Le Québec et l’Ontario, deux planètes politiques

François Legault et Doug Ford se préparent tous deux aux campagnes électorales de 2022. Or, leurs discours préélectoraux révèlent des priorités et stratégies différentes. Analyse.

Photo : Daphné Caron

Fait plutôt rare dans le calendrier politique canadien, le Québec et l’Ontario ont chacun eu droit à un discours inaugural préélectoral le mois dernier.

Comme le premier ministre François Legault, le gouvernement de Doug Ford est en mode séduction en vue d’un scrutin l’an prochain. Les Ontariens iront aux urnes en juin, quelques mois avant leurs compatriotes québécois.

Dans un cas comme dans l’autre, les électeurs devront décider si le parti au pouvoir mérite un second mandat. À voir les sondages sur les intentions de vote, la partie s’annonce plus serrée pour M. Ford que pour M. Legault

Au fil de la troisième et de la quatrième vague de la pandémie, le premier ministre de l’Ontario a réintégré le club des mal-aimés. Sa meilleure chance de conserver le pouvoir et une majorité gouvernementale le printemps prochain réside dans la division du vote d’opposition entre le NPD et le Parti libéral.

En lisant les paroles prononcées à Queen’s Park et à l’Assemblée nationale, on pourrait néanmoins se méprendre sur celui des deux premiers ministres qui a le plus besoin de prouver à son électorat qu’il a encore le cœur à l’ouvrage.

Avec un peu plus de 2 000 mots, le discours ontarien était trois fois plus court que son pendant québécois. En matière de contenu, l’écart était encore plus grand. Et la somme des différences entre les deux donne à penser que, toutes voisines qu’elles soient, les deux provinces ne sont pas sur la même planète politique. 

Voici quelques faits saillants.

Les soins de santé : La grande bataille fédérale-provinciale des prochains mois portera sur le financement de la santé. L’Ontario et le Québec sont sur la même longueur d’onde sur l’idée qu’Ottawa doit impérativement augmenter ses transferts aux provinces.

Mais le discours ontarien était muet sur l’autre idée défendue par le premier ministre Legault, à savoir que cette hausse ne pourrait être assortie de conditions ou normes fédérales. À Queen’s Park, on s’engage plutôt à continuer de travailler avec le gouvernement fédéral.

La lutte contre les changements climatiques : Comme François Legault, Doug Ford n’a pas été porté au pouvoir sur la foi de son activisme environnemental. Au contraire, il avait passé sa première campagne électorale à promettre de quitter la Bourse du carbone à laquelle l’Ontario participait avec le Québec et la Californie. Par la suite, lors des élections fédérales de 2019, Doug Ford avait fait campagne contre la taxe sur le carbone imposée à l’Ontario par Justin Trudeau.

Comme l’aventure électorale fédérale de François Legault lors du récent scrutin, celle de Doug Ford en 2019 avait fini en queue de poisson. Des électeurs qui avaient appuyé au niveau provincial le Parti progressiste-conservateur de l’Ontario ou la Coalition Avenir Québec ont fait fi des préférences de leur premier ministre et ont voté pour l’équipe Trudeau.

Mais alors que le gouvernement Legault tente, depuis qu’il est au pouvoir, d’amorcer un virage vert, celui de Doug Ford aime mieux faire abstraction du dossier. On ne trouve aucune allusion à la lutte contre les changements climatiques dans le discours du Trône prononcé à Queen’s Park au début octobre.  

Pour avoir couvert la politique en Ontario sous un règne conservateur précédent pendant les années 1980, je me souviens qu’on y parlait davantage d’environnement — en particulier sur le front des pluies acides et de la pollution des Grands Lacs — qu’en 2021, à l’heure où la question a pris des proportions planétaires.

La petite enfance : Sujet phare au Québec, les services de garde n’ont obtenu aucune mention de la part du premier ministre Ford. L’Ontario, au moment de l’ouverture de la nouvelle session à Queen’s Park, faisait d’ailleurs partie de la poignée de provinces qui n’avaient pas encore conclu d’entente sur les services de garde avec le gouvernement Trudeau.

Un discours inaugural n’est jamais garant de l’avenir politique. À preuve la tournure inattendue que la pandémie a donnée aux mandats de Ford et de Legault. Mais si on mesure l’énergie d’un gouvernement en quête imminente de réélection à l’aune de ce genre d’exercice, celui de François Legault est survitaminé, tandis que celui de Doug Ford est à bout de souffle.

On pourra évaluer sur l’échelle de l’ambition où se situe Justin Trudeau lorsqu’il présentera, plus tard en novembre, le discours inaugural de son troisième mandat.

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Mes bons voeux à Madame Hébert, dont l’expérience nous instruit tant.

« L’ambition [de ] Justin Trudeau» ?

S’il veut devenir un grand premier ministre, il doit dépasser ou compléter l’oeuvre de son père. En ce moment, il n’en est que le bedeau qui surfe sur la modération et la conciliation.

Il faut qu’il donne au pays une nouvelle constitution, aussi originale et différente des constitutions américaine, britannique ou française, les trois grands modèles.

Le fédéralisme canadien doit réunir tant les souverainistes québécois que les plus wasps des Canadiens… On fait un pays avec tous ceux qui y habitent. C’est possible.

La refondation fédérale d’ un pays républicain avec l’union de 6 États à souveraineté partagée (Ontario, Québec, C-B renommée Pacific, M-S-A fusionnées Prairies, 4 fusionnées Maritimes, 2 Y-Tno fusionnés Nord) :
1, avec péréquation pour l’unité nationale, sans duplication des compétences,
2, avec une seule monnaie,
3, un seul marché et union douanière,
4, une seule représentation fédérale internationale,
5, une philosophie constitutionnelle libérale, humaniste et républicaine,
6, Enrichissant 1840-1967-1982, l’Information érigée en 4e pouvoir à l’égal des 3 existants,
7, avec moyens (initiatives, référendums et autres) pour une démocratie plus directe,
8, avec des principes fondateurs écologiques, féministes et rationalistes,
9, avec une Charte des droits revue, corrigée et enrichie,
10, avec une « liberté de religion» remplacée par la seule « liberté d’expression » , en 8 volets distincts et régulés spécifiquement : scientifique, médiatique, commerciale, journalistique, académique, artistique, métaphysique croyante ou incroyante.

Schéma court, car le reste relève des lois particulières.
Hors de cette réforme, nous continuerons à tourner en rond dans le banal, le quotidien, l’électoralisme à courte vue, le convenus et l’inefficacité.

Sans originalité, sans détermination, pas de pays à l’horizon.

Voilà de bons voeux pour le Canada.

BONNE ANNÉE À TOUTES ET À TOUS !

j.l.
ph.d. en philosophie politique.