avait préparé, on pouvait lire : « Ma mère achetait tout usagé pour que ma sœur puisse suivre des cours de danse et que je puisse jouer au baseball. » Des mots qu’il n’a jamais prononcés, y allant plutôt d’un très général « mes parents ont fait plusieurs sacrifices pour que mes sœurs et moi puissions avoir ce dont nous avions besoin ».

Au Canada, la description d’une famille contrainte de faire des « choix difficiles » et des « sacrifices », au point de ne pas pouvoir se payer une voiture ou de devoir choisir entre des vêtements neufs et un cours de danse, donne l’impression d’une maisonnée qui frôle la pauvreté. Or, la famille Scheer était typique de la classe moyenne des années 1980 et 1990, alors que les deux parents occupaient des postes syndiqués.

Le père d’Andrew, Jim, a travaillé pendant 37 ans au quotidien Ottawa Citizen (où le petit Andrew a été camelot) comme réviseur, vérificateur de faits et documentaliste, avant de prendre sa retraite, en 2008. Selon la convention collective en vigueur, le salaire de Jim Scheer à ce moment était de 66 000 dollars par année.

Pour l’équipe conservatrice, le scénario du film électoral est déjà écrit : ce sera une lutte entre la rock star politique Justin Trudeau et Monsieur Tout-le-monde Andrew Scheer.

Sa mère, Mary (décédée en 2017), a travaillé comme infirmière pendant 30 ans au Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario. À la fin des années 1990, une infirmière d’expérience y touchait plus de 55 000 dollars par année, avant les heures supplémentaires. Sans que ce soit la grande vie, un revenu familial d’un peu plus de 100 000 dollars en 2003, au moment où Andrew Scheer a quitté le nid familial pour la Saskatchewan, était néanmoins supérieur au revenu médian canadien, alors de 68 000 dollars.

« Nous n’étions pas pauvres, nous n’avons jamais manqué de rien », convient la sœur d’Andrew Scheer, Catherine. Elle précise que l’absence de voiture était davantage une question de choix qu’une obligation. Elle se souvient à quel point Andrew, de deux ans son cadet, leur jeune sœur Anne Marie et elle se plaignaient de ne pas avoir d’auto pour aller voir les amis, ou simplement pour ramener l’épicerie à la maison. « C’était une aventure ! »

L’argent était néanmoins une préoccupation, ajoute-t-elle, puisque leur mère était malade des reins — Mary a d’ailleurs subi une greffe quelques années avant son décès — et qu’un possible arrêt de travail inquiétait la famille. La hausse vertigineuse des taux hypothécaires, au début des années 1980, a également marqué leur père au fer rouge. À un certain moment, celui-ci a dû mettre son orgueil de côté et emprunter de l’argent à un ami pour se rendre à la fin du mois. « Mes parents travaillaient fort, et à la fin de l’année, les gouvernements en prenaient une grosse part en impôts. C’était frustrant », dit Andrew Scheer.

Le chef conservateur convient néanmoins que sa famille faisait partie de la classe moyenne. « Je n’ai jamais prétendu que j’avais eu une enfance difficile, dit-il. On a eu une belle enfance, mais on n’a pas toujours eu ce qu’on voulait. Je parle de cette période parce que je comprends ce que les familles ordinaires vivent, les choix qui doivent être faits. »

Son père, Jim, habite toujours la maison brune en rangée avec la porte bleue dans laquelle Andrew et ses sœurs ont grandi, dans le quartier Mooney’s Bay, à une quinzaine de minutes du centre-ville d’Ottawa. Un coin où s’alignent de petites maisons en rangée, des bungalows et des tours d’habitation. Un centre communautaire occupe le coin de la rue, devant quelques commerces qui ne semblent pas avoir été rénovés depuis la jeunesse d’Andrew Scheer.

Autour de la table du souper, avant d’aller écouter le jeu télévisé Jeopardy en famille, l’actualité du jour occupait les conversations des Scheer, encouragés par Jim et Mary, qui se sont toujours impliqués dans leur collectivité, dans le comité de parents à l’école ou dans le syndicat au travail. « Mes parents m’ont appris que les gens qui assument des responsabilités auront plus d’influence que ceux qui restent à la maison », dit Andrew Scheer.

