L’heure des comptes pour les pro-Trump

Les partisans de Trump ont gagné. Au Wisconsin, où personne ne s’attendait à une victoire du controversé milliardaire, les attentes sont particulièrement élevées. Notre journaliste en revient…

Donald Trump en campagne dans le Wisconsin, où il a séduit les électeurs avec la promesse d’investir dans les infrastructures. (Photo: Spencer Platt / Getty Images)
Donald Trump en campagne dans le Wisconsin, où il a séduit les électeurs avec la promesse d’investir dans les infrastructures. (Photo: Spencer Platt / Getty Images)

À 57 ans, Jeff Strasis a vécu, coup sur coup, deux événements marquants vers la fin de 2016. Il a découvert les joies de la paternité. Et il a remporté ses premières élections. «Je n’avais jamais voté de ma vie parce que j’ai toujours pensé que ça ne donnait rien: je n’ai aucune confiance envers les politiciens», dit cet ancien militaire, que je rencontre devant l’hôpital pour vétérans de Milwaukee, où il subit des traitements de physiothérapie. «Mais Donald Trump, lui, n’est pas un politicien. C’est pour ça que j’ai voté pour lui: on a besoin de sang neuf dans ce pays.»

Sous sa chemise à carreaux bleue, Strasis porte fièrement une veste à capuchon aux couleurs des Packers de Green Bay. D’ordinaire, les hauts et les bas de l’unique équipe de football professionnelle du Wisconsin monopolisent les débats à la cafétéria de l’hôpital. Mais depuis plusieurs mois, la politique a éclipsé le sport.

Jeff Strasis a voté pour Trump parce que le pays «a besoin de sang neuf». (Photo: Jonathan Trudel)
Jeff Strasis a voté pour Trump parce que le pays «a besoin de sang neuf». (Photo: Jonathan Trudel)

«Donald Trump est devenu “le” sujet de discussion ici, plus encore que la NFL», dit Tom Lloyd, 30 ans, préposé aux bénéficiaires dans cet établissement fédéral depuis son retour du front, en Irak.

Quand le milliardaire a posé son avion privé au Wisconsin pour participer à un rassemblement partisan, à quelques semaines des dernières présidentielles, les observateurs politiques avaient remis en question le jugement des stratèges de Trump. Pourquoi consacrer temps et énergie à cet État du Midwest, connu surtout pour ses vaches laitières, qui n’avait pas voté pour un candidat républicain depuis la réélection de Ronald Reagan, en 1984?

Trump a finalement confondu les sceptiques et remporté le Wisconsin par une infime marge de 22 000 voix, ce qui a du coup causé un séisme politique et ouvert sa route vers la Maison-Blanche.

Mais sa victoire-surprise a soulevé des attentes particulièrement élevées ici, dans cet État «bleu» que la candidate démocrate Hillary Clinton et son équipe de campagne n’avaient même pas jugé bon de visiter pendant la campagne électorale.

«Votre emploi va revenir sous une administration Trump. Vos revenus vont augmenter, vos impôts vont chuter!» avait scandé Trump devant plus de 3 000 partisans réunis à Green Bay, peu avant les élections. Beaucoup d’électeurs ont bu ses paroles, tout comme ils ont aimé son engagement de lutter contre l’immigration illégale et de rendre les villes plus sûres.

Le plus dur reste maintenant à faire pour Trump. Pourra-t-il transformer sa rhétorique en gestes concrets et respecter ses promesses?

Tom Lloyd est déjà content que le président désigné ait conservé son style de franc-tireur depuis sa victoire. «Il dit ce qu’il pense, sans filtre», souligne Lloyd. Et comme il est riche, «il risque moins d’être “acheté”, corrompu», ajoute-t-il.

Mais au-delà du changement de style à la tête du pays, cet ex-militaire s’attend aussi à ce que Trump respecte sa parole. Le futur président s’est engagé à «restaurer l’honneur» des anciens combattants et à leur offrir de meilleurs soins de santé. La plupart des ex-militaires que j’ai rencontrés ont pris bonne note de cet engagement, qui nécessiterait des investissements chiffrés en milliards de dollars.

Dans l’arrière-pays de cet État qui compte 1,3 million de vaches (quatre fois le cheptel du Québec), nombre d’entrepreneurs laitiers ont retenu une autre promesse: celle d’investir un billion — mille milliards de dollars! — dans les infrastructures du pays, que Trump a comparées à celles du «tiers-monde» pendant sa campagne. Pour exporter du lait, il faut des routes et celles du Wisconsin sont réputées être parmi les pires du pays.

Ironie du sort, ce sont des républicains qui ont empêché, ces dernières années, le président Obama de mettre en place un programme d’investissement pourtant moins ambitieux.

