
Depuis le scrutin du 9 mai en Colombie-Britannique, il y a un éléphant dans le salon du gouvernement de Justin Trudeau. Il s’agit du projet d’expansion de l’oléoduc Trans Mountain, de l’entreprise Kinder Morgan.
L’automne dernier, Justin Trudeau a donné sa bénédiction au projet. Juste avant la campagne électorale provinciale, la première ministre libérale Christy Clark y a consenti du bout des lèvres.
Sauf que le grand gagnant du scrutin n’a été ni le Parti libéral sortant ni l’opposition officielle néo-démocrate, mais le Parti vert. Il a doublé son score dans le vote populaire — il est passé de 8 % à 16 % — et fait élire trois députés dans une assemblée législative autrement scindée en deux blocs presque égaux de néo-démocrates et de libéraux.
Ce caucus minuscule est désormais garant de la stabilité du prochain gouvernement de la province et se trouve donc en bonne posture pour imposer certaines de ses priorités.
Le leader du Parti vert de la Colombie-Britannique, Andrew Weaver, est un climatologue de renom international. Il a fait carrière à l’Université de Victoria jusqu’à son entrée en politique, en 2012. L’environnementaliste David Suzuki a fait campagne pour son parti. Andrew Weaver ne s’est pas lancé en politique pour participer à des aventures comme celle du réseau d’oléoducs Trans Mountain.
Tout indique qu’une majorité importante de ses concitoyens ne sont pas non plus partants pour accueillir davantage de pipelines sur le territoire de la province. Le 9 mai, 60 % des électeurs de la Colombie-Britannique ont voté pour des partis qui veulent freiner le projet de Kinder Morgan.
Les gains du NPD aux dépens des libéraux ont été enregistrés dans le grand Vancouver, principal champ de bataille du débat sur les pipelines. La campagne a eu d’autres thèmes que celui des oléoducs. Néanmoins, c’est la deuxième fois en deux élections que des partis pro-pipelines perdent des plumes dans cette province.
Au scrutin fédéral de 2015, les conservateurs de Stephen Harper y avaient enregistré leur pire score en trois décennies, passant de 45 % du vote, en 2011, à 30 %. La courbe du déclin de leurs appuis épouse le contour du mouvement d’opposition aux pipelines.
Pour le gouvernement Trudeau, le résultat partagé de l’élection en Colombie-Britannique est une complication qui pourrait entraîner des perturbations majeures sur le front des relations fédérales-provinciales.
Tout l’échafaudage du consensus que tente de dégager le premier ministre pour réconcilier la lutte contre les changements climatiques et les ambitions énergétiques du Canada repose sur la théorie du donnant-donnant. Ottawa donne le feu vert à des projets comme Trans Mountain, mais impose du même souffle un prix plancher pancanadien sur les émissions de carbone.
Le résultat du scrutin en Colombie-Britannique fragilise la position de la première ministre néo-démocrate de l’Alberta, Rachel Notley. C’est une alliée essentielle du premier ministre Trudeau, qui espère faire accepter sa taxe sur le carbone dans les Prairies sans provoquer de profondes divisions régionales.
Rachel Notley a toujours défendu sa décision de doter l’Alberta d’une politique plus proactive en matière de changements climatiques en arguant que celle-ci se traduirait par davantage d’acceptabilité sociale envers l’expansion du réseau d’oléoducs. Le résultat du scrutin du 9 mai ne va pas dans le sens de son argumentaire.
Depuis le scrutin, il se trouve de plus en plus de partisans des pipelines qui prônent l’invocation par le gouvernement Trudeau de son pouvoir déclaratoire pour ouvrir la voie au projet Trans Mountain et, éventuellement, à celui d’Énergie Est au Québec.
La Constitution donne à Ottawa le droit de déclarer qu’un « ouvrage », bien qu’entièrement situé dans une province, est à « l’avantage général du Canada » pour lever de force les obstacles politiques ou juridiques sur son passage.
Le pouvoir déclaratoire n’a pas été utilisé depuis 1961 — alors qu’il avait servi 470 fois dans le siècle précédent. Ce n’est pas une coïncidence. Depuis la Révolution tranquille au Québec, le prix à payer pour l’utiliser a fortement augmenté sur le plan politique.
Si Justin Trudeau devait l’invoquer pour passer sous le rouleau compresseur le mouvement d’opposition aux pipelines de la Colombie-Britannique, l’Assemblée nationale aurait raison d’y voir une possible répétition générale en vue de la réalisation du projet Énergie Est.
Le Parti libéral de Justin Trudeau détient 17 sièges en Colombie-Britannique — presque tous élus sur le champ de bataille vancouvérois des oléoducs. Il en compte une quarantaine au Québec. C’est un pensez-y bien.