Sa sœur Catherine se souvient de quelques conversations animées au souper. « Je ne pense pas comme Andrew sur plusieurs sujets, et je suis du genre à le dire ! Parfois, je faisais exprès pour le faire enrager, comme une grande sœur aime le faire. Lorsque je regarde la période de questions aux Communes et que je le vois, un peu rouge et fâché, je me dis : ah, je connais ce regard ! »

Andrew Scheer était plus conciliant avec ses amis ou camarades de classe qu’avec sa sœur aînée, puisque ses proches de l’époque contactés par L’actualité se rappellent un garçon « calme », « poli » et « bien dans sa peau ».

Andrew Scheer après sa victoire à la chefferie du Parti conservateur, félicité par Maxime Bernier, en mai 2017; lors de son assermentation au Conseil privé par le gouverneur général David Johnston, en septembre 2017; à sa première période de question en tant que chef du Parti conservateur, en mai 2017 (Photos : André Forget / La Presse canadienne)

Professeur de sciences sociales à l’école secondaire Immaculata pendant 27 ans, John Bedard se souvient très bien d’Andrew Scheer : un élève « brillant » qui ne rechignait pas à porter l’uniforme et qui, déjà, « tripait sur la politique et l’histoire » — il fera d’ailleurs un baccalauréat en histoire à l’Université d’Ottawa. « Je l’ai toujours perçu comme un conservateur, mais il était ouvert à entendre d’autres opinions », dit-il.

Le meilleur ami d’Andrew Scheer depuis le secondaire, Sean Dennison, qui réside aujourd’hui à Chicago, se décrit d’ailleurs comme un libéral ! « Andrew ne cherche pas ce qui nous divise, mais ce qui nous rassemble. C’est pourquoi notre amitié dure. Je vais utiliser un terme qui semble dépassé, mais qui va bien à Andrew : c’est un homme bon. »

Avec quelques amis, ils se voient chaque automne depuis 12 ans pour leur « fin de semaine de gars », alors qu’ils visitent une ville américaine et assistent à un match de football de la NFL. « On ne manquerait pas ça pour tout l’or du monde ! raconte Sean Dennison. On ne parle pas de politique. On s’évade de nos vies stressantes. »

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Ses premières années comme député de Regina-Qu’Appelle, puis comme président de la Chambre des communes, ont donné à Andrew Scheer la réputation d’un élu peu porté sur la partisanerie et les attaques mesquines. Or, depuis quelques mois, l’image du « bon gars » s’effrite.

Le chef conservateur est mordant envers Justin Trudeau. Tous les coups semblent permis. Il l’accuse de « corruption » dans la saga SNC-Lavalin — ce qui est inexact — et prétend que sa taxe sur le carbone éliminera des dizaines de milliers d’emplois au pays — ce que la majorité des économistes, même de droite, contestent. L’automne dernier, Andrew Scheer a soutenu faussement que le Pacte mondial sur les migrations de l’ONU, signé par Ottawa et 163 autres pays en décembre, « permettra à des entités étrangères de prendre le contrôle de nos frontières » : le parti a dû retirer une publicité en ce sens diffusée sur Google après de nombreuses plaintes.

À la Chambre des communes, Scheer laisse ses députés traiter le premier ministre d’« arrogant », d’« incompétent », de « fake », de « petite patate » et autres épithètes peu reluisantes, ce qui force le successeur d’Andrew Scheer comme président de la Chambre, Geoff Regan, à rappeler constamment les troupes conservatrices à l’ordre.

Sympathisante conservatrice pendant de nombreuses années, Sarah Berger n’aime pas ce qu’elle voit depuis environ un an. Cette femme de 35 ans, contrôleuse financière pour une compagnie d’électricité de Calgary, se décrit comme une Red Tory, une conservatrice plus progressiste. À cinq mois des élections, elle ne sait pas si elle votera pour Andrew Scheer. « Le parti est rendu agressif. Je reçois des alertes “anti-Trudeau” par courriel avec de grosses lumières rouges qui “flashent” quand tu les ouvres. » L’un des courriels du parti demandait aux sympathisants de nommer les médias qu’ils détestent le plus. « Le père de Scheer a travaillé dans une salle de rédaction toute sa vie ! Pourquoi il fait ça ? Je veux bien croire qu’ils veulent amasser de l’argent, mais ça va trop loin. »

Ses premières années comme député, puis comme président de la Chambre des communes, ont donné à Andrew Scheer la réputation d’un élu peu porté sur la partisanerie et les attaques mesquines. Or, depuis quelques mois, l’image du « bon gars » s’effrite.

