Quelque part en 2023, les Canadiens devraient savoir quelle sera la feuille de route du gouvernement Trudeau pour la transition énergétique, étape indispensable dans la lutte contre les changements climatiques. Avec le dépôt le 17 février d’un plan provisoire, appelé Plan pour des emplois durables, en vue d’un probable projet de loi dans les prochains mois, le ministre fédéral des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, lève un peu le voile sur la stratégie : « Comme les investisseurs privilégient de plus en plus les actifs contribuant à un avenir carboneutre, des milliers de milliards de dollars de possibilités économiques sont en jeu dans le marché mondial. »
Des milliers de milliards de dollars, rien de moins. Mais qu’importe, les emplois liés aux énergies fossiles sont appelés à disparaître au profit d’autres.
Les Canadiens sont-ils prêts pour la transition ? S’il est trop tôt pour savoir ce que pensent les citoyens de ce plan, un sondage réalisé à la fin de janvier par la maison Léger permet de comprendre qu’ils ont des perceptions mitigées au sujet de certains éléments importants contenus dans ce document.
Le ministre Wilkinson pourra probablement compter sur l’appui des Québécois, mais lui et son gouvernement auront fort à faire pour en assurer la diffusion, et ce, partout au Canada : seulement 16 % des Canadiens ont entendu parler du plan, même s’il faisait partie des conditions pour l’entente de coopération entre les libéraux et le NPD — entente qui permet la stabilité actuelle du Parlement fédéral.
Parmi les répondants au courant du plan, beaucoup demeurent sceptiques : 53 % sont d’avis que le plan mènera à des pertes d’emplois « en raison des politiques sur les changements climatiques », et pas moins d’un tiers d’entre eux pensent que le plan fera mal à l’économie canadienne.
Tout de même, près de la moitié des répondants croient que le plan vise à lutter contre les changements climatiques (48 %) et à réduire les émissions de carbone au pays (45 %).
D’un point de vue purement électoral, la protection de l’environnement n’a, à ce jour, jamais vraiment constitué un enjeu capable de faire gagner des élections au pays. Les sondages sur les questions qui préoccupent les Canadiens placent rarement les changements climatiques et la protection de l’environnement en tête de liste.
Cependant, la mise à jour du sondage en continu de Nanos Research publiée mardi nous indique que 11 % des répondants ont déclaré que l’environnement était leur principale préoccupation, juste derrière les soins de santé (24 %), l’emploi/l’économie (13 %) et l’inflation (12 %). Nous sommes loin d’une majorité d’électeurs, mais ce n’est pas négligeable non plus.
D’ailleurs, selon le sondage Léger, la moitié des Canadiens (50 %) estiment que le Canada n’en fait pas assez pour lutter contre les changements climatiques. À cet égard, c’est au Québec et en Colombie-Britannique qu’on est le plus critique : ce sont respectivement 62 % et 56 % des répondants qui jugent l’effort fédéral insuffisant. Il s’agit de deux provinces cruciales à la réélection des libéraux au prochain scrutin.
Sans surprise, ce n’est qu’en Alberta qu’une majorité de répondants estiment que le pays en fait déjà assez.
Alors, qu’est-ce que les Canadiens pensent du plan de transition énergétique ? Tout d’abord, la plupart d’entre eux (52 %) approuvent la transition vers des sources d’énergie renouvelable, tandis que seulement 27 % croient qu’il ne s’agit pas de la bonne approche pour le Canada (voir le graphique ci-dessous).
L’abandon graduel des combustibles fossiles est considéré comme la bonne approche par de nettes majorités dans les trois provinces les plus populeuses du pays : 63 % au Québec, 57 % en Colombie-Britannique et 52 % en Ontario — trois provinces qui, combinées, ont donné aux libéraux la majorité de leurs sièges à la Chambre des communes.
