L’Institut Angus Reid a publié ses nouvelles données sur les taux de satisfaction des premiers ministres provinciaux au Canada plus tôt cette semaine. Depuis le début de la pandémie, sondage après sondage, on a constaté que plusieurs leaders au pays ont redoré leur image auprès des électeurs, mais la satisfaction n’est pas uniforme d’une province à l’autre. Sans surprise, le premier ministre du Québec, François Legault, se tire toujours bien d’affaire avec un taux de satisfaction des électeurs québécois se chiffrant à 65 %.
Au fédéral, nous avons vu les intentions de vote en faveur des libéraux de Justin Trudeau grimper en flèche au cours du printemps et de l’été. Le taux de satisfaction de la gestion de la pandémie par le fédéral s’est maintenu au-delà de 70 %, selon les sondages hebdomadaires Léger. Au provincial, une majorité de Canadiens affirment toujours être satisfaits de la gestion de la pandémie de leur gouvernement respectif, ce qui rend la tâche des partis d’opposition d’autant plus difficile. D’ailleurs, le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, qui a déclenché des élections dans sa province à la mi-août, se dirige probablement vers une victoire majoritaire (l’élection aura lieu le 14 septembre).
Considérez le graphique ci-dessous. Il s’agit des taux de satisfaction des premiers ministres provinciaux des quatre grandes provinces (Ontario, Québec, Colombie-Britannique, Alberta) depuis l’été 2019, calculés par Angus Reid.
À la fin de l’année 2019, François Legault jouissait d’un taux de satisfaction de 63 % auprès des Québécois, surpassant tous ses homologues. John Horgan, qui est à la tête du seul gouvernement néo-démocrate au pays, tirait lui aussi son épingle du jeu, avec 56 % de satisfaction de la part des électeurs britanno-colombiens. Jason Kenney, élu au printemps 2019, pouvait toujours compter sur sa solide base conservatrice en Alberta. Pour ce qui est de Doug Ford, moins d’un tiers des électeurs ontariens affirmaient être satisfaits de son travail.
Or, les chiffres de mai et d’août 2020 révèlent d’abord une montée des appuis, puis une stabilisation des chiffres pour Legault, Horgan et Ford (le cas de Ford est particulièrement remarquable : de 31 % en février à 69 % en mai). Toutefois, les chiffres de Jason Kenney sont restés stables avant de chuter au cours de l’été.
Ce faible taux d’approbation en Alberta a de quoi faire sourciller. Au début de la pandémie, alors que le virus se propageait à vitesse grand V au Québec —particulièrement dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) —, l’Alberta faisait bonne figure : au 1er mai 2020, quelque 5 400 cas y avaient été recensés, contre plus de 30 000 au Québec.
Voici la courbe des infections confirmées en Alberta selon les chiffres du gouvernement albertain.
La « première vague » d’infections n’a peut-être pas frappé de plein fouet la province de Jason Kenney au printemps, mais la remontée des infections à partir de la fin juillet est parmi les plus intenses au pays (par habitant). En effet, il y aurait présentement 1 400 cas actifs de COVID-19 en Alberta (données recueillies le 1er septembre 2020), soit un nombre comparable aux 1 600 cas actifs au Québec (données de l’Institut national de santé publique du Québec), qui compte néanmoins presque le double de la population de l’Alberta.
Les leaders politiques au pays devraient en prendre note : si l’épidémie devait frapper de plus belle à l’automne (selon le dernier sondage Léger, 60 % des Canadiens croient qu’il y a de bonnes chances que nous soyons forcés de retourner en confinement), il est fort probable que les électeurs soient moins enclins à soutenir la classe politique comme elle l’a fait au printemps.