L’heure des comptes pour les pro-Trump

La bataille pour de nouvelles infrastructures promet d’être rude au Congrès américain, admet l’un des proches conseillers de Trump, Stephen Bannon. «Les conservateurs vont devenir fous!» a-t-il confié au New York Times. Selon lui, il faut profiter maintenant des faibles taux d’intérêt. «C’est la meilleure occasion de tout reconstruire. Les chantiers navals, les aciéries vont avoir des carnets de commandes remplis.»

Dans cet État traditionnellement démocrate, un tel mégaprojet, avec les emplois bien rémunérés qu’il laisse miroiter, séduit nombre de travailleurs. Et permet à Trump d’occuper un terrain généralement réservé aux démocrates.

Selon Rich Lowry, de la publication conservatrice National Review, Trump a réussi le tour de force de transformer l’image du Parti républicain, associé au grand capital et aux banques depuis des décennies, pour en faire — en apparence — le parti des ouvriers. Il a mis de côté l’obsession antidéficit et a fait de la défense des travailleurs et de leurs emplois son thème principal, écrit-il.

Ce virage a sans doute aidé à faire basculer le comté de Kenosha, qui n’avait pas élu un candidat républicain depuis la réélection de Richard Nixon… en 1972!


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Dans cette région au paysage plat, où l’urbanisation gruge rapidement les terres agricoles, beaucoup d’habitants sont encore nostalgiques des beaux jours de l’industrie automobile, qui a déjà employé des milliers de personnes à ses usines d’American Motors, puis de Chrysler. La dernière chaîne d’assemblage a fermé ses portes en 2010. Des pelles mécaniques s’activent présentement à déblayer puis à décontaminer les lieux.

Tout autour, non loin d’une centrale d’électricité au charbon qui crache des colonnes de fumée blanche, des usines de peinture, d’aspirateurs et d’appareils de chauffage alimentent encore le cœur industriel de la région. Mais la perte de la dernière usine automobile revient dans les mémoires quand Trump dénonce les ravages de la désindustrialisation.

«C’est la corde sensible qui a convaincu mon père de voter républicain. Il travaille dans une usine agroalimentaire et il a toujours eu peur pour son emploi», dit Emily Karls, une blonde de 18 ans que j’ai rencontrée dans un café du joli port de plaisance de Kenosha, où convergent familles, amis et amoureux, sur les rives du lac Michigan.

Emily Karls ne partage pourtant pas la vision de son père. Démocrate, elle a même appuyé bénévolement la campagne de Hillary Clinton et semble encore sonnée par sa défaite, plusieurs semaines plus tard. «Passer d’Obama à Trump, c’est tout un plongeon…», dit-elle.

La surprise est d’autant plus grande qu’elle a en partie été causée par la désaffection des jeunes de 18 à 24 ans, qui ont voté majoritairement pour Trump, après avoir massivement appuyé Obama lors des deux dernières élections. Mais elle se dit prête à laisser une chance au coureur. «Je ne suis plus aussi effrayée que le soir de l’élection présidentielle, dit-elle. Trump reste imprévisible, mais il a déjà commencé à se distancier de certaines promesses plus extrêmes, et j’ai confiance qu’il va continuer à le faire.»

Peu après, à l’extérieur du café, un autre client m’a confié son inquiétude à l’égard de Trump… en invoquant les mêmes raisons. «Ma crainte, c’est qu’il ne respecte pas ses promesses!» me lance Glenn Fiedler, en posant son casque sur sa Harley-Davidson. Lors des primaires républicaines, Trump était le dernier choix de cet électricien dans la cinquantaine. «C’était mon 17e choix sur 17 candidats», dit-il.

Il s’est rallié et a voté pour Trump… mais continue à se méfier de lui.

Il espère que le futur président n’assouplira pas ses positions sur l’immigration. «Si ce pays a eu tant de succès, c’est en raison des immigrants, qui ont eu les couilles de traverser des océans pour arriver ici, qui ont tout risqué pour prendre le bateau vers l’inconnu, dit-il. Mais les nouveaux arrivants doivent s’assimiler à notre société. Et s’ils n’ont pas de papiers, ils ne peuvent pas passer devant d’autres candidats qui attendent patiemment leur tour.»

Se qualifiant de conservateur en matière économique, Glenn Fiedler espère aussi que Trump va «respecter sa parole et baisser les impôts», dit-il. En évitant de céder à la tentation d’intervenir dans la vie des gens. «Les vrais républicains veulent la liberté. Ils croient que les gens peuvent prendre soin d’eux-mêmes.»

Au Wisconsin, comme dans plusieurs autres États, Trump a réussi l’exploit de séduire à la fois des conservateurs allergiques à l’intervention de l’État… et des ouvriers traditionnellement démocrates qui rêvent que le président businessman remue ciel et terre pour leur donner un emploi.

Cette étrange coalition électorale pourrait se montrer bien difficile à satisfaire.


