Une majorité de Canadiens seraient pessimistes face au contexte économique en ce début d’année, révèle un nouveau sondage de Research Co. Les Québécois le seraient un peu moins, mais il reste que, peu importe la région — le Québec, l’Ontario, l’Atlantique, l’Ouest —, la plupart des personnes sondées croient que les indices actuels ne sont pas de bon augure.
Ainsi, seulement 35 % des Canadiens interrogés estiment que les conditions économiques sont « bonnes » ou « très bonnes » actuellement. Selon Mario Canseco, PDG de Research Co., il s’agit d’un recul de cinq points par rapport à juillet 2022, période où l’inflation et la hausse des taux inquiétaient déjà la population. Les effets de l’inflation qui se sont poursuivis depuis, comme les interventions de la Banque du Canada, commencent à se faire sentir auprès l’électorat.
Au Québec, 56 % des répondants craignent que la situation économique empire dans les mois à venir, une proportion qui monte à 63 % en Ontario. L’inquiétude atteint des sommets en Alberta (70 %) et en Atlantique (70 %).
L’humeur des Canadiens devrait inquiéter le premier ministre Justin Trudeau. Sauf que les électeurs ne jugent pas son adversaire conservateur capable de calmer leur anxiété économique : seulement 33 % des personnes sondées affirment avoir confiance en Pierre Poilievre pour gérer la situation économique, contre 42 % qui misent plutôt sur Justin Trudeau.
À l’inverse, 53 % des électeurs ne croient pas ou ont peu confiance que le premier ministre pourra redresser la barre dans un avenir rapproché, et le chef de l’opposition ne fait guère mieux avec 48 %.
Sans surprise, c’est dans l’est du pays que des proportions plus importantes d’électeurs font confiance au chef libéral. Toutefois, ce n’est qu’au Québec que Justin Trudeau n’est pas majoritairement dans le rouge relativement à cette question : 50 % des répondants québécois lui font confiance pour relancer l’économie, contre 44 % qui ne lui font pas confiance ou ont peu d’espoir en lui.
C’est en Alberta que les électeurs ont le plus confiance au chef de l’opposition (42 %). Les proportions d’électeurs lui faisant confiance sont tout près de la moyenne canadienne ailleurs au pays... sauf au Québec, où seulement le quart des répondants (26 %) lui accordent leur confiance.
En effet, 54 % des répondants québécois ne font pas confiance à Poilievre ou ont peu d’espoir en lui pour relancer l’économie, ce qui constitue la plus forte proportion au pays. Décidément, le chef conservateur a toujours du pain sur la planche au Québec afin de convaincre les électeurs qu’il est la meilleure solution de rechange aux libéraux de Justin Trudeau.
Ma chronique de la semaine dernière s’intitulait « Voici pourquoi il n’y aura pas d’élections fédérales en 2023 ». Or, la présente chronique pourrait également appuyer cette hypothèse (surtout avec la huitième hausse consécutive du taux directeur annoncée mercredi par la Banque du Canada). Quel premier ministre ou parti politique pourrait vouloir plonger le pays en campagne électorale lorsqu’une majorité de citoyens ne voient pas l’avenir avec optimisme ?
En cette période où les électeurs broient du noir, gageons que bon nombre d’entre eux ne seraient pas nécessairement enthousiastes à donner un autre mandat au gouvernement sortant. « It’s the economy, stupid », comme l’avait si bien dit l’Américain et stratège démocrate James Carville.