L’idée selon laquelle le « capital politique » accumulé par Justin Trudeau au fil de la pandémie, et plus particulièrement de l’approvisionnement en vaccins, allait lui permettre de marchander à bon prix un troisième mandat n’aura finalement pas survécu à la première semaine de la campagne électorale.
Les lauriers sur lesquels le Parti libéral semble avoir beaucoup fait reposer ses espoirs d’une majorité le 20 septembre sont fanés. La correction à la baisse des appuis aux libéraux qui a marqué le premier tour de la campagne l’a confirmé.
En temps normal, un premier ministre sortant — en mal de justification du devancement de son échéance électorale — martèlerait l’argument de la stabilité.
Au Nouveau-Brunswick et en Colombie-Britannique, conservateurs et néo-démocrates ont exploité ce thème à leur avantage pour transformer, à la faveur de la pandémie, une pluralité de sièges en gouvernements majoritaires.
Mais depuis le début de la campagne fédérale, le mot « majorité » n’a guère franchi les lèvres de Justin Trudeau. Contrairement à Jean Charest en 2008 ou à Stephen Harper en 2011, le premier ministre sortant ne parle pas de l’importance « d’avoir les deux mains sur le volant » pour conduire le Canada à une sortie de crise, ou encore de la nécessité d’installer au pouvoir un gouvernement « fort et stable » pour assurer la suite des choses.
Si le chef libéral ne reprend pas à son compte l’argument qui a si souvent réussi à d’autres dirigeants de gouvernements minoritaires, c’est parce qu’il manque de faits pour l’illustrer.
En regardant dans le rétroviseur de la pandémie, Justin Trudeau serait bien en peine de trouver un moment où le statut minoritaire de son gouvernement a nui à sa gestion de la crise sanitaire.
Loin de lui mettre des bâtons dans les roues, l’opposition — tous partis confondus — a ponctuellement contribué à améliorer des solutions plutôt qu’à aggraver les problèmes.
Qui plus est, on voit mal auxquels de leurs projets actuels les libéraux, s’ils étaient reportés au pouvoir le mois prochain sans majorité, seraient forcés de renoncer.
Contrairement au gouvernement de Stephen Harper, le Parti libéral a suffisamment de valeurs en commun avec le NPD, le Bloc québécois et le Parti vert pour cohabiter avec eux de façon constructive, et par moments harmonieuse. À preuve, en 2008, il n’avait fallu que quelques jours à ces formations politiques pour s’entendre sur un projet de gouvernement de coalition dirigé par Stéphane Dion.
Cette symbiose entre les partis qui s’identifient au courant (majoritaire) progressiste de l’électorat canadien ne s’est pas atténuée depuis la crise parlementaire qui avait failli abréger le deuxième mandat de Stephen Harper.
On en a vu une manifestation dès la première semaine de la campagne.
Dans son programme électoral, le Parti conservateur a confirmé d’emblée son intention de remplacer le projet libéral d’aider les provinces à financer un système de garderies à 10 dollars par jour par des crédits d’impôt.
Pour le Québec, cela représenterait une perte de plusieurs milliards de dollars fédéraux destinés à consolider le réseau des garderies. Pour bien des parents, cela pourrait être un argument pour voter libéral.
Afin de minimiser le risque d’un mouvement d’opinion en faveur des libéraux, le NPD et le Bloc québécois se sont empressés de faire savoir que si jamais les conservateurs formaient un gouvernement minoritaire, ces deux partis se feraient fort de lui tenir tête sur le front des garderies, quitte à précipiter un nouveau scrutin.
Ce ne sera sans doute pas la dernière fois de la campagne que ces deux formations se poseront en possibles remparts contre certaines politiques conservatrices.
La baisse des appuis au PLC dans les intentions de vote observée au terme de la première semaine de campagne est un couteau à double tranchant pour le NPD et le Bloc.
Dans le passé, la perspective de l’arrivée au pouvoir des conservateurs a souvent eu pour effet de faire fuir des sympathisants néo-démocrates vers le Parti libéral.
Le Bloc québécois a également des raisons de se méfier d’une remontée conservatrice dans les sondages. Une partie de la clientèle bloquiste n’hésiterait pas à se boucher le nez et à voter pour les libéraux si elle pensait pouvoir ainsi bloquer la route aux conservateurs.