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Trump rencontrera son Waterloo très rapidement. Le fameux mur entre les États-Unis et le Mexique est loin d’être fait et il ne peut aucunement faire payer le Mexique s’il en érige un. De plus ce premier pas pourrait lui être fatidique car la planète tout entière suit attentivement ses gestes disgracieux, monopolisant, voire presque du fascisme contre tous ceux qui ne sont pas blanc et parlent la langue anglaise.

Son repli sur sois qu’il veut imposer sera suivis des mêmes répercussions de la part de l’UN et des pays asiatiques. Alors à qui vendra t’il les produits qui seront fabriqués, soi-disant aux États-Unis dont le prix sera deux, trois voire plus haut que les prix actuels. Le prix de la main d’oeuvre américaine fera augmenter les prix, sans compter les taxes municipales, le prix des bâtiments de ceux qui voudront construire en sol américain etc.

Plus son règne durera et plus de problèmes il créera à tous les niveaux. Le fait de produire aux États-Unis et produire à des prix non concurrentiels fera fuir les capitaux des marchés boursiers des États-Unis puisque si les entreprises ne vendent pas leurs productions, ils auront des bilans financiers de plus en plus désastreux.

Si vous avez remarquer, les grands de l’automobile ne disent pas qu’ils construiront aux États-Unis mais en font une promesse dont la date est loin d’être arrêtée. Ils savent que Trump ne sera pas en poste très longtemps et ne font que reporter leurs investissements respectifs pour construire comme ils l’entendaient avant l’apparition de Trump, au Mexique, au Canada et en Asie ou les entreprises de l’Union Européenne continuera à faire.

Il tentera de faire construire ses bagnoles mal construites qui sont toujours derrière l’industrie automobile mondiale, le tout à des prix qui deviendront hors de tout sens commun.

Je ne crois pas que son règne soit très long. La seule chose qu’il réussira à faire est la fuite des électeurs républicains vers le Parti démocrate pour au moins deux mandats, voire plus.

C’est un discours populiste classique: on souffle et on aspire en même temps et on pense que ça peut marcher… Le texte dit « La plupart des ex-militaires que j’ai rencontrés ont pris bonne note de cet engagement, qui nécessiterait des investissements chiffrés en milliards de dollars » alors que leur idole promet des baisses d’impôts pour les riches et les corporations… Comment pensent-ils qu’on paie des investissements chiffrés en milliards de dollars? Est-ce que Trump & Co vont imprimer de l’argent comme le proposaient les créditistes de Caouette?

Quant aux prétentions que ce pays est bâti par des immigrants, allez le demander aux peuples autochtones qui ont été éliminés par des politiques génocidaires! L’Amérique du Nord était très prospère au moment du contact avec les premiers immigrants européens et ces derniers ont causé une catastrophe sociale et environnementale sans précédent. De plus, ce n’est pas en construisant des murs qu’on progresse – avant les premiers contacts, les peuples autochtones des Amériques avaient un important réseau commercial et on a trouvé des objets provenant d’Amérique centrale jusque dans le sud du Canada d’aujourd’hui. Est-ce Trump veut faire des ÉU une grosse réserve? Un peu plus de jugement chez les électeurs ne ferait pas de tort…

Dans la mythologie grecque, Narcisse découvrant la futilité de sa passion pour sa personne en arriva à poser le geste irréparable: il se suicida. On pourrait extrapoler sur ce mythe et imaginer que Donald Trump (le Narcisse des temps modernes), grisé par le reflet de son image médiatique se serait engagé dans un expédition de chasse politique avant tout pour assouvir cette passion maladive attachée à son égo, sans jamais penser qu’un concours de circonstances imprévisible et inattendu allait lui ouvrir la porte de la Maison-Blanche. Les dérives, les dévoiements et les reculades que l’on observe depuis sa nomination, seraient finalement l’expression inconsciente d’un comportement suicidaire. On verra dans quelques mois qu’il ne pourra pas tolérer les obligations attachées à sa fonction et qu’il posera le geste fatal qui mettra fin à cet épisode de sa maladie. Il ne faut pas en rire! C’est la tolale version Trump de la « bombe à retardement ».

Je n’ai jamais entendue trump parler de paix, il provoque tout le monde , tout ce qu’il regarde c’est son nombril.il dit que lestablishment politique s’est enrichis sur le dos du peuple , mais en réalité ce sont les banquiers et les multinationales ces milliardaires cette petite minorités qui manipulent le monde des gens comme lui . Il est vieux et fermé au changement . il nie le réchauffement climatique il ne pense pas au génération future . C’est un dangereux personnage impulsif sans sagesse . Un milliardaire qui s’écoute parler il est imbu de lui même . Je le crois raciste qui comme Hitler un dictateur pour la race blanche.

L’heure des comptes???

D’habitude, on demande des comptes lorsque le travail est terminé ou presque terminé non?

Bien que je ne sois pas un inconditionnel de Trump, laissez-lui au moins le temps de mettre ses pieds sous le bureau présidentiel. On pourra ensuite évaluer sa performance d’après ses ACTIONS et non d’après ce que nous pensons qu’il fera.