
L’erreur est humaine, et s’il y a une chose que le gouvernement libéral s’acharne à nous rappeler, c’est à quel point nos politiciens sont humains.
On s’inquiétait récemment des frais encourus pour envoyer cinq ministres en France. Finalement, les ministres qui sont restés ici ont probablement coûté plus cher en appels interurbains internationaux avec Philippe Couillard que ceux qui sont partis avec lui.
Voyez notamment ce petit festival de la volte-face croisé sur le site de La Presse le 4 mars dernier :
Et ça, c’était avant que la moitié du CHUM ne remette sa démission pour dénoncer la gestion du ministre Barrette. Nous aurons sûrement l’occasion d’en reparler, puisqu’un autre membre du CA a remis la sienne dimanche, suivi du concierge du troisième étage et de 25 patients voulant suivre la vague.
C’était aussi avant que Robert Poëti ne sorte son recueil des meilleures blagues de Gilles Latulippe, en oubliant que ce qui était drôle en 1964 peut sonner un peu «mononc’» en 2015. Ou «matante», ne soyons pas sexistes.
Que voulez-vous : un pied dans la bouche, ça peut arriver à tout le monde. On parle, on parle et, tranquillement, une collection métaphorique d’orteils fait son chemin jusqu’à notre mâche-patate.
Mais une fois qu’on s’est trompé, il faut s’excuser, et ça, ça semble moins humain. Comment faire ?
D’abord, ne prétextez pas que c’était «juste une blague». Ça ne change rien. Mon oncle Sylvain aussi, il fait des blagues quand il commence une phrase par «Hey, ç’t’une fois deux nèg’ pis trois juifs dans une chaloupe…».
Croyez-moi : si on pouvait faire démissionner Sylvain de la famille, on le ferait. On lui laisserait même son indemnité de départ pour avoir la paix.
Ensuite, apprenez à vous rendre compte que vous avez fait une niaiserie.
Personne n’aime se dire qu’il a fait une niaiserie. Mais si c’était niaiseux quand vous l’avez dit, ça va être encore niaiseux quand vous allez le défendre, et ça va être encore plus niaiseux quand vous allez finalement devoir dire que c’était niaiseux.
Aussi, excusez-vous rapidement, parce qu’en 2015, une gaffe, ça prend de l’ampleur rapidement.
Voici l’Internet dans les 15 minutes qui suivent une gaffe politique :
Et voici l’Internet deux heures après la gaffe :
Et finalement, excusez-vous pour vrai.
L’excuse de politicien en 2015, c’est systématiquement une variation de : «Si mes propos ont pu offenser quelqu’un, j’en suis désolé.»
Mais qu’est-ce que ça veut dire, au fond ? Que tu es désolé que des gens se soient fâchés, parce que toi, tu ne vois pas trop le problème.
Peut-on imaginer une autre situation où ce genre de fausse excuse serait acceptée ? «Si le fait que j’aie tiré sur monsieur avec ma carabine a pu le blesser, je suis désolé qu’il trouve que ça lui a fait mal.»
Comment Poëti aurait-il dû s’excuser ? Comme ceci : «Ce n’était pas ma meilleure blague, c’était même sexiste. J’aurais dû ne pas la faire. Je m’excuse.»
C’est plate ? Ouais. Autant qu’une blague qui envoie les épouses au centre d’achat.
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À propos de Mathieu Charlebois
Ex-journaliste Web à L’actualité, Mathieu Charlebois blogue maintenant sur la politique avec un regard humoristique. On peut aussi, lire ses anticritiques culinaires sur le blogue Vas-tu finir ton assiette ? et le suivre sur Twitter :@OursMathieu.
M. Mathieu, il y a une autre chose. Quand on s’excuse pour vrai, on doit avoir la ferme intention de ne pas recommencer… C’est ce qu’on essaie d’inculquer à nos enfants depuis longtemps… À voir le genre d’excuses qui se fait de nos jours, on jurerait que tous on la ferme intention de recommencer!
Exiger des excuses!!! Le nouveau sport national dans une société «Féceboukée et Twitterisée». On croirait voir et entendre les Dupont-d dans «On a marché sur la lune» quand ils exigent des excuses du capitaine Haddock qui les aurait insultés.
Je n’ai jamais exigé d’excuses. Oh! Bien entendu, il m’est arrivé de faire savoir d’assez verte façon que je n’avais pas apprécié tel ou tel propos. Il m’est aussi arrivé d’ignorer superbement les propos imbéciles ainsi que l’imbécile qui les avait prononcés. Un haussement d’épaules montrant l’agacement, un sourire amusé devant la connerie et même parfois, un gigantesque éclat de rire. Mais exiger des excuses, jamais! Surtout quand on connait le degré de sincérité des excuses forcées.
Alors, à ceux que cela peut réconforter de les entendre, je laisse le plaisir de réclamer des excuses.
Vous avez peut être raison mais par contre on ne peut pas s’excuser! À la rigueur on peut présenter ses excuses, c’est comme le pardon on le demande mais on ne se pardonne pas soi-même, sinon ce serait bien trop facile.
Sacram…! on ironise à sohait sur le fait que nos politiciens utilisent ad nauseam la langue de bois et la ligne de parti, et aussitôt que certains sortent de ces carcans ne serait-ce que pour faire une « joke » ou autre, certains « journaleux » en profitent pour les accuser de manquer de sensibilité, de courtoisie ou de compassion.
Heille les journaleux, enlignez-vous!!!