Un nouveau chapitre de négociations entre les provinces et le gouvernement fédéral sur le financement du système de santé s’est ouvert cette semaine, avec son ballet habituel des milliards de fonds publics. Pendant ce temps, d’un océan à l’autre, les Canadiens doivent composer avec des réseaux de la santé au bord du gouffre.
Quelles sont les solutions ? Bien des hypothèses sont avancées, mais injecter plus d’argent dans le système public semble la seule option sur la table de ces négociations.
Pourtant, certains gouvernements provinciaux, notamment ceux de Doug Ford en Ontario et de Danielle Smith en Alberta, ont déjà commencé à semer l’idée que les cliniques privées pourraient faire davantage partie de la solution. Le Québec y a déjà recours, comme le soulignait notre nouveau collaborateur Pascal Maillot, dans son texte de la semaine dernière: près de 15 % de l’ensemble des interventions chirurgicales au Québec sont maintenant effectuées dans des cliniques privées. Une tendance qui ne fait que s’amorcer.
Les défenseurs du système public s’opposent à ce genre d’ententes, car l’attrait des cliniques privées pourrait siphonner des ressources et du personnel dont le système public a désespérément besoin. Les Canadiens, eux, sont ailleurs, laisse croire un sondage Ipsos, publié le 6 février.
Plus de prestation privée de services de santé ? Une majorité de Canadiens (59 %) sont favorables au fait que du financement public paie pour les services de cliniques privées. Encore une fois, le Québec se trouve au-dessus de la moyenne canadienne avec 63 % d’appui.
Qu’en est-il d’offrir des soins de santé entièrement privés, donc aux frais du client, pour ceux et celles qui peuvent se les payer ? Encore une fois, une majorité de Canadiens (60 %) sont d’accord avec cette proposition, et les plus forts appuis se trouvent au Québec (75 %).
Ottawa offre 46 milliards sur 10 ans, loin des 280 milliards demandés par les provinces, afin de faire croître la part du fédéral dans le financement du réseau.
Les résultats du sondage nous montrent qu’une forte majorité de Canadiens (86 %), dans chacune des régions du pays, appuient leurs premiers ministres provinciaux en soutenant que le gouvernement fédéral doit contribuer davantage financièrement. Dans la foulée, par contre, le vice-président d’Ipsos Canada, Sean Simpson, écrit dans son rapport que 59 % des répondants sont d’avis aussi que « les provinces devraient montrer au gouvernement fédéral comment elles prévoient fournir de meilleurs soins, pour obtenir plus de fonds fédéraux ». Bref, ils sont d’accord avec le gouvernement fédéral quand il demande une plus grande reddition de comptes de la part des provinces.
Selon Ipsos, six Canadiens sur dix désirent que le gouvernement fédéral s’implique davantage dans le financement de la santé, mais 73 % des répondants au pays affirment que l’argent supplémentaire pour financer la santé devrait provenir des provinces... et que celles-ci devraient trouver ce financement en faisant des coupes ailleurs.
Ce sont les Québécois qui se montrent le plus ouverts à cette hypothèse, avec 80 % des répondants qui y sont favorables.
En matière de santé, la confiance de la population est ébranlée. Nos élus auront fort à faire pour inverser la tendance.
Couper ailleurs pour financer la santé. Certainement, mais pas dans les services que je reçois. Retraité, pas d’enfants. Coupez dans les garderies, l’éducation, les congés parentaux. Pas dans les retraites!
Faire payer les provinces. S’avent-ils que le fédéral finançait 50% des coÛts en santé au départ.
Si le privé est si bon, pourquoi ne pas privatiser l’éducation, l’assurance chômage, les passe-ports, l’immigration? Tout ce qui ne fonctionne pas quoi.
Il me semble que l’Angleterre a fait ça il n’y pas si longtemps. Vous trouvez que cela a fonctionné?
Montrez moi un système de santé privé et national qui fonctionne. Le seul que je connaisse est celui américain. Il fonctionne? Les gens croient qu’ils ont les moyens de payer. Je crois bien qu’il ne savent de quoi ils parlent,
Gratuité = rationnement = attente, attente,+attente = souffrances,souffrances = décès.
