Le temps file !

Les électeurs auront-ils le temps de se faire une tête d’ici le moment de voter, le 20 septembre ? Analyse d’un calendrier électoral inédit dans l’histoire récente. 

Christian Blais pour L’actualité

Justin Trudeau a choisi une campagne de courte durée, s’en tenant au minimum de 36 jours prévu par la Loi électorale du Canada. Ce n’est pas une première, ç’avait été le cas aussi lors d’élections plus lointaines, en 1997, 2000 et 2004.

Mais il y a une grande différence par rapport au passé : la séquence électorale actuelle ne peut se comparer à rien d’autre, et ce, depuis son déclenchement.

On a beaucoup dit qu’à chaque scrutin, la même question était posée : pourquoi lancer une campagne là, aujourd’hui ? Est-ce bien nécessaire, hein ? Mais il ne faut pas s’en faire puisque 24, voire 48 heures plus tard, c’est déjà oublié et tout le monde est plongé dans l’action.

Or, cette fois-ci, l’interrogation subsiste — ce dont témoigne le malicieux surnom « NécessAIR » que les journalistes affectés à la caravane du chef libéral ont donné à son avion de campagne. Qu’elle perdure ainsi, des jours après le coup de départ, dénote un malaise certain, qui devrait préoccuper les conseillers de Justin Trudeau.

Bof, a-t-on aussi entendu, la campagne est jeune : une première semaine, ça ne compte pas. La vraie affaire, au fond, ce sera comme d’habitude les débats. Mais il faut voir à quel moment ils auront lieu !

Au Québec, il y aura une première rencontre entre les chefs le 2 septembre au réseau TVA, mais les débats centraux, ceux organisés par la Commission des débats des chefs et regardés a mari usque ad mare, se tiendront en français le 8 septembre et en anglais le 9 septembre.

Le jour du vote, lui, est le 20 septembre. Moins de deux semaines plus tard. C’est extrêmement serré si un chef veut rattraper une mauvaise performance en débat.

En fait, on n’a vu un tel scénario qu’à deux occasions depuis que les débats des chefs ont cours dans notre histoire électorale.

Ainsi, en 2006, on avait compté seulement 13 jours d’écart entre la tenue du débat, le 10 janvier, et le jour du vote, le 23 janvier. Mais la campagne avait débuté à la fin novembre, donc à un moment de l’année où le public était attentif à l’actualité, et s’était étendue sur 55 jours. (Pour la petite histoire, le gouvernement libéral minoritaire de Paul Martin, empêtré dans le scandale des commandites sur lequel s’était penchée la commission Gomery, avait finalement cédé la place à un gouvernement conservateur minoritaire, avec à sa tête Stephen Harper, pour la première fois au pouvoir.)

De même, en 2019, le dernier débat avait eu lieu le 10 octobre, soit seulement 11 jours avant la journée du vote. Mais il avait été précédé de trois autres débats des chefs en septembre et octobre qui déjà avaient permis de discuter d’enjeux de fond.

De plus, le déclenchement des élections n’avait pas été une surprise. Justin Trudeau, alors premier ministre, avait simplement respecté la disposition de la Loi électorale qui, depuis 2006, prévoit un scrutin à date fixe à tenir le troisième lundi d’octobre après quatre ans de pouvoir.

Récapitulons. Nous sommes plongés dans une campagne estivale, ce qu’on n’avait pas vu depuis… 1984. Mais à l’époque, la course avait duré deux mois et s’était conclue pile-poil à la fête du Travail, jour du vote. Les débats des chefs avaient eu lieu à la fin juillet. Ç’avait laissé du temps à l’électorat pour penser à son affaire.

Cette fois, la campagne estivale doit faire concurrence à bien d’autres sujets qui monopolisent l’attention. D’abord, elle se déroule en pleine pandémie, et c’est le variant Delta qu’on a en tête pour la rentrée.

Lui fait aussi ombrage une actualité certes lointaine mais ô combien spectaculaire, le retour des talibans en Afghanistan. Il y a eu une assez grande implication canadienne dans ce pays pour que le drame afghan déloge « nos » élections des manchettes des médias.

De plus, on a chaud, très chaud. Les candidats sur le terrain en conviennent, les électeurs n’ont pas la tête à les écouter. Pas sûre que ce sera si différent d’ici la semaine prochaine.

Mais on nous dit que ça changera après la fête du Travail… soit le 6 septembre. Et que les débats qui suivront feront bouger les choses. Bref, que cette campagne, déjà très courte, n’aura cours sérieusement que durant 10 jours !

Tout bien compté, voilà un découpage de campagne sans précédent. À l’image, au fond, d’un été où, de feux de forêt en chaleur extrême, des records ne cessent d’être dépassés… De ceux qui ne sont pas réjouissants.

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Oui, très bien, mais le fond de l’affaire c’est que la campagne électorale n’est pas nécessaire pour les raisons que nous connaissons tous, qu’elle se fait à coups de centaines de millions $ de nos taxes pour flatter l’ego de Justin Trudeau qui voudrait bien une majorité, genre de dictature soft pendant 4 ans. Le fond de cette affaire c’est aussi que JT ne veut plus gouverner par consensus avec un autre parti politique et veut imposer sa vision du Canada, une vision qui comprend des subventions aux énergies fossiles sans précédent et l’achat d’un pipeline…

La campagne a beau être courte mais elle est un gaspillage éhonté des fonds publics qui auraient pu servir à autre chose, comme, par exemple, donner de l’eau potable à certaines collectivités autochtones, faire des transferts en santé pour qu’un plus grand nombre de gens aient accès à un médecin de famillet et j’en passe. JT fait des promesses à l’emporte pièce mais nous ne sommes pas dupes, ce sont d’abord des promesses qu’il aurait pu mettre en œuvre dans ce mandat et, surtout, il ne faut plus croire ses promesses car il n’a pas hésité à nous tromper dans le passé.

La campagne est courte, soit, mais c’est une bonne chose car les Canadiens ne devraient surtout pas tomber dans le panneau et lui donner une majorité et pour moi mon idée est faite, n’importe qui sauf les libéraux avec surtout une minorité. Les politiciens ne veulent pas de la proportionnelle car ce n’est pas bon pour leur égo? Alors, forçons les à gouverner par consensus et l’alternative est un gouvernement minoritaire de quelqu’étoffe que ce soit.