Cet article a été publié dans le numéro de 15 juin 2017 de L’actualité.
Dans certains domaines, le public est beaucoup plus rapide que ne le sont les partis politiques. Les écologistes ont tendance à gagner du terrain partout ; ce qui limite leur représentation en nombres d’élus, c’est seulement les systèmes électoraux qui ici ou ailleurs leurs sont moins favorables.
Le but de mes propos n’est pas de relancer le débat sur le mode de scrutin au Canada. Cela démontre simplement que des tiers partis peuvent avoir désormais la balance du pouvoir et exercer cette balance d’autant plus confortablement qu’elle est appuyée sur un vote populaire non négligeable.
Les très bons résultats du Parti Vert en Colombie-Britannique démontrent encore qu’il y a bel et bien une prise de conscience environnementale ; plus encore dans cette province, une prise de conscience sociale, car le niveau de vie élevé des Britanno-Colombiens a aussi un coût élevé sur les classes défavorisées et l’exclusion sociale qui en résulte.
Derrière la beauté et la magnificence des paysages de l’Ouest-Canadien se cache un mal de vivre évident qui affecte ou pourrait affecter à moyen-long terme le développement même de cette province.
Au niveau fédéral, le gouvernement s’adonne à ce qu’on appelle communément la « Realpolitik », une façon de faire de la politique qui remonte au milieu du 19ième siècle. Laquelle marquait certes une évolution dans les mœurs et les manières politiques, lesquelles sont devenues assez emblématiques du libéralisme en général. Comme cela réconciliait en quelques sortes ce qui relève du droit de ce qui relève de l’art du possible.
Néanmoins, on devrait s’interroger si cette manière de faire de la politique peu différente de celle menée dans l’ère de Trudeau père est vraiment adaptée aux prémisses générées par les effets toujours plus présents de l’influence de l’activité humaine sur les changements climatiques.
Dans ce cas, ce qui relève du possible risque d’arriver un peu tard, pour finalement mettre un terme définitif à l’État de droit, lorsque c’est l’État d’urgence permanent qui fera la loi.
En ces occurrences, l’élection providentielle de trois députés écologistes dans l’Île de Victoria peut-elle nous apparaître telle une sorte de bouffée d’air frais dans le développement d’un paysage proprement canadien réellement ouvert et offert à tous les Canadiens.
*** Erratum :
Il s’agit de l’Île de Vancouver et non de Victoria (le Parlement siégeant à Victoria)
Ce sont les perpétuels « pas dans ma cour » et « peur d’avoir peur » qui limitent les possibilités de croissance économique au Canada et tout particulièrement au Québec. En fait, déjà vu est le vocable le plus approprié dans les circonstances.
Les études effectuées avant 2010 ne s’appliquent plus puisque l’IMO (International Marine Organization) a statué que les trois types de pétroliers doivent rencontrer leurs obligations envers la règlementation comme suit « Accelerated phase-out for single-hull tankers
Under the revised regulation 13G (regulation 20 in the revised Annex I which entered into force on 1 January 2007) of Annex I of MARPOL, the final phasing-out date for Category 1 tankers (pre-MARPOL tankers) was 2005. The final phasing-out date for category 2 and 3 tankers (MARPOL tankers and smaller tankers) was brought forward to 2010, from 2015. »
Le délai pour se conformer aux nouvelle règles n’ont pas subit de changement et depuis 2015, les pétroliers, même les plus gros ont des double coques, diminuant à presque néant, la possibilité de dégâts.
Cela me fait penser aux citoyens de la Côte Nord qui ne voulaient pas que les barils de « BPC » soient temporairement entreposés sur des sites protégés par la SQ afin qu’un « malade mental » n’ait à y faire un dégat, même si ces barils étaient confinés huit par conteneurs spéciaux. Hydro-Québec aurait pu répondre « vous ne voulez pas de BPC près de chez vous, nous devront enlever tous les transformateurs car ils contiennent tous des BPC ».
Le Canada pourrait conséquemment répondre aux citoyens de la C.B. pas d’oléoduc pour l’exportation, pas d’oléoduc pour consommation locale parce qu’un GRAND DÉSASTRE « pourrait » subvenir.
En ce qui a trait aux autochtones, c’est toujours la même rengaine, « si vous nous remplissez les poches, nous signerons au bas du contrat » comme ce fut le cas avec la « paix des braves » contre Hydro-Québec parce que ce qu’ils avaient obtenus de l’entente originale de 1971 n’avait pas été suffisante pour combler leurs dépenses inutiles.
Le CD commence à être suffisamment rayé (scratché (sic)), ils devraint changer leur chanson, vieillotte dont ont connais les fondements depuis le temps que cela dure.