L’ancien député néo-démocrate Lorne Nystrom, battu par Andrew Scheer dans Regina-Qu’Appelle en 2004, a subi le même traitement. À la fin de la campagne électorale, le jeune Scheer a accusé le vétéran Nystrom d’être « mou » sur l’enjeu de la pornographie juvénile sur Internet, puisqu’à la Chambre des communes, lors d’un débat sur un projet de loi, Nystrom avait affirmé que le gouvernement devait être prudent pour éviter qu’une forme de censure ne s’exerce sur les artistes, citant l’œuvre de Vladimir Nabokov, Lolita, publiée en 1955, pour protéger la liberté d’expression.

« M’accuser d’encourager la pornographie juvénile comme il l’a fait, c’était scandaleux, pathétique ! » tempête encore Lorne Nystrom, 73 ans, qui a tourné la page sur la politique en devenant entrepreneur. « J’aurais pu le poursuivre pour diffamation, ma cause était bonne, mais après la défaite, j’ai décidé de laisser tomber. » Andrew Scheer, dit-il, « est capable d’être méchant sous son air angélique ».

Avec ses enfants au Parlement canadien, en décembre 2018; avec sa femme, Jill Ryan, pendant un match de l’équipe de basketball torontoise The Raptors, en avril dernier; avec sa femme et ses enfants : Mary, Henry, Thomas, Madeline et Grace (Photos : André Forget)

Andrew Scheer répète qu’il veut offrir une « vision positive du pays », mais convient qu’il aime la joute politique qui « brasse un peu ». Il ne regrette pas son attaque contre Lorne Nystrom. « Je n’ai aucun problème à utiliser les contradictions de mes adversaires. C’était un débat aux Communes pour protéger les enfants de la pornographie sur Internet. Il parlait de mérite artistique. C’est quoi, le lien ? » Il fait une courte pause pour fouiller dans sa mémoire. « Mais ce n’est pas pour ça que Lorne a perdu. Il n’était plus au diapason de ses électeurs. L’heure du changement avait sonné. »

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La femme d’Andrew Scheer, Jill Ryan, l’a beaucoup aidé à remporter cette première victoire électorale. Originaire de Regina, plus extravertie que son mari, issue d’une famille aux racines néo-démocrates profondes sur la scène provinciale — son frère Steve a été candidat pour le NPD —, elle connaissait tout le monde.

Lui, d’un naturel réservé, avait en plus de la difficulté à faire la différence entre le blé et l’orge dans les champs de sa province d’adoption. « La courbe d’apprentissage a été abrupte ! » avoue-t-il en souriant. Il a dû apprendre la culture locale en vitesse pour ne pas avoir l’air d’un étranger. Par exemple, en Saskatchewan, un « cabaret » désigne une soirée de financement au profit des organismes locaux, alors qu’à Ottawa comme à Montréal le terme renvoie davantage à un lieu où s’exhibent des femmes peu vêtues. « La première fois qu’on m’a invité à un “cabaret”, wow, la tête que j’ai dû faire ! » s’amuse-t-il.

Encore aujourd’hui, sa femme le conseille sur ses vêtements, ses cheveux, lui ordonne de ne pas jouer avec son alliance lorsqu’il parle en public — « ce n’est pas une bague à combinaison pour ouvrir un coffre-fort ! » — et l’incite à aborder certains sujets aux Communes. « Elle est connectée sur les préoccupations du vrai monde, dit Andrew Scheer. Elle me sort de la bulle parlementaire. »

Jill était dans les Prairies en 2000 lorsqu’un ami lui a suggéré d’appeler un certain Andrew Scheer, qui étudiait à l’Université d’Ottawa, pensant qu’ils iraient bien ensemble. Elle le contacte un soir d’avril. « Depuis, on se parle tous les jours ! Ça fait presque 20 ans », dit-elle, souriante. Ce qui l’a séduite ? « Il était calme, très rationnel, mature et gentil. Très attentionné. »

Jill déménage alors à Ottawa pour terminer son baccalauréat en éducation. À la fin de leurs études, en 2003, ils plient bagage pour Regina, se marient, et ont leur premier enfant tout de suite après la campagne électorale de 2004. Thomas a aujourd’hui 14 ans, suivi de Grace (12 ans), Madeline (10 ans), Henry (8 ans) et Mary (3 ans).

