Le retour de Duceppe au débat de TVA

Le Bloc québécois ne renouera jamais avec son statut d’Opposition officielle, mais il ne connaîtra pas son Waterloo non plus, le 19 octobre.

Photo: Newzulu/La Presse Canadienne
Photo: Newzulu/La Presse Canadienne

PolitiquePas de doute, Gilles Duceppe est de retour. Le chef du Bloc québécois a fait preuve d’un grand sens de la répartie et d’une excellente maîtrise de ses dossiers lors du dernier débat des chefs, vendredi sur les ondes de TVA.

Le dernier droit de la campagne dira si la performance de Gilles Duceppe sera suffisante pour ramener plus que deux députés bloquistes aux Communes. Le parti, que l’on disait mort et enterré en août, pourrait très bien connaître une modeste résurrection. Il ne renouera jamais avec son statut d’Opposition officielle (54 sièges en 1993), mais il ne connaîtra pas son Waterloo non plus, le 19 octobre.

Le Bloc a remonté dans les sondages, grâce à la constance de Gilles Duceppe.

«Le NDP perd encore des plumes», titrait Le Devoir vendredi. Le Bloc récolte maintenant l’appui de 24 % des électeurs au Québec, à égalité avec les libéraux, et quatre points derrière le NPD. Pour les électeurs francophones, le Bloc est redevenu une alternative crédible aux néodémocrates.

Le NPD souffre de la position de Thomas Mulcair sur le niqab, du moins au Québec. M. Mulcair a le mérite d’être constant. Il a réitéré vendredi soir qu’il respectait l’autorité des tribunaux et qu’il n’allait pas priver une femme, même voilée, d’exercer son droit à la liberté de religion. Depuis 2011, seulement deux femmes ont refusé de prêter serment de citoyenneté parce qu’elle devait retirer leur voile… Dans tout le Canada.

Mais l’enjeu semble suffisamment important pour des poches d’électeurs, au Québec et ailleurs au Canada, ce qui a eu pour effet de relancer la campagne des conservateurs et de plomber celle des néodémocrates.

La course se terminera donc à trois au Québec. Mais elle semble de plus en plus opposer Stephen Harper à Justin Trudeau à l’échelle nationale. Lors du débat Munk et celui de TVA, Justin Trudeau a renoué avec la fougue et la pugnacité qui avaient fait de lui le candidat de l’espoir pour un parti libéral moribond. Vendredi, M. Trudeau n’a jamais cessé d’attaquer Stephen Harper sur son bilan environnemental, son obsession sécuritaire, ses allègements fiscaux pour les mieux nantis, sa rigidité morale. Il y a plus de députés contre l’avortement dans votre caucus que de femmes qui portent le niqab au Québec, lui a-t-il lancé. Ouch!

Thomas Mulcair a aussi connu de bons moments. Le niqab est «une arme de distraction massive», a-t-il dit avec une certaine justesse. Il a aussi attaqué le bilan de M. Harper en politique étrangère. «Vous n’avez jamais rencontré une guerre que vous n’aimiez pas», a-t-il lancé au premier ministre sortant. Ses critiques étaient en plein dans le mille.

Le chef conservateur s’est tenu à la même stratégie que dans les deux premiers débats. Ne pas faire de vagues, ne pas faire de faux pas. Son attitude générale à l’égard de ses adversaires? «Causez toujours, et courez après moi».

Justin Trudeau et Thomas Mulcair ont un peu plus de deux semaines pour le rattraper, tout en se disputant le même électorat.

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La remontée du Bloc favorise les Conservateurs et pourrait mener à un gouvernement conservateur MAJORITAIRE.
Pour éviter le désastre, le Bloc doit remonter encore plus, genre 30%. Mais je doute qu’il remonte jusqu’à là.

Si la question du niqab peut être considérée comme un point tournant de cette campagne électorale qui n’en finit plus de finir, je ne pense pas que ce soit le déterminant pour les électeurs et les électrices pour s’en retourner aller voter pour le Bloc.

Absolument, il faut admettre que tout compte fait monsieur Duceppe accomplit une bonne campagne, qu’il montre sa crédibilité dans la connaissance de plusieurs dossiers. Il faut en même temps, souligner aussi le caractère plutôt terne ou du moins sans éclat de ses adversaires.

