Depuis le début de la campagne, on me pose souvent la question suivante lors de mes interventions dans les médias : « Qu’est-ce qui pourrait permettre au Parti québécois d’inverser la tendance à la baisse dans les résultats électoraux ? » Ma réponse n’est pas très originale : les souverainistes doivent rentrer au bercail.
Le tiers des Québécois auraient voté pour l’indépendance du Québec si François Legault en avait fait l’objet d’un référendum, révélait un sondage Recherche Mainstreet que j’avais publié et analysé en juin dernier. En effet, quelque 67 % des répondants préféraient que le Québec demeure une province canadienne, alors que 33 % auraient aimé qu’il devienne un pays.
En découpant les chiffres selon les intentions de vote, les données de cette enquête montraient, sans surprise, que les électeurs libéraux et péquistes se trouvaient toujours bien campés sur leurs positions historiques respectives à ce sujet, mais que chez les électeurs de la Coalition Avenir Québec et de Québec solidaire, les avis étaient résolument plus partagés.
Parmi les électeurs caquistes, 58 % étaient favorables à l’option fédéraliste et 42 % à l’option souverainiste. Chez les solidaires, 54 % auraient voté pour le maintien dans le Canada et 46 % pour la souveraineté.
Si 33 % des Québécois s’affichent comme souverainistes sans que le projet soit sur un quelconque écran radar, les appuis au PQ ne suivent pas. La formation politique se trouve, au moment d’écrire ces lignes, sous la barre des 10 % d’appui au niveau national dans la projection du vote Qc125, calculée à partir d’une moyenne pondérée des sondages. Autrement dit, une majorité de souverainistes n’ont pas l’intention de voter pour le PQ présentement. Le parti a graduellement perdu son flanc gauche, qui migre vers QS depuis 15 ans, et la CAQ est en train d’occuper tout le territoire du nationalisme et de la défense de la langue française. Sans les souverainistes, quel électorat reste-t-il à la formation de René Lévesque ?
Ces questions ont piqué ma curiosité et je voulais y voir plus clair. J’ai donc demandé au vice-président de Recherche Mainstreet, Steve Pinkus, d’obtenir un tableau supplémentaire de ce même sondage de juin dernier. Dans le graphique ci-dessus (présenté dans la chronique de juin), nous voyons la réponse à la question référendaire selon les intentions de vote, mais... qu’en est-il des intentions de vote selon la réponse à la question référendaire ?
Autrement dit : parmi le sous-échantillon d’électeurs qui voteraient pour la souveraineté, quelles étaient les intentions de vote en juin dernier ?
Ainsi, parmi les répondants qui se disent souverainistes, la CAQ devance le PQ par une marge de 15 points — un écart bien plus grand que la marge d’erreur de ce sous-échantillon.
Du point de vue du PQ, nous pourrions interpréter cette donnée sous plusieurs angles. D’abord plutôt pessimiste : à peine plus du quart des souverainistes appuient la seule formation politique qui fait la promotion de ce projet. Il se peut que ces électeurs indépendantistes incluent ceux appelés les « souverainistes mous », qui voteraient oui à une question référendaire sur l’indépendance, mais qui ne s’engageraient pas eux-mêmes dans cette aventure. Si tel était le cas, cela signifierait alors que même une importante partie de ceux et celles qui appuient le projet en théorie s’en désintéressent.
Ou, à l’inverse, sous un angle optimiste : puisque le PQ se colle fidèlement à une cause plus populaire que lui auprès de l’électorat, les appuis au parti ne peuvent certainement que remonter. Mais peut-être seulement lorsque la CAQ aura fait son temps.
Le PQ n’a plus vraiment le luxe du temps. Attendre de remplacer la CAQ n’est pas une option réaliste... étant donné que le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, pourrait bientôt former à lui seul l’entièreté du caucus péquiste à l’Assemblée nationale. En 2018, la vague caquiste s’était heurtée à un mur aux limites de la circonscription de Rimouski. Or, le nombre de fois depuis le printemps où le premier ministre François Legault s’est rendu lui-même dans le Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie — les derniers bastions péquistes — laisse croire que les chiffres internes de la CAQ dans la région doivent lui être favorables.
