Disons-le en partant: j’ai mes réserves envers vous et votre parti. J’aurais préféré un gouvernement minoritaire, duquel on garde la facture et qu’on peut aller échanger au magasin s’il ne fait pas l’affaire.
Vous formez finalement un gouvernement majoritaire. Vente finale. Pas d’échange ou de remboursement avant quatre ans. Bon. Puisqu’on est pris avec vous, aussi bien partir du bon pied. On efface l’ardoise.
J’oublie vos phrases que vous ne saviez pas comment vous sortir de. J’oublie que je fais des cauchemars à vous imaginer négocier avec Poutine. Je vais même faire semblant de croire Jean Chrétien quand il dit que les commandites sont un «incident» comme il en arrive «partout». Que c’est «une espèce de mythe», comme le Minotaure ou la bonne bière Molson.
Après tout, le type que vous remplacez était si désagréable, vous ne pourrez pas faire pire. D’ailleurs, vous allez l’avoir facile, au début. Pour quelques semaines, le Canadien moyen n’en reviendra pas de choses pourtant bien normales.
«Hein? Un scientifique qui parle en public? Wow!»
«Hein? Plus que deux questions dans un point de presse? Watatow!»
«Hein? Un projet de loi qui ne fait pas 482 pages pour pouvoir y cacher tout et rien? Sorcellerie!»
Ne vous enflez pas trop la tête avec ça. Après 10 ans de Kraft Dinner, pas besoin d’être Daniel Vézina pour que notre riz aux légumes passe pour de la gastronomie.
Ne lisez pas trop la presse internationale non plus. Les médias étrangers sont absolument fascinés que notre premier ministre ne soit pas laid comme un pug et terne comme une bouchée de sable. Même la sérieuse BBC s’y met et se demande longuement si vous ne seriez pas le seul dirigeant de pays avec un tatouage. Sans doute ces gens n’ont-ils jamais vu le signe chinois dans le bas du dos d’Angela Merkel.
À consulter ces médias, vous risqueriez de commencer à croire qu’il y a réellement une trudeaumanie au Canada. Or, soyons honnête, s’il y a quelque chose, c’est une je-ne-veux-vraiment-pas-Harper-et-le-NPD-je-sais-pas-on-dirait-qu’il-ne-m’inspire-pas-manie. C’est pas mal plus tiède.
Si je décide de remettre à zéro le compteur de défauts, je peux même faire un effort et vous trouver des qualités.
Alors que les médias étrangers vous qualifient de «sexy», vos adversaires s’amusent de photos et de vidéos où vous n’avez pas l’air d’un homme sérieux faisant des tableaux Excel pour se détendre. En politique, ce serait apparemment un défaut que d’être autre chose qu’un veston-cravate. Ah bon.
Je dois avouer ressentir un certain bonheur à voir à la tête du pays une personne créative ailleurs que dans sa comptabilité. Cela dit, je ne me tannerai jamais d’utiliser les images de cette fois où vous avez cru bon de débouler un escalier à la télévision. Je vais même le faire en ce moment, sans vraie raison, parce que c’est du bonbon.

On vous reproche aussi d’être trop jeune. Tout est question de perspective. Demandez à mon ado de 14 ans, elle vous dira que MOI, je suis un vieux. Pour ma part, du haut de mes 34 ans et demi, je regarde vos 43 ans et j’ai envie de vous laisser mon siège dans le métro. Un premier ministre qui n’a pas connu la télévision en noir et blanc, la LNH à six équipes et les épidémies de polio? Je suis prêt pour ça.
Tout ça pour dire que vous n’étiez pas «mon» candidat, mais que je suis quand même un peu content de vous voir débarquer. Je suis même prêt à vous laisser une chance de m’impressionner.
Après 10 ans de Grincheux, voilà que vous débarquez comme un père Noël, le sac rempli de promesses, et il y en a plusieurs que j’ai hâte de déballer.
La promesse d’une réforme du mode de scrutin, en particulier, parce que j’aimerais un jour avoir l’impression que je peux vraiment voter pour qui je veux. Ce serait bien de ne plus éplucher les sites de prédictions pour trouver la façon la plus utile de gaspiller mon vote, non? On ne devrait pas avoir besoin d’un algorithme complexe et des entrailles d’un poulet pour décider qui va recevoir notre X.
Je vous aurai à l’œil sur cette promesse, et sur plusieurs autres.
Les plus cyniques me traiteront de naïf parce que je décide de vous faire confiance. Ils auront raison: c’est très naïf. Les politiciens ont tendance à respecter leurs promesses avec le même taux de réussite qu’un père alcoolique avec un problème de jeu qui promet d’être là à notre anniversaire.
Seulement, voilà 10 ans que je suis fâché. J’ai envie de croire un peu. Si vous arrivez à ne pas me décevoir, dans quatre ans, vous aurez peut-être mon vote. (Dans un mode de scrutin complètement différent, joie!)
«Just watch me», avez-vous dit, en citant votre père? Ben voilà: je vous «juste watche».