« Je m’ennuie d’être père. C’est ce que je trouve le plus difficile dans le fait d’être chef d’un parti national, avec les voyages et le manque de temps. J’aime être avec mes enfants », me raconte Andrew Scheer, un peu mélancolique, dans son bureau de la Chambre des communes par un beau mardi de printemps. Dans sa bibliothèque trônent des photos d’eux entre deux bibles, un petit crucifix de bois sur un socle et le tricorne noir d’apparat du président de la Chambre des communes.

Andrew Scheer trouve tout de même le temps de jouer au baseball avec son fils Henry dans la cour arrière de Stornoway, la résidence du chef de l’opposition, et prépare le lunch des enfants avant l’école. Cet hiver, tous les dimanches, après la messe, il accompagnait ses deux garçons à leurs cours de curling — même s’il avoue, sourire en coin, avoir souvent regardé les matchs de football sur les écrans près de la glace.

Papa Scheer a fait de l’émission Les Simpsons un rendez-vous télé avec ses enfants. Sa femme, Jill, précise toutefois qu’il écoute d’abord les épisodes « pour s’assurer qu’il ne se dit rien d’inapproprié ». « Mais il manque de temps, alors on doit avoir quelque chose comme 35 épisodes dans l’enregistreuse ! » raconte-t-elle.

La famille est élevée dans le catholicisme, s’assure de fréquenter une église chaque dimanche — la basilique Saint Patrick, près du centre-ville d’Ottawa, entre autres, où Jim Scheer est diacre depuis plus de 30 ans — et prie certains soirs pour des connaissances, des amis ou des gens qui vivent des moments plus difficiles, notamment lors des inondations au Québec et en Ontario ce printemps.

Andrew et ses deux sœurs ont fréquenté l’école secondaire Immaculata, un établissement catholique qui a sa propre chapelle et « permet aux élèves de vivre, d’apprendre, d’aimer et de grandir dans la foi de Jésus-Christ », tel que souligné sur le site Internet de l’école. La mère d’Andrew Scheer, Mary, était une pro-vie convaincue.

Un parcours qui explique les convictions du chef conservateur, qui a voté aux Communes pour une restriction du droit à l’avortement lorsque ses collègues ont déposé des projets de loi en ce sens de 2006 à 2011 — sans succès. Il s’est également opposé au mariage gai et a voté contre l’aide médicale à mourir. Une vingtaine de députés pro-vie l’ont appuyé lors de la course à la direction. Leur doit-il une faveur, maintenant qu’il est leur chef ? « Pas du tout », soutient Andrew Scheer. Il promet de ne pas déposer de projet de loi sur ces enjeux, comme Stephen Harper s’y était engagé avant lui. « Je veux m’occuper de ce qui unit les Canadiens », dit-il.

Papa Scheer a fait de l’émission Les Simpsons un rendez-vous télé avec ses enfants. Sa femme, Jill, précise toutefois qu’il écoute d’abord les épisodes « pour s’assurer qu’il ne se dit rien d’inapproprié ».

C’est à Immaculata, à la fin du secondaire, qu’il cultive son amour de la joute politique. Quelques fois par année, au début de l’après-midi, Andrew Scheer ne retournait pas en classe et prenait plutôt la direction… de la Chambre des communes ! Il s’asseyait dans les estrades réservées au public et écoutait la période des questions. « C’était une époque palpitante, avec le Reform Party, le référendum au Québec… »

C’est d’ailleurs le référendum sur l’indépendance du Québec qui le convainc de faire de la politique. Le 27 octobre 1995, quelques jours avant le scrutin, une professeure d’Immaculata affrète deux autobus pour les jeunes qui souhaitent se rendre à Montréal afin de participer à l’immense Love-in à la Place du Canada. « Nous avions le sentiment que tout le monde se mobilisait pour sauver le pays. Il y avait tellement de gens partout ! Le pays était à un tournant. C’est passé si proche. C’était inspirant d’être sur place ce jour-là », raconte-t-il.