Toutefois, une certaine méfiance demeure envers ce plan, car de telles transitions ne sont jamais sans risques économiques. Les données de Léger semblent refléter cela : 40 % des répondants canadiens sont d’accord pour dire que la transition énergétique « nous rendra moins compétitifs dans l’économie mondiale », contre 33 % qui ne sont pas d’accord.
Au Québec, les avis sont partagés : 35 % croient qu’il y aura baisse de compétitivité économique, tandis qu’une proportion similaire (34 %) est d’avis contraire.
En Alberta, province riche en combustibles fossiles, 61 % des répondants pensent que le plan nuira à la compétitivité du Canada sur la scène mondiale, une proportion trois fois plus élevée que celle des répondants qui ne sont pas d’accord.
Malgré les bonnes intentions du plan de transition énergétique, les taux de confiance en son succès sont donc remarquablement faibles. Lorsqu’on leur a demandé s’ils étaient convaincus que « le gouvernement fédéral [serait] en mesure de veiller à ce que les travailleurs déplacés trouvent des emplois de remplacement bien rémunérés », seulement 30 % des répondants ont affirmé avoir confiance (dont à peine 4 % qui se disaient « très confiants »), contre 56 % qui n’avaient pas confiance.
En examinant ces chiffres, un optimiste ne dirait-il pas que la barre est placée si bas qu’il devrait être possible de la passer ?
Comme nous l’avons mentionné dans des chroniques précédentes, il reste que, grâce à leur entente avec le NPD, les libéraux jouissent du luxe du temps. Les dernières projections fédérales de Qc125, basées sur des moyennes pondérées de sondages, indiquent que les libéraux et les conservateurs demeurent à égalité statistique dans les projections de sièges, même si les conservateurs détiendraient toujours une modeste avance dans les intentions de vote (voir la liste des sondages fédéraux ici).
Plus important encore pour la stabilité de ce gouvernement minoritaire est que le NPD se trouve présentement dans une position précaire. En effet, d’après les récents sondages, la formation de Jagmeet Singh aurait perdu des plumes en Colombie-Britannique, d’où vient la moitié du caucus actuel du parti. Le NPD pourrait ainsi perdre des sièges si un scrutin avait lieu ce printemps.
Cela devrait certainement dissuader les néo-démocrates de pousser le pays en campagne électorale hâtive. Le dépôt du projet de loi sur les emplois durables de Wilkinson était une condition au soutien du NPD au gouvernement Trudeau. Il ne lui restera plus tellement de rapport de force lors du budget, à venir en mars.
Je suis à peu près certain que personne n’a lu le plan dont il est pourtant question dans le sondage. Et, leur interrogation sur la compétitivité est, à mon avis, piégé et restrictive. Et puis, quand on sera rendu à la veille d’une élection imminente, l’économie, la sacro-sainte économie va reprendre le très gros bout du bâton, comme à chaque fois. Tant qu’aucune scrutin n’est en vu, l’environnement fait presque bonne figure.
Un bon sondage est quand on comprend bien la question, mais un excellent sondage est quand on ne se sent pas instrumentalisé par le résultat des réponses.
On voit bien comment les questions ont été pétries par les lobbyistes du pétrole.
D’accord ou en désaccord?:
– Le Canada en fait assez pour protéger ce qui reste de notre biodiversité après en avoir détruit une très grande partie par cette industrie irresponsable et la plus corrompue au monde (OCDE) des hydrocarbures, qui détruit tout sur son passage et nous laisse une biosphère pourrie, des problèmes de santé publique, de mortalité précoce et en plus nous laisse les factures de nettoyage p.c.q. elle ne paye pas ses taxes de vidange.
– Le plan de transition vers les Énergies propres sortirait le Canada de notre dépendance morbide au pétrole non durable. Les énergies propres coûtent beaucoup moins cher même sans les subventions, sont illimitées, appartiennent à tous les Canadiens, créent beaucoup plus d’emplois de qualité, sans faire la guerre des pipelines.