Bien à vous,
Un Canadien qui décide, pour une fois, l’optimisme
P.-S. — Je ne serai pas seul à vous avoir à l’œil. Il y a aussi le site TrudeauMetre.ca.
Juste une question à l’auteur :
Au provincial, après 10 ans de Parti libéral ayant promis 3 fois plutôt qu’une et en vain, une améliorations des soins de Santé, assis en parti à la Commission Charbonneau en même temps qu’avoir la hausse des frais de scolarité comme revenu, donniez-vous la même chance au coureur au Parti Québécois?
Étiez-vous heureux de celui qui remplaçait le PLQ malgré ses défauts, pour reprendre votre formule?
C’est une autre élection où le gagnant n’était pas mon choix, ce qui est l’histoire de ma vie à tous les palliers de gouvernement.
Je me souviens très bien de l’arrivée du PQ. Le changement de ton faisait du bien en maudine.
Après, ça s’est gâché rapidement.
Mais le changement était surtout dans le ton. Le programme du PQ et celui du PLQ ont plus en commun que celui des Conservateurs et… n’importe qui d’autre au fédéral.
Je suis toujours prêt à me laisser surprendre par un gouvernement, mais je garde toujours l’oeil ouvert.
M. Charlebois, vous me décevez énormément, car en tant que journaliste vous devriez montrer une certaine neutralité à votre public qui aime lire l’Actualité, une bonne revue québécoise que je reçois en Ontario. Facile de critiquer.
M. Gargoura, vous remarquerez que cette page est un blogue politique et non une nouvelle. Un blogue, par définition, implique une certaine quantité d’opinions.
M. Charlebois
Si vous faites partie du 19% des électeurs au Québec qui n’ont pas voté pour les partis fédéralistes, je vous dis que votre critique à l’égard du nouveau premier ministre est sans aucune importance, elle est marginale. La majorité a un bon œil et elle ne souffre pas de myopie!!
Vous vouliez du changement, et bien vous allez être servis !!
Mon Dieu qu’avons nous fait?
Bon texte que je partage, M. Charlebois. Je fais mienne la question de M. Laflèche.
Avait-on besoin de lire ça ce matin? plutôt baveux qu’autre chose…je pensais que je lirais quelque chose d’intelligent…la prochaine fois je saute mon tour…
Ma chère Lynda, vous sembez avoir l’esprit bien étroit…continuez de sauter…votre tour!
Très bon blogue… comme si je l’avais écrit
Trudeau père, Chrétien, Bourassa, Charest, Couillard…. le parti libéral ne respecte jamais ses promesses, c’est dans leur ADN! Mais la population mord toujours l’hameçon, alors tant mieux pour eux!
Je crois sincèrement que le nouveau jeune premier-ministre du Canada fera beaucoup mieux que Harper. Facile, personne ne peut faire pire ! Mais je ne suis pas naïf au point de croire que le Québec sera gagnant avec le PLC. Les libéraux sont les défenseurs d’une vision centralisatrice du Canada, que ne partage pas une majorité de Québécois. La négation de la nation québécoise, l ‘absence d’intégrité et l’incompétence ont été la marque de commerce de ce parti. Et la belle gueule du nouveau P-M ne me fait pas oublier que l’Establishment du PLC est toujours le même.
Totalement et complètement d’accord avec votre lettre ouverte … aucune réserve … et très à propos !
Mais je n’ai pas plus confiance au fils que j’ai eu au père, qui nous a massacré nos beaux terrains à Mirabel et matraqué les québécois avec la loi des Mesures de Guerre de 1970, entres autres. On a le loisir de se rappeler ses belles actions chaque fois qu’on prend l’avion à Dorval ! D’ailleurs, ce n’est pas d’hier qu’il avait des idées révolutionnaires, car quand il était à Brébeuf, il faisait parti de ceux qui ont fondé la revue « Cité Libre », ce qui lui a permis d’exprimer ses idées de socialisme !
De toute façon, soyons réaliste : le pays n’est pas dirigé par les hommes politiques, ils ne sont que les représentants d’une démocratie douteuse … les vrais dirigeants, ce sont les grosses têtes de la Finance et souvent, leurs familles et leurs progénitures (lire : les enfants gâtés) qui sont assis sur les comités exécutifs des grandes compagnies. Ce sont eux qui prennent les vraies décisions importantes, quittes à modifier les règlements et les lois en leurs faveurs ! Lévesque le savait, Parizeau aussi ! Les sous mènent le monde, quelque soit la démocratie en place ! La différence, c’est qu’au Canada, nous avons un peu plus de liberté qu’ailleurs ! C’est toujours ca.
Donc, nuances ! Mais on va quand même » watcher ! » Ca promet ! Hum !
» Je me souviens ! »
Voici une statistique qui appuie ma pensée précédente :
80 % de l’économie canadienne est dirigée par environ 250 personnes qui sont assis sur quelques 3 000 comités exécutifs.
J’écrivais plus haut ….. : » …les vrais dirigeants, ce sont les grosses têtes de la Finance et souvent, leurs familles et leurs progénitures (lire : les enfants gâtés) qui sont assis sur les comités exécutifs des grandes compagnies. «