Parmi les partisans du Bloc, certains toutefois comptent les jours qui les séparent de la fin de l’ère Trudeau. Devant un Parti conservateur apparemment en piste pour la victoire, une partie de ceux-là pourraient décider d’aller donner un coup de pouce à la formation la plus susceptible de déloger le chef libéral du poste de premier ministre.
En passant, au Québec, plus le vote d’opposition aux libéraux est divisé, meilleure pourrait être la soirée électorale de ces derniers.
Depuis l’antiquité le laurier est associé à Apollon, la symbolique de la victoire, de la beauté et la virilité. Les couronnes tressées ne fanaient pas étant donné qu’on utilisait la branche feuillue et si possible les petits fruits pourpres en forme d’olive qui deviennent noirs une fois mûrs. On n’employait en principe les sommités fleuris qu’en cuisine puisque la fleur est comestible. Au fil du temps, les couronnes séchaient, la parure restait pratiquement intacte devenant la forme emblème de la gloire passée.
De cette façon dans le langage populaire, dit-on d’une personne qu’elle s’est endormie sur ses lauriers pour dire qu’elle n’a plus la glorieuse ou la gloriole qui faisait toute sa primauté. Le front des libéraux a-t-il jamais été ceint de fleurons si glorieux ou se les sont-ils adjugés ?
Je pense que la victoire de Justin Trudeau serait pleine et entière si la pandémie était maintenant derrière nous. On aurait ainsi une page blanche, l’opportunité de pouvoir écrire un nouveau chapitre, on pourrait parler de l’avenir et présenter un programme d’après crise qui déterminerait ce que sera le pays pour les 20-30 prochaines années.
Alors tout le monde pourrait un peu rêver, faire des projets, être heureux. La réalité en ce mois d’août 2021 est moins festive, c’est que nous sommes encore dans un « entre-deux ». Nous vivons tous sur du temps emprunté ; avec l’accroissement du coup de la vie, plus d’uns se demandent comment et s’ils vont pouvoir payer pour les « bills ». Alors disons que Justin et son équipe n’apportent pas précisément du moins pour l’instant de réponse probante à ce genre de questions.
Nous sommes définitivement passés à côté d’une adorable opportunité. Une victoire de la division serait probablement la plus lourde des déceptions.
La réalité c’est que Trudeau a déclenché des élections illégales si on prend au sérieux la loi des élections à date fixe aux 4 ans puisque son gouvernement n’était aucunement menacé de perte de confiance du Parlement. De plus, nous sommes en pleine 4e vague de Covid et qu’on va être occupés à gérer cela.
Même si nous étions sortis de la pandémie, les libéraux ne pourraient nous faire rêver pour les prochaines années car le défi le plus important reste les changements climatiques et ce gouvernement a non seulement acheté un pipeline mais il a eu le front de subventionner l’industrie des énergies fossiles à coups de milliards de dollars ces dernières années, encore plus que les conservateurs de Harper!
Alors, non, même sortis de la crise de la Covid, on ne pourra certainement pas rêver ni être heureux, car se posera alors le défi de sauver l’humanité de sa propre turpitude et les libéraux sont des champions de cette turpitude!
Une précision au sujet de la légalité des élections en cours : malgré qu’elle fixe une date pour que les élections se tiennent tous les quatre ans, la Loi préserve dans les faits le droit du gouverneur de dissoudre la législature. Une élection générale peut donc en théorie être déclenchée à tout moment, après que la gouverneure générale ait accepté la demande.
@ NPierre et L’actualité,
J’aimerais apporter des précisions sur les précisions….
Comme représentant ou représentante de la Reine, le gouverneur ou la gouverneure n’est pas tenu-e d’accepter la démission du gouvernement. Si c’est le Premier ministre qui est démissionnaire, Il ou elle peut demander au PM démissionnaire de former un nouveau gouvernement ou confier à un autre membre du parti au pouvoir (sur recommandation du Premier ministre démissionnaire) le soin de former ce gouvernement ou encore confier au chef d’un autre parti le soin de former le gouvernement.
