Après chaque élection, il est de bon ton de se moquer des sondeurs quand ils ratent la cible. Pourtant, les analystes comme moi, qui ratissent inlassablement les données des maisons de sondage, leur envoient rarement des fleurs lorsqu’elles frappent dans le mille. Ce qui crée une fausse impression que « les sondeurs se trompent tout le temps », comme on l’avait souvent entendu après la première élection de Trump.
Cette impression est de même nature que la peur de l’avion. Une certaine fraction de la population ressent une phobie de voler, même si, statistiquement parlant, l’avion est un mode de transport passablement plus sûr que la voiture. Alors pourquoi ? Peut-être parce que les médias ne rapportent pas chaque atterrissage en douceur. Par contre, quand un appareil s’écrase, ça fait la manchette.
Ainsi — car oui, je reçois encore des commentaires comme « Mais Trump a battu Clinton en 2016 » —, même les sondages de la présidentielle de 2016 n’étaient pas si à côté de la plaque que certains le prétendent. Alors, corrigeons la situation et affirmons-le : les sondages publiés pendant la campagne électorale fédérale qui s’est terminée lundi n’ont pas seulement été bons, ils ont été excellents.
Ce tableau en est la preuve. Il s’agit d’une comparaison des résultats préliminaires (en date de jeudi) avec quelques sondages finaux de cette campagne.
La vaste majorité de ces sondages présentent des chiffres tout près des résultats de l’élection. En fait, seul EKOS a réellement raté la cible pour le vote du Parti conservateur (27 %) et le vote du Parti populaire (10 %).
En utilisant une moyenne pondérée de ces sondages, le modèle fédéral Qc125 a calculé les projections du vote suivantes :
Parmi les partis principaux, seuls les suffrages au Parti vert (2,3 %) se trouvent à l’extérieur de l’intervalle de confiance, et de justesse ; la formation d’Annamie Paul a obtenu 2,3 % des voix au Canada, alors que la projection finale était de 3,4 % ± 1,0 %.
Ce n’est pas un secret d’affirmer que pour effectuer des projections de qualité, nous avons besoin de sondages de qualité. D’ailleurs, grâce à ces chiffres, le modèle fédéral Qc125 a correctement prévu le gagnant dans 310 circonscriptions sur 338 (92 %). Parmi les 28 circonscriptions restantes, plusieurs des gagnants se trouvaient à l’intérieur des intervalles de confiance de la projection (nous devrons attendre le dépouillement complet des votes postaux afin de connaître le chiffre exact).
Pour ce qui est des sondages au Québec, voici les résultats finaux (en date de ce matin) avec les chiffres des derniers sondages :
Encore une fois, ces sondages sont, pour la plupart, tout près de la cible. Ils ont permis au modèle fédéral Qc125 de projeter correctement le partage des votes et des sièges au Québec entre les partis, à l’intérieur des intervalles de confiance. D’ailleurs, le modèle Qc125 a réussi à prédire 72 des 78 gagnants québécois (92 %).
Somme toute, même si une fraction importante de l’électorat canadien croit que ces élections ont été inutiles et que, au fond, le 44e Parlement ressemble étrangement à une copie conforme du 43e, nous pouvons affirmer que les élections fédérales de 2021 auront été une victoire claire pour les sondeurs au Canada.
Félicitation pour cette belle chronique qui révèle un niveau élevé d’auto-congratulation.
On pourrait peut-être mentionner que si les sondages à l’arrivée s’avèrent assez proches des résultats finaux, il n’en reste pas moins qu’ils n’étaient pas identiques à ceux relevés cinq semaines plus tôt. Or, le déclenchement des élections était motivé par le fait que les sondages déterminaient une tendance « lourde » qui justifiait du dit déclenchement.
Il est entre-autre question dans cette chronique de la qualité des sondages. Qu’est-ce qui détermine la qualité d’un sondage ? Est-ce la qualité des échantillonnages ? Pourtant, les dits échantillonnages — entre les semaines qui ont précédé l’élection et le jour de l’élection-, sont restés identiques.
En cette occurrence, ce qui deviendrait intéressant, c’est de savoir pourquoi un institut de sondages comme EKOS notamment, semble s’être éloigné ou démarqué dans au moins deux prévisions de ses concurrents. Est-ce résultant des échantillonnages ou est-ce la manière de calculer (pondérer) des résultats bruts qui auraient apporté une perspective sensiblement différente ? Les intentions de vote des électeur du PPC et ceux du PCC étant corrélées, c’est le jeux des vases communicants.