– La pétrochimie doit être utilisée pour faire des produits durables pour la vie, et non pas de gaspiller de façon orgiaque le baril de pétrole en le brûlant chaque seconde pour le chauffage et chaque km parcouru, est la bonne approche.
– L’économie mondiale se transforme vers les énergies renouvelables et l’accélération de la transition énergétique nous évitera de prendre du retard et d’être plus compétitifs vers un avenir durable pour l’humanité.
– Nous devrions couvrir de goudron le dos de ces gros matous gras de PDG du pétrole et les couvrir de plumes pour nous entraîner dans ce trou toxique des hydrocarbures qui détruit notre biosphère, au lieu de les subventionner même après avoir fait des profits exorbitants aux dépens des énergies propres.
– C’est normal de classer ces grands pollueurs de l’histoire dans la liste ESG.
– ESG est une arnaque configurée par l’industrie du fossile.
Hum! Je me demande bien si mon sondage serait considéré comme partisan ou même trompeur.
Il ne suffira pas d’installer des éoliennes et des panneaux solaires, d’acheter des voitures électriques et d’instaurer quelques mesures d’économie d’énergie pour faire la transition énergétique et décarbonner nos sociétés d’ici 2050. Si on est sérieux , il faudra des transformations majeures dans nos modes de vie auxquels la majorité des gens vont s’opposer lorsqu’ils en connaîtront les détails.
Tout le monde est pour la transition énergétique lorsque c’est un concept abstrait et théorique mais lorsque l’on mentionne que cette transition amène aussi sobriété énergétique et renoncement à certains avantages que nous permet l’utilisation des énergies fossiles, les gens sont moins d’accord.
Monsieur Renald
Quand on est sérieux et l’on prend le temps de se familiariser avec les innovations dans les EnR et l’électrification des transports, on réalise assez vite que la transition énergétique s’inscrit parfaitement dans une économie à ‘croissance’ qualitative vers un avenir durable pour l’humanité, et qu’il n’y a rien de sacrificiel ni de renoncement, à quoi que ce soit en qualité de vie, au contraire.
Même les plus abrutis en environnement sont prêts à la sobriété, ce n’est pas compliqué, la sobriété coûte moins cher, même avec l’énergie sale, mais ce n’est pas une solution à grande échelle p.c.q. ça mène à l’effet de rebond.
Ne tombons pas dans le défaitisme orchestré et colporté par l’industrie fossile qui tente de nous faire croire par tous les moyens malhonnêtes possibles, que la sortie du fossile mènerait à une décroissance.
Il n’y a rien de sacrificiel à vivre en harmonie entre la nature, l’humain et l’environnement.
Terra carta.
J’ai fait l’effort de lire l’annonce du gouvernement fédéral à propos de son « plan pour les emplois durables ». Un effort considérable, soit dit en passant; le mot ennuyeux, ici, est un euphémisme.
Au final, cette annonce, c’est beaucoup de mots qui paraissent bien mais qui ne représentent pas grand chose de concret (tout fait à l’image du gouvernement Trudeau).
Un défi de taille attend certaines provinces pour atteindre la carboneutralité: L’Ontario, la Colombie-Britannique et le Québec font bonne figure avec leur économie forte et diversifiée et un meilleur accès à de l’énergie plus verte tandis que les provinces maritimes, par exemple, seront encore longtemps dépendantes des combustibles fossiles puisqu’ils sont utilisés, non seulement pour la production d’électricité, mais aussi parce qu’ils sont une source de revenus considerable pour l’état et une source d’emplois de qualité.
J’ai bien hâte de voir quelle stratégie le gouvernement fédéral va mettre sur la table pour atteindre sa cible.
Je rêve d’un avenir où le transport et la génération d’électricité, seront électriques seulement et qu’enfin nous pourrons avoir l’impression de vivre parmi les étoiles de la galaxie p.c.q. le ciel sera dégagé du brouillard toxique des tuyaux d’échappement, des torchères et des cheminées.