Dans ce cas, un autre chef peut s’il le désire, former une coalition. Une éventualité comme le précise Chantal Hébert dans cette chronique, qui avait été échafaudée en 2008 par Stéphane Dion contre Harper.
Tout cela est parfaitement conforme au modèle britannique.
À noter que si un PM n’est pas pleinement satisfait de la performance de ses ministres, il peut toujours procéder à un remaniement.
Il existe par conséquent une grande flexibilité institutionnelle pour ne pas avoir nécessairement recours aux urnes.
Une élection générale devrait en principe être considérée comme un « dernier recours ». Il est plutôt singulier que Mary Simon ait précisément accepté cette « démission-élection » puisque sont rôle est de se porter garante des institutions et non de plaire au Premier ministre pour lui permettre d’assouvir sa stratégie électoraliste.
La question est donc de savoir si le/la gouverneur-e joue bien le rôle de représentant-e légal-e de la Reine ou si c’est un instrument parmi d’autres mis au service des premiers ministres du Canada qui à toutes fins pratiques choisissent de manière préférentielle qui doit représenter la Reine Elizabeth II au pays.
Si nous appliquons la loi sur les élections à date fixe « stricto sensu », telle qu’elle devrait être appliquée, tout ce qui pourrait justifier d’une élection anticipée, c’est le renversement du gouvernement par les oppositions : motion de censure, vote de « non-confiance » ou refus d’adopter le budget notamment. Aucune de ces situations ne s’est présentée formellement lors de cette législature.
— C’est pourquoi je pose simplement la question : conformément à l’esprit de la Constitution, doit-on préserver le Parlement qui est en droit d’exercer sa souveraineté pour la durée d’un terme déterminé ou doit-on octroyer aux premiers ministres ce privilège régalien de pouvoir dissoudre le Parlement en tout lieu et à tout instant ?
À ma connaissance, c’est ce que dit Chantal Hébert : « Loin de lui mettre des bâtons dans les roues, l’opposition — tous partis confondus — a ponctuellement contribué à améliorer des solutions plutôt qu’à aggraver les problèmes. »
Est-ce que le projet des Conservateurs de remplacer le financement d’un système de garderie leur nuirait réellement au Québec? Cette décision ne serait pas populaire du côté du gouvernement Legault et chez les parents qui cherchent par tout les moyens possibles une garderie pour leurs enfants. Chez les gens qui n’ont pas d’enfants ou dont les enfants ne sont plus en âge de fréquenter les garderies, je doute que cela soit une très grande priorité.
Mais pour les parents qui ont déjà une garderie, le projet Conservateur se révèlerait une entrée nette d’argent! Je suis certain que nombre d’entre eux y ont déjà pensé. Et la solidarité entre parents me direz-vous? Pour certains, oui probablement; pour d’autres…
La différence entre l’approche des Libéraux et celles des Conservateurs est que le Québec n’aurait pas les moyens financiers d’ouvrir plus rapidement davantage de places dans son réseau. Et du point de vue social, l’approche conservatriste vise insidieusement à favoriser les femmes qui souhaitent demeurer à la maison pour élever leurs enfants… une perspective qui colle davantage aux valeurs du ROC qu’à celles plus progressistes du Québec.
Est-ce qu’un gouvernement minoritaire conservateur serait pire qu’un gouvernement minoritaire libéral? La question vaut la peine d’être posée et débattue dans le cadre de la perte de confiance de la majorité face à Justin comme premier ministre responsable.
Je crois que l’important dans cette élection (et comme le déclenchement inapproprié des « hostilités » en pleine 4e vague d’une pandémie qui n’en finit plus de finir est nettement punissable) est de se payer (au coût d’un demi millards de dollars) un gouvernement MINORITAIRE conservateur fortement ENCADRÉ par de nombreux députés bloquistes et néo-démocrates.
Nous retrouvons la marque de commerce du clan TRUDEAU à savoir l’arrogance . Pourquoi partager le pouvoir quand je pourrais l’avoir à moi seul. Le gouvernement fonctionnait mais je devais le partager et le partage n’est pas la marque de commerce de la famille.
En passant si jamais, les conservateurs se font battre, j’en connais un qui va se pointer le nez à l’horizon et je pense bien sur à M.Bernier.