L’année 2020 a été difficile pour bien des gens, et nos dirigeants politiques ne font pas exception. Si la pandémie a offert une éclipse médiatique à certains, le travail des autres a été scruté à la loupe, autant par ceux qui croient à la science que par ceux qui font « leurs propres recherches ».
Ils méritent sans aucun doute la pause des Fêtes qui approche… et quelques moments de détente pour s’adonner à des jeux de société. Pourquoi ne pas nous amuser à imaginer à quoi nos politiciens pourraient jouer ensemble (s’ils avaient le droit de se rencontrer !).
À l’invitation de l’émission de radio Pénélope, à Radio-Canada, nous avons concocté un exercice de politique-fiction humoristique, sans trop de malice. Nous avons eu autant de plaisir que Sophie Grégoire Trudeau se préparant à une séance de karaoké.
Quels politiciens devraient s’affronter, et dans quel jeu ?
François Legault et Justin Trudeau pourraient jouer à Ni oui ni non. On a appris cette année qu’ils étaient deux stars de ce jeu. Devinez lequel des deux craquerait en premier… Ils se sont bien entraînés en 2020. Justin Trudeau s’est exercé pendant plusieurs jours avec ses réponses sur la liberté d’expression relativement à la publication des caricatures de Mahomet et à la décapitation d’un enseignant en France. La pause des Fêtes est aussi une occasion d’aller patiner pour vrai.
François Legault serait toutefois le favori de la compétition. Depuis des mois, il fait face aux questions tenaces des journalistes et de l’opposition sur la définition du racisme systémique. Il ne s’est toujours pas compromis.
Trudeau-Legault à Ni oui ni non : un affrontement épique, la série du siècle… qui pourrait se poursuivre en 2021 sur les transferts en matière de en santé.
Quel duo de politiciens ne doit pas s’affronter dans un jeu parce que ça risque de mal tourner ?
Il serait surprenant qu’une partie de Monopoly entre Pierre Fitzgibbon et Manon Massé se déroule sans pépin. D’abord, l’affrontement pourrait être très long… un bon huit sur l’échelle de zéro à confinement. Ce qui rend la victoire difficile à atteindre, c’est la tendance de Manon Massé à prendre l’argent des joueurs et à le redistribuer en parts égales tous les quelques tours. En plus, Gabriel Nadeau-Dubois et elle ont décidé que pour construire un hôtel, il fallait dorénavant trois petites maisons vertes et un logement social. Étant donné que personne n’a trouvé lesdits logements sociaux dans la boîte, la partie ressemblera au projet de l’Îlot Voyageur, près de l’UQAM : beaucoup de niaisage autour d’un stationnement et très peu de résultats.
Les nouvelles règles pourraient mettre Pierre Fitzgibbon en colère. Par contre, en lui signalant que le règlement du Monopoly a été écrit il y a longtemps et que certains le jugent désuet, on pourrait l’apaiser. Après tout, ça lui donnerait la possibilité de ne pas s’y conformer comme les autres. Il pourrait évoquer qu’il ne peut revendre ses terrains à leur juste valeur. Peut-être parviendra-t-il à vendre la majorité de ses propriétés, mais il sera tenté d’en cacher sous la planche.
Quels politiciens apprendraient qu’ils ont plus de choses en commun qu’ils ne le pensent s’ils s’affrontaient ?
Paul St-Pierre Plamondon et Erin O’Toole dans une partie de Qui suis-je ? (Guess who ?). Vous savez, le jeu où l’on pose des questions pour tenter de trouver le personnage de son adversaire, avec des petites fenêtres en plastique qu’il faut rabattre à mesure jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’une seule à la fin ?
C’est que les courses à la direction de leurs partis ressemblaient à une partie de Qui suis-je ? en 2020.
Pour les conservateurs, les questions permettant d’éliminer des concurrents étaient claires : « Ton chef parle-t-il français ? » Schlack, schlack. « Est-il pro-vie ? » Schlack, schlack. « Peut-il faire des gains au Québec ? » Schlack, schlack. « Est-il en faveur d’un plan musclé pour lutter contre les changements climatiques ? » C’est une blague, personne ne pose cette question au Parti conservateur.
Au PQ, c’était plutôt : « Ton chef a-t-il des cheveux blancs ? » Schlack, schlack. « De l’expérience politique ? » Schlack, schlack. « Ton chef est-il propriétaire d’un empire médiatique ? » Schlack. « Veut-il peut-être, sûrement un référendum dans le premier mandat ? » Il fallait bien un gagnant…
Pour le Parti québécois, ça fait drôlement changement. En effet, ses courses à la chefferie s’apparentent habituellement à une partie de Mario Kart, au Nintendo : des personnages caricaturaux, rarement des femmes… Ça dérape ici et là. On se lance constamment des pelures de bananes, et ce n’est à peu près jamais celui qui mène la course au départ qui l’emporte… Au PQ comme à Mario Kart, il ne faut pas trop s’attacher aux personnages, parce que si la victoire n’est pas immédiate, on peut changer de concurrent à chaque compétition !
Quel est le politicien le plus susceptible de tricher, de cacher des cartes dans sa manche ?
Facile en 2020 : Donald Trump. Le président américain a commencé à accuser ses adversaires de tricher avant même le coup d’envoi de la partie. Il est d’ailleurs particulièrement mauvais dans le calcul des points. Dès qu’il prend la tête, il déclare une victoire retentissante et sans appel, avant même la fin de la partie. Puis, il se lamente pour qu’on arrête de compter les points des autres immédiatement.
Le président est si mauvais joueur qu’il a essuyé défaite après défaite. Depuis quatre ans, il a réussi à faire perdre les États-Unis à Risk, à Diplomacy… Mais son plus gros échec demeure sa débâcle terrible à notre jeu planétaire de 2020 : Pandémie.
Pour se reposer pendant la période des Fêtes, plutôt qu’avec des jeux de société, Donald Trump devrait envisager de s’enfermer à la campagne avec quelques livres… et s’il gère bien son temps, il pourra sans doute tous les colorier.
Bonne pause des Fêtes à tous… et rappelez-vous que plusieurs de vos jeux de société favoris sont offerts en version virtuelle et connectée, question de conserver nos traditions à distance.
Vous pouvez écouter la chronique à l’émission Pénélope ici.