Quelques mois plus tard, lors d’un cours d’informatique, il tombe sur la page Web des jeunes du Parti réformiste. Il envoie un courriel pour faire du bénévolat. Le soir même, il recevait une réponse d’un organisateur local. En 1999, il était dans l’équipe des jeunes de Preston Manning pour préparer la course à la direction de l’Alliance canadienne.

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En politique comme en amitié, Andrew Scheer est loyal. En 2017, lorsqu’il plonge dans la course à la direction du Parti conservateur, il appelle son ami Hamish Marshall pour que celui-ci prenne les commandes de sa campagne. Ce dernier est reconnu comme un bon stratège dans les rangs conservateurs depuis qu’il a réussi à bloquer, en juillet 2015, l’expansion du réseau de transport en commun de la région de Vancouver, sa ville d’origine. Il a été l’un des principaux architectes du camp du « non » lors d’un référendum qui proposait d’ajouter 0,5 % à la taxe de vente pour financer un chantier de 7,5 milliards de dollars.

Loin dans les sondages en début de campagne, les opposants l’ont emporté avec 62 % des voix, à la grande surprise du maire Gregor Robertson et des élites qui appuyaient le projet. Le camp du « non » a réussi à convaincre la population que l’organisme qui chapeautait le transport en commun, TransLink, n’était pas digne de confiance pour gérer autant d’argent et que cette hausse de taxe deviendrait un puits sans fond.

De cette bagarre politique, Hamish Marshall a retenu des leçons qu’il tente d’appliquer à la campagne à venir. « Il faut amener nos adversaires à faire campagne sur le terrain qu’on a choisi, à débattre de nos arguments, et ne pas dévier du plan, même quand ça va mal », explique-t-il.

À la Chambre des communes, en novembre 2008, avec Preston Manning, pendant la course à la chefferie de l’Alliance canadienne, en 2000; avec le premier ministre Justin Trudeau lors du Défi Pierre Lavoie, en juin 2018 (Photos : La Presse canadienne)

Lorsqu’il se joint à la campagne à la direction d’Andrew Scheer, Hamish Marshall siège depuis plusieurs années au conseil d’administration de la controversée plateforme de droite The Rebel, dont il est l’un des fondateurs avec son ami Ezra Levant. The Rebel flirte avec le discours d’extrême droite, antimusulman, et défend les politiques de Donald Trump. Andrew Scheer n’accorde plus d’entrevue à ce site d’informations depuis août 2017, lorsque The Rebel a fait une couverture complaisante de la manifestation des suprémacistes blancs de Charlottesville, aux États-Unis, qui s’est soldée par la mort d’une contre-manifestante. Hamish Marshall, pour sa part, a quitté The Rebel à la fin 2017. « J’étais du côté technologique de l’entreprise, je n’étais pas responsable du contenu. Je n’ai rien fait de mal, je n’ai pas à m’excuser », dit-il.

La proximité d’Andrew Scheer avec Hamish Marshall et sa présence au rassemblement de quelque 200 camionneurs et travailleurs de l’industrie du gaz et du pétrole « United We Roll », en février dernier, ont attiré au chef conservateur de sévères critiques de ses adversaires, notamment libéraux, qui l’accusent de tolérer le racisme dans ses rangs.

Ce convoi à l’allure bigarrée, constitué de véhicules lourds, d’autobus et de camionnettes, a fait la route depuis Red Deer, en Alberta, jusqu’à la colline du Parlement, à Ottawa, pour exprimer la colère de ces travailleurs contre les politiques pro-environnement de Trudeau, notamment sa taxe sur le carbone, et le manque d’emplois dans le secteur de l’énergie, qui plombe l’économie de l’Ouest.

