C’est inévitable : le travail pour sauver le climat doit se transporter résolument dans la législation et l’action gouvernementale. Le Parti conservateur du Canada, par la voix de son chef Andrew Scheer, a exposé mercredi sa vision aux Canadiens en matière d’environnement. Celle-ci promet un pari sur le bon vouloir des Canadiens et des entreprises.
Actuellement, les conservateurs tournent en dérision toutes les initiatives gouvernementales qui s’inscrivent dans la protection de l’environnement, même si d’aucuns considèrent qu’elles sont nettement insuffisantes. La taxe carbone? Une attaque contre l’économie canadienne qui mérite d’être contestée devant les tribunaux. De toute façon, les cibles de Paris seront ratées, alors pourquoi taxer? L’abolition du plastique à usage unique? Elle aura un impact négatif « sur les consommateurs, sur les emplois et sur notre économie. » « L’idée que l’État sait mieux que les gens… », a récemment déclaré de manière ironique le chef conservateur. Parlons-en.
Cette lutte des conservateurs contre quelconque mesure gouvernementale visant à protéger l’environnement s’inscrit dans un agenda partisan et américanisé qui ne voit en l’État qu’une nuisance, particulièrement en environnement. Selon cette idéologie, l’État doit être doté tout juste assez de ressources pour faciliter le transport du pétrole et du gaz à travers le pays.
Pourtant, oui, l’État sait mieux que les gens. Ce sont les États qui ont aboli les CFC, des chlorofluorocarbones se retrouvant dans des appareils réfrigérants, en 1989 pour sauver la couche d’ozone. C’est l’État qui est pris à décontaminer des sites miniers abandonnés par des compagnies à l’éthique douteuse. C’est l’État qui paie pour les transports en commun sur lesquels il faut miser pour diminuer nos gaz à effet de serre (GES). L’État qui tire ses revenus des contribuables.
Oui, l’État sait mieux que les gens, car nous sommes tous prisonniers, individuellement, d’une prospérité humaine qui nous a rendus dépendants de son avancée perpétuelle. L’initiative individuelle n’y pourra absolument rien.
L’État sait mieux que les gens, et ce n’est pas méprisant pour la population que de le dire ainsi. L’État est la forme la plus avancée d’organisation humaine, et c’est réducteur d’avancer que la somme des efforts collectifs est inférieure à l’intelligence individuelle.
Qu’est-ce que l’État doit donc faire en premier lieu pour assurer la transition énergétique? Justement faire appel, par les règles qu’il inscrit à notre corpus législatif, à notre plus primaire instinct humain : le portefeuille. Le directeur parlementaire du budget indiquait il y a quelques jours que la taxe carbone, mesure « la moins coûteuse et la plus efficace », devrait être cinq fois plus élevée pour atteindre nos cibles de l’Accord de Paris. Il faut diriger les consommateurs vers les options les plus écologiques. En donnant un prix à l’environnement, l’option la moins coûteuse pour le consommateur devient donc théoriquement les avenues les plus écologiques.
Il est étonnant de constater que l’idéologie politique conservatrice en vogue ces jours-ci, et qui mise tout ce qu’elle a sur les règles du marché, exclut systématiquement de celles-ci l’environnement. Si le pétrole, le gaz, la nourriture, l’eau et les voitures doivent avoir un prix, le plus bas s’il-vous-plaît, et le moins taxé possible, pourquoi pas l’environnement? L’air qu’on respire? La planète qu’on habite? Drôle de marché que celui-là qui, par ses règles, s’obstine systématiquement à penser que ses fondations sont gratuites.
Pour les forces conservatrices du pays, il n’était semble-t-il pas suffisant de promettre à leurs électeurs d’abolir la taxe carbone. Il fallait en plus se liguer pour en faire une lutte constitutionnelle en la contestant devant les tribunaux. Loin de moi l’idée qu’il faille priver quelconque province de son droit le plus strict d’ester devant les tribunaux pour faire valoir un argument constitutionnel. Ici cependant, on ne peut s’empêcher de constater que le jupon partisan dépasse un peu trop. La première manche devant la Cour d’appel de Saskatchewan a été perdue par le gouvernement de Scott Moe : la Cour a tranché en faveur de la constitutionnalité de la loi.
Aujourd’hui, on sait que les conservateurs fédéraux promettent un plan axé sur « des technologies vertes, pas des taxes » et qui affirme, le plus sérieusement du monde, que « le Canada contribue peu au problème mondial » des émissions de gaz à effet de serre. Les grosses entreprises se verraient limiter leurs émissions de GES à 40 kt de CO2. Au-delà d’un tel seuil, elles devraient « investir » dans les technologies propres ou en recherche, sans indiquer combien. De leur côté, les citoyens obtiendraient un crédit d’impôt à la rénovation. Un simple rôle passif pour l’État, dont la latitude demeurera grande pour éviter d’agir. Un rôle risible au su du défi que représentent les changements climatiques. Les élus devraient inspirer les gens à la transition énergétique, pas leur dire à mots couverts qu’elle n’est pas nécessaire.