C’est hélas le cas de monsieur Mulcair qui jusqu’à présent ne s’est pas coulé dans le moule d’un Premier ministre, alors qu’il figure plutôt dans celui d’un magistrat, genre procureur de la Couronne. Hors dans une telle configuration, c’est selon moi monsieur Duceppe qui prend le « beau rôle ». Il y a bien un pouvoir politique et les politiciens ne peuvent toujours se réfugier devant les décisions des tribunaux.

Ou si tel devrait être le cas, il faudrait abolir et la Chambre des communes et le Sénat et laisser la « job » de Premier ministre au Juge en chef de la Cour suprême. Ainsi on s’épargnerait même des élections 🙂

Quand on brigue le poste de Premier ministre, c’est qu’on veut changer les choses. Hors, qu’on apprécie ou pas les politiques initiées par monsieur Harper, eh bien force est de constater qu’il a changé les choses en 10 ans. Pas nécessairement pour le mieux pour tout…. Mais il les a changées.

À cet effet, monsieur Duceppe a donné une prestation lors du débat de TVA que j’ai certes appréciée. Nonobstant, il aura profité des contradictions qui animent ses adversaires.

Mes avis que le sort de bien des circonscriptions sera âprement disputé le 19 octobre prochain. Une fragmentation du vote (partout au Canada) que je prévoyais déjà quelques semaines avant le déclenchement des élections, me semble plus que jamais à prévoir.

Dans cette configuration, il ne faudrait pas s’étonner outre mesure que l’objectif raisonnable du Bloc d’envoyer entre 10 et 15 députés puisse finalement être atteint. Je conçois même que dans les officines de ce parti, quelques stratèges se mettent à rêver. Peut-être plus, qui sait ?

Il n’en reste pas moins, selon moi que le Bloc québécois ne devrait avoir strictement rien à faire à Ottawa. C’est donc la médiocrité de nos politiciens canadiens qui a toute fin fait loi.

Ce genre d’analyse et ses conclusions supposent que les québécois ignorent le temps de cette élection :

– que le Québec est en principe exclu de la fédération n’ayant jamais signé la constitution Canadienne de 1982
– que le Québec a toujours recherché plus d’autonomie et une certaine asymétrie dans les pouvoirs attribués aux provinces, mais que les trois principaux partis ( PCC, PLC er NPD ) sont tous très centralisateurs et s’y opposent.
– que les autres canadiens ( le ROC ) s’opposent aussi à ce que la fédération accorde au Québec d’avantage d’autonomie / plus de pouvoir.
– que la fédération via le premier ministre du pays reconnaît verbalement que le Québec est différent du ROC par sa langue et sa culture mais aussi par plusieurs de ses valeurs, mais n’est pas prêt à le préciser dans des documents qui auront une portée légale ( dans la constitution par ex.)

Sinon, si les québécois ne mettent pas ces points là de côté en choisissant ceux qu’ils enverront à Ottawa pour les représenter, si ces points là ont de l’importance à leurs yeux, ils peuvent difficilement ne pas voter pour le Bloc Québécois, parce que c’est le seul parti qui est prêt à se lever pour rappeler ces points là à Ottawa et à défendre les intérêts du Québec, les autres partis du Bloc Canadien ( PCC, PLC, NPD ) ne le feront jamais, ils sont unanimes là-dessus parce qu’il faudrait réouvrir la constitution, que ça semblent impossible et qu’il n’y a toujours pas de volonté politique de le faire.

Les autres provinces n’ont pas ces préoccupations là, la centralisation leur convient, le multiculturalisme aussi, si les questions économiques sont traitées à leur convenance le reste semble avoir peu d’importance à leurs yeux.

@ Claude Lafontaine,

Vous écrivez ceci : « que le Québec est en principe exclu de la fédération n’ayant jamais signé la constitution Canadienne de 1982 »

Ceci n’est pas exact, car la Constitution du 1er juillet 1867 établit hors de tout doute que le Québec est membre à part entière de la Confédération. Étant donné que la loi constitutionnelle de 1982, annexe ente autre « l’Acte de l’Amérique du Nord britannique », c’est cet acte et les traités antérieurs ou amendements subséquents qui font foi.

