Pour avoir la moindre chance de devenir chef du Parti conservateur fédéral le 10 septembre prochain, l’ancien premier ministre Jean Charest a besoin d’un score éblouissant au Québec.
À moins d’écraser ses principaux rivaux au moment du vote, le candidat Charest ne pourra pas combler l’écart — important — qui continue à le séparer du meneur incontesté de la course, Pierre Poilievre.
Mais la province sera-t-elle au rendez-vous ?
Les deux dernières courses au leadership conservateur n’avaient guère suscité d’intérêt au Québec. Parmi les provinces les plus populeuses, c’est au Québec que le Parti conservateur compte, depuis des lunes, le moins de membres en règle.
Le déficit entre le poids accordé à la province dans le résultat d’une course au leadership et la présence conservatrice anémique sur le terrain a même fini par amener le parti à changer les règles du jeu.
Lors des courses précédentes, chaque circonscription, sans égard à son nombre de membres, comptait pour 100 points dans le résultat du scrutin. Cette fois-ci, on a déterminé qu’à moins de 100 membres, le poids d’une circonscription serait diminué d’autant.
Au Québec, les deux principaux rivaux de Jean Charest ont élaboré des angles d’attaque qui pourraient rogner les ailes de l’ancien premier ministre.
Lors de la dernière course, c’est au Québec que se trouvaient la vaste majorité des circonscriptions — 43 sur 59 — où le compte n’y était pas. Pour faire le plein de votes dont il a besoin au Québec, Jean Charest devra, dans un premier temps, avoir comblé le manque à gagner chronique du PCC dans sa province.
Afin d’y arriver, il peut compter sur des piliers du caucus québécois, comme l’ex-lieutenant Alain Rayes ou l’ancien porte-parole aux finances Gérard Deltell. Ses états de service libéraux pourraient aussi lui être utiles. Bon nombre de circonscriptions québécoises orphelines sont situées dans des bastions du Parti libéral du Québec, comme l’Outaouais ou le West Island. Dans ces régions, beaucoup ont gardé un bon souvenir de ses faits d’armes fédéralistes en tant que premier ministre.
Pour autant, l’équipe Charest ne peut pas tenir pour acquis son avantage au Québec. Ses deux principaux rivaux n’ont pas l’intention de lui concéder la province sans livrer bataille. Et chacun d’eux a élaboré un angle d’attaque qui pourrait rogner les ailes de l’ancien premier ministre.
Depuis des années, Patrick Brown cultive des liens avec les communautés culturelles de l’Ontario. Sans ses entrées au sein de la communauté indo-canadienne, il ne serait pas devenu chef du Parti conservateur de l’Ontario et, plus récemment, maire de Brampton. Dans la course actuelle, il a entrepris d’appliquer cette stratégie à l’échelle du Canada.
Au Québec en particulier, il mise sur sa croisade contre la loi 21 sur la laïcité pour augmenter ses appuis. Le camp Brown sait bien que cette approche ne lui permettra pas de balayer le Québec, mais ses stratèges espèrent rafler au moins une part du gâteau de Jean Charest.
L’équipe Poilievre n’est pas en reste. Le député ontarien pourrait en effet bénéficier d’un nouvel alignement du côté droit de l’échiquier québécois.
Depuis qu’Éric Duhaime a entrepris d’attirer l’attention sur le Parti conservateur du Québec, sa formation a recruté plus de 50 000 membres. C’est autant d’eau que M. Duhaime est susceptible d’apporter au moulin de son ami Poilievre.
Les deux hommes sont des compagnons de route politiques, depuis longtemps sur la même longueur d’onde. Cette donnée — qui n’était pas dans les cartes au moment où Jean Charest a décidé que la partie était jouable — pourrait bouleverser les calculs de l’ancien premier ministre et anéantir ses espoirs, déjà minces, de l’emporter.
La bataille du Québec ne scellera pas l’issue de la course à la succession d’Erin O’Toole. Mais la position défensive de Jean Charest est de plus en plus emblématique de l’ensemble de sa campagne.
D’un sondage à l’autre, la grosse longueur d’avance du candidat Poilievre auprès des électeurs conservateurs ne se dément pas. En même temps, l’embellie pour le Parti conservateur dans les intentions de vote sur laquelle le camp Charest misait pour faire mousser sa candidature ne s’est pas matérialisée. Non seulement bien des partisans du PCC boudent Jean Charest, mais sa présence ne fait pas bouger l’aiguille dans le bon sens à l’échelle de l’électorat au sens large.
À moins d’un mois de la date limite pour recruter de nouveaux membres et alors que s’ouvre la ronde des débats, le temps commence sérieusement à manquer pour renverser la tendance de la course.
Cette chronique a été publiée dans le numéro de juin 2022 de L’actualité.