C’est une lutte contre la science que de vouloir exclure l’État de la préservation de l’environnement. C’est une lutte mortifère que de mettre de l’argent public à changer des règles qui ont prouvé leur efficacité, privant ainsi l’État des revenus qu’elles engendrent et l’environnement de leur bénéfice. Même si, à l’heure actuelle, elles demeurent largement insuffisantes selon le consensus scientifique.
Cette idée que l’État sait mieux que les gens, c’est probablement la seule qui pourra, si on y met l’énergie, sauver l’espèce humaine.
C’est dans le contexte où la droite et l’extrême droite sont en guerre avec la science. L’administration Harper a condamné la science à une agence de promotion industrielle alors que la science pure était mise au rancart. Ils ne se gênent pas pour véhiculer des balivernes et des informations complètement fausses dans le but d’un gain politique. Ils accusent les autres de véhiculer des nouvelles fausses (fake news) quand la nouvelle ne fait pas leur affaire…
Nous sommes tous dans le même bateau qui s’appelle la planète terre mais on dirait que la droite est là pour saboter le bateau et nous faire couler tous ensemble…
L’auteur de ce billet de blogue écrit ceci : « L’initiative individuelle n’y pourra absolument rien. »
Ne pourrait-on pas dire d’une autre façon que l’action collective est une somme d’actions individuelles ? Qu’un État (en principe démocratique) est l’émanation d’un tout formé de l’ensemble de ses concitoyens. Que l’élévation vertueuse de l’État est l’exact reflet de l’élévation vertueuse de cet ensemble. L’inverse est aussi vrai. Une société qui se corrompt reflète du niveau de corruption de l’individu.
À cet effet, il n’existe aucune certitude que l’État soit : « la forme la plus avancée d’organisation humaine », c’est une vision de l’esprit. Car pour que cela soit, il faudrait que tous les fonctionnaires soient choisis en fonction de leur avancement au niveau de l’organisation humaine. Je ne crois pas en date du jour que cela soit où que ce soit.
La taxation ne donne aucun prix, ni aucune valeur à l’environnement, elle consiste seulement à introduire de nouvelles formes de perceptions avec une « appellation », cela n’apporte techniquement aucune valeur ajoutée aux produits ou services à valeur ajoutée environnementale. Peut-être dans le meilleur des cas, les meilleurs produits et services devraient-ils être totalement détaxés et subventionnés.
Pire, la taxation écologique risque de rendre encore plus chère, donc moins attractive l’accès à des produits, services ou un mode de vie plus écologique, apportant son lot de « laissés pour compte » dont le niveau de revenus ne permet pas d’avoir accès à cette transition.
Il n’y a pas à proprement parler « d’option moins coûteuse » qui ouvre les avenues les plus écologiques. La question est plutôt de savoir comment passer du système actuel à un autre système au meilleur coût sans affecter encore le climat et selon quel échéancier ?
Sans précisément d’initiatives individuelles, la réponse simple c’est : on n’y arrivera pas. Pire, on n’y arrivera encore moins sans le concours de tous.
Toute personne avisée sait que « trop d’impôts tuent l’impôt » que trop de prélèvements tuent dans l’œuf l’initiative individuelle, la créativité et l’action collective de tous.
Pourtant je ne suis pas spécifiquement conservateur, je suis tombé dans l’écologie dès mon plus jeune âge, la qualité de l’eau, de l’air, de l’environnement sont au cœur de toutes mes préoccupations. C’est peut-être le modèle qu’il conviendrait de changer. Ce sont peut-être nos modèles étatiques dont il faudrait songer une bonne fois pour toute à se débarrasser.
Le vrai : La taxe carbone est le meilleur moyen d’aiguiller les gens et entreprises vers les choix les moins nocifs pour l’environnement. Par contre, dans une société parmis les plus taxée où le contribuable au plus haut revenu paye 53+15 % (et plus) de son revenu en impôts et taxes, elle doit absolument être fiscalement neutre, autant pour les entreprises que les individus.
Le discutable : « L’État sait mieux que les gens ». Les exemples démontrant les dérives de l’action étatique sont tellement nombreux que je ne saurais où commencer. Guerres? Privilèges à certains groupes au détriment des autres? Etc…
Tout ce que l’État fait est dérivé de l’action individuelle de certaines personnes.