À toute fin pratique, nul n’a le droit justement d’exclure le Québec du Canada, même si le Québec n’a pas apposé sa signature à cette loi de 1982. D’autre part, le Québec se conforme à la Charte des droits et libertés (bien que ce texte n’ait pas été officiellement approuvé), la jurisprudence le prouve, le Québec paye ses impôts à Ottawa, respecte scrupuleusement toutes ses obligations constitutionnelles et est un partenaire d’une loyauté irréprochable envers le Canada.

Le cas du Québec qui ne signe pas une constitution n’est pas absolument unique. Ainsi la constitution de l’Allemagne de 1949 n’a jamais été signée par l’État de Bavière. Cela ne les empêche pas de faire partie de ce pays.

Il existe des règlements internationaux qui se sont développés suite et depuis la guerre de 14-18 quant à la reconnaissance du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes (droit à l’autodétermination), ceci ne relève pas précisément de la Constitution. Ainsi la proclamation d’une hypothétique indépendance du Québec équivaut à faire le choix (légitime peut-être) de la sécession.

Cette problématique pourrait être d’ailleurs d’actualité en Catalogne prochainement. Dans un processus, la question est toujours de savoir jusqu’où on est prêt à aller. La victoire est à ce prix-là.

Encore vous parlez du côté centralisateur des partis fédéraux…. En fait, la Constitution canadienne est de loin une des constitutions dans le monde parmi les plus décentralisée qu’il soit. Cette décentralisation d’ailleurs à un prix. Plus de décentralisation à coût nul, cela n’existe pas. Quant aux autres provinces du Canada, il me semble que plusieurs ont aussi leurs parts de revendications. C’est ce qui rend particulièrement difficile une quelconque abolition du Sénat, puisque chacune des provinces (et pas le Québec seulement) en iront de leurs propres desideratas.

Ce que monsieur Lafontaine essaie d’expliquer, c’est que l’Assemblée Nationale n’ayant jamais reconnu la Loi constitutionnelle de 1982, le Québec est donc exclu de l’entente ce qui ne veut pas dire que la constitution n’est pas applicable au Québec. Quelles que soient les constitutions, elles nous ont tous été imposées.

Le rôle centralisateur d’Ottawa vient de son pouvoir de dépenser qui trop souvent s’ingère dans des domaines réservés aux provinces selon la constitution actuelle.

Votre plaidoyer vient en fait appuyer mon opinion, c’est vrai que le Québec n’a pas été mis à la porte de la fédération parce qu’il a ni accepté ni signé la constitution de 1982, mais dans les faits il subit régulièrement les effets de cette constitution entre autre via les multiples décisions de la cour Suprême.

Pour un indépendantiste, le fait que le gouvernement fédéral ait concocté puis fait sanctionner par la cour Suprême sa loi sur « la clarté référendaire » après le référendum de 1995 est un autre exemple de ce que le Québec subit de la part du fédéral, dans ce cas-ci c’est le droit à l’autodétermination du Québec qui a été brimé.

Quant à la centralisation au fédéral qui est devenue excessive suite à la première et à la seconde guerre mondiale (prise de contôle supposément temporaire du pouvoir de taxation) elle fait particulièrement mal aux provinces, le fédéral ayant maintenant un pouvoir de dépenser disproportionné par rapport aux responsabilités qu’il a, ça lui donne la possibilité d’intervenir financièrement dans les domaines de compétence des provinces, ce qui :
1. Limite l’autonomie des provinces
2. Vient brouiller les pistes (affrontement souvent de deux visions qui s’opposent) ce qui est carrément improductif
Ce genre d’effet négatif de centralisation pourrait être vite neutralisé si le fédéral acceptait de limiter son pouvoir de dépenser en acceptant de limiter la part qu’il s’octroie des races et des impôts; mais ni Harper, ni Mulcair, ni Trudeau veulent même aborder cette question.

Tout ça est très important pour le Québec, mais il ne peut compter sur les fédéralistes pour défendre ses positions là-dessus, mais il sait qu’il peut compter sur le Bloc Québécois et Gilles Duceppe pour le faire.