Andrew Scheer leur a dit qu’il était « derrière eux » et qu’il se battrait pour leurs emplois. Maxime Bernier y a aussi pris la parole, tout comme Faith Goldy, une militante et suprémaciste blanche bannie de Facebook pour ses propos haineux contre les musulmans. Des participants se revendiquaient comme des « gilets jaunes canadiens », dont la page Facebook est truffée d’appels à « pendre Trudeau pour trahison ». À ce rassemblement, les pancartes anti-immigration et anti-ONU côtoyaient les affiches contre la tarification du carbone et les plaidoyers pour la construction de pipelines.

La proximité d’Andrew Scheer avec Hamish Marshall et sa présence au rassemblement « United We Roll » ont attiré au chef conservateur de sévères critiques de ses adversaires qui l’accusent de tolérer le racisme dans ses rangs.

Andrew Scheer rejette les critiques. « On est un parti ouvert et inclusif. Ces travailleurs venaient en grande majorité du secteur de l’énergie. Le convoi a été organisé par des gens qui souffrent vraiment de la chute du prix du pétrole et qui sont inquiets de ne pas pouvoir payer leur emprunt hypothécaire le mois prochain. Ces personnes sont désespérées et appellent à l’aide. C’est une tactique de la gauche que d’essayer de délégitimiser leurs critiques. »

Ce flirt avec le populisme et l’absence de politique environnementale crédible pour lutter contre les changements climatiques (au moment de mettre sous presse, à la fin mai) embêtent certains sympathisants conservateurs de la première heure, notamment les Red Tories, plus progressistes.

C’est le cas de Graham Fox, qui a été chef de cabinet du chef conservateur Joe Clark de 2001 à 2003 et qui a conseillé Jean Charest lorsque celui-ci était député fédéral. « Je me reconnais de moins en moins dans le parti d’Andrew Scheer, dit-il. L’indifférence envers le défi climatique me fâche. Le problème ne va pas se régler tout seul. La tarification du carbone est une solution qui respecte les lois du marché, et c’est efficace. Ça devrait être une mesure de droite ! Pourquoi on est contre ? »

Lorsqu’on lui demande s’il y a de la place pour les Red Tories dans son parti, Andrew Scheer se braque. « Oui, tout à fait. Il y a de la place pour tout le monde », dit-il, sans donner davantage de détails.

Pour élargir le réservoir d’électeurs et contrer l’image négative en matière d’environnement qui colle au parti depuis les années Harper, certains candidats conservateurs du Québec, en privé, poussent leur chef à en faire plus sur ce front.

Lors de sa semaine d’immersion en français à Québec, en mars, Andrew Scheer a soupé avec quelques candidats dans une pizzéria de Beauport. La candidate Bianca Boutin, qui se présentera dans la circonscription de Québec contre le ministre libéral Jean-Yves Duclos, en a profité pour lui en glisser quelques mots. « Les gens me parlent beaucoup d’environnement, lui a-t-elle dit entre deux morceaux de pizza. On a hâte de voir le plan, parce que je ne sais pas trop quoi leur dire. » « Je comprends, ça viendra », lui a simplement répondu Andrew Scheer.

Le député Gérard Deltell minimise le problème, lui qui a participé à l’élaboration de la plateforme du parti en matière d’environnement, qui sera dévoilée avant le début de la campagne électorale. « On ne fera pas comme si le problème n’existait pas, on va avoir quelque chose à dire d’intéressant », soutient-il.

Il estime que cet enjeu ne sera pas décisif en octobre. C’est la volonté des électeurs de se débarrasser de Justin Trudeau qui fera pencher la balance, croit Gérard Deltell. « Ceux qui veulent un leadership raisonnable, un budget équilibré et un pays dirigé par un homme qui comprend les besoins de Monsieur et Madame Tout-le-monde vont voter pour nous. »

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JE VOTERAI POUR ANDREW & C’EST MONSIEUR LE DÉPUTÉ ALAIN RAIES,POUR RICHMOND-ARTHABASKA.

Moi aussi, je voterai pour le député conservateur de ma circonscription, Anna Roberts de King-Vaughan à l’Ontario, afin de mettre Andrew Scheer sur le fauteuil de premier ministre!

À quoi bon tenter de deviner l’identité du premier ministre avant les élections? C’est un exercice futile, d’autant plus que les dernières élections ont porté au pouvoir Justin Trudeau (au Canada) et François Legault (au Québec), contre toute attente…