
À ses côtés, ils ont nommé comme « ministre » (haute représentante) des Affaires étrangères la Britannique Catherine Ashton, actuelle commissaire européenne au Commerce.
Ces choix sont le fruit d’un compromis politique dont l’Union européenne (UE), organisme dont les origines remontent au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, a le secret. D’un côté, un homme, conservateur modéré, originaire d’un pays fondateur de l’Union européenne et suffisamment discret pour ne pas faire ombrage aux pays membres, toujours jaloux de leur souveraineté. De l’autre, une femme, sociale-démocrate, venant d’un pays qui s’est joint sur le tard à l’UE et tout aussi discrète. Bref, un peu de tout pour satisfaire un peu tout le monde.
Les deux nouvelles figures de l’Europe devront toutefois montrer les dents si elles veulent s’illustrer, car elles ne sont pas seules au sommet. L’Europe ne compte maintenant pas moins de quatre présidences ! En plus de celle de Van Rompuy, il y a celle de la Commission européenne (le « gouvernement de l’Europe »), assumée par le Portugais José Manuel Barroso, celle dite de la présidence tournante, confiée tous les six mois à un chef d’État européen différent (actuellement, le premier ministre de la Suède, Fredrik Reinfeldt), et celle du Parlement européen (occupée par le Tchèque Jerzy Buzek).
Herman Van Rompuy et Catherine Ashton devront aussi continuellement composer avec les 27 États membres ; ils s’appellent peut-être « président » et « ministre », mais les pays gardent encore le dernier mot lorsqu’il s’agit de politique étrangère. Comme l’a dit Jerzy Buzek à propos de Van Rompuy, sa fonction sera celle d’« un coordonnateur davantage que d’un président au sens strict du mot ».