@ Claude Lafontaine,

Je comprends bien votre argumentation et vos réticences. La Loi sur la clarté référendaire, n’est effectivement pas comprise de la même façon par tous les partis politiques. C’est une chose qu’on a vu lors des débats des chefs, il me semble d’ailleurs aussi lors d’un débat des chefs en anglais.

Alors, j’en déduis que la compréhension ne doit pas être la même pour tous les canadiens.

Néanmoins, je ne crois pas que le droit à l’autodétermination comme tel soit brimé, d’autant qu’il existe des normes internationales en la matière pour ce qui à trait notamment aux referendums par l’entremise de la Commission européenne pour la démocratie par le droit (appelée aussi Commission de Venise), qui regroupe plus d’une soixantaine de pays parmi lesquels les États-Unis auquel s’ajoute le Canada comme observateur.

Par surprise, la seconde partie de votre argumentation, fait plutôt la promotion du Parti libertarien du Canada (qui n’est pas présent dans toutes les circonscriptions) lequel réclame exactement ce que vous demandez. Souhaitant une décentralisation administrative totale tant des provinces qu’au niveau de l’administration des villes et autres agglomérations. Ce qui réduit le pouvoir de taxation d’Ottawa et ses champs de compétence, tout en augmentant le pouvoir de lever de l’impôt des Provinces et des municipalités. Tout en préservant leur autonomie administrative.

À mon humble avis, tout cela ne relève pas spécifiquement de l’autodétermination mais plutôt de choix en matière d’administration. Quoiqu’il en soit, je respecte votre option politique. Étonnement d’ailleurs je me suis livré au jeu de la Boussole sur Radio-Canada et son équivalent dans L’actualité et les propositions des partis sur lesquelles je suis le plus souvent d’accord, ce sont celles du Bloc Québécois.

L’erreur vient peut-être du fait que pour vraiment rassembler, il faudrait miser sur toutes autres choses que la souveraineté. Bonne journée.

On dirait un fil d’horreur de série B: Le retour du mort-vivant…

Le fait que des Québécois votent toujours pour ce parti de pom-pom girls qui demeurent sur les lignes de côté m’a toujours fasciné.

Nous mesurerons notre degré de succès à la brièveté de notre mandat…phrase prononcée par Lucien Bouchard lors de la création du Bloc il y a plus de 25 ans… On connaît la suite!

Question théorique à Gilles Duceppe: Compte tenu que vous retirez une très généreuse pension directement du pays que vous voulez détruire et compte tenu que vous avez la possibilité de redevenir député au fédéral, aurez-vous le front et le culot d’empocher la double rémunération?

Pour moi c’est plutôt le retour possible des Libéraux au pouvoir et le maintien « des poteaux » du NPD comme représentants du Québec à Ottawa que j’entrevois comme le film d’horreur de série B , le PCC n’a pas de chances ici essentiellement parce qu’il défend des valeurs et des intérêts qui ne cadre pas avec ceux du Québec quoi qu’en disent S.Harper.

Si c’est la seule critique que vous avez à faire à Gilles Duceppe, ne vous inquiétez pas, c’est un homme de principe qui est revenu en politique pour défendre ses convictions, pas pour le peu de $$$ que ça rapporte c’est une évidence.

Décrivez précisément les « valeurs québécoises » particulières SVP parce que jusqu’à maintenant, aucun parti politique, INCLUANT les séparatistes n’a réussi à le faire (ou évitent de le faire!) et SVP, évitez les phrases creuses genre, égalité homme-femme, démocratie, respect des autres et de nos traditions, etc… et autres généralités et platitudes inutiles qui s’appliquent à toutes les nations occidentales.

M. Lafontaine, si vous pensez que les revenus de pension de Gilles Duceppe est petite, renseignez vous car sa pension au fédéral lui rapporte 140,765.00$ par année en plus de son régime des rentes du Québec, ses REERS accumulés alors il n’est pas à plaindre.

Plus ça avance et plus je crois que cette élection est RÉFÉRENDAIRE au Québec.

Nous serons bientôt en mesure de constater le degré d’intérêt des Québécois et des Québécoises envers le séparatisme, Duceppe et son comparse PKP, en comptant le nombre de votes pour le Bloc, contre le nombre de votes pour les trois autres partis politiques fédéralistes au Québec.