La gratuité des soins physiques a été créé lorsque il y avait 7% de gens âgés,les hommes mouraient à 75 ans et les femmes à 80.
En 2022, il y a 20% de gens âgés, les hommes meurent à 81 et les femmes à 85.
Les coûts augmentent plus vite que les revenus.
Et il y a d’autres fonctions publiques non réalisé avec efficacité: éducation et écoles publiques infectées, justice en retard, DPJ mal rémunéré, mal équipée, etc.
Passez la facture aux clients, utilisateurs- payeur. Ajouter cette facture a votre déclaration d’impôts pour payer selon votre taux marginal du Québec.
Entre la stagnation actuelle des services étatisés et une privatisation unilatérale, il me semble y avoir bien des possibilités qu’il conviendrait d’explorer, comme ça se fait ailleurs dans le monde. Rien n’est tout à fait noir ou tout à fait blanc dans la vie, mais les nuances de gris ne manquent pas.
Inquiétant. Le privé drainera des ressources dont nous manquons cruellement.Et il restera le public pour les pauvres.
@ Michel, dans de nombreux pays, dont la France, les secteurs privé et public interviennent dans le secteur de la santé et en garantissent l’accessibilité. Il est ridicule de s’en tenir au statu quo pour des motifs essentiellement idéologiques.
Je me pose la question sur la validité d’un tel sondage. Selon moi il est biaisé. Une question qui aurait dû être posé serait celle ci est vous prêt à payer 7000$ pour une fracture du bras. Est-ce que vous êtes prêt à payer plusieurs millions pour des traitements de chimiothérapie.? Etc. Je crois que les réponses auraient été bien différentes.
Quand on parle de privé en santé, les gens ne sont pas capables de porter leur regard ailleurs que sur le triste exemple des États-Unis. De là les formules chères à la gauche comme « un système de santé à deux vitesses ». C’est d’ailleurs bien pour ça que cette même gauche se dépêche de brandir systématiquement l’épouvantail des États-Unis dès qu’on aborde la question.
Pourtant, il existe des contrées où le privé voisine harmonieusement avec le public, comme en France, pays on ne peut plus social-démocrate, sinon socialiste, où le système de santé était il y a encore peu considéré comme le meilleur du monde, et où le privé est généralement accessible au plus grand nombre. Là-bas, l’État paie les soins au privé à hauteur de ce qu’il paierait pour les mêmes soins au public (ce qui est normal, puisque tous les patients cotisent à la sécurité sociale), le surplus restant à la charge du patient. Mais dans les faits, le privé, à part certaines cliniques haut de gamme, est souvent concurrentiel avec le public. Concurrentiel et complémentaire.
La question de savoir si le personnel soignant est siphonné par le privé aux dépens du public est secondaire, à partir du moment où il y a quelque part des médecins pour prendre en charge les patients et où les coûts des soins sont assumés par l’État. Et quelque chose me dit que la prise en charge ne serait pas moins rapide au privé. Au contraire. Je suis convaincu que la concurrence d’un système privé efficace ne peut qu’amener le public à revoir ses méthodes et à optimiser son efficacité, pour le plus grand bien de tous.
Excellent commentaire. Bravo!
Le problème du système de santé public actuel est l’accès de première ligne qui souffre d’un manque de personnel. Il faut donc faire appel au privé où se trouvent les médecins et infirmières qui manquent actuellement au système public.
J’ai moi-même un médecin de famille dans le privé que je dois rémunérer il est vrai mais il me permet d’avoir un accès rapide et de qualité aux soins de première ligne qui manquent actuellement au système public. Lorsqu’il me prescrit des examens et soins pouvant être dispendieux , je retourne au système public où l’attente est beaucoup plus raisonnable puisque ce sont des soins de deuxième ligne. Pour un coût raisonnable, on peut donc ainsi profiter au mieux du système actuel privé-public.