Malheureusement, le populisme a contaminé le monde politique occidental. Et le Canada ne fait pas exception. On voit ce qui se passe aux USA.. ils sont en train de faire reculer la société de plusieurs années en arrière. Les réactionnaires conservateurs ont fragilisé les avancées progressistes et humanistes. Ici au Canada, dans ce contexte d’instabilité, on peut se compter chanceux d’avoir au pouvoir l’alliance PLC/NPD, ce qui laisse trois années devant nous. Tellement de choses peuvent changer en trois ans. Mais en ce moment, le Québec jouerait un rôle majeur dans le renforcement de la démocratie canadienne en se mobilisant derrière Jean Charest.. Le voudra-t-il? Rien de moins sûr! Ainsi si Pierre Poilièvre l’emporte, restera à assumer les conséquences d’un scénario à l’américaine qui se dessinerait avec Poilièvre.
J’ai regardé le premier débat. C’était pénible de voir le comportement de Pierre Polievre qui agissait comme un bully pour faire plaisir à une partie du public sur place. Des parents ne permettront pas un tel comportement à leurs enfants, tellement il était irrespectueux surtout envers Jean Charest.
C’est sûr qu’il va faire le plein de likes sur les réseaux sociaux, mais… est-ce qu’il se présente pour devenir leader d’un groupe sur Facebook ou pour devenir, éventuellement, premier ministre du Canada? Je n’ai rien appris de son programme et très peu des choses du programme des autres candidats.
Si l’on veut remplacer le PLC avec un parti ayant une vision plus prometteuse pour le Canada, il faudra aller chercher ailleurs 🙁
Pour ma part, je ne m’attends pas à ce que Jean Charest sorte gagnant de cet exercice. Je me demande d’ailleurs ce qu’il fait dans cette course. Aux yeux d’un grand nombre d’électeurs, il incarne un politicien du passé (à l’exemple de Denis Coderre). De plus, on ne saurait à ce stade-ci établir avec certitude s’il souhaite devenir premier ministre du Canada pour servir la population canadienne ou assouvir une ambition professionnelle qu’il entretient depuis des lunes.
Par ailleurs, si Pierre Poilièvre l’emporte, ça ne veut pas dire qu’il deviendra forcément premier ministre du Canada ultérieurement. Rien ne sert de paniquer; il peut couler beaucoup d’eau sous les ponts…
Il y a une réalité pratiquement irrévocable qui fait qu’à un moment donné, il y a alternance au niveau de la conduite de l’État, la durée exacte du terme n’est pas établie. Disons qu’après une dizaine d’années (plus ou moins), on observe l’usure du pouvoir.
Il est pour le moment difficile de prévoir si le gouvernement libéral parviendra jusqu’à son terme. Une chose est sure, c’est que s’il y parvenait, on arriverait bien dans cet espace de l’ordre de dix ans. Comme nous le savons, il n’y a jusqu’à présent pas la moindre place pour obtenir des alternatives politiques viables autres que la domination du PLC qui échange le pouvoir avec le PCC pour une autre domination.
Comme bon nombre de citoyennes et de citoyens sont sceptiques envers leurs institutions, la part est belle pour ouvrir la voie à des dirigeants populistes voire nationalistes. Cette réalité est visible en Europe, elle a déferlé sur les États-Unis, elle gagne le Canada, le Québec n’y fait pas exception.
Je ne sais si Jean Charest parviendra à faire le plein du vote conservateur au Québec, comme l’évoque Chantal Hébert ; il faut cependant remarquer que monsieur Charest n’a pas laissé partout un bon souvenir des politiques qu’il a mené dans la province lorsqu’il était premier ministre. Ce reliquat a été nuisible aux politiques de Philippe Couillard et le soutien au Parti libéral du Québec en souffre.
Il appert finalement que le Parti conservateur qui existait du temps de Brian Mulroney et aux belles heures de Jean Charest, que cette entité n’a gardé que le nom, lorsque la structure du parti a presque complétement changé. Gagner la course à la direction ne sera effectivement pas de tout repos. Pourtant, c’est de cette course que ressortira possiblement le nom du prochain premier ministre du Canada.
Je continue a beaucoup aimer M. Poilièvre. Il est articulé, connait ses dossiers, et répond aux questions qu’on lui pose. M. Charest, comme les autres candidats à la chefferie, a formulé des points de vue intéressants, dont il faudra tenir compte. M. Charest, très articulé lui aussi, a l’avantage de l’expérience, qui fait qu’on veut entendre ce qu’il a à dire. Par contre, je ne comprend pas pourquoi il continue ses attaques déloyales, et je dirais même mensongère, contre M. Poilièvre. Il ne semble pas avoir compris qu’attaquer M. Poilièvre, méchamment selon moi, c’est aussi attaquer directement une partie importante des membres du Partie, qui ont regarder M. Poilièvre évoluer au cours des années et qui ont appris à l’apprécier.