Néanmoins, d’un point de vue stratégique, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon vise la bonne cible en parlant constamment du projet d’indépendance. Les données nous montrent clairement qu’il y a plus de souverainistes que de péquistes dans l’électorat québécois. Ce n’est pas en discutant de garderies subventionnées ou du troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis que son parti se distinguera du lot.
Donc, « pour sauver le PQ », les souverainistes doivent rentrer au bercail, avant que la pente redevienne trop abrupte et insurmontable. Si ce mouvement des intentions de vote ne se matérialise pas, nous pourrons ainsi conclure que, pour les souverainistes, le PQ n’est plus le véhicule du projet de pays.
Paul St-Pierre Plamondon a raison de taper sur le clou de l’indépendance pour un Québec Pays. Il est minuit moins une; c’est plus que le temps que les québécois enlèvent les petites crottes de sommeil aux coins de leurs yeux et qu’ils réalisent que s’ils ne se mobilisent pas maintenant, ils s’appelleront bientôt ¨canadians like all others, no more, no less¨. Le compte à rebours achève.
Quand un presqu’adulte est tanné de se faire dicter ce qu’il doit faire par ses parents, il est temps pour lui de quitter le nid et de faire SA vie. Les peurs et les craintes sont le lot de ce choix en même temps que celui du goût de l’aventure, de relever des défis et de tracer son chemin. Le Québec a tout ce qu’il lui faut pour ça. Ce qu’il adviendra du ROC n’est pas son problème, car déjà, ce ROC se fout visiblement et risiblement du Québec qui s’amenuise et qui s’affaiblit année après année.
Les Québécois souffrent de schizophrénie collective et la CAQ représente le mieux cette maladie collective: un Québec fort dans un Canada uni… Quand on voit que plus de la moitié des gens qui appuient QS sont contre l’indépendance alors que cela fait partie du programme de QS, on peut en voir une autre belle illustration.
On oublie trop facilement que depuis le traité de Paris de 1763, l’autorité coloniale britannique n’a eu de cesse que de faire disparaître ces empêcheurs de tourner en rond, les descendants des colons de Nouvelle-France, l’ennemi tellement détesté à l’époque de la French and Indian War. Du rapport Durham jusqu’aux politiques d’immigration d’aujourd’hui de l’état canadien, le but est toujours de marginaliser la francophonie canadienne et, en particulier, québécoise. Les statistiques viennent encore de confirmer la lente disparition d’un peuple, même dans sa réserve et, surtout, dans sa métropole.
Pour sauver les meubles, il faudrait se serrer la ceinture et travailler ensemble pour se doter d’un pays à notre image, avec ses bons et ses mauvais côtés. L’outil est là depuis des décennies, le PQ, mais on le boude et on préfère jouer le jeu de la majorité anglo-canadienne qui devient de moins en moins «anglo» et de plus en plus un melting pot à l’image de nos voisins du sud.
Si on continue comme ça, notre peuple va disparaître à long terme, noyé dans un tout confortable, un espèce de cocon nord-américain, à l’image de nos ancêtres qui ont choisi d’aller travailler dans les manufactures de Nouvelle-Angleterre au siècle dernier et dont les descendants ne parlent plus français mais sont fort bien intégrés aux ÉU (j’en connais plusieurs). Ça fait 50 ans qu’on dit que cela arrivera éventuellement et la preuve est dans le pouding: depuis, notre peuple n’a cessé de s’étioler statistiquement, souvent noyé dans une immigration qui n’a que faire de ces derniers Gaulois qui résistent futilement à l’assimilation anglo-américaine qui les ronge à petit feu.
Alors, est-ce que PSPP pourra restaurer un brin de fierté à notre peuple pour se sortir de notre turpitude et s’atteler au projet de pays pour sauver les meubles?