N’oublions pas que c’est la probabilité de la probabilité qui entre en ligne de compte dans le calcul et non l’échantillonnage proprement dit. Laquelle probabilité est déterminée en fonction de comportements antérieurs. Sauf pour le PPC de Maxime Bernier dont on connaissait mal dans le présent son impact sur les résultats. Il est possible que ces électeurs aient contribué à faire perdre quelques circonscririons aux Conservateurs. On pourrait penser à Edmonton-Centre, Edmonton Griesbach ou Aurora-Oak Ridges-Richmond Hill (Grand-Toronto) notamment.
Monsieur Fournier semble très satisfait du fait qu’il ait pu prédire les vainqueurs dans 92% des cas. La réalité est que considérant les faibles variations qui se sont effectuées (excepté le nombre de voix obtenues par les candidats), il était relativement facile de prévoir qui serait vainqueur dans pratiquement 300 circonscriptions sur 338. En sorte qu’à peu près n’importe qui pourrait se vanter d’un score de près de 89%.
Dans un monde où tout le monde adore jouer les influenceurs, c’est à se demander si au Royaume des cieux tous les aveugles ne sont pas désormais tous devenus rois.
Un peu pisse-vinaigre… Les sondeurs ne sont pas devins et je crois, au sens strict, M Fournier n’est pas sondeur; il fait un certain « ménage » pour nous. Moi je dis BRAVO à M Fournier.
@ Monsieur Patrick,
J’ai remarqué que la rédaction de L’actualité n’a pas mis-en-ligne ma réponse à vos propos, peut-être parce que j’aurais fait usage dans ma réponse d’un mot vulgaire quoique présent dans tous les dictionnaires, lorsque la pratique de notre langue commune doit dans son bon usage tenir compte des caractères contextuels.
La dite rédaction à trouvé à propos et de bon aloi que vous traitiez mes propos de « pisse-vinaigre » formule — disons-le clairement -, qui relève aussi d’une très grande vulgarité et manifeste de pure médisance à mon égard puisque ce que j’écris est indissociable de ce que je suis. Depuis nombre d’années que je m’efforce de poster de bon commentaires, aussi pertinents que possibles et qui soient en rapport avec le sujet, je n’avais jamais été traité par qui que ce soit de « pisse-vinaigre ».
C’est à se demander si vous aviez pris le temps de lire vraiment, non seulement cette chronique de monsieur Fournier, ses chroniques antérieures et si vous avez bien compris la méthodologie de Qc125. Pas plus que vous n’avez pris le temps de lire et de comprendre mes propos.
Considérant que la rédaction de L’actualité devait être en accord avec vous. Il me faut conclure que c’est sans doute un trait de caractère que j’ignorais de ma propre personne. Alors je tenais à vous remercier de m’avoir « ouvert les yeux » sur ce que je suis et je remercie au passage la rédaction de L’actualité d’avoir sans équivoques appuyé votre démarche, cela clame haut et fort de mon indignité même de tout simplement exister.
Il me faut malheureusement ajouter qu’on dénonce volontiers diverses formes de racisme systémique lorsqu’il reste ici bas de nombreux cas toujours tolérés et toujours bien vivants de s’en prendre parce qu’on était de mauvaise humeur, à toutes sortes de minorités culturelles et ethniques en toute impunité.
M Drouginsky
Oui, j’ai bien pris le temps de lire. Là est la moindre des politesses. Non? Ai-je la prétention de tout bien juger, analyser etc. ? Non, bien sûr. Mais je suis certain que je n’ai aucune intention d’être insultant. Je vous lis régulièrement, avec intérêt. Il ne faut pas prendre la mouche. « Pisse-vinaigre » est une expression populaire, du peuple. Je fais partie du « peuple », je ne suis pas un intellectuel, très loin de là. Mais je crois que tous ont le droit de s’exprimer. L »ai-je fait de manière maladroite? Possible. Bref, aux plaisirs de vous lire… ainsi que M Fournier!
Finalement M. Drouginsky, vous êtes plus soupe-au-lait que pisse-vinaigre… Évidemment, je blague! Je prends aussi toujours le temps de vous lire.